Bon. Alors. J’ai donc regardé cette fameuse émission #surLeFront de notre ami Hugo Clément.
Et sans grandes surprises, c’est pas Jojo.
Bon. Il y’aurait suffisamment de choses a dire pour une dizaine de thread de débunkage. Moi je suis véto, donc je vais rester sur la séquence autour de l’élevage et en l’occurrence, l’élevage de lapins.
Je précise que je ne suis pas expert en élevages cunicoles. Je vais donc tenter de rester dans mon rôle et ne vais me concentrer que sur ce qui me concerne, a savoir la réglementation vétérinaire, qui a été allègrement piétinée ici… Et on va le voir en 3 points marquants.
1 : « On retrouve tous les antibiotiques critiques dans ces mélanges d’aliments »
Alors, c’est rapide hein, on a pas vraiment accès a cette liste, mais si on fait un petit zoom… ba c’est faux. Aucun de ces antibios ne sont critiques en médecine vétérinaire.
En effet, les antibiotiques dits « critiques », sont les céphalosporines de 3eme et 4eme génération et les fluoroquinolones. Et sur cette liste, y’en a pas…
Alors on pourrait titiller un peu en parlant de la colistine, qui n’est pas encore reconnue comme critique officiellement, mais surveillée comme l’huile sur le feu et utilisé avec extremement de parcimonie.
Mais lorsque Madame Gothiere dit qu’on retrouve LES antibiotiques critiques dans cette liste, il y’a deux solutions : soit elle ment, soit elle ne les connait pas, auquel cas, faire intervenir une personne plus compétente aurait été judicieux.
2 : « Je mets des antibios en préventif ».
Non. On ne met pas d’antibio en préventif. Jamais. En fait, c’est tout simplement illégal.
Alors oui, il est parfois nécessaire de traiter tout un lot d’animaux lorsqu’une infection débarque. C’est un peu comme vous : quand un de vos gosses chope la gastro, et ba bingo, tout le monde y passe. Alors on soigne tout le monde.
Le probleme est que parfois, ça va très vite. Mais genre vraiment très vite. Donc soigner au cas par cas, c’est compliqué. Voire dangereux. Donc on prend le lot atteint et on traite tout le monde, y compris ceux qui ne présentent pas encore de symptomes.
Cette situation n’est pas du préventif. C’est ce qu’on appelle de la « métaphylaxie ». Ca ne doit pas se faire n’importe comment et toujours en accord avec le vétérinaire traitant, qui a fait les analyses nécessaires au préalable.
Ainsi, si cet éleveur se permet de traiter ses animaux dans un cadre préventif, sans symptômes donc, il se place dans l’illégalité. Je pense surtout qu’il n’a pas réellement compris ce qu’il faisait et qu’on ne parle pas de préventif dans cette situation.
3 : « Je vais chez mon vétérinaire et il me donne ça, comme une baguette de pain »
Non. Jamais de la vie.
Il est effectivement possible pour les éleveurs de se fournir en médicaments sans passage du véto. Les éleveurs sont formés, connaissent certains signes de maladies et sont donc capables de choisir un traitement, pour les problèmes les plus courants.
MAIS (parce qu’il y’a toujours un « mais ») ça peut pas se faire n’importe comment. En effet, tous les ans, l’éleveur doit recevoir la visite de son vétérinaire traitant afin d’élaborer un Bilan Sanitaire d’Elevage.
Ce bilan recoupe toutes les affections qui ont eu lieu dans l’élevage au cours de l’année, et décide, en fonction de la tenue de l’élevage, quels médicaments sont préscrivables au comptoir, dans un « Protocole de soins ». Sans ce sésame, c’est mort.
Donc en gros, si c’est effectivement comme acheter une baguette de pain, c’est sous condition que la boulangère vienne inspecter votre cuisine, ne vous donne le droit qu’a la tradition et pas la moulée, et que vous n’alliez dans aucune autre boulangerie.
Voila voila.
Je vais m’arrêter là pour les points qui me semblait primordiaux. Il est pas impossible que je revienne plus tard, une fois que j’aurais étayé mes sources sur certains points (c’est pas parce que Mr Clément ne le fait pas que je dois arrêter de le faire…)
Pour finir tout de même sur une note positive, il est important d’avoir en tête que l’élevage français est exemplaire en termes de lutte contre l’antibioresistance. Les efforts fournis par les différentes filières sont allés bien au-delà des attentes.
Parmi ces filières, la cuniculture à fait sa part, avec une diminution d’exposition de plus de 41% en 2020, mettant en lumière les évolutions de la filière comme nous le raconte @RoullierY dans ce thread.
Pour le reste, si l’utilisation des antibiotiques vous intéresse, je vous renvoi vers mon petit thread vieux d’un an qui ne cesse d’être rentabilisé tant la désinformation autour de ce thème fait malheureusement légion.
PS: ce thread est écrit un poil trop rapidement, il y'a des miliards d'autres choses a dire ou étayer.
Malheureusement, j'ai un travail et un estomac à remplir le midi...😅
PPS: j'en vois beaucoup qui taguent Hugo Clément sur ce thread. L'intention est louable mais malheureusement, ça fait 2 ou 3 ans que ce n'est plus d'une très grande utilité...
PPPS: j’ai tenté de répondre a à peu pres tout le monde.
Sachez une chose: les comptes qui bloquent et/ou cadenassés, vous me faite vivre un enfer…😅
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Non content d’être très grand, Jean-Paul est également, comment dire… un poil bedonnant. Bref, un bon gaillard, du genre qui en impose et que tu viens pas emmerder dans la rue. Si tant est que t’arrive à le croiser dans la rue…
Parce que bon, dans ce bled paumé de Normandie qui m’accueille depuis 1 mois, y’en à pas beaucoup des rues. C’est tellement désert que le GPS peine à m’indiquer les routes, faut que je m’arrete dans le village pour trouver le chemin de la ferme.
A mon arrivée, je me méfie un peu de Jean-Pascal. Sa stature m’évoque quelques-uns de mes anciens éleveurs bourrus qui peinaient à décrocher un bonjour. On va y aller molo avec lui, s’il s’énerve, mon espérance de vie se compte en minutes.
Donc ce qu’on voit là sont des niches que l’ont utilise en élevage laitier pour abriter les veaux, entre leur premier/deuxieme jour de vie jusqu’au 15eme jour.
Ces niches sont en plastique, rabatables, avec une courette exterieure, souvent posées sur du beton aditionné de paille
Cette description est très importante pour la suite et vous aidera a comprendre l’interet de ce genre d’instalation.
Vous le savez, l’usage des antibios en élevage, c’est un peu ma marotte ici.
Alors je vais profiter de mon petit cas de la journée pour illustrer le genre d’évolutions qu’on met en place petit à petit pour lutter contre l’antibioresistance.
Perso, ça me fascine.
Il y’a 3 jours, un éleveur dépose du lait à la clinique. Une de ces vaches fait une mammite, avec un echec du premier traitement.
Ce premier traitement est décidé par ses soins, selon les germes habituellement rencontrés et en accord avec nos protocoles de premiere intention.
Sauf que là, ça marche pas.
Alors on enclenche la seconde. On prend le lait, et on réalise une bacterio. En clair, on fait développer les bacteries du lait sur des milieux selectifs, puis d’autres analyses, pour identifier précisement le germes incriminé.
Bien evidemment, comme dans toute vidéo de ce genre, il y’a des vérités, des vérités falacieuses, des bétises et des grosses betises.
On va faire le tri ensemble…👇
La verité.
Oui, le coup de l’age et de la feuille A4 c’est plus ou moins vrai.
C’est ce qu’on appelle un « poulet standard ». Vous irez chercher les normes, mais globalement c’est ça: 22 poulets max au m2, croissance rapide a moins de 50 jours.
Bon ba moi, c’est pas ce que je mange hein.
Mais il se trouve que c’est ce qui est le plus recherché en France. Du poulet le moins cher possible.
Y’a une demande pour ça, donc on l’offre.
C’est pas ouf, ok, mais c’est ce que le consommateur veut.
C’est surtout qu’on en sait strictement rien et qu’on est en face d’un magnifique exemple de biais cognitif.
Et on se fait tous avoir par la jolie histoire.
Les explications les plus probables pour le comportement d’Oscar sont:
- il vit dans une maison de retraite où les décès sont très fréquents. Qu’importe où il va, y’a une forte probabilité pour que la personne soit mourrante.
Du coup on va profiter de cette analogie foireuse pour passer en revue toutes les particularités anatomiques et physiologiques des palmipedes qui font que c’est eux qu’on gave et pas les chats.
1: un oesophage elastique et la presence d’un jabot.
Issu de leur statut de predateurs. Ainsi, ils peuvent gober des proies entieres de taille variable, parfois très grosses.