Pourquoi choisir de travailler sur Marie-Antoinette plutôt que Louis XVI ?
Pourquoi mettre en scène la décapitation plutôt que les idéaux de la Révolution ?
J’ai deux trois réponses pour Mélenchon et les autres.
Déjà, il s’agit du tableau le plus théâtral de la cérémonie d’ouverture (par les costumes, décors et effets figuratifs / scéniques).
1. Pourquoi mettre en scène la décapitation plutôt que les idéaux de la révolution ?
Parce que Thomas Jolly travaille depuis des années sur les figures de pouvoir / tragiques monstrueuses (Richard III de Shakespeare avec tous les homicides, Thyeste de Sénèque avec le festin cannibale final).
Parce qu’esthétiquement et visuellement ça crée une image en décalage (tout le principe du théâtre donc) un peu bouffonne des têtes séparées des corps qu’on retrouve souvent dans l’opéra comique par exemple :
(Ici Ercole amante par Christian Hecq et Valérie Lesort).
Ça crée de l’ironie, du contraste au-delà de la référence historique. Ce qui semble encore plus voulu avec le chant révolutionnaire chanté par Marie-Antoinette décuplée en 10 + avec une reprise métal.
Le but n’est pas l’illustration, l’art n’est pas l’illustration de la réalité
historique.
Encore moins avec le théâtre qui est encore une fois l’art de la transformation des images, du décalage et du contraste parce que c’est l’art de l’illusion et du grotesque (on voit les ficelles, on se fout du réalisme et on en joue).
La dernière fois que j’ai vu une pièce qui traitait de la pré-révolution ça terminait avec Louis XVI qui faisait un billard et avec comme dernière réplique « je suis sûr que ça ira ».
L’objectif c’est aussi de compter sur les références des spectateur.ices pour percevoir l’ironie
Pourquoi Marie-Antoinette plutôt que Louis XVI ?
Sans doute pour des questions de costumes qui permettent plus de choses en terme de mouvements avec les grandes robes (ca claque quand même), de reconnaissance plus rapide pour les spectateur.ices et pour mettre en avant
des chanteuses lyriques. On s’amuse plus avec les perruques féminines, avec le décuplement etc.
Et concernant les rubans de fils rouges qui sortent de la conciergerie pour montrer le massacre final, c’est l’effet préféré de T. Jolly pour représenter le sang.
Bref, tout cela est théâtral et joue avec les codes de l’opéra (évidemment revisités grâce au métal) donc on est sur un jeu de contraste par la contemporanéisation de l’histoire, bref on est sur du théâtre et on s’amuse à rendre tout ça bouffon c’est tout
Et vu la puissance des images et les réactions, je pense que Thomas Jolly a totalement réussi son coup.
C’est drôle, c’est théâtral, c’est décalé et ça raconte quelque chose de l’histoire de France. Bref sublime.
On peut aussi ajouter les références aux musées des horreurs, manèges d’horreur etc bref tous les jeux autour de la peur, de la présence maléfique etc
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En ce moment, au Festival d’Avignon, se joue Carte noire nommée désir de Rébecca Chaillon qui est un spectacle sur la durée coloniale. Sauf qu'hier soir, l'une des performeuses, noire, a été agressée par un spectateur blanc.
Depuis quelques années, des intellectuels bourgeois et blancs criminalisent l’antiracisme et la décolonialité au titre qu’ils signeraient la fin de la civilisation, le règne de l’identitaire et la mort de l’artistique pour privilégier la morale.
Ces thèses relevant du complotisme entraînent la mise en danger physique des artistes racisées, comme ça a été le cas hier mais aussi le début de l’impossibilité de parler de la question raciale, qu’il s’agisse de la mémoire de l’esclavage et de la colonisation ou du racisme.
Il y a deux jours, l'extrême-droite a réussi à faire retirer de la vente un jeu antifasciste à la Fnac.
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L'une des professeur.e.s, dont l'établissement et la fonction ont été outé sur CNEWS, a reçu des insultes, menaces et incitations au viol.
On retrouve ici toutes les caractéristiques qui ont amené à l'assassinat de Samuel Paty.
Des influenceurs français très suivis félicitent la décision de justice condamnant Amber Heard. Le renversement de culpabilité accusé/agressé.e, la rhétorique masculiniste et le dénigrement des victimes de violences conjugales se diffuse pleinement. Quelle horreur.
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Et oui, la justice est sexiste et protège les hommes célèbres violents : prenez pas la peine de m'insulter les mecs.
Je crois que je suis plus douée pour m’exprimer sur mes colères que sur mes joies, mais je vais tenter de le faire pour vous dire la reconnaissance que j’ai suite à la manifestation d’hier. #MeTooTheatre
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Immonde la personne sur le Space sur Taha qui dit que la présomption d'innocence prévaut, qu'on ne connait pas les accusatrices et qui relativise les accusations d'agressions sexuelles.
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"Imagine si ton fils est accusé" mais je veux pleurer c'est quoi ça