Thread by @BB27000

Aujourd’hui je vous parle de l’explosion spectaculaire de la chaudière de la locomotive 141 C-623.
Avec, à la clé, un record digne des jeux olympiques.
THREAD (réédition) ⤵️ ⤵️⤵️

On va commencer par vous donner un ordre de grandeur.
La vapeur d'une cocotte minute monte à une température d'environ 120° et à une pression de moins de 2 bars.
Ca, c'est chez vous.

Voici donc l'histoire:

Le 2 août 1935, le train 658 tiré par la locomotive 141 C-623 roule à 80 km/h.
Il va de de Culoz à Amberieu.
Il vient de franchir le col de La Burbanche, le plus dur est fait, après ça descend jusqu’à Culoz. (ici de gauche à droite sur le plan)

Une fois le col franchit, le chauffeur peut souffler, il n’a plus de ce mauvais charbon à mettre dans la boîte à feu. (la chaudière)

Par contre, le mécanicien lutte contre la nuit noire pour apercevoir les signaux.

Que fait-il à ce moment là, nul n'a la réponse.

Mais toujours est il qu'il se passe des chose pas nette dans la loco.

Dans l’antre de la locomotive, la catastrophe se prépare avec chaleur.
Beaucoup de chaleur, car le niveau d’eau n’est pas respecté. Le ciel de la boîte à feux chauffe dur.

(C'est le toit de la chaudière).

Une loco à vapeur à besoin de deux choses:
- De l'eau qui va devenir vapeur, pour propulser les rouages mécaniques.
- Du charbon, pour transformer l'eau en vapeur en la chauffant.
Sauf qu'il faut constamment surveiller le niveau d'eau et en rajouter avec un "régulateur".

Et là, il manquait 3 tonnes d'eau. Une partie énorme de la chaudière est donc soumis à des hautes températures.

Imaginez votre cocotte minute avec des légumes, mais sans eau.
Pas bon.

S’agit t’il d’une erreur du chauffeur, du conducteur, nul ne le sait, car chauffé aux limites de résistances des métaux (700°), la chaudière explose, tuant les deux hommes sur le coup.

Celle ci décolle littéralement du châssis et fait un long, très long vol.

Au droit de l’explosion initiale, la voie d'à coté est décalé de 16 cm!

Voici la trajectoire de la chaudière. Et quelle trajectoire!
Le premier bond fait 83 mètres de long et 18 mètres de haut!
Passant par dessus les fils du télégraphe sans les toucher.

Total du "triple sauts", 156 mètres.

Et encore, elle aurait pu monter bien plus haut.

Les calculs de l'époque montre que si juste 1% de l'Energie dissipée avait été correctement dirigé, on pouvait envoyer la chaudière à plus de 90m de haut.

Juste 1% ...
#AlloHouston

Le troisième rebond, plus long que le deuxième est sûrement dû à un reste de vapeur.

(la majeure partie de l'Energie s'est dissipée dans tout les sens)

Le châssis lui reste entier, et, par fuite d'air de la conduite du frein, à arrêté le convoi.
Il est toujours attelé.

Le contrôleur n'a pu que constater la mort des deux agents retrouvé aux abords de la voie.

Cet accident n’est pas rarissime à l’arrêt mais c’est quasiment le seul à être survenu en roulant.

Voici un extrait du rapport d'accident de l'époque.

Notez l'ancienne valeur, la "tonnes-mètres"; soit l'energie nécessaire pour lever une tonne à un mètre de haut.

Petit exercice, avec les valeurs présentés dans ce document, donnez l'altitude que pouvait réellement atteindre la chaudière de 35 tonnes si l'énergie dissipée est entièrement tournée vers la propulsion.

Vous avez deux heures. Calculette autorisée.

Les copies seront corrigées par @princertitude 😄

Thread off.