Dernière le vernis de leurs beaux discours et graphiques, les climato-sceptiques n’ont qu’un but, vous manipuler. Cela vous dit, un fil pédagogique et accessible même sans connaissances climato avec un exemple concret de leurs méthodes ? C’est par ici ⬇️
Dans son premier message, @Elpis_R a publié un graphique montrant une décorrélation entre le CO2 (qui augmente) et la température globale (qui baisse) sur une période courte. Précisément depuis avril 2014. Date précise, choisie parce que (?).
On devine l’idée : c’est avant tout psychologique, il faut montrer que les deux courbes sont inversées pour instiller le doute sur la relation entre les deux. Il ne sera donc pas question ici de marge d’erreur, ou de questions plus techniques. On va donc rester terre à terre.
Le graphique utilisé provient de Woodfortrees, un site avec une interface qui permet de réaliser des graphiques simples sur pas mal de données ayant attrait à la climatologie. woodfortrees.org/plot/
Sauf que si vous allez sur Woodfortrees, pour afficher le même résultat sur exactement les mêmes données avec en prime la tendance linéaire, celle-ci ne descend pas, elle monte. Pas de beaucoup visuellement, mais elle monte. Comment cela se fait ?
Il y a une seule explication : cette tendance est purement inventée et a été rajoutée à la main sur le graphique. Pourquoi ? Parce qu’Elpis recherche l’effet psychologique de la décorrélation entre les deux. Ce n’est pas de la science, ce n’est que de la communication.
Deux courbes qui vont dans le même sens, psychologiquement ça ne frappe pas. Si elles vont dans le même sens, on peut même les « maquiller » sans avoir à truquer les données, comme dans mon exemple ici.
J’ai donc levé le lièvre de la piètre rigueur du truc (estime perso : quand on prétend remettre en cause le travail de milliers de scientifiques en les accusant de fraude, on évite de truander des tendances sous Paint). Et j’ai vexé Elpis qui s’est fendu d’un second graphique :
Passons les insultes personnelles, ce qui est intéressant ici c’est que maintenant Elpis fait figurer une « vraie » tendance sur son graphique, et celle-ci descend bien. Mais alors, pourquoi cette différence avec la tendance à la hausse qu’on a trouvé juste avant ?
Simple, il a choisi une autre source de données. Son graphique des températures était basé sur une série qui s’appelle RSS, mais la tendance qu’il affiche provient d’une autre source, Hadcrut 4. Le niveau de la méthodologie force le respect 🙄
Allégorie : il a présenté des données de production des carottes avec une fausse tendance baissière, et pris la main dans le pot de confiture, il reposte les données de production des carottes en collant à l’arrache par dessus la tendance de celle des choux.
Apparté sur les sources. Il existe plusieurs organismes, peu nombreux, qui produisent des informations sur les températures globales, suivant des méthodes différentes. Vous avez assez de doigts pour les compter. Les voici :
Sur son premier graphique, Elpis a utilisé la série « RSS » qui est établie à partir de relevés satellites. Mais comme la tendance de RSS depuis 2014 était positive, on comprend pourquoi il ne l’a pas retenue pour son second graphique …
Là, vous allez me répondre : mais attends, AUCUNE n’affiche de tendance négative depuis 2014. Mais alors, d’où vient celle qui figure sur le second graphique d’Elpis et qui est bien authentique (elle, c’est pas un rajout sur Paint…) ?
Eh bien, c’est celle d’une série obsolète, Hadcrut 4. H4 était moins fiable notamment car elle ne couvrait pas tout le globe, et elle n’est plus mise à jour depuis fin 2021 suite au passage à la version 5 présentée dans la liste des sources de données.
Reprenons son second graphique. Vous le voyez maintenant, ce détail de la tendance qui s’arrête avant la fin ? C’est la date à laquelle cette série a été stoppée. Sa droite de tendance depuis 2014 s’arrête en 2021.
Question, pourquoi a t-il pris la tendance Hadcrut 4 ? Je me fais l’avocat du diable : c’est car Woodfortrees n’intègre pas encore Hadcrut 5. Sauf que non, il avait quatre autres sources de données fiables et contemporaines dans le choix du site.
Pourquoi ne pas prendre l’une d’elles ? Tout simplement parce qu’elles donnent toute une tendance positive sur la période et qu’il voulait une droite qui descend, peu importe la qualité de la donnée. Je vous laisse apprécier la rigueur et l’honnêteté de la démarche.
Je reprends l’allégorie : en fait sur les données de production des carottes, Elpis n’a pas collé la tendance de production des choux, ou des navets, ou des haricots. Il a délibérément choisi de coller celle du compost.
Autre remarque, pourquoi il démarrait son graphique en avril 2014 ? Regardez à nouveau les séries de données : les années 2010 à 2013 ont été relativement fraîches. S’il était parti de là, sa tendance à la hausse aurait été plus nette, ce qu’il ne voulait pas.
Cette méthode (choisir exactement et subjectivement un point précis qui vous arrange), c’est ce qu’on appelle le « cherry-picking ». Il a poussé le vice de l’optimisation jusqu’à choisir pas seulement une année, mais carrément un mois précis de départ.
En regardant les données depuis 1980, quelque soit la source, il n’y a aucune cassure qui saute aux yeux en 2014. huit séries, trois méthodes, et toutes montrent que la période 2014-2023 est plus chaude que les années précédentes sans changement visible de cap.
Maintenant que vous avez toutes les clés de compréhension du truandage en règle auquel il s’est livré avec ces deux graphiques, prenez juste au passage le temps de relire l’aplomb de la réponse qu’il m’a faite. Je trouve ça drôle, avec le recul.
Et maintenant, quid de la suite ? Il va se passer exactement ce qu’il se passe d’habitude quand les climatos-sceptiques sont acculés : il vous inondent de messages sur d’autres sujets pour détourner la conversation. On appelle ça le #whataboutism.
J’ai demandé deux fois à Elpis pourquoi il avait démarré son graphique en avril 2014 et pourquoi il illustrait la tendance de RSS avec Hadcrut 4. Il n’a pas répondu à ça. Il a préféré l’inondation de graphiques sur le Groenland et le Cambrien (Rapport avec le sujet ?).
Je m’attends donc pas à trouver dans les commentaires le moindre message donnant une explication cohérente d’où venait la tendance bidon du premier graphique et pourquoi il a affiché la tendance Hadcrut 4 dans le second. Par contre on va jouer au bingo.
J’en profite pour une remarque. Les sceptiques prétendent qu’ils sont la pour partager des informations de qualité (vs ceux qui vous mentent), ils sont le phare dans les ténèbres. Mais à part railler sur les réseaux sociaux ou des blogs, qu’ont-ils réalisé ? On en parle ?
« De tous les actes, le plus complet est celui de construire » aurait dit Paul Valéry. N’oubliez jamais, dans ce champ de bataille sur les sciences du climat, qui sont ceux qui construisent.
Et n'hésitez pas à partager ce fil s'il vous a plu : plus vous serez nombreux à comprendre comment on tente de vous manipuler, plus vous serez nombreux à peut-être pouvoir l'éviter.
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Ce qui me marque le plus avec cette problématique de l'AMOC, c'est le biais qu'une large majorité des quidams comme des passionnés ont de ses impacts potentiels et la manière dont les médias passent à côté de l’essentiel. Un petit fil pour en parler ⬇️🧶
Depuis les débuts des études sur le sujet, dans l'imaginaire collectif ou en tout cas au moins celui des passionnés, cette potentielle rupture de l'AMOC est vue comme un déclencheur d'un potentiel refroidissement massif du climat européen.
Ce biais dans nos représentations a été largement amplifié par les médias (combien de titres racoleurs avons-nous pu avoir sur le sujet "une glaciation menace l'Europe" ces dernières années...),
Voici le square de la République, à #Nevers. Hier, il y avait dans l’air de ce parc plus de 880 litres d’eau. Si toi aussi tu n’as jamais eu autant de mal à respirer avec un sentiment de chaleur étouffante, un petit fil simple pour comprendre pourquoi ⬇️🧶
Une masse d’air ne peut contenir qu’une quantité finie d’eau, et cette limite dépend avant tout, dans des conditions normales de pression, de la température de cette masse d’air. Plus l’air est chaud, plus il peut contenir d’eau, et inversement.
Cette relation est pratique pour mesurer la quantité d’eau que contient l’air : plutôt que de parler en volume (gramme, litres, moles..), on peut donc l’exprimer en température. Ce seuil, on l’appelle le point de rosée (ou dew point) et on l’écrit avec l’abréviation « Td »
Dis Twitter, te souviens-tu des chercheurs climato-sceptiques français (cocorico) qui ont démontré que le réchauffement climatique actuel était causé par le soleil … entre autres en oubliant dans leurs calculs que la terre était ronde ? Un petit fil pédagogique et accessible ⬇️
Avant d’aller plus loin, on va juste définir une petite notion dont vous aurez besoin pour la compréhension, celle de l’irradiance solaire. Il s’agit de la quantité d’énergie émise par le soleil et qui est reçue par la Terre. On la mesure en Watts par mètre carré (W/m²).
Donc : il s’agit d’une étude publiée fin 2006 / début 2007 dans une revue scientifique (comme quoi la publication en revue scientifique n’est pas toujours gage de sérieux…), sur les relations entre le champ magnétique terrestre et le climat. sciencedirect.com/science/articl…
Vous savez @elpis, je vous ai foncièrement surestimé. Car je pensais que vous aviez une certaine maîtrise des données climatologiques, mais en fait vous n’êtes qu’un perroquet (1/n)
Vous passez votre temps à faire le relai de la propagande climatosceptique très majoritairement Made in USA, mais pour une fois vous avez décidé de faire vous même deux graphiques. Enfin un acte complet suivant la maxime de Paul Valéry.
Outre la tendance « made in Paint », vous avez décidé dans ces deux graphiques de partir de « 2014.3 » et d’utiliser une série de données obsolètes, Hadcrut 4. Et j’ai eu beau vous demander pourquoi à trois reprises, vous êtes complètement incapable de donner un début de réponse.
Une question que vous vous posez peut-être parfois (et surtout en ce moment) : pourquoi les relevés météo ne sont pas forcément conformes à notre impression du temps qu’il a réellement fait ? Quelques éléments de réponse ⬇️
En général, quand on fait les bilans climatologiques, on relève quatre indicateurs : les températures moyennes (composée de la moyenne des minimales et de celle des maximales), les cumuls de précipitations, et éventuellement la durée de l’ensoleillement. Mais est-ce parfait ?
Commençons par les températures : on relève juste le minimum et le maximum de chaque jour, sur des horaires différents (la minimale entre le soir J-1 et le soir J, la maximale entre le matin J et le matin J+1), et on fait la moyenne simple des deux.
Paradoxe : ce sont souvent les climato-sceptiques qui idéalisent le plus le climat, et qui du coup se plaignent qu’il ne fait pas assez chaud quand justement il ne fait pas trop chaud. Une petite explication ⬇️
Bon, vous les avez probalement vu ces messages, c’est des tirs groupés notamment sous les threads de @SergeZaka , on a un mois d’avril pourri et c’est quand même bien la preuve que le réchauffement c’est une fumisterie :
@SergeZaka Problème : dans la climatologie française, avril n’a jamais été un « beau » mois. En moyenne au niveau national, les températures d’avril correspondent à celles de fin octobre / début novembre. On est loin de l’image qu’on se fait généralement du printemps.