Il est peut-être temps de prendre au sérieux l'émergence de logiques génocidaires au #Sahel et de se rappeler également deux observations de Scott Straus, dans son ouvrage Making and Unmaking Nations...
La 1ère: une planification sophistiquée n'est pas nécessaire pour qu'un génocide ait lieu; des discours et instructions relativement vagues peuvent suffire. La 2nde: les leaders politiques ont un rôle essentiel à jouer dans l'escalade génocidaire ou le désmorçage des tensions
Here's an excerpt of the preface of the book. Pay attention to the typical genocidal discourse between quotation marks
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J'ai toujours été excessivement réticent à employer à propos du Sahel des mots aussi explosifs que "épuration ethnique" ou "génocide", notamment au moment d'Ogossagou. La question de l'usage ou non de ces mots se pose aujourd'hui avec plus d'acuité 1/
Et la raison du changement est simple: qu'il s'agisse du Burkina avec ses VDP ou du Mali avec la lune de miel entre Wagner et Dan Na Ambassagou, les pires projets d'assassinat sur base ethnique bénéficient de l'aval tacite voire des moyens militaires de l'Etat 2/
Par ailleurs, dans l'espace virtuel plus aucune digue ne retient la haine des supporters des régimes malien et burkinabè. Les officiels ne leur emboitent pas forcément le pas mais emploient néanmoins des expressions déshumanisantes ("forces du Mal") 3/
Dix ans de guerre au #Sahel viennent de donner naissance à deux dictatures militaires. On pouvait s'attendre à ce que la guerre contre la terreur fabrique des régimes autoritaires militarisés mais la manière dont ils sont advenus n'est pas forcément celle anticipée 1/
Le scénario auquel avaient pensé des sceptiques de la guerre contre la terreur (à commencer par moi) après 2013 était celui d'un glissement vers l'autoritarisme des régimes en place, pas forcément leur renversement par des forces politiques (des juntes) encore plus brutales 2/
La guerre contre la terreur au Sahel, telle qu'encouragée par les puissances occidentales a renforcé les tendances existantes des régimes en place, vaguement démocratiques. L'autoritarisme n'était peut-être pas au fond la pente naturelle dominante de ces régimes 3/
Une frange difficile à estimer mais bruyante de l'opinion publique malienne considère les ex-rebelles du MNLA (désormais regroupés dans la CMA) comme des "terroristes". Cette vision semble aujourd'hui défendue par le Premier ministre lui-même 1/ fr.sputniknews.com/20211008/le-pr…
Au contraire de cette frange de l'opinion, les Français, en intervenant militairement en 2013 dans le cadre de l'Opération Serval, ont établi une séparation nette entre mouvements armés du Nord. Ils n'ont appliqué le label "terroristes" qu'aux seuls mouvements djihadistes... 2/
... faisant des séparatistes du MNLA des interlocuteurs politiques légitimes et permettant leur ré-installation dans leur bastion de Kidal. Rétrospectivement, ce choix est vu comme le péché originel de la France qui empoisonne les relations entre Paris et Bamako 3/