Ce soir je vous propose un petit exercice.
But: se remettre en 2020 en pleine pandémie sans aucune culture scientifique ni, à priori d’intérêt envers la science, mais un esprit critique affûté car érudit dans un autre domaine (littérature, management, économie, ou autre).
J’aimerais essayer de comprendre comment la communauté scientifique pourrait améliorer sa communication pour limiter la désinformation et la défiance en temps de pandémie, alors que les gens demandent des certitudes et que la science ne peut pas les amener dans l’immédiat.
***** Spoiler*****
À l’issue de l’exercice, la question restera certainement ouverte.
Aucune prétention de répondre à ce sujet vaste et délicat, juste donner quelques point de réflexion par empathie (aptitude à ce mettre à la place de l’autre).
Imaginez.
On vous annonce qu’un virus tueur arrive d’un pays lointain et commence à faire ses premières victime dans le pays voisin.
On vous dit qu’on ne sais pas grand chose de la maladie et qu’il n’existe à l’heure actuelle pas de traitement.
Les autorités ordonnent la fermeture de tout ce qui n’est pas vital : les écoles, les commerces non alimentaires, bref tout s’arrête. On vous ordonne de ne plus sortir de chez vous, que pour les premières nécessité.
Après la sidération, vous commencez à avoir peur.
Les jours, semaines mois passent. On entend un peu de tout dans les médias, des autorités , des médecins s’exprimant à la TV.
Sur internet vous essayez de comprendre. Mais vous n’avez aucune base en biologie, en médecine, en épidémiologie. Vous êtes perdu.
Ce que vous constatez c’est que les autorités politiques et médicales ont l’air d’être aussi perdues: on ne sais pas comment le virus se propage, on n’a toujours pas de traitement. Des médecins disent qu’ils cherchent, mais rien ne semble avancer. Les victimes sont nombreuses.
Puis plutôt rapidement on annonce qu’un vaccin va être distribué largement: une nouvelle technologie révolutionnaire qu’ils disent. Et toujours pas de traitement. Et on ne connaît pas encore tout de ce virus.
De votre côté, vous essayer de comprendre ce truc qu’on appelle ARN messager. Vous renoncez à essayer, c’est compliqué et de toutes façons depuis toujours on vous a dit que vous étiez nul en sciences.
En désespoir de cause vous prenez un peu de distance et reprenez l’histoire.
On trouve en un temps record un vaccin de toute nouvelle technologie pour une maladie dont ils disent ne rien savoir…
… Est-ce qu’ils nous prennent pour des imbéciles?
En fait vous ignorez que le SARS-CoV-2 est génétiquement très proche du SARS-CoV-1 qui a déjà provoqué une épidémie il y a quelques années et qu’il est séquencé depuis lors. Vous ignorez que le travail est déjà quasiment fait avant l’arrivée du virus.
Vous ignorez aussi que cette nouvelle technologie révolutionnaire est au point depuis environ 20 ans, utilisée de routine sur Minou et Médor.
En fait vous ignorez complètement que cette technologie est testée sur des milliers de personnes depuis 15 ans, mais que faute de fonds et de volontaires, elle n’a pas encore été accepté sur le marché.
Les règles des AMM sont extrêmement stricte. Ça vous l’ignorez aussi.
Bref.
Vous êtes avez passé par tous les états, la sidération, la terreur, le désespoir et ils ont tous donné place à la frustration, au soupçon. À la défiance.
En plus, plein de gars sur le net pensent comme vous. Et des prix Nobels, des sommités le dénoncent. C’est la preuve.
Retour en 2024.
On peut dire qu’on peut mieux faire comme communication, non?
Oui mais comment?
Mon avis:
Être transparent et surtout savoir dire « Nous ne savons pas ». Ne JAMAIS dire de mensonges.
Et on y revient: l’éducation scientifique des politiques, l’éducation scientifique des médias, l’éducation scientifique de la population!
Je pense aussi que les médias doivent apprendre notre langage: quand nous avons une quasi certitude scientifique, nous l’exprimons malgré tout en termes prudents (il semble que, les évidences tendent à montrer que, …). Notre prudence passe souvent pour de l’incompétence.
Nous devons lutter activement contre la fraude scientifique. Ça doit commencer dans les universités et les hautes écoles spécialisées. Il en va de la crédibilité de toute la communauté scientifique et de la science dans sa globalité.
Les publications prouvées frauduleuses doivent immédiatement être rétractés. Les éditeurs doivent être sensibilisés, encouragés et le cas échéant la pression doit être faire.
Les sociétés savantes doivent se positionner. Les instances responsables doivent pouvoir sanctionner.
Dans un monde idéal, tout cela ne devrait même pas être rappelé.
Dans le monde réel, je pense que nous devons faire notre propre bilan pour s’attaquer efficacement contre la défiance et la désinformation qui mène à l’obscurantisme.
**** The End****
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L’apparition du masque laryngé a été une grande avancée en anesthésie : simple, sûr, efficace.
Mais késako ?
Plongez avec moi dans l’histoire et l’utilité d’un outil incontournable en anesthésie et en urgence.
Thread 🔽
1/12
Dans les années 80 le génial anesthésiste britannique Archie Brain a réfléchi sur une alternative pour assurer la sécurité des voies aériennes (VA) du patient inconscient, le tube étant invasif et le masque facial présentant trop d’inconvénients.
2/12
Il a considéré qu’en réalité que les voies aériennes à proprement parler commencent sous le larynx et que l’équipement idéal serait un masque qui se placerait à ce niveau, qui serait facile à insérer et qui ne comporterait pas les inconvénients du masque facial ni du tube.
Pour résumer l’intubation de façon très courte: il s’agit de placer un tube dans la trachée du patient endormi pour assurer sa ventilation et protéger ses voies aériennes de ses sécrétion (chirurgie longue) et du contenu de son estomac s’il n’est pas vide.
- Exemple d’écueils du dialogue scientifique en ligne -
Je suis sûre, il vous est à tous arrivé de partager un contenu scientifique et de recevoir en commentaire des invectives teintées d’idéologies (souvent politiques).
1/8
Pourquoi se concentrer sur la science quand on peut détourner le débat vers des querelles idéologiques ?
2/8
Cette tactique épargne l’effort d’apprentissage, donne une illusion de supériorité intellectuelle et sape les efforts de transparence des scientifiques et professionnels de la santé.
À l’attention de ceux que les têtes de file antivax et conspis anti-science pourraient séduire avec des récits simplistes qui mobilisent la peur, la colère et la haine.
De la part d’un médecin en première ligne
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Vous ne savez peut-être pas, mais il existe une DIFFÉRENCE FONDAMENTALE entre nous et les autoproclamés justiciers en ligne qui nous insultent, diffament et menacent lorsque nous prenons la parole à propos de notre discipline (par ex. les vaccins mais pas seulement)…
Eh oui! Nous devons, autant en ligne que dans notre quotidien, respecter notre DÉONTOLOGIE et l’éthique qui découle de notre métier.
La Déclaration de Genève (Serment d’Hippocrate moderne) en est la clé de voûte.
Mais qu’est-ce qu’un anesthésiste fait lorsqu’il est de garde ?
La nuit, le week-end, les jours fériés, le travail de l’anesthésiste ne s’arrête jamais. Quel y est notre rôle et notre activité exactement?
1/19
Donc aujourd’hui on va parler de la garde dans un centre adulte, mon domaine.
(Je dédierai un prochain thread à l’anesthésie gynécologie-obstétrique et un autre à l’anesthésie pédiatrique)
Alors venez, je vais vous expliquer.
2/19
Comme vous le savez l’hôpital ne s’arrête jamais de fonctionner et les urgences vitales arrivent évidemment n’importe quand.
L’anesthésiste intervient aux côtés des chirurgiens, urgentistes, réanimateurs etc.
Et l’urgence hospitalière, c’est toujours un travail d’équipe.
3/19