Comment comprendre l'incarcération de masse aux USA ?
Article sur le récent livre de R. Gilmore, marxiste noire
"Gilmore montre que la forte hausse du nombre de prisonniers est un résultat, plutôt qu'une cause, de l'augmentation du nombre de #prisons" dissentmagazine.org/article/abolit…
"Elle conteste les explications hégémoniques sur l'incarcération de masse - principalement la fausse affirmation selon laquelle la population carcérale a augmenté à cause de la criminalité, déjà déclinante en Californie au début des 1980s au moment où le boom carcéral a commencé"
"Elle se démarque également des explications qui, aussi compréhensibles soient-elles, confondent causes et effets"
Très intéressant ça, sur les divergences ds l'antiracisme afro US. La ligne Gilmore sur la prison diffère de M. Alexander (auteure de "the New Jim Crow"), sur ceci:
"Si l'incarcération de masse a bien des conséquences racistes dévastatrices () Gilmore n'est pas d'accord avec les théories pr lesquelles l'incarcération de masse s'est développée spécifiquement pr renforcer les clivages racistes existants ou pr fr renaître l'esclavage autrement"
Pr la Californie RG dit que 4 éléments ont permis le boom carcéral
-terre autrefois agricoles finalement inutilisées à cause de sécheresse & dette
-capital financier cherchant retour sur investissement
-chômeurs suite à désindustrialisat°
-réduction de la part "sociale" de l'État
De ce que j'ai compris en lisant Gilmore, ms aussi d'autres chercheurs noirs, Elizabeth Hinton (historienne), la "guerre contre la drogue" explique la forte proportion de noirs & latinos en prison, mais n'explique pas l'incarcération de masse qui elle aurait d'autres racines🔽
Au-delà des US la dimension raciste de l'incarcération se voit en effet dans bcp de pays occidentaux, vu qui est en prison, sans pr autant qu'il y ait *incarcération de masse* comme aux US
(les prisonniers US représentent à eux seuls 25% de la population carcérale... mondiale)
Du coup, l'idée que le racisme n'explique pas tout, ou de façon première est intéressante à suivre , surtout quand ça vient de gens qui bien qu'en désaccords avec des antiracistes radicaux ou nationalistes noirs, ne les caricaturent pas comme font d'autres marxistes (mm noirs...)
Autant il y a plein de critiques à faire de la notion de "privilège", autant je regrette presque le moment où on voyait parler de "privilèges blancs" parce que sincèrement les dérives dans les usages du terme "blanchité" ont l'air d'être pires parfois
en gros il y a de grosses limites avec "privilèges" (individualisation, concours d'oppression etc) mais il y a l'idée qu'être blanc donne des avantages (relatifs selon la classe) par rapport aux non blancs, ce qui est vrai et a une histoire liée à l'esclavage & colonisation
"blanchité" aussi a un gros potentiel critique pour parler de cette histoire et ses formes actuelles, mais le pb c'est quand le terme est utilisé pr désigner ce qu'on aime pas ou avec quoi on n'est pas d'accord. Une sorte d'identité négative pour disqualifier
Intéressant. On risque de voir les oppositions stériles habituelles:
- leurs troupes galvanisés car "s'ils sont attaqués c'est DONC qu'ils ont raison vive nos héros!"
- ceux qui vont trouver ça bien, sans le moins du monde questionner l'intérêt US à faire ça
alors qu'en terme de désinformation, ces deniers ne sont pas en reste, la plus connue de tous à ce jour concernant l'Irak (et c'est loin de s'y limiter), sans aucune espèce de conséquence.
Bref, tjrs plus urgent de sortir de ce face à face piège, entre ceux voulant juste passer d'un impérialisme à un autre, sous couvert de panafricanisme, et ceux incapables de penser *tous* les ressorts de la domination occidentale (mm si tout ne s'y réduit pas je le dit tt le tps)
Reprocher à la France de "trahir" ses valeurs en se "compromettant" avec le Qatar renforce deux tristes mythes:
1/celui d'une France, agent du Bien, porteuse dune mission humaniste historique
2/celui de blocs politiques *séparés* avec Défenseurs du Bien VS Défenseurs du Mal
Autrement dit, même s'il s'agit de discours voulus critiques à l'égard des positions de la France (à travers son État, ou ses sportifs qui renieraient leur mission de Français, donc de défenseurs des droits de l'H), cette rhétorique d'une France qui se "trahit" est coloniale.
Simplement, c'est une autre version des rhétoriques coloniales et eurocentrées (version "progressiste" ici) mais ça reste colonial car ça renforce, sans interroger tout ce que ca signifie et tout ce que ça masque, l'idée d'une mission française à défendre le Bien.
et, par un procédé bien sournois, on va te dire que c'est ceux qui pointent ça du doigt et le critiquent (plutôt bien, plutôt mal) qui seraient les *vrais* racistes
puis sur la pureté ethnique dont parle @kayrubenz on va t'expliquer que
1/c'est *uniquement* l'obsession des subalternes (qui pour certains se perdent en chemin parfois, certes)
ou alors
2/on va te faire des mises en équation genre eux et l'hégémonie raciste = c'est pareil...
"la décolonisation, c'est la restitution aux autochtones de leurs vies et de leurs terres. Elle n'est pas la métaphore d'autre chose, quand bien même cette autre chose tendrait à améliorer nos sociétés."
"Les luttes pour la justice sociale, l’élaboration de méthodologies critiques ou le décentrement des perspectives coloniales, si importants soient-ils, ont des objectifs qui ne convergent pas nécessairement avec le processus de décolonisation."
"Métaphoriser la décolonisation, c’est donner accès à toute une gamme d’esquives, ou «manoeuvres de disculpation», qui permet souvent de se réconcilier avec la situation coloniale."
La France comme puissance mondiale peut, comme d’autres du même rang, s’ingérer dans les affaires politiques et économiques des Autres, et en changer le cours. Pourquoi pas là ? Réponse simple: l’argent du Qatar et les convergences d’intérêts, malgré normes sociales différentes
2/Derrière cette idée énoncée par Lloris (qu'il ne porte pas seul) et qui semble aussi fr plaisir à certains footeux sans voir ce que ça dit pr eux (pr ceux non blancs), il y a un truc sale:
c’est la réaffirmation du droit de la France *chez elle* à maltraiter les « étrangers »