Juliette Campion Profile picture
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Bonjour à tous ! Jeudi 3 octobre, journée dense en perspective au procès des viols de #Mazan avec le début des interrogatoires sur les faits des sept accusés de la semaine. LT à suivre pour @franceinfo
Des amies sont venues d'un petit village près d'Avignon pour "soutenir Gisèle". Elles affirment avoir "de la colère" contre les accusés. "Quand ils disent : 'c'est pas un viol, 'je ne savais pas'... Qu'ils assument au moins !", s'agacent-elles en coeur. Image
Flavia a fait le déplacement avec sa mère. Elle est de passage en France, mais habite habituellement au Chili et aimerait que l'affaire soit "encore plus médiatisée", et que l'on "en parle jusqu'en Amérique latine". Image
L'audience est ouverte. "Je vais rappeler les motivations de la chambre d'instruction pour chaque accusé et je donnerai lecture du PV d'exploitation des vidéos", déclare le président.
On commence par Jean T., 52 ans, qui comparaît pour des faits remontant au 21 septembre 2018. Il lui est reproché d'avoir "commis des pénétrations avec violences, menaces ou surprises", décrit le président.
"Il a soutenu s'être rendu au domicile des époux Pelicot pour avoir une relation libertine classique, mais il présentait un cruel manque de souvenirs", poursuit Roger Arata, lisant les motivations de la chambre d'instruction.
"Il paraît étonnant que Dominique Pelicot prenne le soin de le droguer" s'il venait pour une simple relation échangiste, est-il souligné.
Le président lit les descriptions atroces des vidéos retrouvées par les enquêteurs. "Durant toute la scène, la partie civile ronfle", relève-t-il.
On entend Dominique Pelicot insulter son épouse, prononcer plusieurs termes très avilissants, que l'on s'épargnera ici. Gisèle Pelicot écoute ces insanités, assise dans le carré des parties civiles, derrière ses deux avocats.
"Par quel artifice vous n'auriez pas de souvenir de la soirée ?", demande le président à Jean T. "Je pense que Monsieur Pelicot m'a drogué. Il m'a proposé une boisson, en me disant de me déshabiller. C'était un coca", précise-t-il.
"Quand je dis que je suis noir, je pense qu'il était content car il dit : 'ma femme aime les blacks'. Moi je suis un libertin, j'aime bien le triolisme. J'étais intéressé et j'ai vu qu'il était très intéressé aussi", poursuit Jean T.
Tous deux discutent sur le fameux site "Coco". Jean T. vient le jour même : il fait 2h30 de route depuis Lyon pour se rendre à Mazan. Les faits ont eu lieu en pleine journée, ce qui est "rare" dans ce dossier, souligne le président.
"En rentrant dans la chambre, j'ai vu la femme de dos, je l'ai vu faire l'amour à sa femme, et après, je ne me rappelle plus de ce qu'il s'est passé", assure l'accusé, qui comparaît libre.
Le président lit le descriptif de chaque vidéo. Il relate les pénétrations. On entend Dominique Pelicot insulter son épouse à plusieurs reprises. Jean T. affirme ne se souvenir de rien.
Sur l'intégralité des scènes visionnées, Jean T. ne porte pas de préservatif. "Ca vous était déjà arrivé d'être drogué avec des effets amnésiants ?", l'interroge le président. "Quand j'étais jeune, je prenais ce genre de cachets pour se défoncer un peu la tête", répond-il.
"Est-ce que, sur ces vidéos, vous avez l'apparence d'une personne droguée, dans l'incapacité de contrôler ses faits et gestes ?", poursuit Roger Arata. "Je vois que mon visage est un peu... C'est de la transpiration, je ne sais pas comment on appelle ça", rétorque Jean T.
"Vous avez une érection", pointe le président. "J'ai vu Monsieur pénétrer Madame devant moi, ça m'a donné une érection, je ne sais pas...", dit l'accusé à la barre.
Le président poursuit : "vous pensez que Madame était d'accord pour avoir un rapport sexuel avec vous, et pour tel ou tel type de rapport ? Vous êtes-vous assuré de ce double consentement : celui de la partenaire et celui concernant les différents actes ?".
"Là, aujourd'hui, je sais qu'elle n'était pas d'accord, parce qu'on est poursuivis pour viols. Mais au début, je ne savais pas : Monsieur Pelicot n'a pas expliqué comme ça", dit Jean T.
"Est-ce que c'était à Monsieur Pelicot ou à Madame de s'exprimer avant l'acte ?", interroge Roger Arata. "Dans les relations libertines, en général, c'est les hommes qui parlent, parce que je pense qu'ils sont un peu plus protecteurs", répond l'accusé.
Une assesseure lui demande ce qu'il a prétexté ce jour-là, auprès de sa compagne. "J'ai menti, j'allais pas dire que j'allais rencontrer un couple… J'ai dit que j'allais voir un ami, je ne sais pas", répond l'accusé.
"Donc vous avez fait 2h30 de route pour avoir une relation sexuelle avec la femme d'un homme ?", poursuit la magistrate. "Moi, j'aime bien rouler en voiture…", assure Jean T.
"Vous avez un trou au moment du rapport et vous avez un trou au volant de votre voiture… Vous vous dites immédiatement 'j'ai été drogué'. Pourquoi pas être allé à la police ? Vous refaites 250 km pour rentrer chez vous ?", l'interroge une autre assesseure.
"Ca ne sert à rien d'aller à la police… Pour moi, c'était une mauvaise rencontre, on oublie tout, c'est fini", déclare Jean T., affirmant également avoir redouté "une enquête", qui aurait dévoilé son infidélité auprès de sa compagne.
Stéphane Babonneau, l'avocat de Gisèle Pelicot, l'interroge à son tour : "vous demandez aujourd'hui à la cour de vous acquitter des faits de viol ? De vous déclarer non coupable ?". "Je ne demande rien maître, c'est la justice qui jugera", répond l'intéressé.
"Mais qu'est-ce que vous pensez que la cour devrait faire ? Vous déclarer non coupable ?", insiste l'avocat. "Je ne pense rien. Avant cette mauvaise rencontre avec Monsieur Pelicot, je n'ai jamais eu de problèmes de viol", insiste Jean T.
Il poursuit : "on m'a mis en prison, on m'a libéré, si je suis un violeur, je peux revioler. Si la justice me fait confiance, je respecte son choix. Je suis désolé, je ne suis pas un violeur".
"Vous pouvez comprendre que Madame Pelicot puisse ressentir une souffrance augmentée du fait que vous ne pensez rien du tout de ce que vous avez fait ? Que vous êtes victime, vous même, car vous avez été drogué ?", relance Stéphane Babonneau.
"Je n'ai pas dit ça… On m'interroge Monsieur. Je répond sur comment ça s'est passé", répond-il.
Dominique Pelicot est invité à livrer sa version. "D'abord et avant tout, je regrette les propos que j'ai eu envers mon épouse", déclare le septuagénaire, assis dans son box.
"J'ai eu contact avec ce Monsieur la veille de son arrivée. Il a été décidé qu'il revienne le lendemain, il était parfaitement au courant de ce qui allait se passer", poursuit Dominique Pelicot.
"On s'est garés derrière la maison, on est rentrés, il s'est déshabillé dans la cuisine. Ils savent tous que, s'ils se déshabillent dans la cuisine, c'est pour pouvoir, en cas de réveil de Madame, ne rien laisser traîner dans la chambre, et partir au plus vite", dit-il.
Enfin, conclut Dominique Pelicot, "à aucun moment j'ai offert quoi que ce soit à qui que ce soit, et le coca ne fait pas partie de ce que nous avions à la maison".
"Est-ce que parfois, vous vous mettez en colère ?", demande Béatrice Zavarro, l'avocate de Dominique Pelicot, à Jean T. Elle s'étonne qu'il ne se voit pas indigné en étant incarcéré, alors qu'il prétend avoir été drogué.
Elle dit avoir regardé plusieurs fois les vidéos le concernant. "Je ne vois rien dans vos yeux qui puisse altérer votre discernement", estime-t-elle.
"Pourquoi vous traitez vote femme de salope dans ces vidéos ?", demande l'avocate de Jean T. à Dominique Pelicot. "Pour moi, c'est par moment un compliment pour une femme, mais ce n'est pas mon habitude", rétorque l'homme de 71 ans.
"Les femmes apprécieront votre compliment", répond l'avocate.
On passe à l'interrogatoire de Simoné M. Le président lit les motivations de la chambre d'instruction, qui note que l'accusé de 43 ans assure n'avoir su que le lendemain des faits que Gisèle Pelicot était droguée aux anxiolytiques.
Simoné M. était venu une première fois au domicile du couple à Mazan, quelque temps avant les faits (qui ont eu lieu en novembre 2018) "au prétexte qu'il devait acheter des roues de vélo".
"Il m'a dit : 'un jour, tu verras comment ma femme est belle'. J'ai accepté de venir chez lui. Il me dit : 'si jamais ma femme te questionne, tu diras que tu es venu pour voir mon vélo'. Je n'avais pas d'arrière pensée", assure Simoné M.
"C'était un moment de ma vie où ça se passait mal avec mon ex-femme et je cherchais l'amour, une rencontre, pour pouvoir apaiser tout ça", précise-t-il.
Au moment où il arrive au domicile du couple, il dit s'attendre à ce que Gisèle Pelicot soit "endormie" ou fasse "semblant de dormir", tout en se disant "qu'elle va participer ensuite" aux ébats.
Il assure que Dominique Pelicot ne lui a jamais parlé de médicaments avant les faits. Quant il rentre dans la chambre, la victime est allongée "sur le côté", précise Simoné M. Il dit avoir agi "sur les directives de Monsieur Pelicot".
Le président procède au descriptif très cru des vidéos. "L'état de Madame Pelicot le jour des faits appelle un commentaire particulier ?", interroge-t-il. "Pour moi, elle faisait semblant de dormir en attendant de participer aux actes", estime Simoné M.
"On voit que vous aviez la crainte qu'elle se réveille : n'est-ce pas une évidence du fait qu'il ne faut pas qu'elle se réveille ?" demande le président. "Je n'ai pas eu cette pensée là, car j'étais dans l'optique que c'était un scénario, que c'était un jeu", dit-il.
Simoné M. tient à revenir sur une phrase qu'il a dite, et qui a "beaucoup tourné dans les médias". "J'ai dit : 'un homme a le droit de faire ce qu'il veut avec sa femme', ça veut dire qu'on a tous des jeux sexuels entre couples, c'est ce que je voulais dire", assure-t-il.
Le président lui demande si ça ne l'a pas dérangé de ne pas mettre de préservatif. "J'étais inconscient", répond-il. "Inconscient ou imprudent ?", demande le président. "J'étais inconscient car je n'ai pas pensé à mon ex-femme : j'aurais pu lui filer une maladie", dit l'accusé.
Il affirme que Dominique Pelicot a voulu avoir des relations sexuelles avec sa propre compagne, ce qu'il a refusé, disant que ça l'a mis "en colère". "Ca ne vous pose pas de problème de refuser pour votre femme mais d'accepter de le faire à la sienne ?", demande l'assesseure
"C'était un libertinage, un fantasme, je n'ai pas cherché à comprendre plus loin", justifie Simoné M, précisant : "pour moi, c'était une figure amicale, paternelle, je lui faisais totalement confiance". Les deux hommes se connaissaient bien.
Stéphane Babonneau l'interroge. "Vous mesurez le traumatisme et le choc pour Madame Pelicot en découvrant que vous faisiez partie des agresseurs, alors que vous vous trouviez dans son salon un jour ? Et qu'elle a continué de vous voir ensuite ?", demande l'avocat.
"Oui, oui, je mesure !", affirme Simoné M.
Stéphane Babonneau l'interroge sur la première fois où il est allé à leur domicile. L'accusé a dit aux policiers que Dominique Pelicot lui avait dit de prétexter qu'ils étaient "collègues de sport". "Vous n'avez pas été voir si Madame Pelicot vous plaisait ?", demande l'avocat.
"Non, du tout non", répond l'accusé, assurant que "c'était juste pour le vélo". Gisèle Pelicot lève les yeux au ciel.
"Donc aujourd'hui, vous demandez à être déclaré innocent des faits de viol ?", demande Stéphane Babonneau. "Non, je ne dis pas que je suis innocent, je dis juste que je ne suis pas un violeur", rétorque l'accusé.
Stéphane Babonneau : "est-ce que Madame Pelicot a été victime d'un viol ?"

Lui : "oui, elle a été victime d'un viol, il n'y avait pas de consentement".

L'avocat : "qui pénétrait Madame Pelicot lorsqu'elle était victime de ce viol ?"

Lui : "je ne comprends pas la question"
Stéphane Babonneau : "qui a mis son pénis dans son vagin ?"

Lui : "c'était en premier son mari, puis moi"

Stéphane Babonneau : "vous admettez avoir commis un viol sur Madame Pelicot ?"

Lui : "en toute logique, oui".
Simoné M. assure avoir connu Dominique Pelicot à Mazan, où ils habitaient tous les deux, lorsque ce dernier sortait son chien. "Je le croisais, on discutait énormément", relate-t-il.
"C'est faux", dit Dominique Pelicot, invité à s'exprimer. "On s'est connus avant, sur Coco, sur le salon 'à son insu'. Il a d'emblée été mis au courant de ce que je recherchais. Et en discutant, on s'est rendus compte qu'on était voisins", relate le septuagénaire.
"Vous mesurez le niveau inimaginable de perversion, mais aussi de trahison, que peut ressentir Madame Pelicot ?", l'interroge Stéphane Babonneau. "La seule question qui peut vous être posée, c'est : 'pourquoi ?'", poursuit l'avocat de la partie civile.
"Depuis quatre ans, avec les psychologues, les psychiatres, j'ai mesuré les dégâts que j'ai fait dans ma famille. J'ai trahi sa confiance. Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?", se demande Dominique Pelicot, qui donne l'impression d'être ému.
"En tout homme, il y a un démon", poursuit Dominique Pelicot, citant Bernard de Clairvaux, un abbé cistercien. "Je crois que le mien, c'était mon enfance", analyse-t-il, citant Sartre ensuite, "qui a dit que l'enfance décide".
"La seule chose que j'ai comme regret depuis quatre ans, c'est que j'aurais dû être emporté en 2002 par la maladie", conclut-il.
Gisèle Pelicot a remis ses lunettes de soleil. Elle s'essuie les yeux.
Le président reprend la parole, tentant de comprendre pourquoi il a fait venir l'accusé au préalable à leur domicile. "C'était pour montrer, en quelque sorte, la marchandise, avant qu'elle ne soit consommée ?", interroge-t-il.
"Je n'ai jamais considéré ma femme comme une marchandise, j'ai toujours été très fier d'être à ses côtés. J'ai toujours été ébloui par sa personnalité, j'ai eu envie de la faire reconnaître... C'est quelqu'un de très, très bien", insiste Dominique Pelicot, semblant ému.
"Vous ne répondez pas à ma question", rétorque le président. "Tout le monde a pu considérer que je l'avais vue comme un objet. Le vice, le plaisir, on ne naît pas avec. Je ne sais pas expliquer la vraie raison. La seule chose que je sais, c'est que je l'aie trahie", répond-il.
L'avocat de Simoné M. cherche à montrer que son client était bel et bien persuadé qu'il ne savait pas qu'il commettait un viol. Après ses questions, Béatrice Zavarro, l'avocate de Dominique Pelicot, tente d'apporter une précision.
Le président la coupe et s'agace : "on a sept accusés à entendre aujourd'hui, on n'en a entendu que deux pour l'instant", lâche-t-il. "Il va falloir rationaliser ce temps de travail. Si non, on ne va pas tenir le planning", prévient Roger Arata.
Il est plus de midi, on passe à l'interrogatoire du troisième accusé de la journée : Redouan E., 55 ans, qui était infirmier libéral au moment des faits
"Je plaide non coupable", déclare-t-il d'emblée. Les faits le concernant remontent à juin 2019.
Le président tente de revenir sur la prise de contact de Dominique Pelicot avec lui. "Il faut aller faire parler les scellés maintenant", rétorque Redouan E. Le président tente de revenir au faits, l'accusé ayant une forte tendance à digresser.
"Je n'ai jamais eu connaissance d'un salon 'à son insu'. J'ai vu sur l'ordinateur de Monsieur Pelicot, il y a une exploitation du'n document Excel, il a rarement été dans un salon en réalité...", poursuit Redouan E, qui parle plus du septuagénaire que de lui-même.
Il se recentre. "Le but, c'était de filmer ! C'était pas un détail, c'était le but", insiste-t-il. "Merci, j'apprécie quand vous avez des réponses claires", souligne le président.
Roger Arata résume la version de Redouan E. : "vous pensez assister à une rencontre de triolisme, Madame simule le sommeil, les faits sont filmés".
L'accusé revient sur son arrivée au domicile du couple et sur le moment où il rencontre Dominique Pelicot. "Quand je l'ai vu, j'ai eu le trac de ma vie. Il était tout rouge, il avait un regard terrifiant !", dit-il en pleurant. "Je l'ai vu, j'ai perdu mes moyens…", assure-t-il.
"Vous vous déshabillez en dehors de la chambre ?", interroge le président. "Je ne sais même pas si c'est une véranda, ou une cuisine. Je me déshabille. Je vois une atmosphère morbide !", lance le quinquagénaire.
"Je vois une femme allongée… Je me dis : 'c'est quoi ? Il va me filmer, il va m'impliquer dans un meurtre ? J'étais terrifié !", poursuit-il.
Le président revient au descriptif des vidéos : "on voit une lumière, une dame allongée, en partie dénudée, avec un porte-jarretelles noir, des bas blancs". "Oui, de la lingerie un peu vieillotte, il n'y avait rien de sexy", commente Redouan E.
"Ma volonté à moi, mon intention à moi, dès que j'ai vu Monsieur Pelicot, elle était anéantie !", assure-t-il. "Pourquoi ne pas être parti ?", demande le président. "Je ne voulais pas le frustrer, j'avais peur qu'il dise 'espèce de connard !' Je fais le bon élève", dit Redouan E.
Le président relate ce que les enquêteurs ont transcrit des vidéos, décrivant de multiples actes sexuels sur la victime, de la part de Redouan E. et de Dominique Pelicot.
"Vous avez vu les films ?", demande le président. "Je les ai vus, minutieusement", répond l'homme à la barre. "Les descriptions correspondent ?" interroge Roger Arata. "Certaines oui, certaines non. J'ai des remarques. La première vidéo, ils disent que c'était à 1h58…".
Le président le coupe, indiquant que le débat sur les horodatages des vidéos a déjà eu lieu.
Il revient aux faits. "Je ne vais même pas aller sur le terrain que vous étiez un soignant", dit le président. "Mais est-ce qu'il n'y a pas une réflexion à avoir sur le comportement de deux personnes qui ne veulent surtout pas la réveiller ?", demande-t-il.
Il répond : "il ne faut pas communiquer avec elle, pas tisser de liens, faut que ça reste dans le cadre sexuel, il ne faut pas essayer d'aller plus loin".
Une assesseure l'interroge sur ce que lui a dit ou pas dit Dominique Pelicot. "Lorsque vous êtes dans la chambre, vous ne savez pas qu'elle était droguée ?", demande-t-elle. "J'ai imaginé qu'elle était morte, j'imaginais tout, sauf qu'elle soit droguée !", répond l'homme.
"Pourtant, vous avez une expérience d'infirmier anesthésiste, en bloc opératoire. Vous n'avez pas vu ça ?", insiste la magistrate.
"J'ai vu un réflexe, en répondant à des caresses… J'ai vu un mouvement bien coordonné, où elle se grattait précisément là", dit-il en montrant son menton. "Quelqu'un de drogué, dans le coma, va manquer de coordination", insiste-t-il.
Il assure que certains de coaccusés ont dû avoir "une amnésie traumatique" à cause de la peur qu'ils auraient ressenti face à Dominique Pelicot, "mais ils ne sont pas conscients de ça", dit-il. C'est inaudible. Gisèle Pelicot fait non de la tête. Ses avocats soufflent.
Stéphane Babonneau l'interroge sur l'état d'inconscience de Gisèle Pelicot, et lui demande comment, au regard de sa profession, il a pu ne pas déceler ça.
"Un infirmier, ce n'est pas un médecin anesthésiste, c'est un paramédical, c'est pas un médical", souligne Redouan E. "Un être humain qui fait semblant de dormir, on ne peut pas constater s'il dort réellement ! Il faut un examen clinique, avec l'échelle de Glasgow", lance-t-il.
Le ton monte, l'accusé assure ne jamais avoir imposé de fellation à la victime, malgré les vidéos qui montrent le contraire. "J'ai rien imposé ! C'est Pelicot qui l'a imposé à la dame !", s'indigne-t-il.
Le président suspend l'audience, dans ce moment de tension... Les questions reprendront à 14 heures. LT à suivre pour @franceinfo
@franceinfo L'audience a repris. On continue l'interrogatoire de Redouan E., toujours aussi remonté. "A ma sortie de prison, j'ai demandé une audition au juge d'instruction, j'ai demandé d'enquêter autour de ce couple", déclare-t-il.
@franceinfo Il dit avoir découvert des informations "troublantes". "Le numéro de téléphone personnel de Madame Gisèle, quand je l'ai mis sur l'annuaire Skype, ça m'a renvoyé sur le compte de Marc Dorian", soit, selon lui, le compte de Dominique Pelicot sur Skype.
@franceinfo "Malgré ça, il n'y pas d'enquête. Ils sont surendettés d'une façon très importante. Est-ce que leurs difficultés financières ont un lien avec cette affaire ? Personne n'a enquêté sur les comptes de Monsieur ou Madame", ose Redouan E.
@franceinfo "Aucune enquête n'a été faite sur ce couple, je me suis permis de faire cette petite enquête. Madame Gisèle dit ne pas être sur les réseaux sociaux, mais j'ai trouvé un compte Instagram, je l'ai trouvée sur WhatsApp, sur Facebook...", énumère-t-il.
@franceinfo Et de conclure : "la version de Pelicot, comme par hasard, c'est la version de la victime. C'est le seul procès où la version de la victime, c'est la version de l'accusé ! J'ai dit à l'instruction : il faut enquêter autour de tout le monde".
"Vous pensez qu'il y a une face cachée chez Madame Pelicot ?", résume l'avocat général. "Sa parole est sacrée ? On n'a jamais cherché ce qu'il y a comme preuves sur son portable. On doit être traités à égalité. Et l'évidence peut amener à l'erreur judiciaire", dit-il sans ciller.
Dominique Pelicot est invité à réagir. "Est-ce que je dois répondre à ce que je viens d'entendre ?", fait-il mine d'interroger, blasé. Il enchaîne : "je n'ai pas vu de torpeur dans ses yeux, il ne s'est pas sauvé en courant. Ce n'était pas quelqu'un d'apeuré", assure-t-il.
"Quand on n'arrive pas à sortir de son mensonge, on essaye d'attaquer la vie des gens. Qu'il m'attaque moi, passe encore. Mais qu'il attaque ma famille, qu'il attaque ma femme : c'est indigne", estime le septuagénaire, assis dans son box.
Béatrice Zavarro, l'avocate de Dominique Pelicot, interroge Redouan E. sur la terreur que son client aurait inspiré chez lui. "Quand la brebis est terrifiée, le loup saute à la gorge", décrit-il. Sur le banc des parties civiles, Gisèle Pelicot essaye de réprimer un fou rire.
Après cette interrogatoire pour le moins animé, on passé à celui du quatrième accusé de la journée : Thierry Po., 61 ans, qui comparaît détenu.
Comme la majorité des accusés, il nie l'intentionnalité des faits de viols qui lui sont reprochés. "Vous reconnaissez que vous n'avez pas demandé son consentement mais vous n'aviez pas l'intention de le faire, c'est ça ?", demande le président.
Avant de se reprendre. "Je vais reformuler la question : vous estimez avoir violé Gisèle Pelicot ?", demande-t-il. "Non", répond Thierry Po.
"Vous reconnaissez la détention d'images à caractère pédopornographique ?", l'interroge également le président. "Oui", répond Thierry Po. Au total, 650 photos et plus de 400 vidéos ont été retrouvées sur son ordinateur et une clef USB lui appartenant.
On revient sur les faits, qui remontent, dans le cas de Thierry Po., à la nuit du 21 au 22 août 2020. "Dans les premiers échanges que j'ai avec Monsieur Pelicot, je suis censé rencontrer un couple qui cherche un homme", explique cet adepte de libertinage.
"Il me dit d'abord : 'ça ne pourra peut-être pas se faire aujourd'hui, car ma femme a une opération dentaire'. Je dis : 'ok pas de soucis' et quelques jours après, il me rappelle et me dit : 'elle va mieux, tu peux venir nous voir, on fera une partie libertine'", relate-t-il.
"Est-ce qu'elle va dormir ou pas ?" demande le président. "Je n'en ai aucune idée", assure-t-il. "Donc ça pourrait être une rencontre tout à fait normale, avec une dame debout, qui vous accueille avec son mari ?", résume Roger Arata. Thierry Po. acquiesce.
Quand il arrive, "Madame Pelicot est allongée sur le lit, nue, les yeux bandés", décrit l'accusé depuis son box. A ce moment-là, Dominique Pelicot lui aurait dit : "mets toi derrière elle, vas-y tu peux la pénétrer", rapporte Thierry Po.
"Comment est sa peau ?", demande le président. "Normale, chaude, elle n'est pas morte quoi", dit-il.
Il poursuit : "Monsieur Pelicot la tourne, la bouge... Quand il y a un corps mort, on voit que la personne est quand même déficiente, tandis que là, elle se tourne normalement".
"A mon arrivée dans la chambre, je ne savais pas à quoi je m'attendais et je m'aperçois qu'elle est quand même affaiblie, qu'elle dort", raconte Thierry Po.
"Je me dis : 'elle va se réveiller'. On est sur le délire de la somnophilie, bon, pourquoi pas, c'est leur truc à eux. C'est pas mon truc spécialement, mais je suis là… Donc je continue un peu, toujours dans l'espoir que Madame Pelicot se réveille", poursuit-il.
"Je me dis : 'mais est-ce qu'elle va se réveiller ?' J'espère que oui. Et je vois qu'elle n'est vraiment pas bien. Monsieur Pelicot lui impose une fellation et je me dis : 'pétard, elle dort bien'. Elle a dû prendre des médicaments pour se soulager", ajoute-t-il.
Gisèle Pelicot avait été soignée pour un mal de dents peu de temps avant.
"En terme de satisfaction, vous faites partie de ceux qui sont allés jusqu'au bout de la démarche, si vous voyez ce que je veux dire", observe le président.
Une assesseure rappelle qu'on a retrouvé un échange de messages explicites entre lui et Dominique Pelicot. "Je viens de la shooter, prévois de venir cette nuit vers 3h. Si c'est ok avant je te dirai", lui a écrit ce dernier.
Réponse de Thierry Po. : "ok je serai là pour 1h alors. Mais je ne comprends pas, car si elle a pris médocs, 1h après elle est complètement endormie. Je saisis pas pourquoi attendre 4h après ?".
Antoine Camus, l'un des avocats de Gisèle Pelicot, lui demande : "c'est sur le site Coco que vous vous êtes procuré cette quantité astronomique d'images pédopornographiques ?". "Malheureusement oui", répond l'accusé.
L'avocat poursuit : "vous ne saviez pas que Madame Pelicot venait de se faire poser des implants dentaires ?". "Je ne savais pas quelle était la nature de l'opération dentaire", précise Thierry Po.
C'est maintenant l'avocat général qui l'interroge. "Je voudrais revenir sur la détention d'images pédopornographiques. Vous avez indiqué que c'était à titre de curiosité que vous aviez ses images en votre possession", relève le magistrat.
"Oui. Sur Coco, il y a une multitude de contacts qui se font passer pour ce qu'ils ne sont pas. Certaines photos ont pu m'exciter, effectivement. A force de recevoir des choses comme ça, c'est vrai que j'en ai retenu quelques-unes", tente-t-il de justifier.
"C'est un peu plus que ça : on a retrouvé 656 photos et 456 vidéos pédopornographiques", souligne l'avocat général.
Le magistrat l'interroge sur un échange à caractère pédopornograhique, extrêmement scabreux, retrouvé entre lui et un autre homme. Ils évoquent la possibilité que cet homme lui livre sa propre petite fille, pour l'agresser sexuellement.
"En cam, c'est bien, mais le but est de faire des rencontres réelles", dit Thierry Po. à son interlocuteur, dans cet échange accablant.
L'avocat général estime que cette conversation en ligne montre qu'il ne s'agit pas seulement d'une "simple curiosité" de la part de Thierry Po.
"Je comprends que vous le ressentiez comme ça. En vérité, c'est un aparté dans ma vie de tous les jours. Quand je suis sur Coco, et sur Internet, je n'ai pas cette notion de penser que ce qu'on écrit derrière un écran est réel", répond l'intéressé.
On passe maintenant à l'interrogatoire du cinquième accusé de la journée : Jérôme V., 46 ans, qui a parlé hier de "son addiction sexuelle". Il est venu six fois au domicile du couple, entre mars et juin 2020. francetvinfo.fr/faits-divers/a…
Il reconnaît les faits, contrairement à ses quatre prédécesseurs de la journée. "Qu'est-ce qui émane du contact avec Dominique Pelicot ? Il est explicite ?", demande le président. "A mes yeux, il est relativement assez clair", estime Jérôme V.
Il précise toutefois que le septuagénaire "minimisait un peu la façon dont Madame Pelicot était sédatée, car il précisait qu'elle prenait des somnifères au quotidien mais que le soir des viols, il montait la dose".
"Parmi les exigences, Monsieur Pelicot fait comprendre que si c'est pour venir un quart d'heure et repartir dans la foulée, ça ne l'intéresse pas", note Jérôme V. "Il ne demandait ni test, ni préservatif", ajoute-t-il.
"Je suis accueilli par Monsieur Pelicot, en tenue ou légère ou déjà nu, je ne sais plus. Il craint que je puisse avoir un virus, car nous sommes en période de Covid, donc il me demande de me laver les mains", détaille le quarantenaire.
"Je vois Madame Pelicot qui gît sur le lit. Je n'en mène pas large, mais je comprends le caractère immoral et illégal", poursuit Jérôme V.
"La situation est déstabilisante au départ. Une fois que je suis là, il me dit : 'par contre, c'est sans préservatif, et je vais prendre des photos et des vidéos'. La raison n'a pas pris le dessus et j'ai enchaîné", reconnaît l'accusé depuis son box.
"Est-ce que dans cette démarche de reconnaissance totale, vous avez eu des difficultés avec d'autres accusés ?", lui demande le président.
"Non, je n'ai pas eu de pressions particulières. De toute façon, en y étant allé six fois, il était difficilement envisageable de se positionner autrement", estime-t-il.
Une assesseure l'interroge sur les pinces placées sur le corps de la victime, visibles sur une vidéo. "C'est Dominique Pelicot qui la met en scène ?", demande-t-elle. "Quand j'arrive, elle est déjà en petite tenue, pareil pour tout ce qui est pinces, ou autre gadgets", dit-il.
Une assesseure lui demande ce qui l'a finalement arrêté. "Pourquoi ne pas y être allé une septième, une huitième fois ?", interroge-t-elle.
"Plus on avançait, plus ça se passait mal en terme de sédation et tout l'été suivant, je n'allais pas être disponible. J'essayais de m'extraire de lui. Heureusement qu'il ne m'a pas recontacté, car je ne sais pas si j'aurais été en capacité de lui dire non", répond-il.
"Vous êtes assez désarmant de sincérité dans vos explications très détaillées, jusqu'à expliquer hier ce qui avait pu vous attirer dans les faits," observe Antoine Camus, l'un des avocats de Gisèle Pelicot.
L'avocat tente ensuite de savoir à quel point le site Coco était fréquenté, et si Dominique Pelicot était connu sur cette plateforme, désormais fermée, comme @franceinfo le rappelle ici 👇🏽francetvinfo.fr/faits-divers/l…
@franceinfo "C'est vrai qu'on ne trouvait pas des milliers de personnes", dit Jérôme V. Il essaye de se souvenir combien il pouvait y avoir de personnes qui fréquentaient la plateforme dans le Vaucluse. "Peut-être une dizaine de femmes, jusqu'à trente les samedis soirs", évalue-t-il.
@franceinfo Il souhaite apporter une précision sur Dominique Pelicot. Celui-ci a, à plusieurs reprises, proposé à des hommes de venir voir son épouse discrètement, chez lui ou dans des lieux publics, avant de passer à l'acte.
@franceinfo "L'intérêt de Monsieur était que sa femme puisse se retrouver face à ses violeurs et ses futurs violeurs, sans qu'elle puisse le savoir : ça l'excitait", souligne Jérôme V.
@franceinfo L'intéressé dément et égratigne Jérôme V. "Il donne l'impression d'un oiseau qui tombe du nid mais en fait, il est assez redoutable : il est venu six fois, donc il ne peut pas dire qu'il ne savait pas", pointe le septuagénaire.
@franceinfo "Il a toujours dit que son péché mignon, c'était la sodomie et qu'il allait me le prouver. Il a pris du plaisir à chaque fois. Il m'a dit : 'je veux être seul avec elle', mais je n'ai jamais laissé ma femme dans une pièce. Il est plus redoutable qu'il n'y paraît ", insiste-t-il.
L'audience est suspendue quelques instants. Elle reprendra avec les deux derniers interrogatoires du groupe d'accusés de cette semaine (sept au total). LT à suivre pour @franceinfo
L'audience reprend avec le sixième interrogatoire : celui d'Adrien L., 34 ans, pour des faits remontant à mars 2014. Son profil détonne avec celui de ses coaccusés, comme je l'ai relaté dans cet article : francetvinfo.fr/faits-divers/a…
Il assure ne pas avoir rencontré Dominique Pelicot sur le salon 'à son insu'. "Je ne ne suis jamais allé sur les salons, j'ai n'ai fait que les tchats", déclare-t-il depuis le box. Il avait 23 ans à l'époque des faits.
Adrien L. pense que les faits ont eu lieu en 2013, "une année très compliquée pour moi", dit-il. "C'est là que j'ai fait le plus de recherches sur des sites Internet", précise-t-il.
Le président souligne qu'il avait pourtant "du succès" à l'époque, qu'il avait eu "plusieurs compagnes". "C'est des années où j'étais un peu perdu : j'avais l'intention de me faire du mal, je n'avais plus d'estime de moi, j'étais parti pour m'autodétruire", analyse Adrien L.
Il présente ses excuses à la victime. "Je suis vraiment désolé pour Madame Pelicot qui vit tout ça, ça pourrait être une personne de ma famille", dit-il.
Il revient sur le jour de sa venue, après des échanges avec Dominique Pelicot sur le site Coco. "Je discute avec une personne le matin, à midi j'y vais. Il me met en confiance rapidement, c'est une personne plus âgée que moi", souligne le trentenaire calmement.
Sur les vidéos le concernant, les enquêteurs observent "une tentative de pénétration pénienne et une pénétration buccale", décrit le président.
Roger Arata a devant lui une photo des faits. Il constate qu'"il n'y a pas de tonicité dans le visage" de la victime et demande à l'accusé s'il s'est rendu compte qu'elle dormait.
"Quand les enquêteurs sont venus me chercher, j'étais en prison, ils m'ont dit : 'vous connaissez Monsieur Pelicot ?' J'ai dit : 'je le connais de la prison'. J'ai eu des souvenirs mais je ne me rappelle pas avec les années", dit-il, précisant toutefois ne pas avoir été drogué.
A l'époque, les policiers l'interrogent en juin 2021 et Adrien L. est incarcéré au centre pénitentiaire du Pontet, près d'Avignon, depuis octobre 2020, pour d'autres faits. Il aurait passé une quinzaine de jours avec Dominique Pelicot pendant cette période.
"A l'époque, je ne me suis pas posé plus de questions que ça. Je n'avais pas à l'idée qu'un mari pouvait violer une dame", estime-t-il.
"Vous étiez sous influence ?", demande le président. "Influence non, confiance oui. Il m'a mis à l'aise dès le début, il était directif, donc je me concentrais sur les directions qu'il me donnait", explique Adrien L.
Stéphane Babonneau s'étonne qu'il ne se soit pas souvenu de Dominique Pelicot lorsqu'il était incarcéré avec lui. "Je pense qu'on se rappelle plus des moments glorieux que de ceux qui ne le sont pas. Et je ne suis pas resté longtemps : 10/15 minutes", estime le trentenaire.
Dominique Pelicot, lui, se "souvient bien de ce garçon". "C'est la veille qu'on a pris contact, il est venu entre midi et deux, pantalon baissé et chemisier ouvert. Il est venu avec un préservatif, il avait la teneur des obligations : être discret, pas brutal", précise-t-il.
Béatrice Zavarro, l'avocate de Dominique Pelicot, relève qu'Adrien L. avait la mention "mon pire ennemi c'est moi", tatoué sur lui. "On est le pire ennemi de chacun : si je suis dans cette situation aujourd'hui, c'est moi qui m'y suis mis", analyse l'intéressé.
Adrien L. relate un souvenir en détention avec "Dominique". "Il m'a beaucoup parlé de sa famille", dit-il, citant une anecdote sur les pubs de cartouches Toner. "Chaque fois que je faisais 'coin coin' (comme dans la pub) il pleurait, car c'était ce que son épouse faisait".
On passe au dernier interrogatoire de la journée : celui de Thierry Pa., 54 ans, le septième accusé entendu par la cour criminelle du Vaucluse. Il ne reconnaît pas les faits.
"Vous n'avez pas été averti quelle dormirait ? Qu'elle serait sous somnifères ?", interroge le président. "Si, il m'a averti. Il m'a donné un verre de whisky coca et m'a dit : 'je vais voir si elle dort'. Et je me suis dit : 'pourquoi elle dort ?'", relate-t-il.
Le président : "ça ne vous surprend pas ?"

Thierry Pa. : "si mais bon, il me dit que c'est un jeu entre eux, je n'ai pas percuté à l'époque".

Le président : "bon".
"Il m'a fait me déshabiller sur la terrasse", poursuit Thierry Pa. "Ca ne vous a pas paru bizarre ?", demande le président. "Non, j'étais alcoolisé, j'avais ma dépression… Je n'ai pas percuté", explique l'accusé à la barre.
Il assure avoir pensé que Gisèle Pelicot prenait des somnifères de son propre gré. "J'étais alcoolisé, dans une dépression, j'ai fait n'importe quoi. Je ne me suis pas posé de questions, j'ai suivi ce qu'il a dit", déclare le quinquagénaire.
Thierry Pa. soutient ne pas avoir eu "l'intention" de violer. "Je ne suis pas parti de chez moi en disant : 'tiens, ce soir, je vais violer quelqu'un'", affirme l'homme.
Le président : "vous n'avez pas réfléchi avant. Mais, sur le moment, vous vous trouvez confronté à une situation, à une femme qui dort".

Thierry Pa. : "oui, moi je trouvais ça bizarre, j'étais sous l'emprise de Monsieur Pelicot, mon alcoolisation, j'étais bien dépressif…".
"Vous étiez dépossédé de votre capacité de raisonnement ?", demande le président. "Comme je vous dis, je ne connaissais pas cette pratique. J'ai eu une femme. A 30 ans, j'ai eu une maitresse. Mais pourquoi pas, si leur truc c'est ça", expose-t-il.
Stéphane Babonneau, avocat de Gisèle Pelicot : "est-ce que vous considérez qu'elle a été violée ?". Réponse de Thierry Pa. : "non, je n'ai jamais eu l'intention".
"D'accord, donc elle n'a pas été violée ce soir-là. Donc vous dites - la victime est derrière moi - que quand vous l'avez pénétré, elle n'a pas été violée", insiste l'avocat. "Je n'avais pas l'intention", rétorque l'accusé.
"S'il vous avait dit qu'elle serait endormie, voire droguée, vous y seriez allé ?", lui demande son avocate. "Non, jamais de la vie", assure-t-il. "Vous considérez avoir été manipulé ?", poursuit-elle. "Oui, absolument", dit-il.
L'audience est suspendue après une journée particulièrement dense : on aura entendu les interrogatoires de sept accusés, entre 9h et 19h30. Un compte-rendu sera publié demain, sur le site de @franceinfo Merci pour votre suivi.

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