« Pour nous, moins de places en socio, mais plus de BAC Pro, de CAP, de BEP, de BTS. »
Ce type de positionnement politique correspond à ce qu'on appelle « l'adéquationnisme », et il est très populaire en ce moment.
Problème : il ne repose sur aucune base rationnelle.
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Le deuxième de ces arguments est que des filières de formations ne seraient que de couteuses usines à chômeurs.
Et la cible est toujours la même : l'université et la sociologie.
N'importe quelle formation pro serait quand même beaucoup plus raisonnable.
Problème : les taux d'insertion professionnelle des formations universitaires, y compris la sociologie, sont bien meilleurs que ceux des voies professionnelles.
Soit il s'agit d'une confusion sincère mais inquiétante sur le terme "pro" dans "voie pro", compris comme "trouver un emploi" au lieu de "apprendre un métier".
Ou bien alors il s'agit d'une offensive politique de mauvaise foi sur l'université et la sociologie.
(J'ai envie de dire, on va rapidement le savoir : si @GuilhemCarayon se met à militer pour plus de socio et moins de voie pro, alors il s'agissait d'une confusion sincère.)
Problème 2 : si diplômer un jeune ne crée pas un emploi, et qu'on a fait plus d'enfants qu'on a créé d'emplois,
alors que prévoient prévoient les adéquationistes pour les enfants surnuméraire par rapport à l'emploi ?
Supprimer des places de formation, ok. Mais après ?
Et là... Rien.
On en parle par exemple beaucoup pour les #EtudiantsSansMaster, puisqu'on à une "politique de réussite" en L, mais une "politique adéquationniste" à l'entrée des M.
Seul solution proposée à la pénurie d'emploi : des emplois au rabais.
Pour conclure : même si on n'a aucune réticence idéologique à l'adéquationnisme, les arguments avancés ne sont jamais convaincants, et les logiques ne sont jamais assumées jusqu'au bout.
Sans fondements sérieux, cette politique est laissée à l'état d'idéologie mal fichue.
Seul avantage politique : coincés sur le seul adéquationnisme, on évite d'aborder des pistes sérieuses d'évolutions pour notre système éducatif...
Pistes qui risquent nécessairement de s'éloigner de l'adéquation formation-emploi, et donc de rebattre complètement les cartes.
J'aurais dû être plus clair : évidemment il ne s'agit absolument pas de dénigrer les filières pros, simplement de montrer qu'il faut grandement se méfier de l'argument donné dans le tweet initial comme quoi pro = emploi, universitaire = chômage.
Précision : évidemment il ne s'agit absolument pas de dénigrer les filières pros, simplement de montrer qu'il faut grandement se méfier de l'argument donné dans le tweet initial comme quoi pro = emploi, universitaire = chômage.
Et sur-précision : il faut sérieusement se méfier de penser que les taux d'insertion pro disent quoi que ce soit de la qualité pédagogique des filières.
Il y a tellement d'autres paramètres, dont en tout premier lieu et tout simplement l'état de l'emploi, donc de l'économie.
Quelques précisions pour répondre aux questions les plus fréquentes.
- Pourquoi prendre ces formations ?
Parce que ce sont celles qui sont citées dans le tweet initial.
- Pourquoi ne pas considérer les poursuites d'étude en voie pro ?
Parce que le tweet initial suppose que ces formations sont suffisantes pour satisfaire les besoins de l'emploi, c'est donc ce que je regarde (en prenant l'indicateur le moins favorable à mon propos).
- Pourquoi moyenner les taux d'IP pour les formations universitaires ?
Parce que les données sont très bruitées, et que les données les plus récentes sont à l'avantage de mon propos, donc je cherche la configuration qui lui est le moins favorable.
- Pourquoi n'avoir pris qu'une année pour l'insertion pro de la voie professionnelle ?
Parce que les autres données n'étaient pas bien formées pour faire le graphique, mais j'ai vérifié à la main qu'il n'y avait pas d'incohérences.
- Est-ce que comparer des insertions à 12 et 18 mois, et sur des années différents ne biaise pas la comparaison.
Pas selon ce que j'ai pu voir : il y a très peu d'évolution entre 12 et 18 mois, et les données sont sensiblement identiques d'une année sur l'autre.
- Est-ce que les données sont fiables ?
Non, mais l'écart est tel qu'il absorbe très certainement la non fiabilité des données (que j'ai réduite de mon mieux par le moyennage et les vérifications manuelles).
Quoi qu'il en soit, c'est tout ce qu'on a, donc tout ce qu'on sait.
Et une précision importante : mon propos est de dire que rien n'indique qu'envoyer les étudiants de socio en voie pro améliorera l'insertion professionnelle (ou quoi que ce soit d'autres).
Pour autant, rien n'indique non plus le contraire.
Ces choses sont compliquées.
Et si mes conclusions ne vous plaisent pas, avant de venir m'accuser d'inconduite scientifique, merci de vous poser cette question : est-ce que vous auriez réagit de la même manière et cherché les mêmes biais si j'avais présenté ça ?
Si "non", alors le biais est de votre côté.
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"L’obéissance jusqu’à l’absurde des fonctionnaires"
Cette histoire d'écoles se pliant à une demande (factice) absurde, me fait penser à une histoire que je me suis raconté pour comprendre la puissance de l'évaluation #ESR.
Avec justement des chapeaux.
Les évaluations qu'on connait aujourd'hui revêtent une apparence de rationalité.
Si on lit par exemple les tous premiers critères d'évaluation Hcéres, ça parait sérieux.
En fait, c'est toujours plus ou moins absurde.
Par exemple ici, il faut identifier des ambitions à long terme, ce qu'on pourrait estimer absurde alors qu'on a une visibilité budgétaire qui ne dépasse pas 2 mois depuis au moins une vingtaine d'années.
Que justifie le total silence du parti présidentiel sur cette question, alors qu'il a modifié le Code de l’Éducation tous les 8 jours en moyenne depuis son arrivée au pouvoir ?
Pourquoi ne pas n'expliquer son orientation politique et son projet ?
Cette histoire de délais de réponse dans #Parcoursup est un sujet vraiment passionnant quand on s'intéresse à l'action publique et à la techno-bureaucratie de l'#ESR.
Avant #Parcoursup, il y avait APB.
L'affectation s'y faisait avec une échéance collective, pour la hiérarchisation des vœux, puis une machine calculait les affectations en moins de 24h, et ensuite tous les candidats recevaient leur réponse en même temps. letudiant.fr/etudes/parcour…
Pour une raison peu claire, la hiérarchisation des vœux a été supprimée, et la machine ne peut donc plus calculer l'affectation en 24h.
A place, on mis la phase de réponse en continue de #Parcoursup, qui allait de mai à.. septembre. 5 mois.
[ #VeilleESR #LRU ] Document de travail acte II de l'autonomie
- suppression de la qualification et généralisation des CPJ
- suppression des 192h/384h et modulation des services
- « assouplissement » des ATER et vacations
- généralisation des EPE et dévolution
RH : on peut résumer par « supprimer les statuts des personnels », pour permettre aux présidences d'individualiser les recrutements, temps de travail et rémunérations.
Emmanuel Macron s'y était engagé.
Budget et finance : on peut résumer par « YOLO », avec financement à la « performance » plutôt qu'aux besoins, possibilité de faire n'imp avec le fond de roulement et possibilité de s'endetter.
Bref, un encouragement à flamber.
Résultat du Quizz « l'Education Nationale, ce bastion impossible à réformer », en image.
Voici les modifications du Code de l'éducation depuis l'élection de M. Macron.
(Attention, certains articles ont été modifiés plusieurs fois, ce qui ne se voit pas ici.)
Autre visualisation des modifications du Code de l'éducation, cette fois-ci pour un bachelier de l'an dernier, qui serait donc entré en maternelle en 2009.
(Attention, le gros ajout du début est sans doute de la consolidation de code, à droit constant.)
Depuis l'élection de M. Macron, le Code de l'éducation a été modifié par 55 lois, 15 ordonnances et 331 décrets (voir liste ci-dessous).
Pendant la scolarité d'un bachelier de l'an dernier, ça aura été 120 lois, 34 ordonnances et 589 décrets.