Dans le débat sur la fin de vie, je redécouvre les discussions concernant les pathologies neurologiques, pathologies sur lesquels beaucoup de personnes ont un avis..
Alors voilà quelques faits qui vont vous expliquer mon opinion.
1/ si toutes les spécialités médicales sont uniques, la mienne a ceci de particulier qu'en 2024 elle n'a aucune proposition de traitement curatif.
Je vais le répéter pour que tout le monde le comprenne : en 2024 il n'existe aucun traitement curatif en neurologie. Rien.
2/ ce qui ne veut pas dire qu'on n'a pas de traitements.
On en a des dizaines, pour la plupart avec des mécanismes d'action extrêmement complexes (et hors de prix).
Mais ces traitements peuvent au mieux masquer des symptômes ou suspendre l'évolution de certaines maladies.
Là encore je vais le répéter parce que les mots comptent :
- au mieux signifie que c'est l'objectif, pas le résultat.
- masquer/suspendre signifie que la maladie est toujours là.
- donc pas mal de cas on ne peut que masquer partiellement et transitoirement les symptômes.
- et certaines maladies, signifie qu'en 2024 on a des maladies pour lesquelles on a rien. Et donc qu'en 2024 on a des personnes malades, pour lesquelles on ne propose absolument aucune forme de traitement.
3/ est-ce que c'est grave ?
Ça dépend.
Si on prend les douleurs par exemple, on a, en bas de l'échelle, la migraine.
La migraine ça peut faire très mal. Mais dans la plupart des cas les antimigraineux soulagent, et au pire ça passe en quelques heures.
Si on monte d'un cran, on a les algies vasculaires de la face. Les personnes atteintes décrivent ça comme un couteau qu'on enfonce lentement dans l'oeil puis qu'on tourne en grattant l'os.
Chez une minorité de personnes les traitements ne marchent pas, mais les crises passent.
Plus haut dans l'échelle, on a les névralgies faciales. Les personnes atteintes n'ont souvent pas de mots pour les décrire. Les traitements et la chirurgie sont souvent efficaces.
Mais ça reste, en 2024, une cause de suicide chez les personnes qui ont des formes réfractaires.
Et puis tout en haut on a certaines lésions des parties du cerveau qui font qu'on est conscient d'avoir mal.
Ici la douleur est créée ex nihilo par le cerveau. C'est une douleur absolue, qui est ressentie à la fois partout et nulle part.
Les personnes qui en sont atteintes, lorsqu'elles peuvent parler entre deux hurlements, décrivent un broiement de leur corps, avec une sensation de crescendo permanent. En raison de l'intensité de cette souffrance, elles finissent par mourir, au sens propre, de douleur.
Pour ces douleurs, il n'existe souvent pas de traitement, la sédation terminale comme le prévoit la loi Leonetti, étant inutile, puisque les personnes qui en sont victimes, ressentent ce broiement même en étant sédatées.
Mais il existe d'autres façons de souffrir que la douleur.
Reprenons une gradation.
En bas de l'échelle vous avez la maladie de Parkinson. Les traitements pour en masquer les symptômes (qui datent des années 50-70) sont efficaces.
Cependant dans les formes évoluées, et malgré les traitements, certaines victimes sont à la fois incapables de bouger, et à la fois atteintes de mouvement incontrôlés. C'est très pénible, mais on a quelques molécules permettant d'en diminuer l'intensité.
Un stade au-dessus, vous avez les syndromes extra pyramidaux. C'est pareil mais sans traitement. Tout simplement parce que ces syndromes se caractérisent par leur résistance aux molécules connues.
Les personnes qui en sont atteintes perdent le contrôle de leur corps, puis
hallucinent. Les hallucinations sont toujours des cauchemars qui deviennent progressivement permanents. Celles qui ont de la chance (on parle bien de chance) deviennent démentes et se perdent dans ces cauchemars).
Les autres tentent de mettre fin à leur, jours, ce qui est compliqué quand on n'a pas le contrôle de son corps.
Et puis encore au-dessus, vous avez les chorées. La plus connue est celle de Huntington.
Ici, les gens savent souvent ce qui les attend car beaucoup de formes sont familiales. Progressivement leurs membres ne leur répondent plus, et sont atteints de mouvements amples et incontrôlés.
Amples et incontrôlés sont deux caractéristiques qui ont comme conséquences que les personnes frappent par exemple un main, une jambe, leur tête... de toutes leurs forces contre un mur, une barrière, un obstacle quelconque.
Pour les protéger, on les installe souvent sur des matelas à même le sol, dans des pièces dont on a enlevé tous les objets durs.
Malheureusement ce n'est qu'une solution transitoire, car avec l'évolution de leur maladie, les mouvements amples et incontrôlés provoquent...
des luxations et fractures spontanées. Pour le dire autrement, les patients se démembrent eux-mêmes.
Il n'existe pas de traitement de la chorée et là encore la sédation dite terminale est parfois totalement inefficace.
Tout ceci ne touche que quelques milliers de personnes en France. C'est peu par rapport aux 67 000 0000 que nous sommes et qui ne seront jamais concernées.
Mais ça n'empêche pas de poser la question que suggère par exemple la société française de soins palliatifs :
Est-ce que, si on avait plus de moyens, les cas dont je viens de vous parler, ne seraient pas mieux pris en charge ?
Bien-sûr que si.
Il est évident que si vous ressentez votre corps être broyé lentement dans un laminoir infini, entre deux cris, le regard compatissant de quelq'un comme le Docteur Fourcade, qui ne parle que d'elle quand elle doit aider autrui, est d'un grand apaisement.
De même, pendant que vous voyez votre genou se tordre lentement puis rompre, l'entendre vous dire qu'elle souffre de vous voir souffrir, peut même, pourquoi pas, vous provoquer une certaine culpabilité.
Heureusement, la plupart des médecins ne sont pas le Dr Fourcade présidente de la société française de soins palliatifs
La plupart savent qu'il existe des situations, rares, dans lesquelles ils sont impuissants à soulager les souffrances, et que la loi actuelle est insuffisante
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En consultation j'ai vu récemment une patiente adressée par un interniste pour "troubles polymorphes"
En français ça veut dire "qui ressemble à rien, est-ce seulement réel, bonne chance au neurologue"
La dame était abattue, dans le sens où elle voulait même plus se battre 1/
On discute, j'essaye de la rassurer en lui disant que je ferais peut-être pas mieux que les nombreux autres médecins qu'elle avait vu avant, mais que si je trouvais rien, au moins elle n'avait pas de problème neurologique de base (j'ai pas prétention de tout savoir en neuro).
Ce qui m'étonne, c'est que contrairement à 99,9999% des gens qui viennent pour "troubles polymorphes", elle décrit avec précision ET concision ses troubles, la façon dont ils se sont installés, les examens réalisés (et leur logique) et les traitements essayés.
J'ai subi une partie du meeting de Trump hier (c'est le problème de côtoyer des américains).
Ce qui m'embête dans le traitement médiatique en France, c'est qu'on nous montre systématiquement des débiles profonds (pick-up, gun et accent du sud profond)...
Sans parler des classes moyennes éduquées qui votent Trump.
Un peu comme si en France on nous montrait les deux alcooliques qui ne contractent pas, ou n'importe quel autre gilet jaune, sans se demander pourquoi le RN est à 30-40% dans presque toutes les catégories sociales.
On a plein de gros comptes sur @X qui postent en boucle sur le fait que la dernière saillie raciste, misogyne ou n'importe quel autre propos volontairement outrancier de Trump va le couler, sans se demander pourquoi ça ne fait que le renforcer chez presque 50% des américains.
Vous savez ce qui s'est passé en juillet 2023 et qui est rigolo (si si vous allez voir) :
L'organisation mondiale de la santé a inscrit sur la liste des médicaments essentiels, des molécules pour soigner la sclérose en plaques.
En quoi est-ce rigolo ?
Soyez un peu patients :
tout d'abord il faut comprendre que cette liste (on en a déjà discuté) mise à jour tous les ans, énumère des molécules destinées à l'Humanité avec un grand H afin de soigner le plus efficacement possible, partout sur Terre, y compris dans les pays pauvres, en guerre, sans Etat...
Ces molécules doivent donc être à la fois efficaces, sûres, PAS CHÈRES, faciles à stocker et administrer, et correspondre à un besoin mondial.
Quand on parle de médicaments, personne ne sait de quoi on parle. La preuve ? Comment définiriez-vous un traitement utile ?
- au nombre de boîtes vendues ?
- au nombre de patients traités ?
- aux économies réalisées par la sécurité sociale grâce à son effet bénéfique ?
- ...
Et là on est restés sur des données en lien avec la santé. On peut rajouter par exemple le nombre d'emplois que la production d'un médicament crée, ou encore le bénéfice pour l'état en termes d'impôts et autres taxes sur sa commercialisation etc...
Autant j'ai toujours trouvé ChatGPT rigolo et utile pour les recettes de cuisine et les scénarios de JDR, autant même avec les GPT personnalisé je restais sur ma fin quand il s'agissait de synthétiser des articles
Avec NotebookLM il est possible à partir d'un corpus d'articles qu'on lui donne, d'obtenir des synthèses, résumés, réécritures et autres, d'une précision telle que ça en devient utilisable dans un contexte pro.
Caramel sur la cerise, une fonction qui à première vue ressemble à un gadget et qui à l'usage est excellente : la création d'un podcast à partir des articles du corpus
Ça prend quelques minutes et NotebookLM crée une discussion virtuelle entre deux hôtes qui analysent le corpus
Je vois que depuis quelques heures on a plein d'experts en dyslexie.
Alors voilà quelques données pour éviter d'être ridicule en société :
Idée reçue 1 : la dyslexie est une invention des années 2000 pour excuser les élèves nuls
Les principaux éléments constitutifs du diagnostic datent de 1883. Le premier cas décrit correspond à celui d'un jeune garçon incapable de lire et écrire malgré une intelligence normale
Idée reçue 2 : c'est un problème d'apprentissage.
La dyslexie est un trouble qui est le plus souvent acquis et qui passe longtemps inaperçu parce que la plupart des personnes atteintes développent des stratégies d'apprentissage plus performantes que la moyenne.