Bon bah deuxième consultation et j'ai déjà sorti la grosse boîte de mouchoirs pour une patiente sur un truc que je ne pensais pas voir aussi vite en vrai : l'angoisse réelle et très concrète de perdre son job à cause d'une IA.
Elle est traductrice pro. Elle est arrivée à la traduction par des voies détournées après une formation très SHS orientée philo. Elle a l'atout d'être naturellement bilingue et maîtrise au total quatre langues avec un niveau qui lui permet de faire de la traduction juridique.
Mais c'est pas tout. Elle a vécu longtemps à l'étranger ce qui fait que non seulement elle maîtrise les langues locales mais également la culture locale.
Pour le dire autrement, ses traductions c'est pas juste du niveau de DeepL en mieux.
Donc quand au début pour s'amuser ses potes lui ont montré des traductions de ChatGPT elle a trouvé ça amusant mais elle ne s'est pas sentie menacée. Ça fait des bonnes traductions de base, à la rigueur c'est bien pour traduire un mail, mais on était loin d'une traduction pro.
Et puis la semaine dernière, elle a reçu un document pour révision de la part d'un gros client. Un document déjà traduit. En fait elle pensait qu'on lui demandait de le traduire en français.
C'est en comprenant que le doc avait été traduit par ChatGPT4 et que le client lui demandait juste de valider la traduction proposée qu'elle a littéralement explosé en vol.
Surtout que son client semble bien décidé à économiser sur ses prestations pour la suite.
Bon bref, elle se sent à tort ou à raison menacée dans son emploi parce qu'avec en poche un diplôme en philo tu vas nulle part et qu'à son âge trouver un autre job relève de la science-fiction.
Je me demande dans quel état je vais la revoir à la prochaine consultation.
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En consultation j'ai vu récemment une patiente adressée par un interniste pour "troubles polymorphes"
En français ça veut dire "qui ressemble à rien, est-ce seulement réel, bonne chance au neurologue"
La dame était abattue, dans le sens où elle voulait même plus se battre 1/
On discute, j'essaye de la rassurer en lui disant que je ferais peut-être pas mieux que les nombreux autres médecins qu'elle avait vu avant, mais que si je trouvais rien, au moins elle n'avait pas de problème neurologique de base (j'ai pas prétention de tout savoir en neuro).
Ce qui m'étonne, c'est que contrairement à 99,9999% des gens qui viennent pour "troubles polymorphes", elle décrit avec précision ET concision ses troubles, la façon dont ils se sont installés, les examens réalisés (et leur logique) et les traitements essayés.
J'ai subi une partie du meeting de Trump hier (c'est le problème de côtoyer des américains).
Ce qui m'embête dans le traitement médiatique en France, c'est qu'on nous montre systématiquement des débiles profonds (pick-up, gun et accent du sud profond)...
Sans parler des classes moyennes éduquées qui votent Trump.
Un peu comme si en France on nous montrait les deux alcooliques qui ne contractent pas, ou n'importe quel autre gilet jaune, sans se demander pourquoi le RN est à 30-40% dans presque toutes les catégories sociales.
On a plein de gros comptes sur @X qui postent en boucle sur le fait que la dernière saillie raciste, misogyne ou n'importe quel autre propos volontairement outrancier de Trump va le couler, sans se demander pourquoi ça ne fait que le renforcer chez presque 50% des américains.
Vous savez ce qui s'est passé en juillet 2023 et qui est rigolo (si si vous allez voir) :
L'organisation mondiale de la santé a inscrit sur la liste des médicaments essentiels, des molécules pour soigner la sclérose en plaques.
En quoi est-ce rigolo ?
Soyez un peu patients :
tout d'abord il faut comprendre que cette liste (on en a déjà discuté) mise à jour tous les ans, énumère des molécules destinées à l'Humanité avec un grand H afin de soigner le plus efficacement possible, partout sur Terre, y compris dans les pays pauvres, en guerre, sans Etat...
Ces molécules doivent donc être à la fois efficaces, sûres, PAS CHÈRES, faciles à stocker et administrer, et correspondre à un besoin mondial.
Quand on parle de médicaments, personne ne sait de quoi on parle. La preuve ? Comment définiriez-vous un traitement utile ?
- au nombre de boîtes vendues ?
- au nombre de patients traités ?
- aux économies réalisées par la sécurité sociale grâce à son effet bénéfique ?
- ...
Et là on est restés sur des données en lien avec la santé. On peut rajouter par exemple le nombre d'emplois que la production d'un médicament crée, ou encore le bénéfice pour l'état en termes d'impôts et autres taxes sur sa commercialisation etc...
Autant j'ai toujours trouvé ChatGPT rigolo et utile pour les recettes de cuisine et les scénarios de JDR, autant même avec les GPT personnalisé je restais sur ma fin quand il s'agissait de synthétiser des articles
Avec NotebookLM il est possible à partir d'un corpus d'articles qu'on lui donne, d'obtenir des synthèses, résumés, réécritures et autres, d'une précision telle que ça en devient utilisable dans un contexte pro.
Caramel sur la cerise, une fonction qui à première vue ressemble à un gadget et qui à l'usage est excellente : la création d'un podcast à partir des articles du corpus
Ça prend quelques minutes et NotebookLM crée une discussion virtuelle entre deux hôtes qui analysent le corpus
Je vois que depuis quelques heures on a plein d'experts en dyslexie.
Alors voilà quelques données pour éviter d'être ridicule en société :
Idée reçue 1 : la dyslexie est une invention des années 2000 pour excuser les élèves nuls
Les principaux éléments constitutifs du diagnostic datent de 1883. Le premier cas décrit correspond à celui d'un jeune garçon incapable de lire et écrire malgré une intelligence normale
Idée reçue 2 : c'est un problème d'apprentissage.
La dyslexie est un trouble qui est le plus souvent acquis et qui passe longtemps inaperçu parce que la plupart des personnes atteintes développent des stratégies d'apprentissage plus performantes que la moyenne.