Thread by @JoaoGwadloup

« vous ne vivez pas à #Mayotte »

C'est un des arguments préférés pour justifier l'opération #Wuambushu ou discréditer ceux qui en font la critique

Décortiquons ce raisonnement, utilisé pour justifier une horreur, à partir de trois de ses variantes🔽(1/25) #OutremerVSImmigration

Évidemment, la parole des habitants de Mayotte est prioritaire, mais ceux qui utilisent cet argument, et qui ne sont pas toujours à Mayotte d'ailleurs, ne veulent au fond que ne soit reconnu qu’un seul point de vue : celui en faveur de l’opération.

Oui, des gens qui eux-mêmes ne vivent pas à Mayotte, ou y vivent en « métropolitains » privilégiés, s’expriment en faveur de l’opération et là ça passe.

Cette forme d’ingérence métro ne gêne pas car elle choisit le point de vue répandu anti-immigrés/comoriens et pro État.

Aussi c'est drôle que des gens, en France hexagonale ou des élites mahoraises, défendant la « francité » de Mayotte trouvent subitement que c’est de l’ingérence métropolitaine que des acteurs politiques « nationaux » interrogent et critiquent une opération de l’État français…

Si Mayotte est française, les politiques que l’État français souhaite y appliquer peuvent faire l’objet de discussions « nationales » sur l’orientation qu’elles prennent, leur caractère ou non « illégal », anti « républicain/constitutionnel » etc

⚠️⚠️⚠️ On peut critiquer #Wuambushu avec d’autres arguments, et c’est mon cas – droits des « étrangers », internationalisme, ou même juste « droits de l’homme » etc- mais je dis ça juste pour pousser la logique assimilationniste au bout de ses contradictions.

Ce raisonnement a pour but de naturaliser, donc de rendre impossibles à questionner et combattre, des opinions majoritaires. Or l’enjeu est de comprendre comment elles se forment, et qui en tirent profit à différentes échelles.

Ensuite depuis quand majorité = légitimité ?! Un tas d’épisodes historiques rappellent que parfois une majorité se construit pour le pire, et bien des analyses se sont penchées sur « comment X population a pu adhérer au pire ».

Pourquoi refuser ce questionnement pour Mayotte ?

Par contre c’est vrai qu’on ne peut pas raisonner ou agir *indépendamment du fait majoritaire*, mais ça ne veut pas dire lui donner raison.

C’est le prendre au sérieux, surtout quand il est le fait de gens objectivement subalternes/opprimés.

(ça veut aussi pour ceux dans des milieux afros ou anti impérialistes qui parlent « d’aliénation », « nègres de maison » et autres conneries pour les Mahorais)

À Mayotte comme ailleurs, c’est comprendre comment des populations, toutes en galère, st produites comme « concurrentes » vis-à-vis de l’État, du travail, de l’accès aux ressources. Et comment ceux qui ont juste UN truc en plus, « être français », misent dessus pr vivre moins mal

Puis en face, comment d’autres, fabriqués comme « étrangers » par frontières et politiques, se retrouvent plus souvent dans des trajectoires encore plus difficiles et notamment dans des économies parallèles et criminalité du pauvre

Voilà le genre de questions que ne veulent pas poser ceux qui veulent imposer de commencer et conclure le sujet #Mayotte par « c’est ce que la population veut, donc c'est légitime »: ça permet de masquer comment eux profitent de ce déchirement entre subalternes.

en plus des intérêts de l’État et d’acteurs économiques, comme ailleurs en outremer, pdt que la haine se tourne vers « l’étranger immigré » (= le pauvre pas blanc), les métros français profitent de circuits historiques pour s’installer dans le confort, développer leur marché etc.

Les différences de conditions de possibilité, d’installation, de trajectoires et de traitements des formes de migration en outremer, selon qu’elles concernent des français, européens ou caribéens, africains, sud américains etc st une expression des rapports coloniaux et Nord/Sud

Aussi rappelons que c’est se moquer du monde de dire que #Wuambushu est une *réponse* de l’État à la population, comme si les politiques étatiques ne faisaient que suivre « le peuple » et ne relevaient pas d’abord d’intérêts politiques et économiques

https://twitter.com/JoaoGwadloup/status/1644401161594699778

Rappel aussi que des gens dont certains sont en faveur des politiques anti « étrangers » sont les mêmes qui les font travailler pour presque rien et leur extorquent des loyers

Ce n’est pas contradictoire : c’est parce que des personnes sont maintenues dans des statuts sociaux infamants, précarisants, qu’elles sont d’autant plus vulnérables à l’exploitation.

Enfin, dire la «population» c’est toujours faire un choix (celui de la majorité, ou de certains segments). Car il y a des critiques *depuis* Mayotte: les Comoriens visés, leurs proches Mahorais, des soignants…

Mais les chantres du «sur place» refusent de considérer ces voix.

Argument prouvant encore les contradictions de l’assimilationnisme: tout le monde sait dc bien que Mayotte comme les autres « outremer » ce n’est pas « la France », mais des territoires/pays *différents* gérés (plus ou moins avec « consentement » ms tjrs ds l’asymétrie) par la Fr

Mais surtout, l’enjeu n’est pas le fait de reconnaître qu’il y a bien une « différence » entre France et « outremer » ou France et Mayotte (qui le nie ?), en matière de pauvreté, criminalité, accès aux soins, etc.

C’est plutôt de comprendre d’où elle vient et comment y répondre.

Or les pro Wuambushu (et ceux qui se cachent derrière « le contexte ») veulent imposer (ou acceptent) comme *évidence* l’idée que le problème vient des « étrangers » et pas des prédations coloniales, capitalistes, extérieures ou internes. Dc la réponse doit être le tout répressif

Sauf que cette analyse du « problème » et cette proposition de « solution » n’ont rien de naturel, évident. Ça s’inscrit dans des orientations politiques et économiques qu’on peut questionner, et s'il le faut, combattre.

Ben voilà, il y a des gens (peut-être minoritaires ? mais qu’importe), à Mayotte (pour ceux qui y sont; pas moi), dans les « outremer » ou en France, qui voient dans cette opération un carnage qui va contribuer à renforcer une situation déjà dramatique.

Alors oui, c’est une situation « complexe » mais tout est toujours « complexe ». Simplement faut assumer là où, dans la complexité, on accepte de trancher.

Que chacun assume s’il décide d’apporter de la « complexité » aux dingueries de la bande à Darmanin/Mdéré/Youssoupha, ou s’il décide (entre autres) d’en apporter à des groupes sociaux fabriqués comme « étrangers » qui, pour certains, pratiquent le vol, deviennent des bandes etc.

Perso, s’il faut continuer à avoir cette nationalité française en tant qu' «ultra marin» autant que ça serve à quelque chose, comme affirmer que l'’État français ne peut pas commettre ses petits crimes, en collaboration avec des élites et bourgeois « locaux », sans rien dire.

Fin de la réflexion, maintenant je partage des lectures 🔽🔽🔽

« La mise aux normes françaises de la société locale profite d’abord à une minorité de la population en mesure d’occuper les nouveaux emplois qualifiés, en l’occurrence des métropolitains « expatriés » et une fraction diplômée de la population mahoraise. »
cairn.info/revue-plein-dr…

« le bilan des précédentes interventions de grande ampleur en matière de lutte contre l’immigration ou l’insécurité impliquait des conséquences dramatiques »
mayottehebdo.com/actualite/sant…

« Dans un manifeste daté du 11 avril, la communauté éducative de Mayotte a fait part de son inquiétude face à l’opération Wuambushu, qui a débuté à la fin du Ramadan, le 21 avril. »
temoignages.re/international/…

« pendant que les Comoriens fuient la misère et que les Mahorais vivent pour une large partie d’entre eux sous le seuil de pauvreté, la France continue de maintenir ses intérêts et ceux de ses multinationales, au détriment des Mahorais et des Comoriens. »
revolutionpermanente.fr/Wuambushu-a-Ma…

"Dans ce débat manichéen, difficile d’évoquer publiquement des inquiétudes pourtant partagées par une large partie de la population locale. D’abord, le déséquilibre entre le nombre d’habitations détruites et les places de logements disponibles."
politis.fr/articles/2023/…

« Je ne pense pas que cette opération va régler les choses. Au contraire. Après les démolitions, ça va être le bordel dans les rues. Tout le monde va avoir peur de sortir ! Les Comoriens comme les Mahorais »

« Nos forces de souveraineté st de véritables forces d’intervention : lutte contre les narcotrafics dans les Caraïbes, protection du centre spatial de Kourou en Guyane, lutte contre la piraterie dans l’océan Indien, gestion des flux migratoires à Mayotte"
cairn.info/revue-defense-…