Sur le principe, c'est juste. La nature et le dispositif de ce genre d'émission rendent la marge de manoeuvre pour arriver à dire qqchose d'intéressant (ou même d'audible) quasi inexistante. Au lieu de porter un message, on sert de caution, on est récupéré, etc. SAUF QUE ⬇️
Il me semble que @LouisBoyard a réussi à faire ce que pas grand-monde n'a réussi à faire chez Hanouna tpmp : au lieu de se faire déborder par le cadre, faire déborder le cadre. Il a réussi1) à dire ce qui n'est jamais dit dans cette émission (sur Bolloré)2) à déstabiliser Hanouna
De fait c'est #Hanouna qui a été déstabilisé comme le montrent ses lapsus pendant l'émission ET la manière dont il essaie de rectifier son discours après l'émission (#Bolloré finalement ne serait pas un patron mais un ami, les insultes finalement c'était pas bien, etc) #TPMP
Hanouna n'arrête pas d'essayer d'organiser des ripostes plateau et émission anti Louis Boyard, plainte, etc. Ça montre bien que son discours lui a échappé et qu'il essaie de le re-maîtriser.
Boyard, lui, essaie de continuer d'amplifier le discours qu'il a porté chez Hanouna mais aussi qu'il a provoqué de la part d'Hanouna en demandant une commission d'enquête sur l'emprise de l'empire Bolloré dans les médias.
Un enjeu militant crucial c'est d'imposer au centre de l'actu politique les sujets jugés importants. Là, Boyard a réussi à imposer sur le plateau ET dans le débat médiatique et politique qui a suivi, le sujet auquel il tenait : Bolloré et ce qu'il incarne politiquement
Et avec les plaintes successives, ainsi que la commission d'enquête, ça va sans doute continuer!
En parlant de Bolloré sur le plateau d'Hanouna, Boyard met en avant deux sujets deux sujets 1) directement, les actions de Bolloré en Afrique (par ex reporterre.net/Bollore-quitte…) 2) indirectement, par la réaction d'Hanouna, l'empire médiatique de Bolloré
Les deux sont liés: le premier point est un propos politique (Boyard accuse Bolloré d'appauvrir l'Afirque), le deuxième est la question de la médiatisation et de la diffusion possible de ce propos.
Boyard essaie de continuer à mener les2, en demandant 1) à Hanouna d'organiser un débat sur les agissements de Bolloré en Afrique 2) une commission d'enquête sur les liens de Bolloré avec les médias et en rappelant la proposition de la FI sur la concentration dans les médias
Hanouna répond surtout sur le 2ème point (pour se défendre, puisqu'il est directement mis en cause), tout en essayant de déplacer le débat (sur Boyard pour discréditer son propos) car justement, ce qu'il voulait c'était éviter que le 1er point soit soulevé sur son plateau.
Dans la poursuite (par les médias, par la justice) de l'échange Boyard/Hanouna, tout l'enjeu pour Boyard est de continuer à élargir son propos : en quoi le cas Bolloré/Hanouna est représentatif d'autre chose (de la concentration des médias, du silence sur certaines questions etc)
Alors que tout l'enjeu pour Hanouna est au contraire de de le déplacer et de le personnaliser, en ne parlant plus du propos lui-même, mais du locuteur du propos (Boyard), en essayant de discréditer le propos par le discrédit du locuteur.
Sur la question de savoir si la prestation de Boyard est un one-shot ou si elle est répétable (par lui ou d'autres): ça parait difficile (mais le principe de la lutte militante est d'essayer...) Hanouna va essayer de s'adapter/de modifier le cadre pour que ça ne soit pas possible
Actualisation: Hanouna condamné. L'Arcom estime que Louis Boyard "[a] été explicitement empêché d’exprimer en plateau un point de vue critique à l’égard d’un actionnaire du groupe Canal+, auquel appartient le service de télévision C8" lemonde.fr/economie/artic…
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Vous avez entendu parler de cet avocat, à Mazan, qui est a insulté des féministes, les traitant d"hystériques", de "mal embouchées", et de "tricoteuses"? Hystériques et mal embouchées, on connait mais "tricoteuses", moins. C'est une vieille insulte sexiste, je vous raconte ⬇️
"Tricoteuses" renvoie aux femmes qui pendant la Révolution française n'avaient pas le droit de vote mais pouvaient assister à certaines réunions (clubs, conventions), et devaient tricoter (ou travailler) en écoutant les orateurs révolutionnaires
Elles sont devenues rapidement l'image d'un mythe contre-révolutionnaire, comme l'explique Dominique Godineau dans cet article en ligne (ma source principale, en ligne ici : ) représentées comme des "furies de la guillotine", des enragées assoiffées de sangrevolution-francaise.net/2008/04/01/223…
On a souvent des livres qui veulent déconstruire un mythe ou un auteur. Ce livre propose l'inverse : il s’agit de redécouvrir Descartes et son potentiel émancipateur (alors que d’habitude quand on pense à Descartes on ne pense pas à émancipation… ) J'explique ça @Ed_Sociales ⬇️
Quand on pense à Descartes, d’habitude, on pense plutôt 1) à une philosophie assez austère (dont on ne retient que le « Je pense donc je suis » sans plus trop savoir à quoi ça renvoie) 2) à des prises de position qui paraissent complètement décalées dans le monde contemporain.
Descartes, ça renvoie à « cartésien » et, dans son acception courante/contemporaine, à l’idée d’une raison froide, anti-sensible, qui a été très critiquée par des mouvements pro-sensibilité (je pense notamment à Mona Chollet et à la vague sorcières)
L’Académie française a sorti la 9ème édition de son dictionnaire ! Waouh ! le dernier date de 1935, ils ont auront donc mis un peu moins de cent ans à faire un dictionnaire! 😱 Mais parlons du contenu, on va passer en revue quelques perles... ⬇️⬇️⬇️ liberation.fr/idees-et-debat…
Vous allez me dire, ils ont mis presque cent ans mais peut-être était-ce pour embrasser tout le vocabulaire de la francophonie ? que nenni, on compte 53 000 entrées dans le dictionnaire de l’Académie. Il y en a 75000 dans le Grand Robert, plus de 400 000 dans le Wiktionnaire...
Perle lexicale 1, à votre avis pour le Dictionnaire de l’Académie, un « mail » c’est… ?? vous pensez à un courriel ? que nenni ! c’est un « petit marteau » ou une « promenade plantée d’arbres »….
Vous connaissez le terme "boycott" mais connaissez-vous son origine? Le mot vient de l'histoire d'une lutte victorieuse, fin 19e en Irlande contre l'administrateur d'un riche propriétaire terrien, Charles Boycott !
Je vous raconte ça ⬇️ #Politique #linguistique #motpolitique
Charles Cunningham Boycott, ancien membre de l'armée britannique est devenu l'administrateur d'un riche propriétaire terrien Lord Erne. Or nous sommes dans une période de mauvaises récoltes et de conditions très dures pour les fermiers
C'est aussi le moment de la création de la Ligue agraire nationale d'Irlande (plus ou moins liée aux mouvements indépendantistes). Bref, les fermiers d'Erne demandent une réduction des loyers, Erne refuse et envoie Boycott chasser les mauvais payeurs.
J'ai un tour dans @LaDerniere_Nova @laRadioNova pour parler de la pluie, du beau temps et du vocabulaire climatique : comment trouver un langage qui puisse interpeler et impliquer? C'est ce qu'essaie de faire le GIEC avec la notion narrative de "scénario"
A propos des recherches de formules lexicales frappantes sur le climat, on peut citer le travail d’ Iris Viloux sur « urgence climatique ». Elle en parle dans cet article, dans lequel elle souligne l’échec performatif de l’expression theconversation.com/urgence-climat…
Quand on pense au langage, on pense souvent au lexique. Mais les mots isolés, même les plus hyperboliques peuvent être facilement banalisés, vidés de leur sens. "urgence climatique" est un bon exemple, mais je pense qu'on en a beaucoup d'autres!
À propos du dernier livre d'Edouard Louis "Monique s'évade" : récit politique ou conte de fées? Pour @FR_Conversation
Je reviens notamment sur un point qui n'a pas été soulevé par la critique (sauf erreur de ma part) ce qui m'a étonnée ⬇️ theconversation.com/monique-sevade…
1er point: Peut-on parler de texte matérialiste quand le discours sur l’argent est d’inspiration marxiste mais que sa représentation narrative tend au féerique (avec une quasi réécriture de Cendrillon?)
2ème point: le titre met bien la mère en avant avec le choix d'un verbe d'action, au présent ("Monique s'évade") mais toute la narration tourne autour du fils. Suffit-il de conférer à une personne le statut de personnage (fût-il héroïsé) pour en faire un sujet politique ?