En novembre 1924 les ouvrières des conserveries de Douarnenez commence une longue grève, la grève Penn Sardin
Grève magnifique que je vous raconte !
1)Depuis l’invention de la conserve en 1820, une partie du littoral breton est tournée vers la pèche et la conserve, avec une répartition bien genrée des taches, les hommes en mer, les femmes à l’usine. (tableaux Mathurin Meheut)
2)les conserverie poussent comme des champignons sur tout le littoral breton, 160 conserveries à la fin du siècle et près de 14 000 ouvrières, des Penn Sardin (tête de sardines) comme on disait.
3)Le travail y est difficile. Voici comment en parle une autre Penn Sardin, Lucie Colliard, dans un texte publié par la librairie de l’Humanité : « Il faut être debout, toujours debout.
4)Les salaires sont très bas, à 80 centimes de l’heure, les sardinières sont purement et simplement exploitées. A titre de comparaison, le kilo de beurre (salé bien sur !) est à l’époque à 15 francs.
5)Or justement, les usines de sardines connaissent d’importants mouvements sociaux, des grèves de femmes donc.
6)Déjà en 1905, les sardinières de Douarnenez et de Concarneau s’étaient mises en grève derrière Eulalie Belbéoch pour réclamer le salaire horaire quand elles étaient payés à la tache (au milliers de poissons travaillés comme on disait)
7)ce qui est classique pour les salaires féminins et génèrent d’infernales cadences ou d’interminables journées (18 h alors pour les ouvrières des conserveries).
8)Ces femmes, organisées en syndicat des sardinières, dirigé par Angelina Gonidec tiennent bon, de long mois (de janvier à aout !) et arrachent la victoire : 80 centimes de l’heure. Mais en 1924, ce salaire n’a pas même été revue à la hausse….
9)Une nouvelle grande grève éclate en novembre 1924. Il faut voir que les conserverie s’assoient sur la loi de 1919 qui avait limité la journée de travail à 8 h.
10)Les Penn Sardins travaillent 10h, parfois plus, parfois de nuit, sans paiement des heures supplémentaire.
11)Alors celles qui souvent sont les filles des grévistes de 1905, qui sinon ont écouté les récits de ce mouvement victorieux, débrayent et descendent dans la rue ! Elles réclament « Pemp real a vo ! », soit un franc vingt-cinq de l’heure.
12)Chaque jour elle déambule dans les rues, chantent leur colère et leur dignité, débattent sous les Halles de la ville
13) Joséphine Pencalet joue un rôle important dans la grève et devient même secrétaire-adjointe du bureau du Syndicat des Métaux de Douarnenez, affilié à la CGTU (le fait qu’elle soit veuve explique pour partie la place qu’elle a pu prendre).
14)Au niveau local comme au niveau national, les sardinières reçoivent le soutien des pécheurs mais d’ouvriers, de syndicalistes, de politiques ou encore de simples citoyens touchés par leur lutte.
15)(ci dessous la lettre d'un patron au préfet où il se plaint de la "gréviculture communiste " tout en évoquant « mes femmes d’usine » en parlant de ses ouvrières.)
16)La grève est aussi soutenue par la municipalité, communiste, dirigée par le maire Le Flanchec qui organise des soupes populaires. Les gendarmes répriment les grévistes le maire est suspendu de ses fonctions, le ministre du travail propose une médiation mais la lutte continue.
17) La grève paralyse l’économie de la ville, car sans elles, les pêcheurs ne peuvent plus travailler, car le poisson ne sera pas conservé.
18)Les patrons font appel à des briseurs de grèves, dont un certain Léon Raynier qui, le 1er janvier 1925, tente d’assassiner Le Flanchec en lui tranchant la gorge.
19)Il survit et l’attentat soulève une émeute dans la ville ! L’affaire médiatise aussi le mouvement qui suscite une sympathie importante.
20)Et c’est la victoire ! Début janvier 1925, les patrons cèdent ! les sardinières obtiennent une hausse de salaire, le paiement des heures supplémentaires ainsi que celui des heures effectuées la nuit. Leur syndicat est aussi reconnu.
21)De nouvelles grèves de sardinières éclatent dans la foulée
En Juillet 1926, ce sont les ouvrières de Lesconil qui se soulèvent
Les patrons des usines des autres villes (comme Maingourd et Guilvinec ) flippent
22)Et de fait, les sardinières de ces villes rejoignent celle de Lesconil dans le mouvement. Début aout, elles sont plus de 500 en grève et dans la rue ! et le mouvement continue de s’étendre dans le pays bigouden
23)Les usiniers licencient le personnel à Lesconil et Guilvinec et imposent » l’embauchage par voie individuelle »
Les pêcheurs de ces localités sont boycottés par les autres usiniers pour affamer les familles.
24)Mais à nouveau, les patrons sont obligés de céder : 1,25 fr/h (soit moins que les Penn sardin), mais l’application inédite à l’époque de l’échelle mobile ( c'est à dire alignement sur le coût de la vie).
25) Malheureusement ils mèneront vite une riposte patronale sévère, licenciement (surtout des syndiquées, fermeture d'usine, refus de prendre les poissons des pécheurs mari des ouvrières...
pour faire ce fil je me suis appuyée sur les travaux de Fanny Bugnon et son excellent article cairn.info/revue-vingtiem…
et la thèse de Théo Bernard : « La grève des « sardinières et des manœuvres des usines métallurgiques et des fabriques de conserve de Douarnenez 1924-1925 ». Prix Jean Maitron 2015
Le Printemps des peuple au Listenbourg, 16 mars 1848.
Le roi, chassé par les barricades fut contraint de se réfugier au Portugal
Un gouvernement provisoire proclame la République Listenbourgeoise
La jeune république listenbourgeoise reconnait le droit au travail et à l'association, ainsi que le droit de vote pour tous les hommes et les veuves.
des clubs de femmes se forment pour réclamer le droit de vote pour toutes
La majorité portugaise d'Adrias arrache le rattachement au Portugal.
1)De son propre aveu, Eugène Delacroix n’avait vécu la révolution de Juillet 1830 qu’en « simple promeneur ». Mais comme il l’écrivait à son frère, « si je n’ai pas vaincu pour la patrie, au moins pourrais-je peindre pour elle ».
2)Réalisée en quelques semaines, à l’hiver 1830 La Liberté guidant le Peuple s’inscrit dans un vaste corpus de représentations iconographiques des Glorieuses, sous forme de toiles mais aussi de gravures ou de lithographies.
En librairie jeudi 20 octobre
(le livre hein, pas le chat ! je le garde lui)
Une histoire des objets des luttes féministes, magnifiquement illustrée par @FredSochard aux @DuDetour
Certain.e.s seront peut-être déçu.e.s car ce ne sont pas ces objets
1)Dans mon premier livre de vulgarisation, un almanach révolutionnaire que j’ai publié en 2019 au Détour, je n’ai pas pu, pour des raisons éditoriales, ni publier de bibliographie comme je le souhaitais, ni sourcer en note les livres sur lesquels je m’étais appuyée.
2)J’y ai veillé pour les ouvrages suivants en produisant des explications bibliographiques détaillées mais je regrette de n’avoir pas pu le faire dans le premier.
3)Car pour raconter et résumer toutes les nombreuses révolutions qui sont présentes dans ce livre, je suis bien sur partie de travaux d’autres historiens et d’historiennes. J’y ai trouvé des faits, des explications, des idées.
11 septembre 1973
Coup d’état militaire au Chili
Mort de Salvador Allende
Assassinat de la démocratie chilienne
1)ll est 6 heures à Valparaiso, ce 11 septembre 1973....
2) Les forces navales chiliennes, parties la veille rejoindre au large les navires des États-Unis dans le cadre des manoeuvres annuelles, reviennent dans la nuit.