“Les jeunes ne s’informent plus que sur les réseaux sociaux". On entend souvent cette phrase. Pratique, simpliste: le monde est coupé en deux (réseaux sociaux pour les jeunes vs médias tradis pour les vieux). Le problème : on ne constate pas ça en classe #Thread#EducMediasInfo⤵️
En 2020, avec mes collègues, nous avons mené une enquête auprès de 4 classes : CM2, 4e, 2nde et 1ère pro. Chez les plus petits, les JT sont la principale source d’information (ils les regardent avec leurs parents).
Plus les élèves grandissent, plus les réseaux sociaux prennent de la place (Instagram, TikTok, dans une moindre mesure Twitter et Snapchat). Sans toutefois délaisser les JT ou BFMTV.
Cette année, nous réitérons l’expérience en suivant six élèves par classe, choisis par leur enseignant (seul critère : les élèves, aux profils très variés, doivent être motivés pour témoigner).
Les premiers entretiens ont eu lieu la semaine dernière, dans une classe de terminale du sud de Paris. 1h d’échanges avec six élèves de 17 ans: Iris, Enzo, Sarah, Justine, Sami et Esteban (tous les prénoms ont été changés).
Sur ces six élèves, seul Esteban ne s’informe que par un seul canal : Telegram. Il est notamment inscrit dans un groupe baptisé “Entre guerres”. C’est là qu’il s’informe sur la guerre en Ukraine.
Les informations d’Esteban sont-elles sourcées ? Non. Mais il fait confiance à l’administrateur du groupe : “C’est un ancien militaire espagnol. Du coup, il essaie de trouver toutes les infos de dernière minute.” Et ce serait fiable, selon lui.
La preuve ? “Mes parents regardent TF1, et mon père m’appelle souvent pour me dire “viens voir, il s’est passé ça”. Mais il avait déjà lu l’info trois heures plus tôt sur Telegram.
Pour les autres élèves, leurs pratiques informationnelles sont très variées. Sami a par exemple 3 sources d’info : Hugo Décrypte sur TikTok (“Il résume les 5 actualités du jour”), le 20h de TF1 qu’il regarde en mangeant avec ses parents. Et “Quotidien”, une fois le JT terminé.
Pour s’informer, Iris utilise Google Actualités et peut citer Le Figaro ou L'Étudiant comme sources. Elle consulte surtout Brut, Hugo Décrypte et Le Monde sur TikTok. Mais le soir, que fait-elle d’après vous ?
“Je rentre chez moi, mes frères regardent des dessins animés. Quand mon père arrive, c’est un peu le roi, il met la télé directement, il oublie mes petits frères, il met le journal. Et ensuite, on regarde le journal avec lui.” Selon l’horaire, c’est TF1 ou BFMTV.
Julie, l’actu, ce n’est pas trop son truc. Elle regarde surtout les tendances sur Insta. “Et quand c’est l’heure du dîner, soit je regarde des infos avec ma mère si ça m’intéresse ou sinon, je vais dans ma chambre”. Elle citera également “C dans l’air” comme source d’info.
Des 6 élèves, Enzo est le plus informé. Sur Instagram, il suit le média Brut, ou Hugo Décrypte. “Mais ce n’est pas là principalement où je me renseigne sur l’actualité. Je regarde la télé. C à vous, j’aime beaucoup”. Il regarde l’émission tous les soirs.
Le week-end, il ne loupe pas l’émission du samedi soir de France 2 : «Avant, c’était “On est en direct”, mais maintenant, c’est “Quelle époque !”». Et de temps en temps, il s’informe sur Le Monde (“Ma mère a un abonnement”) ou en écoutant RTL (“ma mère écoute la radio le matin”).
Bref,contrairement aux idées reçues, ces lycéens ne s’informent pas que sur les réseaux. A l’exception de M. Telegram, tous les autres ont une pratique mixte. Un savant mélange de réseaux sociaux et de médias "traditionnels" : Hugo Décrypte, TF1, BFMTV, Brut, Quotidien, C à vous.
C’est “l’histoire d’un prof”. Qui joue au ping-pong entre deux cours, sort son carnet de blagues pour capter l’attention de ses élèves, et fait un cours sur la liberté d’expression en 2020. On a lu “Crayon noir”, le roman graphique sur Samuel Paty.
#Thread #EducMediasInfo⤵️
Tout le monde connaît l’histoire tragique de Samuel Paty. Celle d’un enseignant assassiné par un islamiste pour avoir montré des caricatures de Mahomet pendant son cours. Mais c’est un peu une autre histoire que raconte cet ouvrage.
A la différence d’un article de presse qui informe, la BD d'actualité apporte un peu plus. S’appuyant sur des témoignages de collègues, de parents, d’élèves, “Crayon noir” retrace l’engrenage infernal qui aboutira à sa mort mais dresse aussi le portrait d’un prof.
85% des jeunes de 10-15 ans seraient séduits par les théories du complot ? Il y a 15 jours, ce chiffre choc, relayé par la presse, nous a particulièrement inquiétés. Jusqu'à ce qu'on découvre les détails du sondage. #Thread#EducMediasinfo⤵️
Particulièrement alarmant, ce chiffre de 85% est issu d’un sondage de l’institut CSA, commandé par le groupe Milan Presse. Problème : quand ce chiffre est sorti, on n’avait ni les questions, ni les détails.
L’institut CSA vient finalement de publier les questions et les choix proposés. Or, ceux-ci nous semblent vraiment problématiques.