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Oct 8 114 tweets 16 min read Read on X
Bonjour à tous ! 24e journée d’audience et sixième semaine au procès des viols de #Mazan De nouveaux collages sont apparus dans les rues d’Avignon…
On devrait notamment entendre le frère de Dominique #Pelicot et le mari de Caroline Darian 👉🏼 LT à suivre pour @franceinfo Image
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Ils se retrouvent en 1988 "et donnent une seconde chance avec cette histoire". Mais les parents n'approuvent toujours pas l'union, à cause de la différence d'âge. "Mon père n'est même pas venu au mariage, ma mère est venue, elle pleurait", décrit Patrick A.
Ils auront deux enfants. Et entretiendra une relation extra-conjugale avec un homme quelques mois, "mais sa femme lui demande de faire un choix". Lui et son épouse finiront par divorcer. "Il entretient ensuite des relations sans lendemain avec plusieurs hommes".
Au total, l'accusé de 60 ans aura refoulé son homosexualité "pendant vingt ans", souligne l'enquêtrice.
Il a "toujours eu de faibles revenus et participe à des vide-greniers et des brocantes" pour arrondir ses fins de mois. Cette activité "est devenue une réelle passion : il aimerait devenir brocanteur professionnel", conclut l'enquêtrice de personnalité.
On entend maintenant Pierre, le mari de Caroline Darian. Il est vêtu d'un costume gris. "J'étais son gendre, cet homme n'existe plus pour moi", déclare-t-il d'emblée à la barre.
"Je suis arrivé dans cette famille en novembre 2003, il y a plus de vingt ans. J'ai adoré cet homme, on avait des passions communes, notamment le sport. J'ai eu des liens d'affection très forts avec cet homme", explique Pierre, d'un ton calme.
"Ma belle-mère venait nous aider chaque fois qu'on en avait besoin, notamment pour garder des enfants", relate-t-il, soulignant que Dominique Pelicot, depuis leur déménagement à Mazan, "venait progressivement de moins en moins".
"Et quand il venait, il semblait s'ennuyer terriblement. Quand ma belle-mère rentrait à Mazan, on avait beaucoup de mal à la joindre. C'est lui qui répondait au téléphone", raconte-t-il devant la cour.
"Il nous expliquait régulièrement qu'elle était très fatiguée après avoir gardé les enfants, et quand enfin on pouvait lui parler, elle avait souvent des propos incohérents, elle semblait dans le gaz", poursuit-il.
En janvier 2020, lui et son fils (10 ans aujourd'hui) appellent Gisèle Pelicot au téléphone. Il relate cette conversation :
Elle lui répond en disant : "tu vas retrouver maman dans son lit, lui faire des bisous". Son fils dit : "ben non, maman je l'ai retrouvée hier". Et 15 secondes après, elle répète : "tu vas retrouver maman , tu vas lui faire des petits bisous dans son cou'", se souvient-il.
"L'état de santé de ma belle-mère nous inquiétait beaucoup, nous tous : ses enfant et les pièces rapportées", se souvient-il. "On croyait sa thèse perverse que c'était de notre faute si sa santé se dégradait", ajoute-t-il.
"On finit par se dire : il faut qu'on trouve une solution pour la faire moins venir car elle s'épuise", ajoute Pierre. "Je comprends maintenant que son seul objectif c'était de la garder sous son joug", estime-t-il.
Aparté : l'audience est très dense ce matin, je retranscris un peu en décalé.
"Le 2 novembre 2020, je sors de la sieste, car je travaille en horaires décalés, et j'ai deux messages. Ma belle-mère, qui demande de la rappeler, et un commissaire de police", se remémore Pierre.
"J'ai eu extrêmement peur en voyant le message de ma belle-mère : j'ai cru à la récidive du cancer de l'estomac de Monsieur Pelicot. Quand j'ai rappelée, on m'a expliqué les faits. Le ciel vous tombe sur la tête", dit-il à la barre.
"J'étais le premier à être au courant. J'ai passé quelques coups de fil, notamment à ma soeur, pour lui dire de protéger mon fils quand il entendrait sa mère hurler. J'arrive chez le kiné, j'étais en retard : je me suis écroulé par terre. Depuis, je me suis relevé", assure-t-il.
"Le soir, Gisèle a expliqué à Caroline ce qu'il s'était passé. Le cri. Le cri", dit Pierre. Son épouse, Caroline Darian, a livré son témoignage devant la cour concernant "le point de bascule", lorsqu'elle a appris les faits👇🏼francetvinfo.fr/faits-divers/a…
"Le cri s'est transformé en une colère qui ronge. Elle a découvert des photos d'elle dénudée. Comment ajouter de l'horreur à l'horreur. Et en plus, les dénégations. Depuis, c'est pour nous globalement, et pour ma femme, particulièrement, un calvaire", décrit-il.
"Elle s'est lancée à corps perdu dans la bataille contre la soumission chimique, de manière incroyablement courageuse. Mais ce sont des hauts et des bas en permanence", souligne Pierre.
"Gisèle a dit : 'j'ai l'air forte, mais à l'intérieur, c'est un champ de ruines'. Caroline aurait pu avoir exactement les mêmes mots", estime son mari.
Gisèle Pelicot avait en effet utilisé cette formule lors de son témoignage, la première semaine du procès, déclarant avoir été "sacrifiée sur l'autel du vice" 👇🏼francetvinfo.fr/faits-divers/a…
Pierre poursuit : "en novembre 2020, il a fallu annoncer à notre petit garçon de six ans qu'il ne verrait plus jamais son grand-père, car il avait fait du mal à sa grand-mère". Dans son box, Dominique Pelicot se cache les yeux.
"Je lui ai dit : 'on peut aller voir un gentil médecin' (un psychologue). Il dit d'abord que non, il n'a pas besoin. Puis trois semaines après, il a dit à sa mère : 'si, j'en ai besoin'", se souvient Pierre.
"Pendant deux ans, il a consulté pour faire la paix avec le fait qu'il ne verrait plus son grand-père, auquel il était tellement attaché. Depuis, il va bien", assure son père.
Il explique avoir demandé à son fils, qui a 10 ans, s'il souhaitait que quelque chose soit dit de sa part à son grand-père, Dominique Pelicot. "Je n'ai plus rien à lui dire", a-t-il déclaré à son père. "Son petit-fils n'a plus rien à lui dire", insiste Pierre à la barre.
Antoine Camus, l'avocat de Gisèle Pelicot, lui demande pourquoi il ne s'est pas constitué partie civile. "J'ai vécu quelques épreuves : le suicide de ma mère. Puis j'ai perdu mon père dans des circonstances à peu près aussi monstrueuses", explique-t-il.
"Ces épreuves m'ont permis de développer une auto-défense extrêmement utile quand j'ai appris les faits. Donc je me suis protégé très fort", ajoute Pierre.
Juste après avoir appris les faits, il dit avoir envoyé "un texto long comme le bras" à son beau-père, en espérant que les policiers lui liraient le message en garde à vue.
"Je disais le sentiment de trahison que je ressentais, plus encore pour mon fils", relate Pierre devant la cour. "Je pleure, et je t'emmerde", a-t-il conclu dans le message. "Depuis, je n'ai plus jamais ressenti le moindre sentiment pour cet individu", assure-t-il.
"Vous n'avez jamais vu une nombre au tableau ?", lui demande Antoine Camus. "Jamais. Le seul signe, c'était l'ennui qu'il manifestait de plus en plus en venant en région parisiene. Et il était parfois possessif, directif", décrit l'ancien gendre du principal accusé.
Il précise que Dominique Pelicot avait emprunté de l'argent à son père, "alcoolique au dernier degré", et l'a fait "à l'insu de Gisèle, sans doute en profitant de sa vulnérabilité et du grand coeur de mon père", analyse-t-il.
Antoine Camus lui demande s'il reconnaît son épouse sur les deux photos d'elle dénudée, retrouvées sur le disque dur de Dominique Pelicot. "Sans aucun doute : le grain de beauté, la corpulence, les cheveux. Ça fait 20 ans que je la connais. C'est elle", répond-il sans hésiter.
"Elle est sur le côté gauche. Depuis 20 ans, elle dort sur le côté droit. C'est toujours toujours sa position", assure-t-il, soulignant qu'elle n'a jamais été dans cette position, "la couette relevée sur ses fesses". "Ça n'a aucun sens", assure-t-il.
Il dit ne pas reconnaître la lingerie qu'elle a sur les photos, "et il se trouve que je suis celui qui fait les lessives à la maison : je n'ai jamais lavé cette lingerie", affirme-t-il.
"Pour moi, la question n'est pas de savoir si elle a été droguée, mais de savoir pourquoi elle a été droguée", tranche Pierre, manifestement persuadé, comme son épouse, qu'elle a été victime du même procédé que Gisèle Pelicot.
Nadia El Bouroumi, avocate de la défense, relaie la parole de plusieurs clients (des accusés). "Ils demandent : comment n'a-t-elle pas pu se rendre compte ?", rapporte-t-elle.
Elle poursuit : "on entendait que la famille s'inquiétait, des rendez-vous avaient été pris, et avec une simple analyse de sang, on aurait déterminé la présence de Temesta, Zolpidem etc…". Réponse de Pierre : "vous oubliez quelque chose : on ne peut pas imaginer l'inimaginable".
"Mais une analyse de sang, c'est basique !", estime Nadia El Bouroumi. "Je ne suis pas médecin, mais je ne suis pas sûr qu'une analyse de sang aurait suffi", répond l'homme à la barre.
L'avocate attaque violemment le témoin d'une voix très forte, lui reprochant le parti pris de sa chaîne BFMTV, où il travaille en tant que rédacteur en chef, l'accusant "d'entretenir le tribunal médiatique" contre la défense.
Antoine Camus tente de la couper. "Vous perdez la tête consoeur", dit-il. Elle poursuit, en haussant toujours la voix, lui demandant : "est-ce qu'on n'est pas victimes de votre position qui porte à confusion ?".
Pierre se justifie longuement sur son poste, assurant que sa direction est au courant et qu'il travaille avec des "n+1, n+2, n+4". "Je ne suis pas le chef de BFMTV", souligne-t-il.
"Il y a l'individu journaliste comme l'individu avocat. Parfois, je suis totalement écoeuré par votre ligne de défense en tant qu'individu. Mais le journaliste la comprend et la respecte et les avocats de la défense ont toujours eu voix au chapitre sur la chaîne", estime-t-il.
L'échange est extrêmement tendu : l'avocate générale intervient, estimant "que l'on s'éloigne du débat". "Ce procès pose vrai problème sur le plan de la communication !", s'insurge Nadia El Bouroumi, très en colère. "Vous faites le procès de la presse !", s'indigne Antoine Camus.
"La presse est utilisée par la partie civile !", poursuit Nadia El Bouroumi. Le président lui demande de "recentrer les questions sur les thématiques qui intéressent l'affaire".
Elle revient ensuite à des questions sur Dominique Pelicot, lui demandant s'il estime que celui-ci a pu le manipuler. "J'ai peine à vous répondre, car je n'ai pas d'exemples concrets de manipulation. Moi, il ne m'a jamais manipulé", déclare Pierre.
"Vous n'avez pas cru être manipulé, mais vous avez cru à la thèse perverse de Dominique Pelicot sur l'état de santé de Gisèle Pelicot", observe Olivier Lantelme, un autre avocat de la défense.
Paul-Roger Gontard, toujours côté défense, lui demande si son ancien beau-père a déjà eu "un comportement déviant avec les femmes". "Jamais", répond Pierre.
L'avocat rappelle l'épisode au cours duquel son ex-belle soeur a surpris Dominique Pelicot "en train de se masturber". Pierre estime avoir "sans doute sous-évalué la chose". "Je me suis dit que ce n'était pas très glorieux", se souvient-il.
Il ajoute, toujours questionné par la défense : "bien sûr que je me sens responsable de ne pas l'avoir vu et c'est lourd, croyez-moi, c'est lourd".
Dominique Pelicot prend le micro dans son box pour lui répondre. Il est descendu de son fauteuil habituel, en surplomb, et s'est assis plus bas, tout près de la vitre.
"Pour moi, tu as été comme un fils", articule-t-il en pleurant. "Personne n'est responsable dans la famille, essayez de vous délester de ça, vous n'êtes pas du tout responsables, je suis le seul responsable", assure le septuagénaire très ému.
Il parle de son petit-fils, qui lui a "redonné un petit cou de jeunesse, quand il venait se blottir contre (lui)". "Je suis désolé du tort que je peux te créer dans ta vie de famille. Mais je n'ai jamais touché ni ma fille, ni les enfants, ni les petits-enfants", assure-t-il.
"Le reste, je l'assume, et je me battrai pour que la vérité soit établie. Mais ne vous rendez pas responsables de ça. Je te demande de bien vouloir accepter mes excuses c'est tout ce que je peux faire. Je te remercie de m'avoir écouté", conclut Dominique Pelicot.
Pierre l'a d'abord regardé puis a tourné la tête vers le pupitre. Il boit un grand verre d'eau à la fin de la prise de parole de Dominique Pelicot, avec lequel il n'avait plus eu de contacts depuis 2020.
La cour entend ensuite Joël Pelicot, le frère aîné du principal accusé, âgé de 76 ans. Ce médecin généraliste à la retraite porte un costume sombre, les cheveux légèrement grisonnants.
Il retrace très en détails, quasiment année après année, l'enfance de la fratrie, aux côtés de leur frère André, et de leur soeur, Ginette.
Il revient notamment sur l'adoption de la petite Nicole, en 1969, issue "de l'action sanitaire et sociale". "Elle souffrait d'un déficit psychoaffectif car elle avait vécu dans 21 familles d'accueil en cinq ans, avant d'arriver à la maison", raconte-t-il.
"Elle avait surtout un syndrome d'abandon qu'elle vivait très mal. Mais elle était scolarisée : elle a appris à écrire, compter, lire et allait chercher des livres pour Dominique Pelicot", dit-il, mentionnant le nom de son frère, pour visiblement le mettre à distance.
Dominique Pelicot a assuré lors de son interrogatoire de personnalité que Nicole avait été violée par leur père, ce qu'a également affirmé sa soeur Ginette, devant la cour. Joël Pelicot estime, en effet, avoir fait le même constat "à partir de 1987".
Mais, or cette précision, il assure que la fratrie a eu une enfance très heureuse, reconnaissant que leur père a pu leur infliger des "châtiments corporels" mais que c'était "monnaie courante" à l'époque. Dominique Pelicot avait, lui, décrit un père extrêmement violent.
Joël Pelicot assure par ailleurs avoir découvert que son frère Dominique Pelicot a lui-même "violé Nicole dans son lit".
Il dit avoir découvert cela en 1987. "J'ai eu une explication très houleuse avec Dominique Pelicot : je lui ai dit que pour moi, c'était un inceste impardonnable, inexcusable et scandaleux. On s'est quittés en très mauvais termes", se souvient-il.
"Mais au bout de quelques mois, fin 1987, il m'a rappelé pour une aide financière. Une demande qui était assez fréquente", relève Joël Pelicot.
Il reconnaît que leur père Denis était effectivement "un être autoritaire, que le châtiment corporel était relativement fréquent, mais on faisait tellement de bêtises...", se remémore-t-il. "C'était quelqu'un qui était juste", estime Joël Pelicot.
"Je suis très inquiet pour mes neveux, ma nièce, mes petits neveux. Je sais, en tant que médecin, combien il est difficile de sortir de ce genre de menaces psychologiques à long terme", dit-il, ému.
"J'ai beaucoup d'amour pour ses enfants et j'ai beaucoup d'admiration pour Gisèle. Je mesure l'énorme énergie qu'il lui faut pour tenir debout face à cette barbarie monstrueuse", ajoute-t-il à la barre.
Joël Pelicot assure avoir gardé contact avec elle et ses enfants depuis la révélation des faits. "C'est faux", glisse Gisèle Pelicot à son fils David, assis à côté d'elle.
Antoine Camus l'interroge sur ce point, déclarant que sa cliente veut "démentir". L'intéressé reconnaît avoir l'avoir vue pour la dernière fois en 2001. "Vous n'avez pas vraiment gardé contact", souligne l'avocat.
"Depuis quatre ans, je me suis posé beaucoup beaucoup beaucoup de questions pour savoir ce qui avait pu provoquer cette bascule (de son frère). J'ai fait le tour de notre enfance : je n'ai rien trouvé", assure Joël Pelicot.
Au-delà des violences paternelles, Dominique Pelicot assure avoir surpris ses parents dans des rapports sexuels scabreux, où sa mère semblait contrainte, dans une position avilissante.
"Je ne crois absolument pas à ce que Dominique raconte : avoir surpris nos parents dans un acte de sexualité qui relève plus de ce qu'on voit dans la pornographie qu'autre chose", tranche Joël Pelicot.
Il revient également en détails sur l'épisode du viol que Dominique Pelicot dit avoir subi de la part d'un infirmier à l'hôpital, lorsqu'il était enfant.
"Il est rentré le lendemain midi à la maison. D'ailleurs, Denis (leur père) lui avait dit : 'on a commandé une table de cuisine et des chaises en formica et comme il faut payer les soins médicaux de ta bêtise, tu n'auras qu'un tabouret'", relate Joël Pelicot.
"Dominique se met à pleurer, et dit qu'il a eu des attouchements. Nos parents se mettent en rapport avec le milieu hospitalier qui leur dit : 'c'est étonnant : c'était une infirmière ce soir-là'. Et il n'en a jamais reparlé", relate le médecin retraité.
Joël Pelicot ne croit pas non plus à l'existence de l'autre récit de viol de son frère, qui avait expliqué qu'on l'avait forcé à un viol collectif sur une femme, alors qu'il était en apprentissage sur un chantier à l'adolescence.
"Pourquoi n'accordez-vous aucun crédit à ce que peut relater votre frère des événements traumatiques qu'il aurait subis dans l'enfance et l'adolescence ?", l'interroge l'avocate générale.
"Parce que Dominique a nourri sa famille de mensonges depuis plus de trente ans. Et je pense qu'il a besoin de trouver des motifs pour justifier des choses improbables et impensables. Il ment au besoin et en fonction des circonstances", estime-t-il.
"Il a quand même évoqué son agression en revenant de l'hôpital", pointe la magistrate. "Effectivement, mais après, il ne m'en a jamais reparlé, il n'a jamais évoqué la chose, alors qu'on partageait la même chambre", dit Joël Pelicot. "C'est faux !", lance son frère depuis le box.
Le médecin retraité est ensuite questionné par plusieurs avocats de la défense. Il assure, en leur répondant, que son frère est "un grand manipulateur" et donne quelques exemples.
Nadia El Bouroumi lui demande s'il estime que les coaccusés ont pu être manipulés par lui. "On ne peut être manipulé que jusqu'à un certain point : la manipulation s'arrête à la porte d'entrée (du domicile du couple). Après, c'est de la sauvagerie", estime-t-il.
Après près de deux heures d'audience - entrecoupée d'une suspension de dix minutes - Dominique Pelicot prend la parole dans son box, pour répondre à son frère aîné.
"Je voudrais m'adresser à celui que j'ai connu naguère, avec lequel on a eu une partie d'enfance heureuse, mais aussi une partie d'enfance très malheureuse, dont il cache bien les effets", déclare-t-il. Son frère ne le regarde à aucun moment et fixe la cour devant lui.
"Un père violent qui buvait une bouteille de rhum qu'on allait chercher à la consigne", décrit-il, assurant n'avoir jamais été jaloux de son frère, "surtout pas", contrairement à ce que l'intéressé prétend.
"Tu n'étais pas là quand Nicole est arrivée pour la première fois à la maison, pour voir ce qu'il s'est passé après : tu étais à Châteauroux. J'ai pleuré, je me suis retrouvé seul : tu n'étais plus là, André n'était plus là, notre soeur plus là", décrit-il.
Il assure que ses parents n'ont jamais contacté l'hôpital après les faits de viols qu'il dit avoir subis. "Je suis rentré, j'ai rien dit à personne, ils n'ont jamais su ce qui était arrivé à l'hôpital ! C'est faux de dire ça ! Je ne pouvais pas le raconter", dit-il en pleurant.
"J'accuse mon frère d'avoir couvert mon père pendant des année sur l'inceste envers Nicole", dit-il ensuite solennellement.
Et de conclure, à propos de son frère : "le premier qui a bousillé la famille, c'est notre père. Moi je l'assume et je paierai. Mais notre père n'a jamais payé".
On entend maintenant Jérôme B., 42 ans, qui a été mis hors de cause par l'enquête : il avait échangé avec Dominique Pelicot sur le site Coco. "Vous déposez en qualité de témoin", lui rappelle le président.
"J'ai été contacté par Dominique Pelicot sur le site. Au départ, il m'avait proposé de faire du jardinage et…", il cherche ses mots. Et poursuit : "en fait, comme moyen de paiement, il me proposait sa femme", lâche-t-il.
"On a échangé nos numéros, il m'a recontacté, on a discuté et quand j'ai posé plusieurs questions sur le déroulement, il m'a dit qu'il proposait un cachet à sa femme pour la détendre. J'ai trouvé ça bizarre et je n'ai plus donné suite", relate l'homme à la barre.
Il certifie avoir vu le salon "à son insu" (la plupart des accusés assurent ne jamais l'avoir vu). "C'est en dehors que vous avez eu contact avec Monsieur Pélicot ?", l'interroge le président. "Oui, tout à fait", dit Jérôme B.
Les deux hommes se sont échangé des photos, dont l'une où l'on voit "une femme allongée sur le ventre". Jérôme B. a envoyé une photo de lui en caleçon.
Pour lui, la photo qu'il a envoyée était pour "tous les deux" (pas seulement pour Dominique Pelicot, mais aussi pour son épouse).
L'homme précise que cet échange, sur le fait que Dominique Pelicot avait donné un cachet, a eu lieu "entre minuit et deux heures du matin".
"En réalité, pour vous, il était aussi bien possible qu'elle le sache, qu'elle ne le sache pas, mais c'est la bizarrerie qui vous a fait tourner les talons ?", l'interroge Antoine Camus.
Il acquiesce. "Tous ses propos étaient confus, pas explicites", dit Jérôme B. "Mais suffisamment pour vous faire tourner les talons", pointe Antoine Camus. "Tout à fait", répond le témoin.
"Vous estimez avoir été victime d'une tentative de manipulation ?", poursuit l'avocat de la partie civile. "Peut-être", répond l'homme.
Si sa femme tombait sur leurs échanges, "il fallait qu'on dise qu'on était amis de vélos", relate-t-il.
L'avocate générale lui demande pourquoi il n'a pas dénoncé Dominique Pelicot. "Dénoncer des choses qu'on n'a pas vues… C'est la parole donnée contre l'autre. Et la peur de me justifier, d'aller sur des sites comme ça, alors que je suis marié", précise Jérôme B.
"Il a été vraiment insistant pour que je donne mon numéro de téléphone : il trouvait que c'était plus simple pour discuter, que sur le site Coco", ajoute le témoin.
"Pour moi une femme ça ne s'offre pas. Ce n'est pas parce que je vais sur des sites un peu... que je ne respecte pas la femme. Et le mot 'offrir' m'a choqué", souligne-t-il.
Roland Marmillot, l'un des avocats de la défense, observe que le témoin a tenté de rappeler Dominique Pelicot à plusieurs reprises. Il lui demande comment il a perçu l'accusé. "Je ne m'en souviens plus, mais ça n'a pas duré longtemps, parce que j'étais au travail", dit-il.
Jérôme B. estime qu'il était "plutôt directif".
"Il voulait vous imposer sa vision des choses plutôt perverse", interprète Roland Marmillot. "Oui", dit le témoin.
"Manifestement, vous êtes un rescapé dans cette histoire", estime Paul-Ronger Gontard, côté défense.
"Donc cette histoire vous travaille et vous allez chercher de l'information. Vous découvrez que le cachet la rend stone. Pourquoi ça vous alerte ?", lui demande-t-il. "Parce qu'elle n'est pas dans son état normal pour un acte sexuel", répond le témoin.
"Si vous n'aviez pas eu ces informations là, selon lesquelles elle prend quelque chose qui la rend stone. Est-ce que vous auriez été aussi suspicieux ?", poursuit l'avocat. "Je ne sais pas", rétorque-t-il.
Jérôme B. a eu le sentiment d'avoir affaire à "deux personnalités". "Au téléphone, ça se passait super bien et par messages, il voulait que ça aille vite", relate-t-il.
"Si vous aviez fait eu affaire à Monsieur Pelicot, ça aurait été la première fois que vous auriez eu une relation sexuelle via ce site ?", l'interroge Stéphane Simonin, un autre avocat de la défense.
"Oui et comme j'ai dit : je suis un fantasmeur", dit le témoin, pour souligner qu'il n'y est finalement pas allé.
Je suspends ce LT pour @franceinfo afin d'écrire un compte-rendu de l'audience très animée de ce matin. Je me permets, au passage, de partager mon compte-rendu de la journée d'hier, au procès des viols de #Mazan👇🏼francetvinfo.fr/faits-divers/a…
@franceinfo Et voici mon compte-rendu du témoignage de Pierre P., le gendre de Dominique #Pelicot, violemment pris à partie par la défense après sa déposition👇🏼francetvinfo.fr/faits-divers/a…

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