Thread by @mouniaelkotni

Il est tard sur les autres réseaux mais il est tôt sur twitter, voici donc la suite des résultats de mon #enquetepostpartum

Cette fois-ci je suis le fil de la durée du #postpartum sous l'angle non pas des mois mais du vécu. Qu'est-ce qui fait que les femmes se sont dit "c'est derrière moi" ?

(pour rappel : enquête réalisée dans le cadre de la bourse de la Ville de Paris pour les études de genre lors d'un séjour postdoctoral au @Cermes3 Le sujet de la recherche était le vécu du postpartum à Paris et Mexico (accouchements entre 2019 et 2021).

Les résultats présentés portent sur la partie française. Données issues d'un questionnaire en ligne (52 expériences d'accouchement; 49 participantes) ainsi que de 5 entretiens réalisés en mai-juin 2022. 100% des participantes s'identifiaient comme femmes)

#enquêtepostpartum L'un des objectifs de cette recherche est de faire émerger une définition emic du #postpartum, c'est à dire qui vienne des personnes étudiées. Et ce qui ressort c'est qu'il y a presque autant de définitions que de personnes concernées.

"C'est plutôt un mélange de choses, c'est la sensation de ne plus être dépassée, de savoir géré ce nouveau noyau familial de 4 personnes." (Questionnaire, femme de 39 ans, multipare, durée du #postpartum = 6 mois).

"Les réponses qui touchent au rapport au corps sont, avec la reprise du travail ou une nouvelle grossesse, parmi les plus fréquentes: "impression de retrouver mon corps fonctionnant à peu près normalement" "reprise du sport" "ne plus être dans un corps meurtri par l'accouchement"

Analyse du questionnaire : facteur principal de fin du #postpartum (analyse de 38 réponses; 15 pas concernées car encore en postpartum)

Souvent, il n'y a jamais qu'un seul facteur; les femmes décrivent plutôt un mélange entre le physique, le cheminement mental, le mode de garde, la reprise du travail...

La période du postpartum se superpose aussi à la #matrescence, terme défini par l'anthropologue Dana Raphael en 1975 en miroir de celui d'adolescence, comme le temps du devenir mère.

" Ouais, physiquement je sentais que c’était derrière moi... Bon évidemment j’étais pas très bien dans mon corps parce que... euh kilos machins, je me trouvais pas belle, mais peu importe tu vois j’étais… contente d'être active (++

++) et de me dire que que je n’étais pas *que* mère en fait. Même si c’est bien sûr ce qu’il y a de plus important aujourd’hui dans ma vie et pour toujours. Mais ya pas que ça."
Entretien, A., 34 ans, primipare, durée du #postpartum = 3 mois
#Enquetepostpartum

Ce moment de transition est difficile à décrire, pour les femmes que j'ai rencontrées il ne peut se comprendre qu'en le vivant; ce qu'en anthropologie on appelle un rite de passage.

" Je crois qu'il y a quand même ce côté tellement indicible en fait, du #postpartum. Il y a quelque chose que tu ne peux pas raconter de ça. (…) Dans l'épuisement que ça représente, dans le… je ne sais pas l'espèce de trou béant que ça crée en toi, quoi ! (...)

Et même si, évidemment, lire des livres dessus, en écrire, enfin, c'est super : je pense qu'il faut en parler plus, que de toute façon, plus on en parlera, malgré tout, mieux ça sera.
(++

++) Mais je crois que, comme dans plein d'évènements intenses de la vie, extrêmes… Il y a un moment, tous les mots du monde..."
Entretien, L., 39 ans, multipare, durée du postpartum = 4 et 6 semaines
#Enquetepostpartum

Ça s'arrête quand ? est donc une question à laquelle il est difficile de répondre, une réponse qui ne peut se faire qu'a posteriori.
Ce qui ressort c'est cette sensation de "c'est derrière moi" , que cette phrase soient teintée de nostalgie, de soulagement, ou d'un peu des deux.

#Enquetepostpartum Comme toujours merci aux participantes à cette recherche. Je continuerai à dérouler l'analyse dans les jours qui viennent donc stay tuned comme on dit.