Quelques infos sur le faux « match » du bac philo contre #ChatGPT. Je dis « faux match » parce que Chat GPT n’est pas un prof de philo. Si 2 humains issus de 2 écoles de pensée s’étaient affrontés, il y aurait eu match. Là, il y avait victoire avant match.👇🏿
Revenons sur les circonstances. Le « défi » (qui n’en était pas un) a été lancé par la @Psbeduparis. 🙏 Nous étions dans 2 salles différentes. Ma copie a été rédigée à la main. Puis recopiée par une écriture anonyme, la même que pour mon « adversaire », Chat GPT 4.
Les conditions d’un anonymat véritable étaient-elles réunies ? Bien sûr que non. Il est aisé de faire la différence, dès les 1ers mots, entre les deux copies. La note que j’ai obtenue était-elle méritée ? Non plus. On ne met jamais 20 à une dissertation - à mon avis.
La rédaction a duré 1h15 en ce qui me concerne, et 90 secondes pour la machine… auxquelles il faut ajouter les journées d’entraînement où trois ingénieurs et un professeur de philo ont confectionné le prompt le plus précis possible.
Mais laissons de côté les journées de préparation et restons sur l’argument « la machine est cent fois plus rapide que l’homme ». C’est vrai. C’est même la raison d’être de la machine. Si nous pouvions compter aussi vite, nous n’aurions pas inventé les ordinateurs.
Du côté de l’humain, le corps est « l’organe-obstacle » de la pensée. C’est parce que nous avons un corps que nous pensons, mais c’est à cause du corps que nous avons, que la pensée se trouve entravée… C’est particulièrement vrai quand on rédige à la main !
Qu’est-ce que ça prouve ? Qu’une machine écrit + vite qu’un humain. 👍 Et qu’elle peut accomplir en quelques secondes l’équivalent d’une vie de travail. En revanche, dans 10 000 ans ou davantage, une machine sera toujours impuissante à produire une problématique.
C’est, au passage, la raison pour laquelle toute comparaison avec la défaite de Kasparov face à Deep Blue en 1996, si flatteuse soit-elle, est deux fois fausse : 1) Kasparov est un génie. 2) Deep Blue excellait aux échecs. fr.wikipedia.org/wiki/Matchs_De…
En ce qui me concerne, la mission de la machine était impossible. Car il ne suffit pas de compiler des données pour produire une problématique. Il faut réfléchir. Et elle en est aussi loin qu’on est loin de faire du feu avec de l’eau.
Prenons le sujet soumis : « le bonheur est-il affaire de raison ? » Que fait la machine ? Elle juxtapose les deux notions en résumant les auteurs qui s’imposent. Elle additionne les références et les présente dans un ordre qui, en lui-même, ne relève d’aucune nécessité.
Une machine peut, en un instant, convoquer la totalité des penseurs du bonheur et de la raison, et la liste (plus courte) de ceux qui les ont pensés simultanément. Mais elle manquera l’essentiel.
L’essentiel, c’est la problématique. C’est ce qui fait que les termes du sujet s’opposent, et que leur réconciliation est un défi. C’est la question qu’on pose dans l’introduction et à laquelle on répond à l’issue d’une réflexion dont la problématique dicte les étapes.
Une dissertation n’est pas un catalogue d’arguments favorables à une thèse, qu’on opposerait aux arguments qui la contredisent. Une dissertation est un problème, qui naît de l’entrelacs de deux termes, et dont la résolution dépend de la saisie initiale.
Ex : « Le bonheur est une émotion, la raison combat les émotions ; comment le 1er peut-il avoir affaire à la 2nde ? » En faisant saillir ce qui, dans les 2 termes, les met en contradiction, on crée les conditions de la réflexion, et on dote une dissert d’une colonne vertébrale.
C’est ce geste-là, simple, à la portée de tous, dont la machine est incapable. La machine « sait » que le bonheur est une émotion. Comme elle sait qu’à bien des égards, la raison ne l’est pas. Mais elle n’aura pas L’IDEE de souder les 2 termes et de bâtir une molécule de pensée.
La machine fera la liste des « pour » et des « contre », et les rangera dans l’ordre de sa fantaisie. Mais comme elle est incapable de se donner un fil conducteur, les arguments seront juste empilés, sans rien qui justifie la présence du 1er avant le 2è etc.
Une dissertation réussie est une traversée qui consiste dans l’approfondissement d’une problématique, dicté par les différents écueils qu’on croise en chemin. Et qui mène, dans le meilleur des cas, de Charybde en Scylla, sur les rivages d’une réconciliation.
Une dissertation pourrie est un catalogue de citations mal dégrossies, truffées de blagues bidon, rangées comme des tee-shirts de couleur identique. 11/20.
Certains disent « 11/20, ce n’est pas si mal ! Cessez de dire que c’est nul »
Or, on ne dit pas que c’est « nul », mais que c’est plat, médiocre et sans intérêt.
Moi-même, j’ai eu 11/20 au bac, je sais de quoi je parle.
11/20, c’est la note qu’on met à celui qui a appris des trucs et sait les mettre dans le bon tiroir. Ses connaissances sont l’airbag qui le sauve de la catastrophe.
Le prompt qu’on a donné à Chat GPT fait 2 pages, mais il aurait pu faire la taille d’une Bible. Ce n’est pas de l’extérieur, en accumulant les recommandations, que l’on réfléchit. C’est de l’intérieur, en fermant les yeux, pour éprouver un problème.
L’obtention d’une problématique n’est pas une affaire de connaissance ou de puissance de calcul, mais une affaire de désir, de curiosité, de candeur, d’intuition, de révision 😉, de vie enfin. Et c’est tout cela que transmet d’abord un professeur de philosophie.
La question n’est pas de savoir si nos machines vont devenir conscientes, mais de comprendre ce qui, dans la conscience, échappe à jamais à la machine. L’humain est un casse-tête pour la machine. Le comprendre est la seule vertu du faux « match ».
En cela, je persiste. L’enseignement de la philosophie, cet art d’être humain, n’est absolument pas menacé par l’irruption de cet outil sympathique et stupide, qui peut faire tous les progrès qu’il veut : il ne sera jamais philosophe, car il n’a pas peur de mourir.
L’enseignement de la philosophie est bien plus menacé par cette réforme absurde du bac, qui en fait une épreuve superflue, où la plupart des élèves arrivent les mains dans les poches.
PS : tendresse et amitié aux deux correcteurs,@SerialThinker12 et @ElietteAbk6, malgré cette note astronomique. Je compte bien corriger VOS copies dans 1 an, face à GPT 6 😉
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Cela faisait longtemps, quelques jours au moins, que les insoumis n’avaient pas balancé un mensonge en meute. Le voici : « l’ONU » (rien de moins) serait « inquiète de la répression policière » et recommande à la France de « revoir sa doctrine de maintien de l’ordre. » Or… 👇🏿
Evidemment, ce n’est pas « l’ONU » qui parle, ni même des « experts de l’ONU », mais des militants et des activistes déjà épinglés à plusieurs reprises pour leurs attaques contre la France (et leur silence sur la Chine, la Russie et l’Iran)
Il faut revenir sur la fausse affaire #AuroreBergé, comme il a fallu revenir sur les fausses affaires de la montre de Macron, de la promulgation imaginaire à 3h28 ou bien de la comparaison avec Néron… Il faut inlassablement documenter ces saloperies. 👇🏿
Le point commun à toutes ces histoires est qu’il s’agit de fumée sans feu.
Redisons-le, pour ceux que les faits intéressent : @auroreberge n’a jamais tenu les propos que lui prête @LachaudB :
Le propos d’Aurore Bergé est de dire, entre autres, que « éboueur » est un métier pénible. Ceux qui lui reprochent ses paroles seraient les 1ers à le dire eux-mêmes. Et à lui reprocher, en d’autres circonstances, de ne pas parler des éboueurs.
L'insoumise .@JulieGarnierFI fait passer un blog de lecteurs du Telegraph pour un édito du journal. Une falsification grossière, au service du postulat non-moins grossier que la presse française serait, elle, aux ordres du Président. Jusqu'ici, tout va bien, rien de nouveau. 👇🏿
C’est ensuite que ça devient marrant. Quand une foule de gens (dont certains partagent ses engagements) rappellent à Julie Garnier les règles élémentaires de véracité, pensez-vous que l’insoumise retire son tweet, le front rouge de honte ? Que nenni !
Pourquoi perdre le bénéfice de 25K likes pour une histoire d’honnêteté ? C'est tellement agréable à lire… Le tweet est toujours là. 😎
Pourquoi, des tableaux ?
Que leur ont fait la Laitière de Vermeer, la Joconde, les canettes de Warhol, les meules de Monet, les Tournesols de Van Gogh ou La vie et la Mort de Klimt pour que des activistes s’en prennent à eux ? 👇🏿
On connaît l’argument : « ça fait plus parler de l’environnement que les rapports du GIEC ». Foutaise. Les gens qui jettent de la sauce sur les tableaux ne font pas parler de l’environnement, ils font parler des gens qui jettent de la sauce sur les tableaux.
Qu’on bloque une centrale, qu’on bloque des routes, qu’on arrache des OGM, qu’on fasse dérailler des trains, qu’on cultive du fromage pourri ou qu’on tague une voiture, passe encore. On voit le lien, mais là… Quel rapport entre le sauvetage de la planète et un geste aussi con ?
« Si on me dit que chez nous il y a un problème par rapport à l’#antisémitisme, je veux savoir où, qui, comment, chez nous… » OK...
Tentative de réponse à @RaquelGarrido. Que reproche-t-on (entre autres et par exemple) à LFI en matière d’antisémitisme ? 👇🏿
D’avoir comparé sans honte la démocratie israélienne (où tout le monde a les mêmes droits) à l’Apartheid sud-africain (où les noirs n’avaient aucun droit).
(A lire, un excellent thread de @CarolineYadan sur cette question.)
Aylan Kurdi n’est pas mort parce qu’il était kurde, mais parce qu’il a traversé la Méditerranée sur un bateau pneumatique. Mettre sa photo en couverture, c’est informer les gens sur ce qui arrive aux migrants. Quoi de plus nécessaire ?
Il y a des porcs qui ont récupéré cette image, et j’étais le 1er à les dénoncer. Mais ils n’étaient pas si nombreux. Et l’émotion qu’elle a suscitée dépasse largement toute appartenance politique. lefigaro.fr/arts-expositio…