Cette année, j'ai été affecté dans un collège qui se trouve à environ une heure de chez moi. Collège que je n'ai pas choisi. Je suis TZR, remplaçant, car pas assez d'ancienneté pour obtenir un poste fixe. C'est la règle. (1/10)
Dans ce bahut, découvert au hasard, je ne resterai qu'un an. J'ai eu envie de bien y faire mon boulot. Notamment avec une classe de 4e, avec qui on s'est bien entendu. Ils ont découvert Corneille, le Cid, ont aimé. Et on a décidé le truc un peu fou : apprendre la pièce. (2/10)
S'avaler les vers cornéliens, mettre la pièce en scène. Ce qui a commencé presque comme une blague est devenu un horizon, un idéal qui leur a énormément apporté. Des Rodrigue de 14 ans ont commencé à déployer leurs ailes, à oser parler haut et fort. (3/10)
Des Donna Diègue qui n'apprenaient presque jamais se sont mises leur texte sous le crâne. Des mômes allergiques au théâtre se sont donnés. Tout ça pour un objectif : jouer sur une vraie scène, fin juin.
Sauf que non. (4/10)
Non, parce que je viens d'apprendre que je suis convoqué pour les corrections du bac. Qu'à partir de lundi, je serai prof de collège par intermittence, et le reste du temps, je corrigerai des copies et ferai passer des oraux. (5/10)
On me demande donc d'abandonner des collégiens alors qu'il reste encore au moins 15 jours de cours et des conseils de classe. De tout stopper parce qu'on manque d'examinateurs. On ne cesse de blâmer les absences de profs, on recourt à des systèmes (6/10)
de plus en plus tordus pour les remplacer, et là, sans aucun scrupule, on flanque 4h de cours hebdomadaires en moins à des collégiens. On fait s'écrouler tout un projet pédagogique qui a demandé aux mômes et à l'enseigner des heures de boulot.
Pourquoi ? (7/10)
Parce qu'il faut préserver les apparences.
Je ferai passer les oraux du bac, je corrigerai les écrits : j'ai une semaine pour lire ou relire les œuvres au programme et me rafraîchir l'esprit sur les épreuves (j'ai été prof de lycée 3 mois dans toute ma vie) . (8/10)
Bref, je serai un correcteur par défaut.
Et cet après-midi, j'en suis arrivé à quémander : quémander une journée de dispense, pour avoir la faveur de faire mon travail. D'obtenir le droit d'aller faire jouer aux élèves la pièce qu'ils préparent depuis plusieurs mois. (9/10)
Je n'en veux à aucun des interlocuteurs à qui j'ai parlé. Je suis trop triste pour cela.
J'aime mon métier, de tout mon coeur.
Mais cette absurdité là, précisément, est de celles qui me donnent envie, vraiment envie, de stopper tout ça.
Samovar out. Littéralement. (10/10)
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Or donc, la "rentrée des recteurs" (j'adore le concept, je vois bien les recteurs avec leurs petits cartables) s'est accompagnée d'un discours du président Manu. Qui montre à quel point il se tartine le nombril avec le beurre de l'indifférence des réalités scolaires. (2/15)
Morceaux choisis :
- Tableau compliqué : les profs, les perdirs et les élèves ne vont pas bien. Ah et les... chefs d'entreprises. Qui ne trouveraient pas de jeunes formés correctement.
Alors pour la énième fois : on ne va PAS à l'école pour trouver un TRAVAIL. (3/15)
Pourquoi ce qui se passe à l'académie de Versailles et super grave pour les élèves et incidemment, ces nantis de profs : un fil où ça parle apocalypse, Marcel Proust, Andrew Garfield et Zendaya. (1/22)
Si tu passes un peu de temps sur le twitter prof, tu as sans doute vu passer cette nouvelle : face à la pénurie d'enseignants, l'Académie de Versailles organise du "job dating" (erk erk erk). Le but : en 30 minutes d'entretien, tu peux être enseignant. (2/22)
On a beaucoup ri de ces reportages où sont interviewées des personnes expliquant qu'elles peuvent enseigner pour des raisons parfois incongrues. Moi aussi j'ai ricané. Bêtement. Souvent, un candidat au CAPES a des motivations également naïves. (3/22)
Mes 2 centimes à propos des bruits qu'on entend sur les éventuels projets de Macron quant à l'Éducation Nationale (je suis un random sur Twitter, donc ne prenez ça que comme ça).
Suppression du CAPES, precarisation du métier : des trucs peu réjouissants circulent. (1/7)
Déjà je déteste cette façon de procéder (je ne crois plus aux accidents de com' dans ce gouvernement) : laisser filtrer des idées de campagne sans faire campagne, et dont la rumeur publique se fait le relais (moi compris). (2/7)
Ensuite, quant à cette possibilité de suppression du CAPES et contractualisation du métier, à mon sens 3 possibilités.
a. E. Macron est tellement sûr de l'emporter qu'il laisse entrevoir ses projets, quitte à s'aliéner l'essentiel d'un réservoir potentiel de voix. (3/7)
Bon. Puisque les tweets se multiplient que je me (re-re-re)-fait insulter en DM et que la Terre du Milieu m'est tellement chère, il n'y a pas de raison que je ne me joigne pas à la grande rigolade. #Tolkien#Narration#MonCulSurLaCommode (1/19
Donc, voilà qu'un petit groupe de gens - et je leur donne de la visibilité, je sais, c'est mal mais je suis faible - se plaigne que, d'après l'affiche ci-dessus, des personnages dans la prochaine série se passant dans la Terre du Milieu, l'univers de Tolkien soient noirs. (2/19)
Les arguments évoqués étant principalement que le Seigneur des Anneaux et ses déclinaisons se passent dans un univers inspiré du monde anglo-saxon médiéval ou "y avait pas de noirs" et que l'auteur n'aurait jamais évoqué de personnes noires. (3/19)
La sombre histoire de Jean-Michel Blanquer et l'homme de paille : la saga de Noël. De l'action ! De l'aventure ! Du sexe ! (si vous avez le cœur bien accroché) Et par-dessus tout, un immense, IMMENSE foutage de gueule. Sourions c'est parti. (1/20)
Pour commencer, remontons dans le passé, au 17 mars 2019. Ce jour-là, le premier confinement, le plus dur, est décrété. J'ose m'avancer en me disant que ça n'a pas été un moment de grande galéjade. Notamment pour les gens travaillant dans l'enseignement. (2/20)
Je sais qu'il y a eu des exceptions, que c'était un phénomène très complexe, mais je parle du général. Du jour au lendemain, enseignants et acteurs de l'éducation ont perdu les élèves, parfois littéralement. Se sont parfois perdus eux-même. (3/20)
Bon ben puisque les fils sur les profs se multiplient, qu'on recommence à nous taper dessus, qu'on se fait la guerre entre nous, je vais me joindre au fun, parce qu'il y a pas de raison. Je vous préviens ça va balancer : (1/14)
On va commencer par les profs d'Histoire-Géographie, j'en avais déjà parlé : vous faites chier avec votre recul critique et vos opinions nuancées, là, et à enseigner trois matières du genre gna gna, regarde comme on forme l'esprit des élèves. (2/14)
Les profs de langue : ça va on dérange pas trop ? Les activités funky pour découvrir la structure de la langue, l'approche culturelle des autres pays, la gestion de l'oral des mômes sous toutes ses formes ? (3/14)