Aujourd’hui aux comparutions immédiates, un manifestant interpellé lors d’une manif contre la réforme des retraites, soupçonné de dégradations. Contestant les faits, il a refusé de donner ses empreintes.
Le parquet a estimé que les dégradations n’étaient pas caractérisées.
MAIS.
Comme il a refusé de donner ses empreintes, le parquet le poursuit pour refus de signalisation. Pour un délit qu’il n’est pas accusé d’avoir commis.
Et le parquet demande le renvoi pour qu’il soit contraint de donner ses empreintes, en prison donc. Encore une fois, il n’est pas accusé d’avoir commis des dégradations.
Le tribunal a refusé le renvoi, le prévenu ayant amplement justifié son identité par la production d’un passeport biométrique et de son permis de conduire.
On se retrouve donc à juger quelqu’un qui a justifié de son identité pour ne pas avoir justifié de son identité d’une certaine façon.
Le prévenu explique son geste, ou son absence de geste plutôt, parce qu’il estime qu’il s’agit d’un fichage d’opposants politiques. L’obsession du gouvernement du fichage de ses citoyens l’effraie notamment par les données biométriques.
De plus, il est ingénieur chercheur au CEA dans la sécurité des logiciels, et il estime que les données numériques stockées par l’Etat ne sont pas sécurisées. Il doute fortement de leur oubli. Il préfère se garantir l’absence de données que de croire en leur oubli.
Doctorat en informatique.
Célibataire sans enfant.
QUI A DIT « PLÉONASME » ??
La proc : « On aurait pu s’éviter d’être là » dit celle qui a décidé qu’on serait là aujourd’hui pour ça.
Le parquet explique qu’il a besoin des empreintes pour se garantir des procédures (hypothétiques) où il aurait donné une identité erronée, les empreintes étant la seule façon de s’assurer de l’identité.
Il demande une peine de deux mois de prison avec sursis.
L’avocate de la défense rappelle la récente condamnation de la France pour sa collecte systématique des données personnelles dans le cadre de poursuites pénales sans considération pour leur gravité.
La défense demande la relaxe, vu l’absence de toute infraction préalable qui justifierait la prise d’empreinte (le parquet rappelle que la loi exige qu’on soit soupçonné d’avoir commis une infraction).
Délibéré tout à l’heure.
LE TRIBUNAL !
Le tribunal, après en avoir délibéré conformément à la loi, statue comme suit :
...
RETROUVEZ LA SUITE SUR MON PATREON
NON JE DÉCONNE
Le tribunal fait droit à l’exception de nullité soulevée, déclare nulle l’interpellation du prévenu, la flagrance n’étant pas suffisamment caractérisée par l’apposition d’une croix dans une case d’un document prérédigé.
En conséquence, annule la procédure subséquente dont le PV de refus de signalisation.
RELAXE
RELAXE RELAXE THAT’S THE SOUND OF THE BARREAU
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Tip du jour : quand vous comparaissez pour violences conjugales, interrompre le procureur en l’insultant n’est pas la meilleure façon de convaincre le tribunal de votre absence de dangerosité. #Astuce
Rapport d’expertise : « risque homicidaire particulièrement élevé ».
😱
Le prévenu n’ayant pas d’avocat, le président lui donne la parole pour sa défense.
« C’est pas moi qu’il faut juger, c’est cette pute ».
Je précise qu’il parlait de son épouse, pas du procureur.
Comme toujours, pour attaquer les droits de la défense, la blague habituelle du « rééquilibrage » de la procédure pénale.
La procédure pénale est totalement déséquilibrée en faveur des autorités de poursuite, by design. Ce « rééquilibrage » vise à accentuer ce déséquilibre.
Par exemple : le parquet peut faire appel d’une ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel. Pas la défense. C’est équilibré.
Une nullité lors de l'instruction peut être soulevée dans les six mois suivant le premier interrogatoire postérieur à cette nullité. Sinon, quelle que soit la gravité de cette illégalité, elle est couverte. Et la fin de l’instruction purge toutes les nullités.
Comme souvent, on écrit bien des bêtises sur la liberté d'expression, et comme souvent, c'est dans le Figaro et devinez quel est le sujet. Bref thread en réplique.
Laissons de côté le vocabulaire "prise de position", qui laisse entendre que c'est un procès d'intention, que ce sont des idées qui sont attaquées. On ne peut pas faire un procès à des idées ou des opinions, la liberté de conscience est absolue en France.
C'est d'ailleurs le même sophisme qu'emploie le philosophe le plus surcôté depuis Bernard-Henri Lévy. Si je dis qu'Onfray est un con et qu'il me poursuit en injure, je ne peux pas lui rétorquer qu'il devrait plutôt me contrer sur le terrain intellectuel.
Ce que Darmanin ✌️oublie✌️de préciser est qu’il s’agit d’UN recours mais qu’il existe 12 situations différentes ou ce SEUL recours obéit à 12 règles différentes (notamment en matière de délais ou de contenu de la décision). Et si l’étranger se trompe son recours n’est pas examiné
Et ce qui est fascinant, et que cela fait des décennies que les ministres de l’intérieur successifs pleurnichent sur le faible taux d’exécution des OQTF, sans que personne, jamais, ne se demande si le problème ne vient pas du fait…
que l’administration prends des OQTF systématiquement, y compris dans des situations où elles ne pourront en aucun cas être mises à exécution.
Double non.
D'une part, la condamnation n'est pas définitive, un pourvoi est pendant et je ne doute pas de la volonté du prévenu d'aller jusqu'à la CEDH.
D'autre part, la justice dit que LE PROPOS est raciste, elle ne sonde pas le cœur et les reins du prévenu.
Un raciste patenté peut échapper à la condamnation en pesant ses mots, et la preuve irréfutable que le prévenu n'est pas raciste serait inopérante puisque seul le propos est jugé.
D'ailleurs, dire qu'un arabe ne pourrait proférer d'insulte raciste à l'encontre des arabes serait faire une distinction fondée sur la race, c'est à dire… raciste.
C’est une affaire de violences conjugales jugée en comparution immédiate. Entre dans le box Lucien, 76 ans, prévenu de violences conjugales sur Mauricette, 78 ans, son épouse depuis 52 ans.
La police a été appelé pour une violente dispute à leur domicile. Les policiers entendent des cris, Mauricette leur ouvre la porte et explique que Lucien a menacé de la poignarder.