#Thread 🧵 : Les auteurs du Coran avaient-ils accès au savoir grec ?
Dans ce thread en réponse à @Al_Jawab_, nous verrons que la culture grecque avait pénétré les milieux arabophones et que de nombreux éléments grecs se trouvent dans le Coran.
🔷 Le collectif Apologia (@noshubohat), qui nous a bloqués après qu'on a révélé leur incroyable falsfication, continue lâchement de parler dans notre dos.
Nous allons donc répondre à leur première question : comment les auteurs du Coran ont pu plagier les textes grecs ?
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🔗 L'Arabie préislamique n'était pas une "terre d'ignorance" isolée du reste du monde. Ça, c'est l'image construite par les auteurs musulmans du 9e siècle à des fins apologétiques.
En réalité, l'Arabie avait été largement influencée par les cultures romaine et grecque.
📚 Mohsen Goudarzi (Harvard University) souligne que le grec était bien connu des Arabes chrétiens, et qu'il existe de nombreuses inscriptions grec/arabe dans la Péninsule.
Il n'est donc pas difficile de voir comment des idées grecques ont pu circuler dans un milieu arabophone.
📚 Glen Bowersock (Princeton University), grand spécialiste du monde grec ancien, va jusqu'à dire que l'islam plonge une partie de ses racines dans l'hellénisme local.
La culture grecque était donc bien présente dans le milieu d'émergence de l'islam.
🔗 Outre les idées de Galien, on retrouve dans le Coran plusieurs éléments directement issus de la culture grecque.
Walid Saleh a par exemple montré que les éphèbes du Paradis s'inspiraient du mythe grec de Ganymède.
🔗 Suleiman Murad a montré que le récit de la naissance de Jésus dans le Coran reprenait le mythe de la naissance d'Apollon.
On a dans les deux cas une femme à la recherche d'un endroit isolé, qui accouche sous un palmier, près d'une rivière, et qui met au monde un enfant sacré.
🔗 Juan Cole soutient pour sa part que dans le verset 2.138, le Coran reprend à son compte la notion de Logos développée par les philosophes grecs.
🔗 Georges Tamer a montré que le concept du temps dans le Coran était calqué sur des idées grecques, avec par exemple l'arabe "dahr", qui est l'équivalent du grec "aion".
🔗 Geneviève Gobillot a mis en lumière "les remarquables coïncidences" entre certains passages du Coran et des auteurs grecs comme Xénophon.
🔷 Conclusion :
🔸 La culture grecque circulait dans tout le Proche-Orient, y compris en Arabie.
🔸 Les auteurs du Coran, qui étaient des scribes lettrés, avaient accès aux travaux grecs.
🔸 Il n'est donc pas étonnant qu'on retrouve les idées de Galien dans le Coran.
🔷 Et pour finir en beauté, rappelons les méthodes du collectif d'Apologia : inventer un livre qui n'existe pas, fabriquer une fausse page de couverture sur word et l'imprimer pour faire croire à la réalité de ce livre.
- S. Mourad : "From Hellenism to Christianity and Islam"
- G. Gobillot, "La démonstration de l'existence de Dieu"
- J. Cole," Muhammad and Justinian: Roman Legal Traditions and the Qurʾān"
- G. Tamer, "Hellenistic Ideas of Time in the Koran"
- J. Cole, "Dyed in Virtue: The Qur’ān and Plato’s Republic"
- "Walid Saleh: The Etymological Fallacy and Quranic Studies"
- M. Gourdazi, "Peering Behind the Lines"
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Bonjour à tous ! Dans un nouvel article sur notre site, on s'attaque à une question épineuse : et si, tout compte fait, Muhammad n'avait jamais existé ?
Que disent les historiens sur l'existence du Prophète de l'islam ? ⤵️
📚 L'inventaire des sources
La première étape pour répondre à la question est de faire un inventaire des différentes sources qui mentionnent Muhammad.
Commençons par le Coran. Il s'agit, après tout, du plus ancien texte arabe et islamique.
Mais de façon surprenante, la figure de Muhammad est quasiment absente du Coran. Son nom n'y apparait que 4 fois. C'est beaucoup moins que Moïse (136 fois), Abraham (69) ou Noé (43).
De plus, le Coran ne fournit quasiment aucune information sur le milieu dans lequel Muhammad est supposé avoir vécu.
Les noms des Compagnons comme les principaux événements de sa carrière prophétique brillent par leur absence du texte coranique.
➡️ Les historiens qualifient le Coran de "texte sans contexte". À lui seul, il ne nous permet pas de connaitre la figure historique de Muhammad, ni même d'établir son existence avec certitude.
📗 La Sira - ou biographie traditionnelle
La seconde source que nous abordons est la Sira, c'est-à-dire la biographie traditionnelle de Muhammad, qui a vu le jour principalement dans les cercles savants de l'époque abbasside.
Ce qui frappe à la lecture de la Sira, c'est l'abondance des détails qu'elle nous livre sur Muhammad. Tous les aspects de sa vie y sont abordés, même les plus intimes et les plus insignifiants, comme le nombre de poils blancs qu'il avait dans sa barbe !
Cette abondance d'information a contribué à maintenir l'illusion que Muhammad est une figure bien connue de l'histoire.
Mais ces informations sont sujettes à caution. Comme le résume Muhammad Ali Amir-Moezzi, elles « sont remplies de contradictions, d’invraisemblances, de falsifications historiques, de légendes de toutes sortes et de toutes origines ».
En effet, la Sira n'est pas une "biographie" au sens moderne du terme, mais bien plutôt une « légende héroïco-religieuse » (Alfred-Louis de Prémare, Les fondations de l’islam).
Les historiographes musulmans qui ont travaillé à la Sira avaient moins pour objectif de décrire l'histoire telle qu'elle s'était déroulée, que d'en donner une reconstruction mythique servant des intentions apologétiques, théologiques et politiques.
Muhammad est le personnage le plus important de l'islam. Pourtant, le Coran se montre curieusement silencieux à son propos.
Comment expliquer ce paradoxe ? Et que peut nous apprendre le Coran sur la figure historique du Prophète ? ⤵️
🔵 Introduction
Contrairement à certaines idées reçues, on ne sait quasiment rien concernant Muhammad.
Si son existence parait hors de doute – une dizaine d'écrits chrétiens et juifs mentionnent le Prophète au cours du premier siècle de l'hégire –, les informations fournies par les sources islamiques doivent être manipulées avec prudence par l'historien.
Toutes les sources sont tardives, écrites au moins 150 ans après les faits supposés. Elles contiennent de nombreuses contradictions, des incohérences, des éléments fantaisistes, etc. Elles alimentent une «légende héroïco-religieuse» (A.-L. de Prémare) sans rapport avec le personnage historique lui-même.
Dans son introduction à sa célèbre biographie du Prophète, Maxime Rodinson, que l'on ne peut qualifier d'hypercritique, faisait l'aveu suivant :
"Une biographie de Mohammad, qui ne mentionnerait que des faits indubitables, d'une certitude mathématique, serait réduite à quelques pages et d'une affreuse sécheresse".
Dans ce thread, nous allons mettre de côté les écrits postérieurs (Sîra, hâdiths, etc.), pour nous intéresser au Coran seul.
Le Coran est en effet le plus ancien document de l'islam, et le seul qui soit, au moins en partie, contemporain du Prophète (même si sa composition s'est sans doute prolongée après sa mort).
Que peut-il nous apprendre sur la vie de Muhammad ?
🔍 Une figure marginale
En lisant le Coran, il est frappant de voir que Muhammad y occupe une place très marginale.
Son nom est mentionné à seulement 4 reprises. C'est nettement mois que Moïse (136 fois), Abraham (69 fois) ou Noé 43 (fois).
De plus, le Coran ne fournit pas d'information substantielle sur le Prophète. Les événements majeurs de sa vie y sont absents.
Quasiment aucun renseignement sur l'environnement dans lequel il a vécu n'émane du texte. Aucune date, aucun repère chronologique. Les deux cités de La Mecque et Yathrib (la future Médine) ne s'y rencontrent qu'une seule fois.
Même les personnages importants de l'entourage du Prophète, comme ses compagnons, ses épouses, sa fille Fatima, ses adversaires, sont absents. Le seul personnage contemporain du Prophète qui soit mentionné dans le Coran est son fils adoptif Zayd.
Comme le note Michael Cook, si on devait se baser uniquement sur le Coran :
"on pourrait probablement déduire que le protagoniste du Coran était Muhammad, qu’il a vécu en Arabie occidentale et qu’il en voulait amèrement à ses contemporains qui rejetaient ses prétentions à la prophétie. Mais on ne pourrait pas dire que le sanctuaire se trouvait à La Mecque, ni que Muḥammad lui-même était originaire de cette ville, et on ne pourrait que supposer qu’il s’était établi à Yathrib".
#Thread 🧶 : l'existence des Géants est-elle plausible ?
Bonjour à tous ! Selon de nombreux mythes et croyances, la terre était autrefois peuplée de Géants.
Mais ces croyances sont-elles crédibles d'un point de vue scientifique ? Vérifions sans plus attendre ! ⤵️
La croyance selon laquelle des les Géants ont existé par le passé est commune à quasiment toutes les mythologies.
Dans la mythologie grecque, les Géants sont mis au monde par la Terre (Gaia), pour venger les Titans enfermés par Zeus. La lutte entre les Géants et les dieux est un thème souvent représenté dans la littérature et l'art gréco-romain.
La Bible parle à son tour d'une race de Géants qui aurait été détruite au moment du Déluge. La croyance se retrouve également en Asie et dans l'Amérique précolombienne.
La tradition musulmane va encore plus loin : selon un hadîth, le premier homme, Adam, mesurait près de 30 mètres de haut. Les générations postérieures ont rapetissé progressivement jusqu'à l'époque du Prophète.
C'est surtout cette dernière assertion que nous allons passer au crible de la critique historique et scientifique.
La croyance dans l'existence des Géants, largement partagée dans l'Antiquité et au Moyen-Âge, reposait notamment sur la découverte d'ossements préhistoriques appartenant à des cétacés, des mammouths ou des éléphants, et faussement attribués à de supposés Géants.
Saint Augustin rapporte ainsi avoir trouvé sur la plage d'Utique (aujourd'hui en Tunisie) une dent si grosse qu'elle équivalait à celle de cent homme : « elle avait appartenu, je crois, à quelque géant » (De Civitate Dei, XV, 9).
Pline l’Ancien rapporte qu’en Crète, « dans un tremblement de terre, une montagne s’étant ouverte, on trouva un corps debout, haut de 46 coudées [environ 20 mètres] » (Histoire naturelle, VII, 16)
On pourrait multiplier à foison les citations d'auteurs anciens allant dans le même sens.
#Thread 🧶 : Le Coran reprend une ancienne fable juive
Dans la sourate 27, le Coran rapporte que Salomon avait le don de comprendre le langage des animaux et qu'il dialoguait avec eux.
Ce récit n'est pas d'origine biblique. Nous verrons qu'il est tiré d'une légende juive. ⤵️
Tout commence donc avec ce verset :
« Salomon hérita de David et dit : ‘‘O hommes ! On nous a appris le langage des oiseaux ; et on nous a donné part de toutes choses. C’est là certes une faveur évidente !’’» (27 : 16)
La Bible ne contient aucune référence à la faculté de Salomon de parler avec les animaux. En revanche, elle affirme que Salomon possédait une connaissance de toute chose, et notamment des animaux :
« Il a parlé sur les arbres, depuis le cèdre du Liban jusqu’à l’hysope qui sort de la muraille; il a aussi parlé sur les animaux, sur les oiseaux, sur les reptiles et sur les poissons » (1 Rois 4 : 33).
Or, comme le note Steven Weitzman, l'idée que Salomon pouvait parler sur les animaux, a donné naissance à la légende selon laquelle il pouvait parler avec eux !
On retrouve notamment la légende dans le Midrash, une compilation de commentaires de la Torah avec des légendes et des fables de toutes sortes.
Lisons par exemple :
"Rabbi Isaac dit : C'était un songe qui s'est réalisé dans la suite. Salomon entendit les oiseaux qui gazouillaient, et il savait ce qu'ils disaient ; il entendit l'âne braire, et il savait ce qu'il brayait".
On trouve également la même chose dans le Targum Sheni, un écrit rabbinique du 4e siècle [voir à la fin du thread pour sa datation] :
« Il [Salomon] comprenait le langage des oiseaux et des animaux, les cerfs et les béliers couraient à son commandement […] » (Targum Sheni 1 : 2)
#Thread 🧶 : L'acte sexuel avec les morts dans l'islam
Bonjour à tous ! Dans ce thread, on va aborder un sujet peu commun : la nécrophilie.
Après un petit tour d'horizon historique, nous verrons que la pratique est autorisée sous certaines conditions par les juristes musulmans.
En mai 2011, l'un des plus grands imams du Maroc, le cheikh Abdelbari Zemzami, déclencha une polémique en légalisant par le biais d'une fatwâ la nécrophilie entre conjoints. Voici ce qu'il disait :
"Les gens s’étonnent de choses qu’ils ignorent. Quand je dis que l’époux veuf a le droit, selon la charia, d’avoir une relation intime avec son épouse défunte, je ne fais qu’appliquer la tradition islamique. Le Coran explique que le mariage ne s’interrompt pas avec la mort et promet aux époux des retrouvailles au paradis".
Un an plus tard, le parlement égyptien, composé majoritairement des Frères musulmans, lui emboitait le pas en déposant un projet de loi visant à légaliser les rapports sexuels avec son époux ou son épouse jusqu’à six heures après sa mort.
Si de telles "ambitions" juridiques peuvent paraitre déroutantes, nous allons voir qu'elles peuvent se justifier islamiquement parlant.
Mais avant d'en venir au point de vue des juristes musulmans, faisons rapidement un tour d'horizon sur la pratique. ⤵️
Le mot "nécrophilie" vient du grec nekros (νεκρός) = corps / mort et philia (φιλία) = amour / amitié, et désigne une attirance sexuelle pour les cadavres.
La nécrophilie semble avoir existé à toutes les époques. L'historien grec Hérodote mentionne déjà au 5e avant notre ère un curieux cas en Égypte :
"Les femmes des grands personnages ne sont pas, à leur mort, immédiatement données à embaumer, non plus que les femmes d'une grande beauté ou d'une grande réputation : on attend deux ou trois jours avant de les confier aux embaumeurs - ceci pour éviter que les embaumeurs n'abusent des cadavres : car l'un d'entre eux, dit-on, fut surpris au moment où il abusait du corps d'une femme qui venait de mourir : il fut dénoncé par son collègue" .
Bonjour à tous ! En ce mois de Ramadan, les musulmans jeûnent chaque jour jusqu'à la tombée de la nuit.
Mais au fait, pourquoi ce mois est-il si important pour les musulmans ? Et d'où vient la pratique du jeûne durant ce mois ?
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Rappelons pour commencer que Ramadan est le neuvième mois du calendrier musulman.
Ce calendrier était déjà en usage, sous une forme proche, chez les Arabes préislamiques, qui avaient repris le calendrier syro-babylonien utilisé en Mésopotamie.
Il est important qu'il s'agit d'un calendrier lunaire, qui compte donc en moyenne 354 jours, contre 365 pour notre calendrier solaire.
Il y a donc un décalage entre les mois et les saisons naturelles, faisant que chaque mois du calendrier musulman va tomber sur les quatre saisons au cours d'un cycle de 33 ans.
Avant d'en venir au jeûne du Ramadan, qui est un jeûne collectif, il faut savoir que le Coran ordonne aux croyants de jeûner dans des cas spécifiques, par exemple en cas de meurtre (4 : 92), de parjure (5 : 89), d’annulation de la répudiation de la femme (58 : 4), ou de violation de l’interdit de la chasse en état de
sacralisation (5 : 95).
Dans tous ces cas, le jeûne est vu comme une mesure compensatoire pour une transgression. Cela se rapproche des traditions mésopotamiennes et du "tribut dû au suzerain divin comme signe de reconnaissance de servitude", commente Mondher Sfar.