Il y a 80ans, le 8 novembre 1942, L'opération #Torch débutait. Les Alliés débarquent en Afrique du Nord. Cette opération donna lieu à la seule bataille navale entre la France et les Etats-Unis : la bataille de Casablanca.⚓️👇🔥🧵 #Thread
Régime officiellement neutre, la France de Vichy a conservé les colonies d’Afrique du Nord après la défaite de 40. A L’Est, la bataille fait rage en Egypte entre les Britanniques de Montgomery et l’Afrika Korps de Rommel. Le 3 novembre, Rommel est défait à El Alamein
En URSS, face à la pression allemande, Staline exige depuis des mois un débarquement en Europe afin de disperser les forces d’Hitler. Mais Churchill impose un débarquement en Afrique du Nord, moins risqué, c’est l’opération Torch.
Septembre 1942, les planificateurs s’accordent sur trois points de débarquement : autour de Casablanca, Alger et Oran. L’opération permettrait de menacer Rommel sur ses arrières. Une inconnue cependant : quelle sera l’attitude des forces de Vichy?
La situation de la flotte française, constitue une menace sérieuse. Le Jean Bart notamment, amarré à Casablanca, et ses deux tourelles de 380 mm, commandé par le capitaine de vaisseau Barthes ainsi que de nombreux croiseurs. Plus au Sud, le cuirassé Richelieu à Dakar, inquiète.
Arrivé à Casablanca en juin 1940 après avoir échappé aux Allemands, le Jean Bart est un cuirassé non terminé, « frère » du Richelieu. Accosté dans le port de commerce de Casablanca le 8 novembre 42, son armement principal en partie achevé, et paré à tirer vers la mer si besoin.
DeGaulle est tenu à l’écart de l’opération, car Roosevelt n’a pas confiance en lui, et sa présence pourrait braquer les autorités françaises en Afrique. A la place, le consul Murphy prend contact avec la résistance en Afrique ainsi qu’avec les dirigeants de Vichy sur place.
Les négociations secrètes prévoient la neutralisation des points stratégiques par la résistance (communications etc) lors du débarquement des troupes américaines, puis le ralliement de l’armée française en Afrique du Nord.
L’opération Torch est sous le commandement du général Eisenhower. Pour le Maroc, c’est le général Patton qui est chargé de l’invasion, avec 35 000 soldats appuyés par la flotte de l’amiral Hewitt. Les troupes doivent débarquer en trois points, Safi, Casablanca et Port Lyautey.
Résident général de la France au Maroc, le général Nogues est dans une position délicate. Approché par la résistance, il pense que les allemands envahiront probablement le sud de la France si le Maroc ne résiste pas. L'Espagne pourrait également en profiter pour envahir le Maroc.
De plus, Nogues n’ aucune assurance sur les intentions des Alliés. Le général Bethouart, mis dans la boucle au dernier moment, tente d’organiser le débarquement américain sans heurts mais l’opération est très mal préparée. Rien n'est vraiment clair : débarquement? opération?
L’amiral Michelier,commandant la Marine au Maroc, n’accorde aucun crédit aux informations de débarquement mais n’organise aucune reconnaissance, par manque de carburant.
A partir de 1h du matin,un message de Roosevelt est envoyé sur les ondes mais personne ne reçoit l'allocution.
Nuit du 8 novembre. Au large, le porte-avions Ranger, le cuirassé Massachusetts, des croiseurs, destroyers, transports de troupes, sous-marins.
Les troupes ont commencé à débarquer sur les plages dans la nuit autour de Casa. Les premiers combats éclatent.
Lever du soleil. Sans aucun ultimatum, les bombardiers américains du porte-avions Ranger pilonnent la base sous-marine de Casablanca, tandis que les obus pleuvent autour du Jean Bart, défonçant les jetées, touchant des cargos civils et le port. Partout les combats s'intensifient
Trois sous-marins français coulent, des paquebots sont en flammes, et des marins français sont morts. Apprenant les combats d’Oran en même temps, l’amiral Michelier, mal informé et croyant à un soulèvement gaulliste, ordonne de répliquer.
Le port de Safi est aux mains US et alors qu’un peu partout, l’arrivée des américains suscitent l’enthousiasme des troupes françaises, l’ordre de Michelier, et l’attitude des américains change la donne. Les soldats français, la mort dans l’âme se préparent à contre attaquer
La première salve du Massachusetts est trop courte et tombe devant le Jean Bart.
08H07, le cuirassé français réplique mais la visibilité est bouchée par les fumées des croiseurs français qui appareillent et la fumée des canons anti aériens.
Pendant 40 mn, le cuirassé est pilonné, touché 4 fois et ne peut répliquer en raison de l’absence de visibilité. 09h20 L’officier artilleur distingue enfin les navires US mais au moment de répliquer, la tourelle ne peut plus pointer! Un 5e obus a touché la tourelle, sans exploser
Le cuirassé français est réduit au silence. Mais l’avarie n’est pas grave. Les chalumistes entrent en scène et rétabliront la tourelle pour la fin d’après midi.
L'avarie du JB est d'autant plus grave car le cuirassé aurait pu appuyer les croiseurs sortant du port à ce moment.
Car les croiseurs légers français sont sortis du port, en trois lignes. Les forces US sont largement supérieures en nombre mais dispersées.
Les croiseurs foncent vers le Nord Est, vers les transports de troupes US, qui, délaissés par leur escorte, paniquent!
L’aviation américaine intervient et mitraille violemment les croiseurs français, mal équipés en armes anti aérienne. Beaucoup de marins sont blessés ou tués, dont le commandant du Boulonnais. Mais les dégâts matériels sont mineurs et les croiseurs continuent.
Il est 09H50.
Avec les fumées, les croiseurs ne distinguent pas les cargos US, mélangés au trait de côte. Les 1eres salves touchent deux torpilleurs US qui battent en retraite, ainsi qu'un croiseur.
Après ces 1eres bordées, les croiseurs fr battent en retraite en continuant le feu.
Arrivant près du port, les croiseurs retournent au combat, mais cette fois, le Massachusetts et les croiseurs lourds sont là! La ligne française, renforcée du croiseur amiral Primauguet évolue au milieu des dizaines d’obus adverses.
Pendant 30 mn, les lourds navires US sont incapables de toucher les navires français, légérs et maniables et doivent continuer à s'approcher sous les obus français.
Mais à 10H40, le Fougueux est touché de plein fouet et chavire immédiatement, tirant jusqu'au dernier moment.
Les américains sont à deux doigts de payer cher l’opération car à l’affut, trois sous-marins fr tirent leurs torpilles. Le cuirassé les aperçoit et manoeuvre en urgence, passant à moins de 5m de l'une d'elles! Les autres rasent deux croiseurs de près.
Malheureusement, le combat est trop inégal et les obus US se rapprochent dangereusement des français. Les morts et les blessés s’amoncellent sur les ponts et dans les infirmeries.
11h15 Le Malin et touché à nouveau et part à la dérive.
Les torpilleurs Boulonnais et Brestois chargent à 28 nds les croiseurs US, torpilles parées. David contre Goliath.
Fonçant au milieu des gerbes d'eau, la distance se réduit, les cheminées rougeoyantes.
Mais le Boulonnais est percuté de plein fouet par une salve et coule à 12H07.
Peu à peu,les navires français rescapés, quasiment tous endommagés rentrent au port au fur et à mesure. Le Massachusetts,quasiment à court de munitions, a tiré près de 800 coups de 406mm. L’amiral Hewitt craint l’arrivée du Richelieu et de la flotte de Dakar et retire le cuirassé
Faute de combattants, les combats du 8 novembre cessent. Le Primauguet est finalement détruit par les bombardiers dans l’après midi. Le navire brula des heures. Le port est dévasté et le bilan est très lourd pour les français.
L’historien américain Morison rapporte les nombreux commentaires particulièrement admiratifs des américains envers les marins français, notamment les superbes manoeuvres des croiseurs français.
La journée se termine dans la confusion. Les autorités maritimes, en Afrique et à Vichy, ont des sentiments contradictoires. Les communications sont très compliquées. L’amiral Auchan, chef d’Etat major tente de faire cesser les combats, Darlan négocie avec le général Clark.
La journée du 9 est relativement calme côté mer. Les troupes américaines progressent difficilement, et Patton ne progresse pas. Les débarquements à Alger et Oran sont couronnés de succès et Eisenhower met la pression à son général. Casablanca est encerclée mais résiste.
Le 10, les tirailleurs sénégalais et des marins barrent encore la route aux soldats US. Deux avisos, La Gracieuse et le Commandant Delage, longeant la côte, les soutiennent depuis la mer, tirant avec mitrailleuses et canon de 100mm sur les soldats US.
Averti, l’amiral Hewitt fonce sur les deux avisos avec son croiseur lourd Augusta et quatre torpilleurs. Sous les gerbes d’eau, les avisos semblent condamnés, et créent un nuage de fumée afin de masquer leur position et fuir.
Observant la scène, le commandant du Jean Bart fait rappeler au poste de combat. La tourelle de 380mm fonctionne, mais les américains ne le savent pas et s’approchent sans méfiance. Barthes ordonne d'ouvrir le feu dès que paré, ne pouvant se résoudre au massacre des avisos.
La télémétrie annonce les distances. 19 000m, 18 000, 17000. Le croiseur se rapproche à 30 noeuds, pilonnant la Gracieuse. Barthes ordonne de faire feu!
Mais la salve est beaucoup trop courte!
Le télé pointeur corrige, mais la 2e salve est largement trop longue.
Ne comprenant pas, le télé pointeur reprend ses calculs. En fait, une grue du port qu'il n'avait pas dans son pointeur, bouchait l'angle du premier tir. La grue fut détruite et trompa le pointeur.
5e salve! L'Augusta est encadré de près! De si près que l'amiral Hewitt, sur l'aileron est douché par la gerbe d'eau provoquée par l'obus, et peint en jaune à cause du colorant.
"A DROITE TOUTE" l'Augusta s'enfuit! Les deux avisos sont sauvés.
L'Augusta échappé de peu à une sixième salve, qui tombe "à toucher" l'étrave. Fendant le mur d'eau, le croiseur est sur le point de succomber. Mais Barthes fait suspendre le feu. A 30 000m, le cuirassé Massachusetts apparait mais ne tire pas.
Craignant par dessus tout l'arrivée des croiseurs français de Dakar, et surtout du cuirassé Richelieu, Hewitt tient le Massachusetts à l'écart et ordonne au porte-avions Ranger de détruire le Jean Bart.
Vers 16h, alors que l'accord de reddition est signé mais non transmis, les bombardiers américains pilonnent le cuirassé français qui subit de lourds dégâts.
Casablanca capitule, les combats cessent après trois jours de durs combats, et de lourdes pertes françaises. Conséquence immédiate, l'Allemagne et l'Italie envahissent la zone libre, ce qui entrainera le sabordage de la flotte de Toulon le 27novembre pour éviter la capture.
L'Afrique française rallie le camp des Alliés. Trois jours de combats qui auraient pu être éviter si les américains avaient mieux monté l'opération, l'ensemble des forces françaises étant largement désireuse de rallier la cause alliée.
Principale source : le livre de Jacques Mordal, ainsi que celui, en américain, de Morison que j'ai cité plus haut.
les vidéos ont été empruntées à Panzerknacker sur Youtube.
La complexité de la situation politique au Maroc et en Algérie ne me permets pas de tout développer sur les éléments du putsch manqué, je vous renvoie au livre de Mordal et d'autres si vous souhaitez en savoir plus.
Outre la bataille de Casablanca, quelques escarmouches ont eu lieues fin XIXe entre la Marine française et l'US Navy mais ce n'était pas des batailles organisées fr.wikipedia.org/wiki/Quasi-gue…
Enfin, merci à Sébastien de Oliveira de chez @FranceAmerique pour m'avoir gentillement prêté les photos qu'il a colorié lui-même. Le magazine a sorti un article que je partage ici. france-amerique.com/fr/duel-franco…
EvitÉS*
Colorisé. Foutu correcteur automatique...
Merci de m’avoir lu. N’hésitez pas à RT pour l’audience.
Quelques soucis internet pour « up loader « quelques vidéos à la fin malheureusement. Deux photos ne correspondent pas au paragraphe mais sont utiles à l’illustration.
Pour ceux qui voudraient le lien pour les extraits vidéos.
Je repost car j'ai partagé par mégarde un article payant. Et par égard pour les journalistes, je supprime la capture d'écran.
Revenons sur cet article repris avec une formule choc!
#thread #aukus
Dans cet article, le journaliste reprend un élément d'un livre australien à paraître en juillet sur l'affaire des sous-marins français vendus à l'Australie.p lefigaro.fr/international/…
Pour rappel, alors qu'un contrat record était signé pour la fourniture de sous-marins conventionnels (non nucléaires), l'Australie a changé d'avis au dernier moment dans un psychodrame diplomatique.
#baltimorebridge
Bon, vous avez tous vu ces images qui tournent depuis ce matin. Le porte conteneur Dali, 300x48m a percuté le Key Bridge de Baltimore ce matin.
Ce qu'il s'est passé est la hantise de tout navigateur : une avarie électrique totale dans un port.
#Thread
Tout d'abord, cette situation m'est déjà arrivé dans le chenal de Bangkok en 2013, nous avions failli percuter un porte conteneur venant en face à cause de cela mais grace à un mecanicien réactif et de bonnes réactions en passerelle, nous avons évité la collision
Pour gouverner un navire, vous avez plusieurs solutions en dehors du pilote automatique en pleine mer.
Tout d'abord, vous avez des commandes en passerelle : un joystick ou une barre à roue en mode dégradé sur certains navires.
Donc, commande électrique ou commande hydraulique.
Depuis quelques temps pullule sur les réseaux sociaux, le discours qui voudrait que l'URSS seule ou presque, à vaincu les nazis.
Quand on parle du programme d'aide US Lend Lease, celui-ci est minoré ou ignoré, parfois même pas de grands historiens occidentaux.
Un Thread !
Tout d'abord, qu'est ce que la Loi Prêt Bail?
1941, alors que la guerre fait rage en Europe et dans le Pacifique, les isolationnistes empêchent toute implication US dans le conflit, ne serait-ce que par la vente de matériel de guerre.
Pour contourner cette opinion, le président Roosevelt parvient à faire voter une loi au congrès, la loi "Prêt Bail" afin de fournir aux pays amis du matériel de guerre, des matières premières.
La communication autour de l'envoi de moyens navals français au large d'Israël est désastreuse, depuis les plus hautes sphères jusqu'aux articles...
#Tonnerre #navirehopital
Un fil. francetvinfo.fr/replay-radio/l…
25 octobre, en déplacement en Egypte, le président Macron annonce l'envoi d'un navire de la Marine Nationale en soutien aux hopitaux de Gaza. Il lâche le mot "bateau hôpital". Début du problème.... tf1info.fr/international/…
Car un navire hôpital, c'est ça, en photo.
Un navire-hôpital bénéficie, au niveau du droit, du même statut qu'un hôpital terrestre et n'a donc pas le droit d'emporter des armes, ne serait-ce qu'une mitrailleuse de défense, même s'il appartient à une marine de guerre.
J’ai évoqué dans un récent tweet la « trahison des anglo américains » à partir de 1919 et son impact sur la chute française de 1940. J’avais promis de développer car beaucoup n’ont pas compris d’où vient cette affirmation.
#Thread
En préliminaire, il ne s’agit pas de rejeter toute la faute sur Londres et Washington, comme je l’ai lu, mais de mettre en avant un fait quasiment oublié, et dont rare sont ceux qui en ont fait le procès après 1945 :
La France a perdu, tout est de sa faute, y compris la guerre.
Pire, c’est la France qui est à l’origine de la WW2 selon de nombreuses personnes, par son intransigeance, par ses demandes de réparations excessives.
"Les Alliés ont gagné la guerre, la France a perdu la paix" est dans l'esprit anglo US, belge, allemand, même français parfois.