Aujourd’hui nous allons parler du syndrome
d’ALICE AU PAYS DES MERVEILLES.
Thread ⏬️
Les symptômes très curieux de ce syndrome ont été décrits au milieu du siècle passé, et c’est le psychiatre anglais John Todd qui a été le premier à les réunir dans une publication et à les nommer à partir du romand de Lewis Caroll.
Ses patients, pour beaucoup migraineux, décrivaient des épisodes de distorsions sensorielles très curieuses…
Micropsie: les objets qui entourent le patient sont perçus comme plus petits qu’ils ne le sont en réalité.
Macropsie: les objets semblent plus gros qu’ils ne le sont en réalité.
Téléopsie: les objets apparaissent beaucoup plus loin qu’ils ne le sont en réalité.
Pelopsie: les objets apparaissent plus près qu’ils ne le sont en réalité.
Certains patients ont aussi l’impression que le temps se ralenti ou plus rarement s’accélère.
D’autres peuvent avoir l’impression que leur corps s’allonge,
… ou une partie du corps augmente de taille.
En plus il peut y avoir une dépersonnalisation: l’impression de ne plus rien maîtriser autour de soi
Ou de déréalisation : comme si l’extérieur de soi n’est pas réel.
Mais késako??
On a constaté que c’est plus fréquent chez les enfants. Mais ça peut atteindre l’adulte.
C’est associé à la migraine, plus rarement à l’épilepsie, la consommation de substances hallucinogènes, des tumeurs cérébrales, des AVC, certaines infections (Epstein Barr).
Ce n’est pas un trouble psychiatrique, mais neurologique: ça a à voir avec une atteinte du lobe temporo-pariétal du cerveau. Mais on n’a pas encore tout compris.
Exemple de Bibi:
Lorsque j’étais enfant, entre 5 et 10 ans, le soir lorsque j’étais dans la pénombre de ma chambre, j’avais de temps en temps des perceptions bizarres: comme soudain le nez collé au plafond.
Ou alors que ma chambre s’étendait comme un tunnel et que le bout était à des dizaines de mètres de moi.
Souvent, dans le même temps, j’avais la sensation que ma langue grossissait absurdement.
C’est lors de mes études de médecine que j’ai découvert que ce que je ressentais enfant était le syndrome d’Alice au pays des merveilles. D’ailleurs plus tard j’ai effectivement souffert de migraines avec auras.
Ce syndrome peut être effrayant et provoquer des terreurs nocturnes chez l’enfant et des crises de panique chez l’adulte.
Moi, je crois que ça ne m’a jamais fait peur, je savais que ce n’était pas réel. Ça me faisait plutôt rigoler et attisait ma curiosité.
Lorsque Todd a donné ce nom au syndrome, il s’était intéressé à la vie de Lewis Carroll et avait découvert que ce dernier était migraineux et avait consulté un ophtalmologue.
De là à imaginer que certains troubles neurologiques comme la migraine sont à la base de chefs d’œuvres artistiques… 🙂
Mon ami @MarcGozlan a fait un article de vulgarisation médicale sur le sujet, super complet et documenté dans son excellent blog Réalités biomédicales :
Petite leçon de mécanique du cœur - Pour soignants, étudiantsou … curieux
Suite à une question (merci @ChatSecouriste), j’ai pensé que ce sujet pourrait intéresser des mutus… et peut-être même être utile.
Alors voici une petite leçon de mécanique cardiaque.
1/
Débit cardiaque (DC)– Les bases
Le DC c’est le volume de sang que le cœur éjecte en une minute.
Il dépend de :
– la fréquence à laquelle il bat,
– et la quantité de sang qu’il éjecte à chaque contraction.
Autrement dit :
DC = fréquence × volume d’éjection
2/ Deux leviers chez l’adulte
Chez l’adulte, le cœur sait jouer sur les deux tableaux :
il peut battre plus vite,
et il peut aussi se remplir un peu plus pour éjecter davantage de sang à chaque battement.
C’est là qu’intervient un super principe: la loi de Starling.
L’anesthésie pédiatrique, c’est un monde à part.
Ce n’est pas une adaptation miniature de l’anesthésie adulte. C’est une discipline à part entière, exigeante, à la frontière entre la haute technicité et l’extrême délicatesse.
2/ Premier principe fondamental :
un enfant n’est pas un petit adulte.
Tout est différent : anatomie, physiologie, pharmacocinétique, réponses au stress, capacité de compensation. Et cela impacte chaque geste et chaque décision.
3/ Spécificités anatomiques
Chez l’enfant, le larynx est :
– plus haut (C3–C4 vs C5–C6 chez l’adulte)
– plus antérieur
– et plus étroit juste sous les cordes vocales au niveau du cricoïde (structure rigide et circulaire).
Aujourd’hui on aborde le dernier volet de notre série sur les fumées toxiques des incendies. On va explorer ce qui faut faire et surtout ne pas faire pour survivre.
Mais avant tout un petit mot ☝️🔽
1/ Ces dernières années et encore récemment, nous avons réanimé plusieurs patients piégés dans des incendies domestiques.
Ils ont agi d’instinct, mais ils ont fait ce qu’il ne fallait pas faire.
Malgré tous les moyens déployés, malgré tous nos efforts, ils n’ont pas survécu.
2/ Nous avons vu que ce qui tue dans un incendie domestique, c’est plus la fumée de les flammes.
En France, 80 % des décès lors d’un incendie sont dus à l’inhalation de fumées.
Aux US, la NFPA estime qu’une personne meurt toutes les 135 minutes à cause d’un incendie résidentiel.
Fumées d’incendie – Épisode 3
L’intoxication au MONOXYDE DE CARBONE (CO)
Nous poursuivons notre exploration de ce qui tue vraiment dans les incendies : pas les flammes, mais les fumées.
Aujourd’hui, cap sur le CO — toxique, insidieux, souvent sous-estimé.
1/ Le monoxyde de carbone (CO), c’est quoi ?
C’est un gaz incolore, inodore, non irritant, produit par la combustion incomplète de toute matière carbonée.
Poêles, feux de cheminée, voitures, braseros… Et bien sûr, incendies domestiques.
Invisible. Discret. Mortel.
2/ Respiré, il passe dans le sang et se fixe à l’hémoglobine avec 200 à 250 fois plus d’affinité que l’oxygène (O2) et forme la carboxyhémoglobine (HbCO).
Il prend donc littéralement la place de l’oxygène dans le sang, dont le principal transporteur est l’hémoglobine.
Nous avons vu au 1er épisode que les flammes d’un incendie ne sont pas ce qu’on redoute le plus. La plupart des victimes d’un incendie sont intoxiqués par les fumées toxiques plutôt que brûlés.
1/ Le cyanure dans les fumées toxiques, késako?
C’est un sous-produit de la combustion de matériaux synthétiques riches en carbone et en azote.
Textiles, plastiques, isolants… on en trouve dans chaque logement moderne.
(Image Wikipedia)
2/ On s’intoxique par inhalation.
Le cyanure passe très vite dans le sang via les alvéoles. Il est très liposoluble (= soluble dans les graisses) donc traverse très vite les barrières entre le sang et les différents organe.
Aujourd’hui on débute une mini-série de 4 threads sur le theme des fumées toxiques de feux.
Le but : comprendre ce que contiennent les fumées d’incendie, comment elles tuent, comment on tente de sauver les victimes… et comment s’en protéger.
On va diviser le sujet en 4 parties pour le rendre plus lisible :
1. Que contiennent les fumées d’un incendie ? (forêt vs bâtiment) 2. Le cyanure : mécanisme, traitement, pronostic 3. Le monoxyde de carbone : idem 4. Et enfin, la prise en charge globale: du site à l’hôpital.
1/ Quand on pense à un incendie, on imagine la brûlure sévère.
Pourtant dans la majorité des cas, ce ne sont pas les flammes mais les fumées qui tuent. En effet elles contiennent toutes sortes de produits dont la toxicité varie selon ses effets.