Alors que de nouveaux rassemblements #SortonsLesPoubelles vont avoir lieu cet après-midi dans plusieurs villes françaises et que la campagne continue sur les réseaux sociaux, quelques réflexions en vrac.
Ceux qui ont eu la curiosité de regarder ma bio ont pu lire ceci.
C'est la paraphrase policée d'une phrase du père Guy Gilbert sur l'Église : "ma mère est une pute, mais c'est ma mère".
Et bibliquement c'est parfaitement raccord. Rien à dire.
Dieu qui se lamente sur son peuple-épouse qui se prostitue sous son nez, c'est un motif récurrent.
Je n'ai pas connu ma mère biologique. Parmi le peu d'éléments que j'ai d'elle, il y a celui qu'elle était prostituée. Autant vous dire que la métaphore biblique me parle particulièrement.
Parce que, voyez, si nous sommes enfants de Dieu et de l'Église, la dimension prophétique de ceux qui sont "enfants de putains" dans la chair éclate particulièrement dans les premiers chapitres d'Osée.
Osée est un prophète qui accomplit sa prédication durant le règne de Jéroboam II (8e siècle avant JC). Israël est divisée en deux royaume, il naît dans celui du Nord. Les Israélites sont tombés dans le polythéisme.
Dieu demande alors à Osée de poser un acte un peu dingue pour frapper les esprits de son peuple.
Il faudrait d'ailleurs faire un thread sur "Dieu inventeur du happening artistico-politique". Y'a matière, je vous assure.
Dieu dit donc à Osée de prendre pour épouse une prostituée et d'adopter des "enfants de personne", comme on disait autrefois.
Osée s'exécute.
Un premier enfant naît au sein du couple. Légitime, visiblement puisque Osée est nommé dans le verset. Il est nommé Yizréel ce qu'on peut traduire par "Dieu sèmera".
On sent que Dieu tient son chouchou.
Puis naissent deux enfants illégitimes.
Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Comme souvent dans la Bible le destin des pécheurs et des élus est lié. Et Dieu et Osée se retrouvent au bar pour chialer ensemble sur l'infidélité de leurs femmes respectives. (bon OK ça c'est pas dans la Bible mais c'est l'idée).
Car il ne vous aura pas échappé que, fils d'Osée ou pas, les trois enfants sont enfants de putain.
Et quand Dieu s'énerve et promet de mettre à nu les prostitutions de sa femme, pensez-vous vraiment que Yizréel le fils légitime échappe aux lazzis ?
Non. Tous dans le même sac.
Parce que quand notre mère est mise à nu et que chacun voit ses infidélités, oui, on nous appelle "Pas-Aimé", on nous dit que nous ne sommes "Pas-Son-Peuple".
Voyez ce verset. C'est dans Ezéchiel 16 qui reprend le thème de la prostituée. Comment ne pas y lire une certaine actu ?
La séquence de la prostituée d'Osée s'achève sur la promesse de fidélité de Dieu malgré les infidélités de son Église.
Et nous, les enfants de l'infidèle, nous serons restaurés dans notre dignité. #SortonsLesPoubelles
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Marc me contacte quand son ancien collège se retrouve dans la presse. Il est cadre sup dans une grande banque, célibataire, riche. D'entrée de jeu, il tient à préciser : "Moi, je n'ai rien subi. Rien du tout. Je vous contacte pour les autres."
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Les premiers entretiens sont décousus. Des bribes qui reviennent où l'on sent, surtout, une culpabilité énorme et un dégoût profond. Il évoque l'ambiance de ce collège tradi pour garçons, ces deux prêtres si rayonnants toujours entourés d'une cour de gamins.
Tous ses meilleurs copains de l'époque ont été agressés par au moins l'un des deux. Il ne l'a su que plus tard. A l'époque, ce qu'il voyait, c'était les "privilèges" des autres. Ceux qui avaient l'honneur de servir la messe privée dans la chambre du père X. Ceux qui bénéficiaient
Lorsqu'elle arrive dans ma boîte à DM, c'est avec un long message affolé. Une histoire d'administration qui ne comprend rien, et elle qui panique à l'idée de ne pas être dans les clous.
On prend rdv au téléphone. La voix est épuisée, les mots se bousculent.
Trente ans.
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Trente ans qu'elle est sortie de cette communauté où, seulement 5 ans auparavant, elle était entrée par amour de Dieu. Un amour tel qu'elle a tout donné, tout accepté.
Elle était alors étudiante en médecine, pas loin de la thèse.
On lui a fait comprendre qu'il serait mal vu d'être + diplômée que le "berger", et on lui a demandé d'arrêter ses études. Elle a obéi,s'est contentée de valider un diplôme d'aide-soignante. Il fallait "tout sacrifier à Jésus". Elle a tout sacrifié. Son sommeil, sa faim, sa santé.
Il y a du vent, cet après-midi. Cela permet de supporter la chaleur qui écrase le grand jardin où des patients viennent prendre le grand air.
Dans cette petit clinique psychiatrique de banlieue, elle est arrivée il y a une semaine, en dépression profonde.
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Elle, c'est Jamila. "Je préfère que vous m'appeliez Marie". Une vie invraisemblable de souffrances, qui a démarré on ne sait trop quand au Pakistan il y a une trentaine d'années. Donnée à la naissance par on ne sait qui à ses parents adoptifs, qui en firent une esclave.
Ceux-ci émigrent en France. Elle reste esclave. Un jour, les services sociaux débarquent. On lui donne une date de naissance aléatoire, on la place. Sur son titre de séjour, encore aujourd'hui, est écrit : "nationalité indéterminée".
Quelque part en France, cet après-midi.
Je la vois arriver de loin, robe d'été ample à fleurs, radieuse et fatiguée en cette fin de grossesse.
Sa maman l'accompagne, le voyage a été long.
Elle vient témoigner dans l'enquête canonique préliminaire de son agresseur.
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Son air d'extrême jeunesse me frappe. Alors qu'à l'écrit, lorsqu'elle m'avait contactée, elle m'avait semblée remarquablement mûre malgré son jeune âge. Je suis rassurée de voir qu'elle n'a pas voyagé seule.
Je m'étais d'ailleurs engueulée avec son évêque à propos de ce déplacement. Il faut le reconnaître, ce dernier a fait amende honorable. En deux jours, il lui a envoyé plus de mails qu'en un an et demi. Finalement, la jeune femme a tenu à se déplacer.
C'est parti pour le procès en diffamation que @GregoirePerra intente à Nicolas Tavernier, président de l'Association nationale pour la promotion et l'avenir de la pédagogie Steiner-Waldorf.
Forza Grégoire !
Il y a des jours, franchement, on se demande s'il y a de l'espoir pour l'institution.
Ce qui se passe encore aujourd'hui dans l'accompagnement des victimes au plus haut niveau est franchement inadmissible.
Exemple tout frais.
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Une famille contacte la cellule ad hoc de la CEF. .
Un gosse de onze ans, victime d'un prêtre pendant 18 mois.
Les faits sont tout récents.
Les parents ont super bien réagi : immédiatement cru leur gamin (alors que le prêtre était un proche), porté plainte, etc.
Ces gens, des piliers de paroisse, sont perdus.
Ils demandent donc de l'aide via l'adresse nationale paroledevictimes@cef.fr.
Voici ce qu'on leur répond.