Une formule en vogue en ce moment, mais une idée qui remonte à une trentaine d'années et diffusée par l'industrie du tabac pour lutter contre des mesures écologistes.
D'abord il y eut la volonté de discréditer les mesures publiques visant à protéger les écosystèmes.
C'est Philip Morris (PM), accompagné de la firme de relations publiques APCO, qui va monter en 1993 un lobby appelé TASSC : The Advancement of Sound Science Coalition.
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Pour PM, la lutte est féroce pour tenter de discréditer toute connaissance ou régulation sur les effets nocifs du tabagisme passif.
TASSC lui permettra de le faire discrètement, sans viser spécifiquement les politiques anti-tabac, ce qui permettra d'agréger d'autres industriels.
Officiellement le but de la coalition TASSC est de défendre l'utilisation de la « sound science » dans les politiques publiques.
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TASSC est emmené par Steven Milloy (un marchand de doute multi-casquettes), qui sera notamment un grand diffuseur du terme « junk science », inventé par l'industrie du tabac. Il est notamment l'auteur d'un site web junkscience . com sur lequel il diffuse ses stratégies du doute.
Dans cet édito de 96, Milloy déploie des formules qui sont à présent familières : "marchands de peur", "extrémistes environnementalistes", critique des alertes sur les perturbateurs endocriniens qui causeraient cancers ou infertilité (quelle idée !) industrydocuments.ucsf.edu/tobacco/docs/#…
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Milloy sera aussi un zélé relais de la fable sur le DDT.
Le DDT est un insecticide qui était utilisé en agriculture mais également dans la lutte contre le paludisme pour tuer les moustiques.
La fable prétend que son interdiction dans les 70s a conduit à des millions de morts.
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En réalité le DDT n'a jamais été interdit dans la lutte contre le paludisme (mais il l'a bien été en agriculture).
Les relais de la fable n'hésitent alors pas à blâmer les écologistes, qui seraient responsables de son « interdiction », pour les millions de morts du paludisme.
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En 1997, Milloy travaille pour TASSC avec Edwards, un scientifique afin d'écrire un rapport sur ce qu'il appelle cette « controverse du DDT » (industrydocuments.ucsf.edu/tobacco/docs/#…).
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Ils ne réussiront à publier ce rapport qu'en 2004 dans une revue complotiste, aux allures de journal scientifique sérieux : le Journal of American Physicians and Surgeons (JAPS).
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Certains voient dans cette fable du DDT un bon filon pour discréditer les écolos.
En 1998, Roger Bate (un autre marchand de doute), écrit un rapport dans lequel il suggère que le DDT est un bon angle pour combattre les écolos industrydocuments.ucsf.edu/tobacco/docs/#…
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En effet, pour lui le problème c'est que le succès des écolos vient du fait qu'ils sont politiquement corrects, voire toujours éthiques.
Il faut donc trouver un angle pour montrer que leurs préoccupations ont des conséquences néfastes. La fable du DDT est donc le candidat idéal.
L'offensive est donc lancée, un ouvrage publié et la fable va particulièrement bien se diffuser.
Y compris en France.
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En France, l'@afis_science relaie la fable dès 2003, en citant dûment Bate, allant jusqu'à l'affubler du titre de Dr (s'il a un doctorat c'est en économie… le lien avec le DDT semble distant). L'article manque cruellement de références sérieuses.
Pourtant le président de l'AFIS défend toujours cette production. Ce qui est moche, M. Bréon, c'est de nier les évidences en citant un marchand de doute financé par l'industrie du tabac qui cherche à nuire aux écolos.
Et de cacher la conclusion problématique de cet article.
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L'@afis_science renouvelle l'opération en 2014 avec un article citant à nouveau Bate ainsi que l'article publié depuis dans JAPS, la revue complotiste mentionnée pus haut.
L'auteur de l'article, toujours rédacteur en chef de l'AFIS, accuse alors les écologistes de millions de morts, reprenant à son compte les rhétoriques des marchands de doute de l'industrie du tabac, Milloy et Bate.
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L'histoire fait florès dans la sphère francophone des anti-écolos (parmi lesquels on retrouve aussi des climato-sceptiques…).
Christian Gérondeau, Pascal Bruckner, @BrunoTertrais, Jean de Kervasdoué, Sylvie Brunel reprennent cette fable dans leurs ouvrages respectifs.
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Cette tentative de rendre des écologistes responsables de millions de morts a donné lieu à d'autres tentatives.
Plus tard, c'est au tour des opposants au riz doré d'être accusés de millions de morts.
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Le riz doré est un riz OGM enrichi en vitamine A, présenté comme une solution à la déficience en vitamine A touchant de nombreuses personnes, parmi les plus pauvres.
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Les premières récoltes à grande échelle du riz doré viennent d'avoir lieu en 2022, alors qu'il a été rendu accessible en 2004.
Certaines personnes accusent les écologistes (ou en particulier Greenpeace) pour ce délai.
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En particulier, l'association « Allow Golden Rice Now! » (AGRN) accuse explicitement ceux qui empêchent le riz doré de « crime contre l'humanité » et même Greenpeace d'être responsable de millions de morts, comme en témoigne cette banderole, diffusée par… l'AFIS (encore eux…)
L'association AGRN a été fondée par Patrick Moore, souvent présenté comme ancien président de Greenpeace (il y a près de 40 ans !), mais qu'on pourrait aussi présenter comme consultant pour le Heartland Institute, un think-tank climatosceptique.
L'affirmation que Greenpeace serait responsable de la non utilisation du riz doré a de quoi étonner quand on constate que, par exemple, des populations d'Inde ou des Philippines souffrent de déficience en vitamine A. Or ces pays cultivent depuis de nombreuses années des OGM…
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Pourquoi Greenpeace aurait réussi à retarder l'adoption du riz doré aux Philippines ou en Inde mais pas celle du coton ou maïs Bt, cultivés dans ces deux pays ?
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Les personnes qui adorent tant asséner « corrélation n'est pas causalité » ont bizarrement oublié d'appliquer leur formule. Le fait que Greenpeace s'oppose au riz doré ne prouve pas qu'elle ait une responsabilité dans le délai pour les premières récoltes.
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Les deux précédents exemples sont emblématiques, notamment car ils sont internationaux et formulent des attaques violentes vis-à-vis d'écologistes, qui seraient responsables de millions de morts.
Mais les attaques infondées visant à décrédibiliser les écologistes sont légion.
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La famine ? La faute du bio.
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Les morts d'oiseaux ? La faute des éoliennes.
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Les embouteillages en ville ? La faute des pistes cyclables.
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La réouverture des centrales à charbon ? La faute des écolos (cf. premier tweet)
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Les incendies de forêt ? La faute des écolos.
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Bref, la stratégie des marchands de doute financés par l'industrie du tabac, Steven Milloy et Roger Bate, a eu un succès probablement inespéré. N'importe quel prétexte suffit à présent à attaquer les écolos, dans le but de décrédibiliser les solutions qu'ils ou elles portent.
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Si on les croit, ces écolos semblent d'ailleurs avoir une caractéristique extraordinaire : leur capacité de nuisance serait inversement proportionnelle à leur pouvoir politique. Plus ils sont dilués, plus ils ont d'effet.
Ces marchands de doute défendent en fait l'homéopathie !
Une telle capacité de nuisance n'a pas pu échapper aux scientifiques s'intéressant à ça. @Goneri76 pointe justement des extraits de rapports du GIEC intéressants.
« une plus forte part de partis verts au parlement est lié à de plus faibles émissions de gaz à effet de serre »
On sait : « corrélation n'est pas causalité ». Mais là on parle d'une corrélation qui va dans le sens inverse de ce que sous-entendent les marchands de doute.
Ce qui les gêne chez les écolos, ce n'est pas de nuire à la lutte climatique/biodiv, mais de nuire à leurs intérêts.
FIN
La 1è partie de ce thread s'appuie notamment sur les ouvrages suivants :
J'ai épluché il y a 8 ans un certain nombre de rapports de l'OMS. Rien de sérieux ne vient étayer une telle interdiction du DDT dans la lutte contre le paludisme.
Il n'est pas question de féminicides, ici, mais d'accidents de la route.
Entre 2005 et 2020, les conducteurs de voiture étaient 2,6 fois plus souvent impliqués que les conductrices, dans un accident où un usager vulnérable (piéton, cycliste…) est mort.
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Comme illustré sur cette carte, cela concerne tout le territoire. Attentions néanmoins à certaines valeurs extrêmes qui ne sont dues qu'à un faible nombre d'accidents.
L'Île de France semble plus touchée par ce biais de genre qu'en moyenne avec des hommes 5 fois plus impliqués !
Ce risque accru de décès d'un usager vulnérable (piéton, cycliste, …) lorsqu'un homme, plutôt qu'une femme, conduit une voiture persiste qu'on regarde les accidents en agglo (2683 décès si un homme conduit, contre 1120 si c'est une femme) ou hors agglo (1927 décès contre 662).
Des personnes, assez influentes sur ce réseau, et connues pour leurs désinformations scientifiques, contestent l'intérêt de produire de l'électricité grâce à des panneaux solaires en France.
Illustrations de l'intérêt de cette production avec l'été 2022.
Thread ⤵️
Regardons la production électrique en moyenne horaire, en 2012 (année la plus ancienne dispo, où peu de capacités solaires étaient installées) et en 2022 pendant les 3 mois d'été climatologiques (juin, juillet, août) pour le solaire et deux sources pilotables : hydraulique et gaz
La différence est assez flagrante. D'une part la production hydraulique est plus faible en 2022 (sécheresse oblige…) et substituée en partie par le gaz mais, surtout, la production solaire est bien plus importante, dépassant gaz+hydraulique en moyenne entre 11h45 et 16h15.
Ici le cadrage de @TerreTerre13 est de faire une opposition entre agriculteurs et écologistes.
Ce cadrage n'est pas sans influence puisqu'on voit débarquer les anti-écolos qui viennent taper sur les écolos suites à ce thread.
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Or la confédération paysanne est opposée à ces méga-bassines, comme le montre bien cet extrait d'un article de @Mediapart.
Ce sont différentes visions de l'agriculture qui s'opposent et ne pas le souligner est un choix, résultant d'une idéologie.
Suite à cette (énième ?) confirmation du lien entre cancer et nitrites, c'est l'occasion de revenir sur les personnes qui ont cherché à nier ou minimiser ce lien ces dernières années.
Point historique d'abord : le Centre International de la Recherche sur le Cancer (CIRC) a classé en 2010 les nitrates et les nitrites ingérés comme « cancérigène probable » publications.iarc.fr/112
Il a donc fallu attendre 12 ans pour que l'Anses suive.
La journaliste de @lopinion_fr, @emma_ducros, affirmait que la dose ingérée ne posait pas de risque aux consommateurs ainsi que de « faibles doses inoffensives ».
Dans un premier temps, le sans-labour permet de séquestrer un peu plus de carbone dans les couches superficielles du sol, mais un peu moins plus profondément, le bilan est donc nul. Et en plus, avec le temps, ces différences s'estompent.
Si vous me lisez avec assiduité, à partir du rapport du GIEC, j'avais déjà écrit il y a près de 3 ans que l'intérêt de la pratique pour la séquestration du carbone était sujet à question.