Thread by @clemnaturel

🧵 Les Aires de Protection et de Conservation Autochtones (APCA)

Avancée réelle ou nouvelle menace pour les peuples autochtones, le climat et la biodiversité ?

Un consortium d’ONG représentant les intérêts des peuples autochtones du Sud global a récemment dénoncé le plan #30x30 (convertir 30% de la planète en Aires protégées d’ici 2030), adopté à la #COP15, et qualifié de ‘plus grand plan d’accaparement de terres de l’Histoire’.

https://twitter.com/clemnaturel/status/1598450040015826944

Le plan #30x30 se fonde sur le développement des Aires protégées qui excluent les peuples autochtones de leur gestion et les exproprient et les expulsent pour privatiser leurs terres au profit du capitalisme vert (chasse, safaris, compensation carbone…).

Le plan #30x30 favorise ainsi les causes sous-jacentes de l’extermination de la biodiversité : politiques racistes sous couvert de développement et de (pseudo)rationalisme, tourisme coloniale, extractivisme, greenwashing des multinationales, surconsommation…

https://twitter.com/clemnaturel/status/1605274351158571008

Les Aires Protégés (AP) sont mises en avant par certaines ONG comme le WWF et par les lobbys anti-science du capitalisme vert.

Les APCA sont récemment apparues comme une alternative aux AP permettant aux peuples autochtones de participer à la gestion de leurs territoires.

Le Cercle d'experts autochtones définit les APCA comme des terres et des eaux où les peuples autochtones ont le rôle principal dans la gestion des écosystèmes par le biais des lois, de la gouvernance et des systèmes de connaissances autochtones. icce-caec.ca/wp-content/upl…

On sait que les peuples autochtones qui gèrent leurs territoires, plutôt que de favoriser les intérêts capitalistes et d’ignorer la science, élaborent au contraire des politiques écologiques et socio-culturelles associant leurs savoirs traditionnels et les savoirs scientifiques.

Mais les APCA peuvent être régies selon différentes approches.

1ère approche : l’affirmation pleine et entière de la souveraineté des peuples autochtones et des paysans locaux sur leurs terres, en tant que seuls titulaires des droits sur le territoire.

La généralisation d’un tel modèle nécessite des politiques décoloniales et des transformations profondes des structures internationales pour éviter que les financements enrichissent des intermédiaires véreux (entreprises, ONG…) au lieu d’être distribués aux acteurs locaux.

https://twitter.com/clemnaturel/status/1597504395247116288

2ème approche : les fameux partenariats publics-privés (PPP) dont on sait qu’ils visent à l’appropriation des biens communs par le secteur privé et qu’ils ruinent l’environnement et les services publics pour enrichir des actionnaires qui réinvestissent dans les industries sales.

https://twitter.com/clemnaturel/status/1607427328237535233

Lors de la COP15, le 1er ministre canadien Justin Trudeau a annoncé un financement de 800 millions $ sur 7 ans pour 4 projets d’APCA, afin de signaler l'engagement du Canada en faveur du plan #30x30 et des droits des autochtones.

Mais ce financement - qui vise à aider le Canada à atteindre l’objectif #30x30 - repose principalement sur la mise en place de partenariats publics-privés (PPP) entre les nations autochtones du Canada et les entreprises capitalistes.

Ces PPP vont donc au final perpétuer la main mise du secteur privé sur les territoires autochtones et faire plus de mal que de bien aux peuples autochtones qui méritent au contraire une reconnaissance de leurs droits à la souveraineté.

Créer des APCA avec des financements conditionnés à la mise en place de PPP va donc encore favoriser l’exploitation des territoires, l’extinction de la biodiversité et les violations des droits de l'homme dans le Sud global.

Au mieux, les APCA permettront d’éviter l’expropriation des autochtones, mais elles les obligeront aussi à soutenir le capitalisme vert, qui consiste notamment à vendre des crédits carbones à des multinationales pour qu’elles continuent de détruire les 70% du monde non-protégées.

Notez l’hypocrisie de la situation.

Le financement d’APCA par le gouvernement canadien - et son soutien au plan #30x30 - s’accompagne d’investissements de plusieurs milliards $ d’argent public dans les industries extractives (dont 4,5 milliards pour le pipeline Trans Mountain).

En outre, à l'échelle internationale, 188 milliards $ sur les 273 milliards $ d'actifs miniers du Canada soutiennent l'extraction de ressources à l'étranger, y compris l'exploitation minière dans les terres autochtones du Sud global.

De plus, comme la plupart des autres États coloniaux, le Canada travaille en étroite collaboration avec l'industrie sale pour criminaliser les défenseurs de la biodiversité et des peuples autochtones qui luttent contre des projets d'extraction de ressources.

Enfin, le rapport Cash Back publié par le Yellowhead Institute dirigé par des Autochtones de l’Alberta, a révélé la dette de 200 milliards de cette province canadienne envers les peuples autochtones qui y résident. cashback.yellowheadinstitute.org/wp-content/upl…

Cela montre qu’au Canada, la dette, fédérale et provinciale, due aux peuples autochtones dépasse de loin les maigres investissements du gouvernement, qui ne soutiennent même pas le droit des autochtones à la souveraineté, mais les PPP et les fausses solutions du capitalisme vert.

Alors que les PPP sont dénoncés à l'échelle internationale pour leur effets délétères, les politiques de conservation et l’approche conservationniste mise en avant par le Capital vert, les États et certaines ONG devraient aussi faire l'objet d'un examen et d’un suivi minutieux.

Il est urgent de reconnaître pleinement la souveraineté des communautés autochtones et paysannes sur leurs terres.

Rappelons que les États du continent Américain se sont construits sur l’esclavage, la guerre, le racisme et la spoliation des territoires autochtones.

https://twitter.com/clemnaturel/status/1526811806064332801

Les peuples autochtones et les citoyens du monde entier méritent mieux que le plan #30x30 et les fausses solutions qui ne font qu’empirer la situation sociale et écologique sous un vernis vert pour perpétuer le cancer capitaliste et la gangrène colonialiste.

Sources

Sur les APCA theconversation.com/indigenous-con…

Sur l’APCA gérée par la Nation autochtone Kitasoo/Xai’xais (Canada). facetsjournal.com/doi/10.1139/fa…