Thread by @MagaliReghezza

Les inondations dans le Pas-de-Calais donnent lieu à beaucoup d’approximations, de simplifications et de commentaires à l’emporte-pièce. Pour s’y retrouver dans ce sujet à la fois compliqué et complexe, petit 🧵.
On déroule 👇
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On parle d'inondation quand il y a submersion par de l’eau. Cette eau peut venir du ciel (précipitations) ou de la mer (submersion marine). Ces dernières peuvent se produire sur des côtes basses, notamment en cas de tempêtes (surcote).
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eaufrance.fr/les-inondation…

Les précipitations peuvent être intenses et concentrées dans le temps ou s’étaler sur plusieurs jours, mois, semaine.
Ici, un excellent dossier cartographique du journal @lemondefr .
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3/ lemonde.fr/planete/articl…

Les sols argileux, très secs, gorgées d’eau, gelés sont imperméables : l’eau ne s’y infiltre pas.
➡️ Elle ruisselle vers les points bas si le terrain est suffisamment pentu.
➡️ Sinon, elle stagne et inonde les terres.
C’est la même chose avec du bitume, des toits, des dalles.
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En cas de grosses précipitations et de ruissellement, le débit des cours d’eau augmente fortement. C’est la crue, qui peut conduire à des débordements et des submersions.
⚠️Crue ≠ inondation.
La vitesse d’écoulement dépend de la pente.
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‼️On peut être inondé sans qu’un cours d’eau ne déborde. Ainsi, quand l’eau s’infiltre, elle alimente les nappes dont le niveau « remonte » jusqu’à la surface.
➡️ 1 Français sur 4 vit dans une zone inondable par la mer, les cours d’eau, les nappes ou du ruissellement.
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La nature des dommages dépend de la vitesse de la submersion et de la durée de stagnation de l’eau. Par exemple, en 2001, la Somme a été inondée plusieurs semaines à cause des remontées de nappes. Les submersions rapides sont les plus dangereuses pour la vie des personnes.
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Plus c’est plat, plus il y a de dépressions (cuvettes) et de contrepentes, plus l’eau stagne.
➡️ Il faut alors la pomper pour l’évacuer.
Cette topographie se retrouve souvent dans les polders, qui sont des terres gagnées sur la mer, asséchées par endiguement et drainage.

➡️ La marée, en remontant dans les fleuves côtiers, aggrave les débordements. De plus, l’eau ne s’évacue que quand la marée est basse. Et il ne faut pas de nouvelles pluies.
Dès lors, même avec des canaux pour drainer et des pompes, l'évacuation de l'eau prend du temps.
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Ce phénomène est caractéristique des marais maritimes, comme la Flandre, qu’ils soient poldérisés ou non. Ces côtes basses sont dites hydromorphes. D’où la présence de canaux d’évacuation, de pompes (autrefois de moulins) et de vannes.
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ina.fr/ina-eclaire-ac…

Si le sujet vous intéresse, deux ouvrages d’un des plus grands géographes français, Fernand Verger, aujourd'hui décédé.
Un splendide voyage en zones humides et paysages salés, avec la cartographie géniale de Raymond Ghirardi.
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📢 Étape 1 : l’inondation dépend donc du volume d’eau précipité, de la nature des précipitations (neige/grêle/pluie), leur intensité, leur durée, mais aussi de l’état des sols, la nature du substrat (perméable ou pas) et la topographie.
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La multiplication des constructions de plain-pied et la densification « à l’abri » de digues mal entretenues, le vieillissement, la mobilité réduite, l’impréparation, etc. sont aussi importants que le processus physique (l’aléa).13/

journals.openedition.org/cybergeo/39179
uved.fr/fiche/ressourc…

📢 Étape 2. Pour fabriquer une catastrophe, l’aléa ne suffit pas. Il y a risque parce que des personnes, des biens, des infrastructures sont exposés ET sont vulnérables.
➡️ Ici, un article très récent sur l’évolution de la vulnérabilité en France.

14/ journals.openedition.org/cybergeo/39179

‼️La variabilité naturelle du climat permet les extrêmes pluviométriques, c’est-à-dire des écarts significatifs par rapport à la moyenne.
Et exposition + vulnérabilité expliquent le risque.
DONC OUI, pas besoin de changement climatique pour avoir des catastrophes.
MAIS…
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‼️MAIS, le changement climatique AUGMENTE l’intensité des précipitations : une masse d’air + chaude contient + de vapeur d’eau.
➡️ Il aggrave l’aléa, donc le risque.
➡️ Le climat qui change s'ajoute à nos fragilités et les aggrave.
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viva2010.org/telechargement…

En 1995, la loi Barnier crée les PPR, plans de prévention des risques pour contrôler et limiter l’exposition. Ils ont été améliorés au fil du temps. C'est loin d'être parfait, mais correctement appliqués, ils sont efficaces comme le montre cette étude.
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ccr.fr/-/ccr-etude-pp…

‼️artificialisation ≠ bétonisation ≠ urbanisation
1⃣ l’imperméabilisation ↗️ le ruissellement
2⃣ la bétonisation ↗️ l'imperméabilisation
3⃣ l'urbanisation ↗️ la concentration des personnes, biens, infrastructures et activités, ce qui ↗️ l’exposition et la vulnérabilité.
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La prévention des inondations reste insuffisante. Elle progresse par à-coup, après des catastrophes meurtrières et des procès.
➡️ On paie 40 ans de contournement des PPRI, d’opposition démagogique aux normes, d'effondrement des services publics ruraux

19/lemonde.fr/planete/articl…

Le débat glisse désormais sur l’habitabilité.
On peut habiter quasiment partout.
Mais cela a un coût. En témoignent les victimes lors du procès post-Xynthia comme le rappelle cet article de Sandrine Revet.👇
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cairn.info/revue-droit-et…

Inversement, relocaliser des personnes, des biens et des activités a un coût psychologique, économique, social. Il faut aussi détruire, dépolluer. Et reloger.
C’est tout sauf simple. Les élus sont en première ligne, comptables des héritages du passé.
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theses.fr/2017BRES0042

L’habitabilité d’un territoire n'est pas une donnée scientifique. C'est un choix politique.
➡️ Qui est prêt à payer quoi pour rester ? Comment accompagner les personnes, les élus, les entreprises ? Et d'ici là renforcer les secours, Météo-France, etc.
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i4ce.org/wp-content/upl…

🔴Bilan:
1⃣ les humains
- imperméabilisent : aléa ↗️
- réchauffent le climat : aléa ↗️
- urbanisent : aléa & exposition ↗️
2⃣ les individus oublient le danger, sont - mobiles, + vieux, + précaires, etc. : vulnérabilité ↗️
3⃣ la société n'est pas assez préparée
➡️ RISQUE ↗️↗️↗️↗️

L’eau finira par se retirer, et avec elle, caméras et polémiques. Les sinistrés resteront, avec des dommages qui vont se révéler au fur et à mesure du séchage.
Plus que jamais, dans un climat qui change et une société qui se fragilise, on aura besoin de solidarité.
🙏🙏
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