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Oct 4, 2024 118 tweets 16 min read Read on X
Bonjour à tous ! Vendredi 4 octobre, 22e journée d’audience au procès des viols de #Mazan. 👉🏼 Ce matin a lieu un débat sur la diffusion des vidéos des accusés (et notamment : la possibilité qu’elles puissent être vues par les journalistes). LT à suivre pour @franceinfo
Des collages ont été repérés dans les rues d’Avignon, manifestant leur opposition au huis clos partiel pour la diffusion des vidéos. Image
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L'audience est ouverte. Le président annonce que la cour tranchera les conclusions déposées par la partie civile concernant le visionnage des vidéos : il lui "défère" ses pouvoirs, dans le cadre de l'incident soulevé par la partie civile.
"La partie civile a souhaité saisir votre cour d'un incident contentieux qui porte sur la décision qui a été prise par le président selon laquelle le visionnage des vidéos serait effectué en dehors de tout public", déclare Stéphane Babonneau, l'avocat de Gisèle Pelicot.
"Le débat dans lequel la défense essaye aujourd'hui d'inviter la cour est un débat d'arrière, garde tranché il y a 40 ans", assure Stéphane Babonneau en préambule. Il fait référence à des débats parlementaires ayant eu lieu autour de l'article 306 du code de procédure pénale.
"Dans un procès pour viol, la victime a toujours à se justifier, alors qu'elle demande à exercer un droit simple, clair, ancien. Si la défense souhaite que ces débats se tiennent à huis clos, c'est parce qu'elle a un sentiment de méfiance", poursuit l'avocat.
Si la victime demande de lever le huis clos, "ce n'est pas pour assouvir une volonté de 'vengeance' envers les accusés, ce terme a été prononcé dans cette salle d'audience, vieille rengaine que toutes les victimes de viols ont à combattre", souligne Stéphane Babonneau.
"Si Gisèle Pelicot souhaite que les débats soient publics, ce n'est pas non plus parce qu'elle voudrait assouvir un penchant exhibitionniste, qu'elle n'assumerait pas", ajoute-t-il, en référence à l'audience du 18 septembre, relatée ici 👇🏽 francetvinfo.fr/faits-divers/a…
"La question qui se pose est : pourquoi reste-t-elle aussi inflexible sur ce point ? Pourquoi se bat-elle pour s'infliger cette dose supplémentaire de poison psychologique, après dix ans de poison physique ?", interroge Stéphane Babonneau.
Il cite un réponse que donnait Gisèle Halimi "il y a 47 ans", précise l'avocat : "une femme violée, c'est une femme cassée, une femme éclatée, c'est une femme qui ne s'en remettra, à mon sens, jamais", déclarait l'avocate.
"Et quand elle se bat, elle a véritablement un courage parce qu'elle sait que ce n'est pas pour elle. (...) Qu'elle le fait pour que les autres femmes ne passent pas par les épreuves qu'elle a subies", disait Gisèle Halimi, citée à la barre par Stéphane Babonneau.
"Cette phrase était prononcée il y a 47 ans. Aujourd'hui, Gisèle Pelicot dit : 'c'est trop tard, le mal est fait' : des viols par plus de 60 hommes ont été commis chez elle, dans son lit, droguée", rappelle son avocat.
"Mais si cette publicité permet de changer, de faire en sorte que d'autres femmes n'auraient pas à passer par là, cette souffrance qu'elle s'inflige tous les jours aura un sens", assure Stéphane Babonneau.
"Il ne sera pas dit qu'elle aura laissé dire, dans cette salle d'audience, que le viol est tellement choquant, tellement indigne, qu'en 2024, la société n'est toujours pas prête à le regarder droit dans les yeux et qu'il ne peut se traiter que portes closes", ajoute l'avocat.
"Gisèle Pelicot, comme nous-même, croyons que la décision que nous demandons à le pouvoir de contribuer à changer les choses, parce que c’est aussi dans les prétoires que se forge progressivement l’histoire", conclut Stéphane Babonneau. #Mazan
C'est maintenant son confrère, Antoine Camus, qui prend la parole. "Dans ce dossier, depuis quatre ans, les faits doivent être justifiés, au gré des suspicions", déclare-t-il.
"Gisèle Pelicot a dû se justifier de ne pas être suffisamment dans la haine vis-à-vis de son ex-époux, de ne pas être suffisamment détruite, car cela paraissait suspect", poursuit Antoine Camus.
"Évacuer la salle à chaque instant que des vidéos de viols sont diffusées, ce n'est pas seulement un huis clos partiel : il porte sur l'objet même des débats", souligne-t-il.
"Les débats ont été circonscrits par la défense elle-même, qui a fait le choix d'une ligne de défense précise. Il y en avait d'autres", estime Antoine Camus.
"La grande majorité des accusés dans cette salle plaide une ligne de défense qui est celle de la perception : la perception qu'ils n'ont pas eu de commettre un viol le jour des faits", poursuit-il.
"Soit parce qu'ils pensaient qu'elle dormait et allait se réveiller. Ils se sont rendu compte bien trop tard qu'elle ne dormait pas ou qu'elle faisait semblant de dormir. Tel ou tel était trop alcoolisé ou sous l'empire d'une drogue, qui aurait altéré sa perception", relate-t-il.
"La perception, c'est subjectif : tout le monde peut en avoir une différente, pour une même scène. Elle mobilise les cinq sens et notre histoire, notre vécu, notre expérience. Une perception, ça clôt le débat", analyse Antoine Camus.
"Mais on doit débattre de la crédibilité de la perception rapportée par les accusés qui n'ont pas eu la perception de commettre un viol", insiste l'avocat de la partie civile.
"Dans la plupart des dossiers de viol, c'est parole contre parole. Ici, il n'y a que la parole des accusés, et pas celle de Gisèle Pelicot. Elle ne peut pas restituer sa propre perception de la scène de crime, c'est une des spécificités de ce dossier", relève Antoine Camus.
Il y a, en revanche, "les PV d'exploitation", note l'avocat, "qui fournissent une description clinique et à froid, d'un officier de police judiciaire. Ce n'est que la perception d'un officier de police judiciaire, et il se trouve qu'on a la vidéo de la scène de crime".
"Même un accusé a dit lui-même hier : 'ma parole ne vaut rien, il est temps qu'on les regarde ces vidéos'. Et comment peut-on dire : 'une fois qu'on en a vu une, on les a toutes vues ?'", interroge le conseil de Gisèle Pelicot, en référence à certains propos de la défense.
"Il y a ce que l'on voit, ce que l'on entend : les ronflements, les chuchotements. Et ce qui ne se voit pas, ce qu'on n'entend pas : des menaces, rapportées par certains", décrit l'avocat.
"Bien sûr, elles ne sont pas parfaites : elles sont séquencées, avec une horodatation qui peut être sujette à débats", reconnaît-il.
"Mais on a du son, de l'image, qui font s'écrouler la thèse d'un viol accidentel, d'un viol par inattention, par imprudence. Ce qu'elles montrent à voir, c'est un viol par opportunité", estime Antoine Camus. #Mazan
"Au-delà des viols subis, il est question d'avilir, d'humilier, de salir, il est en réalité question de haine de la femme", insiste-t-il.
"Ce n'est visionnées dans leur masse, et seulement dans leur masse, que l'on mesurera la contribution de chacun à sa petite échelle à cette monstruosité qui a duré dix ans pour Gisèle Pelicot. A cette banalité du mal, cette banalité du viol", déclare l'avocat de la victime.
"La défense plaide avec acharnement contre la publicité et pour le huis clos. Pour sauver la face, pour pouvoir dire, une fois le public revenu dans la salle : 'vous savez, ce n'est pas si clair que ça, nous on les a vues les vidéos'", estime Antoine Camus.
"Elle parle au nom de la partie civile, qu'il faudrait protéger d'elle-même. Au nom de la presse, qui se plaindrait d'être prise en otage : mais de qui se moque-t-on ?", questionne l'avocat.
"J'aurai un dernier mot pour un argument étrange, qui dit qu'il faudrait faire sortir le public parce que celui-ci, avec la presse, serait partisan, et que la défense ne pourrait se déployer pleinement, sauf à embraser les réseaux sociaux", relate-t-il.
"Mais quelle est cette défense qui ne s'assume pas, au point de vouloir se déployer portes closes ?", interroge Antoine Camus. #Mazan
L'avocate générale précise à son tour que "le ministère public se déclare favorable à la publicité totale des débats, y compris lors de la diffusion des vidéos de scènes de viols subies par Gisèle Pelicot".
En résumé, l'avocate générale souligne que l'on a, auparavant, "évacué la salle audience que dans des cas très particuliers, liés non pas au contenus, mais aux comportements de certaines personnes dans la salle". "Nous ne sommes présentement pas dans ce cas de figure", dit-elle.
Patrick Gontard, un avocat de la défense, prend rapidement la parole, et dit ne pas s'opposer à la diffusion des vidéos, d'autant, souligne-t-il, que le président "a rendu un arrêt en faveur de la publicité des débats".
Mais d'autres, côté défense, n'ont pas le même avis. Paul-Ronger Gontard interroge la cour : "est-ce que le visionnage de ces vidéos est utile à la manifestation de la vérité ?".
Il estime que celle-ci a déjà "les éléments suffisants pour tirer la pleine et entière perception de la culpabilité de chacun" et évoque "la nécessité de ne pas allonger inutilement les débats".
Il rappelle que, selon l'article 309 du code de procédure pénale, le président a les clefs "de la police de l'audience, de la garantie de la dignité et la limitation de l'accès à la salle audience".
"Après-guerre, les micros étaient présents dans la salle d'audience. Deux circulaires ont été prises en 1949 et 1953 pour inciter le président à écarter ces micros", rapporte Paul-Ronger Gontard. #Mazan
"Il a fallu le procès de Gaston Dominici pour que soit prise la décision d'interdire l'enregistrement des débats. C'était attentatoire à la liberté d'informer ? Bien évidemment que non", estime-t-il.
"Je fais confiance en les médias pour se saisir de la qualité de nos débats : de l'échange sur les pièces posées, sur les interrogatoires, les témoins, les experts", assure l'avocat de la défense.
"Mais venir réclamer, par le truchement de la partie civile, d'avoir accès aux faits, non aux faits judiciaires, mais aux faits initiaux, cela réclame que d'autres soient en situation de juger", analyse-t-il.
"Nous n'avons pas à passer d'un tribunal populaire, rendu au nom du peuple français, vers un tribunal de la foule. Ce qui vous est demandé, c'est de faire de nouveau siéger sur ces bancs des tripoteuses", estime Paul-Ronger Gontard.
"Le peuple venait au premier rang s'assurer que la bonne justice soit rendue : ce n'était pas le peuple, c'était déjà la foule. Vous avez la responsabilité de vous interroger sur la portée de la décision de la partie civile", poursuit-il.
"Il y a des tempéraments, prévus au principe de ces débats ouverts à tous. Nous faisons, il est vrai, parfois l'histoire dans les prétoires : est-ce que cette histoire nous la construisons, ou nous la détruisons ?", interroge Paul-Ronger Gontard en conclusion de sa plaidoirie.
Son confrère, Olivier Lantelme, s'avance à son tour à la barre. Il estime que le débat "transcende l'enceinte de cette salle d'audience". "Il faudrait que la partie civile devienne omniprésente", regrette l'avocat de la défense.
"Progressivement, la victime devient l'âme du procès pénal", estime l'avocat. "Mais la justice nécessite distance et impartialité pour constituer un rempart contre l'erreur judiciaire", insiste-t-il. #Mazan
Olivier Lantelme dénonce "le glissement victimaire actuel de la justice pénale", estimant que "le procès s'est déporté sur les épaules des victimes, au risque de leur instrumentalisation".
"Cette salle n'est pas un lieu de deuil, pas un cabinet de thérapie, pas plus qu'elle n'est une tribune médiatico-politique. Attention à ne pas dénaturer notre justice", prévient l'avocat de la défense.
"J'entends cette phrase : 'il faut que la honte change de camp'. Mais la honte est dans la bouche de l'homme dont j'assure la défense. Que savez-vous de cet homme, vous qui vous emballez ? De la mécanique criminelle dans laquelle il s'est retrouvé englué ?", interroge-t-il.
"Je n'ai pas aimé cette hystérie collective qui s'abreuve de sang, à la couleur du sperme" lance-t-il, dénonçant le "harcèlement" des accusés et "parfois même de leurs enfants". "Tous sont sacrifiés sur l'autel du populisme", regrette Olivier Lantelme.
Il cite longuement des propos de Gisèle Pelicot, tenus devant la juge d'instruction, après la publication des premiers articles sur l'affaire. Elle disait alors avoir "très mal vécu" la médiatisation et la sortie du livre de sa fille.
"Vous voulez tout montrer à tous, sans limites, pour satisfaire quoi ? A quel prix ?", demande-t-il, à l'attention de la partie civile.
"Vous voulez des procès filmés, comme de l'autre côté de l'Atlantique ? C'est ça qu'on veut ? Le tout montré, le tout tweet ?", questionne encore Olivier Lantelme.
Il relate des propos de journalistes pour montrer le choc que la profession aurait subi, selon lui, en voyant les vidéos. "C'est très éprouvant", "on a passé un cap", "se protéger demande beaucoup d'énergie", cite-t-il pêle-mêle.
On entend enfin Nadia El Bouroumi, avocate de la défense elle aussi. "Il faudrait la publicité, car au moins la défense se taira. Si elle intervient, ce sera relayé, ce sera déformé", dit-elle, évoquant son "bad buzz". @franceinfo en parlait ici👇🏽francetvinfo.fr/faits-divers/a…
@franceinfo "La cour d'assise juge des accusés ! Ont-il le droit à une défense ?", demande-t-elle en haussant fortement la voix. "A-t-on le droit de poser des questions, sans que l'on dise que les droits de la partie civile sont menacés ?", interroge l'avocate, très remontée. #Mazan
@franceinfo "Nous avons le droit au procès équitable ! C'est la possibilité pour nous de pouvoir parler, poser des questions, sans qu'on nous rappelle à l'ordre en disant : 'c'est une partie civile !', décrit-elle.
@franceinfo "On a le droit de ne pas être taxés de violeurs ! De garants de violeurs ! On a été menacés, humiliés, insultés, les propos sont déformés !", s'insurge Nadia El Bouroumi.
@franceinfo "Moi quand on me chauffe, ça me chauffe encore plus : ça ne m'atteint pas !", assure-t-elle à la barre.
@franceinfo "Mes clients m'ont appelé en me disant : 'maître, vous serez toujours notre avocat ?' Ils ont choisi une défense qui est la leur", poursuit l'avocate.
@franceinfo "Madame Pelicot est victime, c'est n'est pas discutable ! Mais est-ce que ces accusés étaient en mesure de le comprendre ?", interroge-t-elle.
"Le droit au procès équitable, c'est l'égalité des armes ! Nous n'avons pas l'égalité des armes : les faits sont horribles, retranscrits à la seconde !", déplore Nadia El Bouroumi.
"Je fais un appel, Monsieur le président : ça fait un mois que nous sommes humiliés. Mon confrère a eu le malheur de dire 'il y a viol et viol'. Il peut y avoir des propos maladroits sans que l'on devienne une personne à éliminer !", estime l'avocate de la défense.
"Nous sommes dans une situation de dictature médiatique !", lance-t-elle. "Je vous le dis : je suis très courageuse, mais c'est très difficile le procès Pelicot", ajoute Nadia El Bouroumi.
L'audience est suspendue depuis maintenant une heure, dans l'attente du délibéré de la cour, qui doit rendre sa décision. Ouvrira-t-elle l'audience au public et/ou aux journalistes, au moment de la diffusion des vidéos ?
Les vidéos des sept accusés de la semaine doivent être diffusées cet après-mid. LT à suivre pour @franceinfo
L'audience a repris : la cour statue que les vidéos ne seront pas diffusées systématiquement, mais uniquement dans les cas "nécessaires à la manifestation de la vérité".
De plus, dans le cadre de la diffusion publique, "eu égard au caractère attentatoire" des images, celle-ci sera précédée d'une "annonce permettant de quitter la salle" pour les personnes qui le souhaitent. Le principe de la publicité des débats est donc acté.
Les vidéos concernant les accusés seront diffusées cet après-midi : les journalistes pourront désormais toujours y assister. Ainsi que le public. Reprise d'audience à 13h30. LT à suivre pour @franceinfo
L'audience a repris. "Les parties sont invitées à dire quelles vidéos elles souhaitent voir diffusées", déclare le président. "Mais il y a des conditions : il vous justifier d'un motif qui puisse permettre d'apprécier de l'utilité de cette diffusion", précise Roger Arata.
L'avocat général procède au demandes de visionnage. Il réclame la diffusion des vidéos de Jean T., car ce dernier "a dit qu'il n'était pas dans son état normal et drogué", souligne-t-il.
Il réclame également le visionnage de vidéos de Thierry Po., car celui-ci "se demandait s'il y avait une simulation ou un jeu de la part de la partie civile" et parce qu'il "conteste les faits", dit l'avocat général.
Le magistrat veut aussi que l'on regarde une vidéo de Redouan E., "la seule à mon sens qui vient discuter ses explications de dire qu'il était sous la coupe d'un homme au visage furieux et qu'il était terrorisé", souligne-t-il. Cette vidéo dure 7 minutes 37.
Il réclame aussi la diffusion de vidéos de Simoné M., car "il dit qu'il a été manipulé par Dominique Pelicot".
On verra également des vidéos de Thierry Pa., "qui parle de jeu et de complicité de l'épouse", ajoute l'avocat général.
Celles d'Adrien L. seront aussi projetées, car il a parlé d'un "jeu sexuel entre adultes", note le magistrat.
Enfin, on verra aussi les vidéos de Jérôme V. "Même s'il reconnaît les faits, je vous propose de visionner des photos et non pas films, très nombreux", conclut l'avocat général.
L'avocate de Jean T. souhaite apporter des observations, mais le président l'arrête. "On ne va pas engager un débat sur chaque demande de vidéo, si non, on va passer huit jours sur une séance de diffusion", prévient-il.
Ma consoeur @MarionDub précise que la salle de retransmission est pleine. Une salariée du tribunal a prévenu le public : "êtes-vous conscients que des photos et vidéos vont être diffusées ? Ce n’est pas le pays des bisounours, donc âme sensibles s’abstenir", a-t-elle dit.
@MarionDub Le président prévient lui aussi : "je demande aux personnes les plus sensibles de sortir, et aux mineurs dans cette salle, ou dans la salle annexe, de sortir aussi".
@MarionDub On regarde les deux premières vidéos de l'après-midi : celles de Jean T. La première dure environ 2 minutes : il pénètre la victime endormie, qui ronfle, en effectuant des va-et-vient. La lumière est très crue. Sur la deuxième vidéo, il impose une fellation à la victime.
Après la fellation imposée, Jean T. semble partir précipitamment. On le voit sortir de la chambre, les photos de famille sont posées sur les meubles tout autour.
Stéphane Babonneau demande à l'accusé si ces scènes ont "ravivé" chez lui des souvenirs. Jean T. pense qu'il a été drogué ce jour-là par Dominique Pelicot, et dit avoir tout oublié, comme je le relate dans ce compte-rendu 👇🏽francetvinfo.fr/faits-divers/a…
L'avocate de Jean T. estime (je paraphrase) que ces vidéos "ne prouvent rien" car on ne voit pas bien le visage de son client.
L'intéressé dit n'avoir toujours aucun souvenirs de ces scènes.
"Est-ce que vous connaissez le nom d'une drogue qui vous rendrait aussi actif que sur cette vidéo ?", interroge Béatrice Zavarro, l'avocate de Dominique Pelicot. Jean T. assure avoir consommé des produits "dans sa jeunesse" et avoir eu "quand même des érections".
L'avocate de Jean T. assure qu'il y a "pléthore de médicaments qui permettent avoir une activité sexuelle", citant l'exemple du chemsex.
On visionne maintenant trois vidéos de Thierry Po. : deux fellations imposées et une vidéo de pénétration de la victime sur le ventre. Elle a les yeux bandés, elle ronfle. L'accusé regarde les vidéo depuis son box. Dominique Pelicot ne regarde pas. Gisèle Pelicot non plus.
"A aucun moment vous n'avez envie de quitter cette pièce en courant ?", l'interroge Antoine Camus. "Non, pas en courant, je ne pense pas. Je me dis que je vais finir par partir, je respecte le couple que je suis venu voir", explique Thierry Po. depuis son box.
"Vous avez l'impression de voir un couple là ?", insiste l'avocat de la partie civile. "Je ne me pose pas cette question : dans mon esprit, c'est un couple oui", rétorque l'intéressé.
On regarde maintenant une vidéo de Redouan E., qui prétendait hier avoir été "terrorisé" par Dominique Pelicot, affirmant être resté pour ne pas le contrarier. "J'ai fait le bon élève", a-t-il assuré.
La vidéo est très longue : elle dure sept minutes au total. On la regarde sur les trois écrans de la salle d'audience, dans son intégralité. Redouan E. observe attentivement. Dominique Pelicot baisse la tête de nouveau.
Gisèle Pelicot est étendue sur le côté : celui qui était alors son mari l'avait affublée de bas blancs et de sous-vêtements noirs. Redouan E. est positionné derrière elle, en chien de fusil. Il prend son temps, lui fait des caresses partout sur le corps.
On entend un son, la télé ou la radio derrière.
Il lui impose ensuite divers pénétrations digitales, filmées dans une autre vidéo, en gros plans, également diffusée dans la salle d'audience.
Un assesseur a changé de visage en découvrant les vidéos, très mal à l'aise.
Redouan E. ne semble pas déstabilisé le moins du monde : il se précipite à la barre.
"Vous avez longuement développé hier sur le fait que vous étiez terrorisé. Vous pouvez expliquer à quel moment, sur ces longues minutes, on doit déceler un signe qui pourrait laisser penser que vous étiez apeuré ?", l'interroge Stéphane Babonneau.
Il réitère avoir été sous l'influence de Dominique Pelicot et assure : "je fais des gestes sensuels, comme je fais l'amour d'habitude. J'ai essayé de la réveiller discrètement, je la caresse sur les fesses : elle répond par un mouvement, ça me rassure", explique-t-il.
"A mon sens, ça relève du réflexe voir du spasme : elle fait semblant de dormir, c'est ça que vous dites ?", lui demande l'avocat de Gisèle Pelicot. Redouan E. répond par l'affirmative : "elle fait des mouvements à deux reprises : c'est pas un réflexe, c'est volontaire".
Antoine Camus, l'autre avocat de Gisèle Pelicot, lui demande s'il était sous l'emprise de Dominique Pelicot. "Je suis en miettes, terrorisé !", lance l'accusé, provoquant quelques rires nerveux dans la salle.
Redouan E. poursuit : "je ne dois pas me laisser faire, car je suis face à un prédateur ! Je suis terrorisé, mais ça ne se voit pas", reconnaît-il.
Certains accusés ne peuvent s'empêcher de rire. Gisèle Pelicot essaye de se contenir elle aussi. Une assesseure semble atterrée, la tête dans les mains.
On regarde maintenant la vidéo de Simoné M., très courte. La victime est allongée sur le côté, il la pénètre derrière elle.
Stéphane Babonneau l'interroge : "on entend madame Pelicot ronfler, on voit des gestes retenus, lents. Vous ne voyez pas que Madame Pelicot est inconsciente ?". "Non du tout, non. Je me dis qu'elle va participer à la suite", assure Simoné M. à la barre.
Son avocat demande qu'il soit constaté que "monsieur est derrière madame, que madame est positionnée plutôt sur le côte gauche, et que son visage, c'est très manifeste, est caché en partie par une mèche de cheveux".
On diffuse maintenant deux vidéos de Thierry Pa. : des actes de pénétrations sur la victime inerte. L'intéressé ne regarde pas la vidéo. Dans le box, sur les quatre accusés présent, un seul regarde : Thierry Po.
Thierry Pa. pensait que c'était un "jeux" entre les époux, redit-il à la barre.
On visionne maintenant la vidéo d'Adrien L. qui était très jeune à l'époque des faits : il avait 23 ans. On le voit pénétrer la victime, avec plusieurs gros plans. Elle ronfle.
"Vous maintenez ne vous être à aucun moment douté qu'elle faisait semblant de dormir ?", l'interroge Antoine Camus, avocat de Gisèle Pelicot. "Je n'ai pas regardé la vidéo et je pensais à jeu libertin, je n'ai pas imaginé une seule seconde qu'elle dormait", assure-t-il.
"Monsieur L. à aucun moment vous ne pouvez percevoir que Madame Pelicot dort réellement ?", l'interroge son avocat. "Non", réitère Adrien L.
"Vous êtes d'accord pour considérer qu'à de nombreuses reprises, vous regardez Monsieur Pelicot. Pourquoi ?", poursuit son avocat. "Pour suivre ses directives", dit Adrien L. depuis son box, aujourd'hui âgé de 34 ans.
On visionne trois photos concernant Jérôme V., qui reconnaît les faits, dont une fellation imposée à la victime. Il est allé six fois Mazan, entre mars et juin 2020.
Après cette après-midi éprouvante, l'audience est désormais suspendue. Elle reprendra lundi à 9h, avec un nouveau groupe d'accusés. Merci à tous pour votre suivi et pour vos encouragements.

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