LE S*XE PENDANT LES REGLES
Il y a quelques temps, j'ai proposé un sondage pour savoir comment les gens appréhendaient la sexualité pendant les règles, je voulais voir si ça correspondait à ce que j'entendais souvent dans les consultations de sexologie.
La réponse : (déroulez)⤵️
- Les BIAIS
Tout d'abord, il y a un effet de cercles. Les personnes qui font partie de mes cercles sur Twitter sont beaucoup plus homogènes en terme d'alignement (féministe, de gauche, NA, etc.) que celleux qui viennent me voir au cabinet. Et les réponses le reflétaient bien en
mettant l'accent sur les problèmes logistiques et en ne soulevant que très peu le tabou des règles.
Ensuite, il y a un effet parole publique : les gens les plus détendus ou déconstruits se sont manifestés sous le sondage tandis que les réponses plus intimes, vécues comme plus
honteuses m'ont été envoyées en MP. Les différents modes de réponses traçaient une ligne de séparation. Donc un sondage, oui, mais en prenant en compte les biais.
Du coup, la sexualité pendant les règles, ça dit quoi ?
- C'est PROPRE A CHAQUE PERSONNE menstruée
Comme à chaque
fois qu'on parle de sexualité : il faut COMMUNIQUER car d'une personne à l'autre les envies et perceptions varient mais cela varie aussi d'un moment à l'autre pour la même personne ! Ne partez pas du principe que vous savez que qui se passe dans la tête et le corps de l'autre,
posez des questions même quand vous avez des pratiques "habituelles" : il est bon de refaire le point de temps en temps car on peut toustes évoluer.
- Les SENSATIONS
Là encore c'est très variable, certaines personnes rapportent que leur sensibilité est décuplée, d'autres que ce
n'est même pas la peine de les approcher (car pas envie ou carrément douloureux). Certain.e.s trouvent que ça atténue leurs douleurs (y compris sur l'endométriose, peut-être parce que l'orgasme libère des endorphines), d'autres le contraire, etc. En somme, comme pour
le consentement avant un rapport, il ne faut rien prendre pour acquis.
D'un.e partenaire à l'autre, tout peut être différent, la sexualité est un langage nouveau pour chaque relation, l'alphabet est peut-être similaire mais la langue est à apprendre et les textes sont à
construire à deux.
- La LOGISTIQUE
Le point qui revenait le plus dans vos commentaires c'était toute la logistique que demandait cette pratique (prévoir des draps ou devoir les changer, avoir une serviette éponge à mettre sous soi, se doucher après, etc.). D'ailleurs la
pénétration pendant les règles (et les contractions de l'orgasme) peuvent momentanément augmenter le flux mais du coup raccourcir le cycle en précipitant l'évacuation de l'endomètre.
Cette logistique semblait vraiment le point le plus décourageant dans une
période où en général on a moins d'énergie et/ou quand on a des handicaps.
- Une SEXUALITE NON PHALLOCENTREE et pas forcément pénétrative
Une des choses qui est beaucoup revenue c'est la nécessité de sortir du cadre hétéronormé et phallocentré qui envisage la relation sexuelle
comme la pénétration d'un vagin par un pénis. C'est un positionnement qui est bénéfique en permanence mais pendant les règles cela permet notamment d'envisager le plaisir autrement : sexe oral avec un tampon/une cup par exemple ou session de caresses sans pénétration, etc. Sortir
de cette hégémonie patriarcale aide à imaginer une sexualité plus libre et créative.
- L'ENVIE
Là encore très variable, certaines personnes se sentent mal dans leur corps, douloureuse, fatiguée et n'ont qu'une envie c'est de rester sous la couette avec une bouillotte et du
chocolat, d'autres auront plus de libido probablement à cause de la baisse de progestérone propre à cette partie du cycle (mais cela ne veut pas forcément dire qu'il y aura automatiquement plus de plaisir même si l'intensité du désir est un bon départ).
- LE TABOU
Ca c'est ce
qui était dans mes MPs, c'est ce que j'entends au cabinet. Si certaines personnes ont travaillé à déconstruire le fait que les règles soient vues comme sales, odorantes voire dangereuses, il faut être lucide, ce n'est pas le cas de la majorité. Et surtout, ce n'est pas le cas de
la majorité des hommes cisgenres. Beaucoup vont refuser de toucher leur partenaire menstrué.e pendant cette période et vont même exiger des satisfactions personnelles (masturbation ou fellation) à la place. Beaucoup de personnes menstruées se sentent un peu honteuses parce
qu'elles savent pertinemment ce que pense leur partenaire, elles intériorisent ce tabou l'intègrent à l'image qu'elles ont d'elle.
C'est l'occasion de faire un petit rappel, si votre partenaire vous renvoie qu'une partie de votre anatomie le dégoûte c'est un red flag, s'il exige
certaines pratiques compensatoires, c'est une forme d'agression.
Si vous vous sentez obligé.e de céder pour avoir la paix, parce que ça fait longtemps, parce qu'il a des besoins ou autre, ne culpabilisez pas mais gardez dans un coin de votre tête que ce n'est pas une relation
saine mais une maltraitance.
D'ailleurs, petite remarque en passant : pour écrire ce thread j'ai consulté mes manuels de sexologie, pas un n'aborde cette question !
J'espère que ça aura pu aider, je vous remets le sondage ici :
BON, puisque je me suis faite insulter toute la journée, on va faire une petite mise au point. Je suis étonnée que tant de personnes aient fait mine de ne pas comprendre mon propos ou aient choisi de n'en retenir qu'une partie pour le dénaturer, mais au cas où ce soit nécessaire:
- Il ne s'agit pas de demander aux pharmacien.ne.s d'enfreindre la règle ou de ne pas obéir à la loi
MAIS il s'agit :
- De pointer que certaines règles sont plus souvent pliées que d'autres et que cela a une valeur symbolique (et traduit des préconçus + ou - conscients)
- De critiquer un système en place (celui que les pharmacien.ne.s respectent) dans un moment où les droits des femmes à disposer de leur corps sont menacés partout (dois-je vous rappeler ce qui se passe aux USA avec l'avortement ?) la contraception reste un enjeu de
MON CORPS APPARTIENT AUX MEDECINS
TW maltraitance médicale
Aujourd'hui, j'ai voulu faire une chose impensable. J'ai voulu me faire dépanner une plaquette de pilule à la pharmacie. La contraception c'est compliqué, c'est difficile de trouver une solution qui ne soit pas trop
néfaste, et encore plus quand on a une maladie chronique dont l'intensité des symptômes est sensible aux variations hormonales.
Je vous résume, j'ai le choix entre :
- un stérilet au cuivre qui augmente douleur + flux sanguin et crée une inflammation, déconseillée dans mon cas
- une classe de pilule qui crée des thromboses possibles en sachant que ma maladie a déjà un gros volet vasculaire
- une classe qui me fait monter les taux de sucres au plafond
- une classe de pilule qui me donne des migraines et des idées suicidaires
- des contraceptions
POSER DES LIMITES #ThreadLaPsy
La semaine dernière, une de mes patientes m'a expliqué comment elle avait tenté de poser une limite et comment celle-ci avait été tout de suite outrepassée. Nous avons essayé de réfléchir à ce que ça signifiait réellement que de poser ses limites :
- La première chose c'est qu'une limite par définition ce n'est PAS NEGOCIABLE. Une limite ne doit pas être dépassée, ce n'est pas une zone grise, un peu floue, un peu dangereuse où on s'aventure sur la pointe des pieds. Si quelqu'un verbalise une limite, c'est un veto, un lieu
inaccessible, pas un sujet de compromis. On ne discute pas la limite posée par quelqu'un.
- Hors d'un contexte où cette limite est activée (donc hors des moments de tension), on peut tout à fait ESSAYER DE COMPRENDRE exactement ce que l'autre met dans cette limite, comment il la
GUIDER SON PARTENAIRE EN SEXOLOGIE : fausse bonne idée ? #ThreadLaPsy
Il y a beaucoup de contenus de sexologie qui fleurissent sur les réseaux. Certains sont vraiment de très bonne qualité et je sais aussi que les nanas qui tiennent ces comptes ⤵️
travaillent d'arrache-pied pour se former. Mais parmi les nombreux comptes qu'on trouve, comme ceux qui parlent de développement personnel psychologisant d'ailleurs, on retrouve aussi une bonne dose d'injonctions à base de positivité qui peuvent être très néfastes.
Un des conseils qu'on voit beaucoup revenir en matière de sexualité c'est de prendre les choses en main et de guider saon partenaire pour lui dire ce qu'on aime et/ou comment faire. Mais je ne vois jamais de prise en compte que cela peut être paralysant et insurmontable !
Que faire quand on fait des SHUTDOWN (ou phase de repli autistique) ? #ThreadLaPsy
❔ Le shutdown, c'est quoi ?
C'est une réponse réflexe à la surcharge de stress ou de sensorialité, qu'elle ait été progressive et le fruit d'une accumulation ou brutale.
Il s'agit d'éviter à tout prix les stimulations pour se protéger. Le regard, la lumière, le bruit, les échanges verbaux, etc. peuvent devenir insupportables. La personne se replie sur elle. Elle peut être mutique, figée, se balancer, incapable de penser clairement, pleurer
ou être complètement impassible.
🔎 Si vous êtes autiste comment faire pour anticiper la surcharge ?
Si vous savez que vous allez avoir une activité ou journée très couteuse en énergie :
✔️ Anticiper
Si possible prévoyez la veille une journée très tranquille pour pouvoir
LES SERVICES NON-CONSENTIS
Qu'est-ce que j'entends par là ? Quand quelqu'un fait quelque chose pour vous sans vous demander votre avis, et parfois même alors que vous le refusez.
On va voir le rapport avec les positions de pouvoir et de culpabilité ⤵️
Deux exemples : les personnes qui veulent faire à votre place parce que vous êtes handicapé.e (pousser votre fauteuil quitte à vous faire mal, porter votre bagage en présumant que vous ne pouvez pas le faire, etc.) et les personnes qui sous prétexte de services rendus
s'insinuent dans votre quotidien (la belle-mère qui vient faire votre linge, le beau-père qui taille les haies chez vous pour aider, etc.)
❔ Qu'est-ce que ce genre de comportement peut recouvrir ? ...accrochez-vous parce que ce n'est pas très joli !