Dans cet article je me suis intéressée au rôle des sociétés savantes et de leurs experts dont les recommandations, portant bien au-delà de la prévention en lieux de soins, négligent encore en 2023 l'état des connaissances acquises sur le Covid.
1/🧵 liberation.fr/societe/sante/…
2/ “L’annonce d’un retour du Covid (qui n’avait jamais disparu) révèle une nouvelle fois le déni collectif forgé par trois ans de rassurisme sanitaire, qui culmine avec l’abandon de toute prévention en lieux de soin, vécu comme une victoire.
3/ Une décision méconnaissant gravement les droits fondamentaux des patients et les connaissances scientifiques dont certaines sociétés savantes semblent faire bien peu de cas.
4/ En 2023 la Société Française d’Hygiène Hospitalière (SF2H) recommande encore les précautions “contacts et gouttelettes” et limite le port du masque aux personnes atteintes de symptômes, tout en organisant, notamment avec la Société Française de Microbiologie (SFM),
5/ la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation (SFAR) et la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF), l’absence de test et le non-diagnostic à l’hôpital au prétexte de “normalisation du risque Covid”,
6/ quitte à vider de toute substance l’obligation légale de déclaration de cette maladie.
Ces avis, qui ont en commun de négliger la transmission par aérosols, les transmissions asymptomatiques et les risques du Covid s’inscrivent
7/ dans la droite ligne de la position adoptée en début de crise par la SPILF et la SF2H, ignorant le principe de précaution et les propres recommandations (2013) de la SF2H contre le SRAS.
8/ Une position quasiment inchangée depuis, après plus de 3 ans de pandémie et de littérature scientifique sur la transmission aérosol et les risques du Covid.
9/ Or, ces associations et leurs experts ont été et sont encore très impliqués par les autorités sanitaires dans la politique de prévention, bien au-delà du risque infectieux en lieux de soin.
10/ Participant à certains avis du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP), sollicités dès le début de la crise par le Directeur général de la Santé (DGS),
11/ ces sociétés savantes collaborent aussi étroitement avec les autorités sanitaires via le Répias (Réseau de prévention des infections associées aux soins) piloté par Santé Publique France (SpF), entre autres.
12/ Ainsi, les avis du HCSP sollicité par le DGS étaient pilotés par Didier Lepelletier, chef du service d’Hygiène hospitalière du CHU de Nantes et administrateur de la SF2H, dont il a dirigé un temps le comité scientifique.
13/ De plus, ces associations ont aussi été directement associées à certains avis du HCSP sur la transmission du Covid et le port du masque FFP2.
14/ Résumant leurs actions dans un webinaire fin 2020, Didier Lepelletier affirmait que la transmission par aérosols se limite aux gestes invasifs et que “personne ne veut” généraliser le masque FFP2.
15/ Ailleurs, on peut lire que la SF2H a considéré ce mode de transmission au même plan que la désinformation sur l’hydroxychloroquine.
16/ Le HCSP a ensuite maintenu sa position réservant le masque FFP2 en lieux de soins aux actes invasifs, avant de le rejeter en population générale, même dans son avis sur les nouveaux stocks de masques de l’État et ses fiches sur les mesures d’hygiène universelles,
17/ que le Ministre de la Santé semble d’ailleurs réciter aujourd’hui en limitant le port du masque aux cas symptomatiques.
Dans un courrier au Directeur Général de la Santé début 2023 Didier Lepelletier,
18/ désormais président du HCSP, défendait une approche syndromique des infections, et déconseillait l’identification systématique du virus responsable, masquant ainsi le Covid, le noyant au milieu des « virus de l’hiver » et négligeant à la fois la prévention et le Covid long.
19/ De son côté Pierre Parneix, actuel président de la SF2H, est aussi responsable du Cpias Nouvelle Aquitaine (Cpias NA) portant la mission MATIS qui propose des outils de prévention et de formation aux professionnels de santé.
20/ Or Pierre Parneix a aussi travaillé avec Didier Pittet, spécialiste helvétique de l’hygiène des mains et grand négateur avec l’infectiologue John Conly de la transmission du Covid par aérosols.
21/ Co-auteurs en 2020 d’un courrier défendant la seule transmission par gouttelettes et contacts, Parneix a ensuite participé à la mission nationale sur l’évaluation de la gestion de la crise sanitaire confiée à Didier Pittet.
22/ Ce dernier, minimisant les risques du Covid, se réjouira plus tard devant le Sénat : "le virus va circuler parmi les enfants et c'est tant mieux ! ».
Comment s’étonner de l’absence d’information appropriée et
23/ de mesures préventives adéquates pour la protection de la population sur les sites de la mission MATIS et du Répias - dont Pierre Parneix est l’éditeur - et de SpF.
[Suite 👇]
24/ La SPILF quant à elle a publié en 2022 un article de Jean-Christophe Lucet, alors membre de l’Équipe de Prévention de l’hôpital Bichat - qui a participé aux avis du HCSP et à celui mettant fin aux tests à l’hôpital -
25/ et de Gabriel Birgand, responsable du CPias Pays de la Loire mais aussi membre d’une unité de recherche du NIHR (National Institute For Health and Care Research) dirigée par Alison Holmes,
26/ auteure avec Conly et Pittet d’un article niant la transmission par aérosols et réfutant l’intérêt du ffp2 en lieux de soins.
L’article de Birgand et Lucet maintenait malgré l’état des connaissances que ce mode de transmission était “possible mais rare”.
27/ Et tous deux assuraient déjà en 2020, au mépris du principe de précaution, que “le masque chirurgical protège efficacement les soignants contre le COVID-19”.
28/ En outre, la SPILF a aussi œuvré avec les sociétés savantes de pédiatrie contre la prévention du Covid chez les enfants, suivant la stratégie d’infection de masse de la Déclaration de Great Barrington (GBD),
29/ publiant l’opinion de l’un de ses membres, Robert Cohen - pédiatre et membre de diverses associations dont la SPILF - sur le fumeux concept de “dette immunitaire”.
30/ La SFM enfin, compte parmi ses membres Bruno Lina, virologue, soucieux d’arrêter de compter les vagues et co-auteur de l’avis achevant le diagnostic du Covid à l’hôpital. Membre du CNR grippe et du Covars, impliqué dans certains avis du HCSP,
31/ il est l’auteur avec Franck Chauvin (alors président du HCSP) et François Delfraissy (président du conseil scientifique), d’un article d’opinion inspiré de la GBD qui prônait une vague et illusoire “protection ciblée” des personnes vulnérables.
32/ Ainsi - et ces exemples sont loin d’être exhaustifs - depuis le début de la pandémie des associations privées et leurs experts, dont certains hygiénistes spécialisés en lavage de mains, ont pu porter leurs opinions au rang de recommandations de santé publique,
33/ déployant plus d’efforts pour trouver des arguments fallacieux contre une des protections les plus efficaces contre SarsCov2, que pour suivre l’état des connaissances. Selon eux, en population générale le masque FFP2 donnerait un “faux sentiment de sécurité”,
34/ les soignants pourraient perdre confiance dans d’autres protections et délaisser le lavage des mains. tandis que, porté par les enseignants, il pourrait perdre en efficacité.
35/ Jamais réellement investis pour la qualité de l’air intérieur, tous sont restés remarquablement constants dans leur négligence de la transmission par aérosols, leur minimisation des risques du Covid, et leur ignorance du Covid long.
36/ Cette dangereuse obstination est d’autant plus inquiétante que la SPILF et la SF2H sont très impliquées dans la Stratégie Nationale de Prévention des Infections.
37/ Dans ce cadre la SF2H, qui propose des formations certifiées, a d’ailleurs pu faire des préconisations sur les moyens humains nécessaires aux équipes d’hygiène.
38/ Il est commode, pour un gouvernement néolibéral qui n’entend pas investir dans la prévention et la qualité de l’air de déléguer cette mission à des associations poursuivant leurs propres intérêts et dont les experts sont confinés dans un entre-soi laissant peu de place
39/ à l’état des connaissances scientifiques, quoi qu’il en coûte pour la population piégée dans le puissant déni collectif qu’elles ont contribué à forger, au profit d’un “vivre avec” sans protection. Mais alors que le Covid reste une menace pour tous comme l’a rappelé l’OMS,
40/ il est urgent de revoir le rôle de ces associations qui ne sont pas, à l’évidence, compatibles avec une santé publique fondée sur la poursuite de l’intérêt général, l’état des connaissances scientifiques et le respect des droits humains fondamentaux.”
[Fin]
Voici une petite liste non exhaustive et dans le désordre des tweets sur les narratifs diffusés depuis 2020 contre la prévention collective mis en regard avec les faits.
Version courtes : le Covid n'est un rhume ("mild") pour personne.
Grange s'est toujours opposé à la sécurisation des écoles et maintenant son occupation favorite est de harceler les personnes attentives aux risques du COVID-19 en les traitant notamment de "fear monger", y compris les personnes travaillant en laboratoire classé BSL-3 (/4).
1/🧵
Quelques exemples de harcèlement contre les personnes qui défendent la prévention pour tous contre le COVID, en suivant l'état des connaissances scientifiques, alors qu'il n'est même pas sollicité sur le sujet. 2/
La suite: instrumentaliser certaines dérives pour mieux discréditer la prévention, négliger la transmission en extérieur, qui existe dans les lieux bondés... Joli 👌
R. Cohen et al. se sont souvent félicités de leur "hypothèse innovante", se vantant encore récemment d'avoir été "les premiers à imaginer les conséquences à moyen-terme d'une exposition limitée aux agents pathogènes".
En réalité, il n'en est rien...
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🧵Tout d'abord quelques rappels utiles pour lire la suite de ce long thread (il sera publié en entier avec le reste du dossier sur un blog dédié).
🧵S’il semble avoir évolué sous l’effet des critiques - passant d’une immunité à entraîner comme un muscle au "gap immunitaire" - le concept de “dette immunitaire” se réduit le plus souvent à cette idée :
Je vous aide : il s'agit d'un politologue qui est aussi directeur général de Fondapol, un think tank libéral très ancré à droite : relance des privatisations, réduction des dépenses de santé, poursuite de la règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux,
2/
assouplissement des conditions de licenciement, conditionner le remboursement médical au comportement des individus...
Selon eux, l’État n'a pas pour finalité de réduire les inégalités et devrait renoncer à certains domaines de compétence au profit du secteur privé.
3/
Et ce morceau de désinformation magistral nous est présenté par Matthieu REVEST dans @OuestFrance. 👌
Laissez-moi vous présenter ce spécialiste : M. Revest est membre du comité de rédaction de la revue Médecine et Maladies Infectieuses Formation,
1/🧵 ouest-france.fr/sante/virus/co…
🧵 une revue éditée par la SPILF. Or la SPILF édite aussi une autre revue : Infectious Disease Now, qui a publié l'article de R. Cohen sur la "dette immunitaire", jamais démontrée, et malgré les liens existant déjà entre ce pédiatre et la SPILF.👇
🧵 Par ailleurs, M. Revest exerce dans le service maladie infectieuse de P. Tattevin, président de la SPILF.
Cette association a aussi suggéré l'infection des enfants pour "l'immunité naturelle" plutôt que leur vaccination, une *stratégie libertarienne condamnée par l'OMS*.
“S’il est un sujet dont je ne voulais absolument pas parler dans cette chronique, c’est bien celui de la fin de vie et de l’aide médicale à mourir.
Parce qu’en parler sans faire référence à mon vécu de soignant, je le savais, serait compliqué,
1/↓ liberation.fr/societe/sante/…
et que rien n’est plus bouleversant, et de nature à sidérer la pensée, que parler de ces expériences personnelles, comme le font pourtant nombre de politiques intervenant dans le débat actuel.
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Médecin généraliste depuis 1984 après avoir travaillé dans un service de réanimation pendant quelques années, j’ai vécu cette période grise, de déni, de non-dit,
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