Au vu de l’intérêt et des nombreuses questions des mutus suite à un post où je mentionnais une intubation difficile, voici comme promis un thread. 🔽
Mais pourquoi l’intubation?
Dans l’anesthésie générale de routine, le tube permet d’assurer la ventilation (l’oxygénation et l’élimination du gaz carbonique) d’un patient endormi.
En urgence et en réanimation aussi, l’intubation permet d’assurer la ventilation du patient en détresse vitale (arrêt cardiaque, coma, détresse respiratoire).
Dans la détresse vitale, le tube permet de protéger les poumons d’une éventuelle régurgitation de contenu de l’estomac chez un patient qui n’a plus le réflexe de toux, donc de protection des voies aériennes.
Le tube orotrachéal est en général en PVC, avec une courbure (dite de Magill) qui épouse la morphologie des voies aériennes supérieures et un ballonnet à son extrémité distale que l’on gonfle depuis l’extérieur et qui se positionne dans la trachée sous les cordes vocales.
Le ballonnet permet de maintenir des pressions d’insufflation pour une ventilation mécanique efficace (important dans l’ARDS par exemple) et comme on le disait plus haut, de protéger les poumons de sécrétion et de régurgitations.
Bien inséré, ça donne ça:
(Parenthèse à l’attention des mutus particulièrement anxieux : lors d’une anesthésie générale de routine, l’intubation se fait lorsque le patient est déjà profondément endormi. Elle est indolore et ne laisse pas de traces, quelques fois une petite douleur de la gorge au réveil)
Mais comment on met le tube dans la trachée ?
On utilise un laryngoscope, un appareil qui permet de visualiser les cordes vocales, donc de s’assurer le viser le bon trou.
Un tube dans l’œsophage est à éviter car le but est de ventiler les poumons, pas l’estomac.
Depuis en haut, on cherche donc à visualiser ceci:
Pour y parvenir on a deux méthodes de routine et donc deux sortes d’instruments:
1) Exposer directement les cordes vocales, la laryngoscopie directe, à l’aide d’une lame de Macintosh typiquement (= laryngoscopie directe).
2) Visualiser les cordes vocales à l’aide d’une caméra, typiquement la vidéolaryngoscopie.
Mais alors qu’est-ce qui est le mieux, la laryngoscopie directe ou la vidéolaryngoscopie ?
Et bien il n’y a pas de réponse simple à cette question.
On va parler un peu technique et recettes de cuisine pour anesthésistes, urgentistes et intensivistes.
Lors de l’intubation directe, on arrive plus ou moins à exposer les cordes à un patient: score de Cormack. Un score de 2b et surtout 3 est potentiellement une intubation difficile, c’est-à-dire que le positionnement du tube dans la trachée est mécaniquement problématique.
Le risque est d’être traumatique au niveau du larynx et aussi de provoquer des lésions dentaires. Heureusement ce n’est pas du tout fréquent.
Mon opinion pour les collègues:
Depuis environ 15 ans sont apparus les vidéolaryngoscopes. On visualise les cordes beaucoup plus aisément et donc le risque d’être confronté à une intubation difficile a drastiquement diminué et les intubations traumatiques avec lui.
Il existe cependant des situations où la vidéolaryngoscopie montre des limitations, comme en cas de saignement important venant des poumons ou des bronches, la caméra ne permettant plus de distinguer les structures du larynx à cause du sang.
Certains patients opéré de tumeurs du larynx peuvent aussi poser des problèmes d’intubation indirecte.
Ceux d’entre nous qui sommes appelés régulièrement dans les unités de déchocage de centres universitaires doivent savoir maîtriser plusieurs techniques, directes ou indirectes.
En effet, pour être capables de faire face à diverses situations complexes, il faut avoir plusieurs cordes à son arc, savoir les gérer et opter pour l’option la plus adaptée. Il n’existe pas de “toujours” ni de “jamais”, aussi il est important de rester modestes.
Mais c’est là tout l’intérêt de notre métier: être challengés, apprendre, se servir de ses propres expériences et de celles des autres afin d’offrir à nos patients les meilleures soins et dans l’urgence les meilleures chances de se sortir de situations difficiles.
Alors je continuerai à me répéter : soyez heureux, bienveillants, aimez la vie et surtout prenez soin de vous mes chers! Merci pour votre intérêt.
Des bisous si ça vous dit.😘
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Il y a encore 15-20 ans, alors qu’on connaissait très bien les effets des anesthésiques - comment les utiliser et assurer la sécurité des patients - leur mécanisme profond était encore mystérieux.
Thread👇
2/ Aujourd’hui, on comprend bien mieux, et c’est passionnant !
Outre agir sur des récepteurs particuliers (GABA, NMDA, etc), l’anesthésie fait changer le cerveau d’état, comme l’eau qui peut être glace, liquide ou vapeur.
Même matière - organisation différente.
3/ Pour comprendre le concept, un rappel :
Chaque neurone - comme toute cellule - a une membrane faite de molécules constituées d’une longue queue lipidique surmontée d’une partie hydrosoluble.
Les graisses détestent l’eau, donc s’assemblent, donnant la fameuse double couche lipidique.
2/ Le diabète est une maladie chronique liée à un défaut d’insuline, l’hormone qui contrôle notre glycémie (taux de sucre dans le sang).
Deux grands types existent :
📌 Type 1 : maladie auto-immune (enfants, jeunes adultes)
📌 Type 2 : lié au mode de vie (adultes plus âgés).
3/ Ici on va parler uniquement du diabète de type 1, dit « juvénile » :
🔸 rappel sur l’insuline
🔸 court rappel sur le métabolisme énergétique de la cellule
🔸 la clinique du diabète
🔸 le décompensation diabétique (acidocétose)
🔸 Diagnostic, traitement.
Les antibiotiques ont changé le monde. Littéralement.
1/ L’espérance de vie humaine a fortement augmenté au XXe siècle.
Pourquoi ?
On pense à l’hygiène, à la nutrition, aux vaccins. À juste titre.
Mais un acteur est souvent sous-estimé : les antibiotiques.
2/ Avant leur apparition, une infection courante pouvait être fatale.
Une pneumonie, une scarlatine (une infection à streptocoque du groupe A), une plaie infectée ou une fièvre puerpérale suffisaient à tuer.
L’arrivée de la pénicilline change tout : la mortalité recule.
3/ 📈 Selon un article de synthèse (2019) :
« En un peu plus de 100 ans, les antibiotiques ont profondément transformé la médecine moderne et allongé l’espérance de vie moyenne de 23 ans. »
🔬 Épisode spécial — Études rétrospectives observationnelles
Comment les lire ?
Pourquoi ≠ preuve ?
Quels biais fréquents ?
Savoir lire une étude c’est un métier. Mais quelques petits trucs peuvent déjà aider à comprendre.
Je vous propose un petit thread tuto simple. ⏬️
1/ Ces études sont fréquentes, surtout en santé publique.
Elles consistent à analyser des données déjà existantes, en comparant deux groupes (par exemple : personnes buvant du café vs non-buveurs), et à observer la fréquence d’un événement dans chaque groupe.
2/ Elles peuvent révéler une association (ex. : les buveurs de café ont plus ou moins de maladies cardiaques),
mais ne permettent pas de dire que le café protège ou provoque quoi que ce soit.
2/ Des études observationnelles effectivement rapportent une association entre usage fréquent/prolongé de paracétamol pendant la grossesse et des troubles neurodéveloppementaux (autisme, TDAH).
3/ Mais attention !
☝️Association ≠ causalité.
Énormément de facteurs entrent en compte dans l’origine de l’autisme : familiaux, génétiques, infectieux, environnementaux, etc.