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Oct 16, 2024 100 tweets 13 min read Read on X
Mercredi 16 octobre, 30e journée d’audience au procès des viols de #Mazan. Le public est plus nombreux qu’hier pour la suite des interrogatoires de personnalité des accusés et, peut-être, les premiers interrogatoires sur les faits. LT à suivre pour @franceinfo Image
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"Vous avez pu recueillir le consentement de madame Pelicot ?", poursuit le président. "Je comprends que j'aurais pas dû...". Son avocat, Roland Marmillot, l'interrompt. "Répondez par oui ou par non !", lui dit-il. Le président semble un peu agacé par cette interruption.
Le président poursuit ses questions. "Est-ce qu'une personne inconsciente est en capacité de dire oui ou non à un partenaire ?", insiste-t-il. "Non", répond l'accusé. "Est-ce qu'elle est en capacité de dire oui ou non à tel acte sexuel ?", poursuit le magistrat. "Non", répond-il.
Une assesseuse rappelle qu'une des vidéos dure 34 minutes. "Vous avez participé activement. Ce n'est pas contraire à ce que vous êtes en train de nous expliquer ?", demande-t-elle.
"Je suis resté mais je me disais : 'il faut partir d'ici', c'était un scénario bien rodé. Je vous jure sur la tête de mes enfants, mes petits enfants : je ne savais pas du tout que c'était à votre insu", dit-il en s'adressant à Gisèle Pelicot.
Gisèle Pelicot regarde devant elle, dans le vide. Elle soupire.
"Que madame Pélicot ait été droguée à son insu ou qu'elle ait consommé de l'alcool, est-ce que ça change quelque chose ?", lui demande Antoine Camus.
"Elle était inconsciente, je ne pouvais pas savoir, son scénario, c'était un piège, une fois qu'on est dedans, c'est engagé. Qu'elle ait bu ou pas, c'était pas intentionnel, je vous le jure !", assure Mohamed R., en haussant la voix.
"Je m'excuse auprès de madame Pelicot car la grande victime dans cette histoire c'est elle", ajoute-t-il. "Vous vous excusez de quoi ? De l'avoir violée ?", lui demande Stéphane Babonneau, l'autre avocat de la partie civile.
"Je ne l'ai pas violée. Il n'y a pas eu de pénétration, ni avec le sexe, ni avec les doigts", insiste Mohamed R. "Oui, donc on ne sait pas de quoi vous vous excusez", répond Stéphane Babonneau.
L'avocat s'arrête sur une phrase qu'a eu l'accusé lors d'une audition, et qu'il a réitéré aujourd'hui : "le sexe sans amour, c'est comme une fleur sans odeur". Mohamed R. précise que la phrase provient d'une chanson qu'il a écrite.
Dominique Pelicot, à qui la parole est donnée, assure qu'il était "parfaitement au courant". "J'ai l'impression de rabâcher à chaque fois, mais il sait parfaitement depuis le début ce qu'il en est", insiste-t-il depuis son box, situé à côté de celui de Mohamed R.
"Je lui aurais dit qu'il y avait eu une soirée arrosée : ça n'a jamais été le cas. Il n'est pas nerveux, il est pressé, très pressé. J'essaye de le calmer, mais on voit que je n'arrive pas à le calmer. Il fait beaucoup plus de choses que ce qu'il veut bien dire", développe-t-il.
"Monsieur R., la partie civile, la cour, vous ont posé des questions simples. Vous n'y avez pas toujours répondu de manière simple. J'aimerais que vous répondiez de manière simple", demande son avocat, Roland Marmillot.
"Quand vous avez pénétré dans la chambre, vous l'avez vue : elle ne réagit pas. Vous n'avez pas un doute ?", lui demande-t-il. "Pour moi, il n'y avait pas l'ombre d'un doute qu'il faisait ça à son insu. Je ne me suis pas posé la question", assure l'accusé.
"Est-ce que pour vous, ce n'est pas être coupable de ne pas vous être posé la question ?", demande Roland Marmillot. "Avec le recul, oui", reconnaît son client.
Le président procède maintenant au visionnage des vidéos. "Je vais diffuser des images attentatoires à la dignité de la personne humaine. J'invite les plus fragiles, ainsi que les mineurs, à quitter cette salle, ainsi que la salle annexe", prévient-il.
Sur la première vidéo, Mohamed R. effectue des pénétrations digitales au niveau des fesses de la victime. La lumière est forte, on voit parfaitement la scène.
Sur la deuxième vidéo, il est positionnée derrière elle, en chien de fusil. Il essaye manifestement de la pénétrer. La victime est vêtue de bas noir.
Sur la troisième vidéo, Dominique Pelicot viole son épouse en la pénétrant par derrière, alors qu'elle est allongée sur le côté. Il est vêtu d'un polo orange. La lumière est vive. Il ramène le corps de son épouse vers lui. Il émet quelques bruits… Il semble jouir.
Sur cette même vidéo, l'accusé prend le relais et semble pénétrer la victime à son tour. Dans la même position que Dominique Pelicot. La scène est longue : elle dure plusieurs minutes. On entend Gisèle Pelicot ronfler. Son soutien-gorge est dégrafé.
Quelques accusés regardent la vidéo, notamment le principal concerné. D'autres baissent la tête, comme Dominique Pelicot. Gisèle Pelicot parle avec une femme, assise à côté d'elle dans le carré des parties civiles. Elle ne regarde pas.
La partie civile a réclamé la diffusion de deux photos, retrouvées dans le même dossier que ces vidéos de viols. Sur l'une, on voit Dominique Pelicot, Gisèle Pelicot, et l'un de leurs petits-fils. Souriants. À La Rochelle. Il fait très beau. Ils ont l'air heureux.
Sur l'autre photo, elle aussi prise en selfie, manifestement au même moment, Dominique et Gisèle Pelicot apparaissent tous les deux, rayonnants.
Le contraste avec les vidéos donne une sensation de malaise immense. "Je ne m'explique pas la présence de ces photos. Il n'y a pas que dans ce fichier qu'il y a des mélanges de photos", explique Dominique Pelicot.
"Je vous remercie de m'avoir montré cette photo, car a priori, je ne suis pas prêt de revoir mon petit- fils", ajoute-t-il, semblant ému.
"Le fait pour ma cliente d'avoir découvert qu'à l'occasion de ce séjour à l'Ile de Ré, dont elle ne garde comme souvenir que les photos, elle a pu être violée, a constitué un choc supplémentaire", dit Stéphane Babonneau à Dominique Pelicot. Gisèle Pelicot regarde dans le vide.
"C'est la fameuse face B que j'ai rayée depuis", répond l'intéressé, en référence aux propos des experts psychiatres, qui ont parlé le concernant d'une personnalité "clivée", avec une face A et une face B.
"Est-ce que à l'approche du moment où monsieur R. va arriver, vous ressentez une inquiétude, une excitation, ou une culpabilité ?", lui demande l'avocat de la partie civile. "Il y a de l'inquiétude, de la culpabilité, de la honte et du plaisir aussi, tout est mélangé" décrit-il.
"Est-ce que vous ressentez quelque chose de particulier dans le fait que tout ça ait lieu chez votre fille ? Ca pourrait constituer un frein pour vous ?", poursuit Stéphane Babonneau.
"Non, ça n'a aucune symbolique, ça peut être partout. Mais je sais que pour elle, c'est choquant bien sûr", répond Dominique Pelicot.
"On vous vous voit pénétrer le sexe de madame Pelicot avec vos doigts", observe l'avocat général, revenant aux vidéos. "Ah vous le voyez ça ?!", répond Mohamed R. "Ah oui moi je le vois", assure le magistrat. "Ca me parait superficiel", estime l'accusé.
"Il y a également pénétration de madame Pelicot avec votre sexe", ajoute l'avocat général. "Ah non, impossible !", lance Mohamed R.
"Je vois quand même des mouvements de votre bassin monsieur… Et elle réagit, ce qui laisse penser qu'il y a au moins de votre part un début de pénétration vaginale ou anale", rétorque l'avocat général.
"Elle a un mouvement de recul, elle me met un coup de fesses. Je recule tout simplement, car je ne suis pas du genre à forcer", assure Mohamed R.
Béatrice Zavarro, l'avocate de Dominique Pelicot, rappelle à l'accusé qu'il aurait déclaré avoir reculé en voyant que la victime était "édentée". "Ca vous aurait coupé l'envie", ajoute-t-elle. "Non, non !", assure-t-il. "C'est ce que vous avez dit au docteur Layet", répond-elle.
"Les questions que j'allais poser à monsieur Pelicot ont été posées par mon confrère, Me Babonneau", déclare Roland Marmillot, l'avocat de Mohamed R.
"Je voudrais ajouter : il y a plus de raisons de croire mon client que monsieur Pelicot, parce qu'il poursuivi pour un crime, quand Dominique Pelicot est poursuivi pour 50 crimes", ajoute-t-il.
L'audience est suspendue quelques minutes.
On passe au deuxième interrogatoire de la semaine sur les faits : celui de Dominique D., 45 ans. Il comparaît détenu car il est poursuivi pour plusieurs séries de faits, commis à des dates différentes.
Le président parle d'abord de cinq séries de faits. Mais l'avocat général intervient, soulignant que l'accusé est poursuivi pour six séries de faits.
En garde à vue, il a reconnu les faits. "Mais, en fin d'information, il s'interrogeait sur une possible complicité de Gisèle Pelicot, en totale contradiction avec ses déclarations, jusqu'alors constantes", relate le président, lisant l'ordonnance de mise en accusation.
Dominique D. est invité à s'exprimer sur les faits. "Moi je me suis connecté sur Coco fin 2014, j'ai eu le contact avec monsieur Pelicot fin janvier/début février 2015. Il cherchait un homme pour offrir sa femme le jour de la Saint-Valentin, en 2015", relate-t-il.
"Au départ j'étais pas chaud, et j'ai demandé des garanties. Je voulais voir madame, voir l'environnement où ça va se passer. Il me dit : 'reconnecte toi le lendemain : tu verras madame à la sortie de sa douche'", détaille l'accusé depuis son box. Il parle assez vite.
"J'ai vu madame sortant de sa douche, venant vers monsieur Pelicot, puisqu'ils avaient un petit rituel, c'était qu'il lui passait une lotion sur son dos. Ca m'a permis d'avoir madame en direct par cam'", explique Dominique D.
"J'ai voulu avoir encore plus de garanties : j'ai dit : 'ce serait bien que je vois l'environnement, le lieu'. Je me suis présenté chez lui : j'ai vu madame assise, il faisait grand soleil. J'ai dit bonjour : elle était consciente, en train de bouquiner", relate l'homme.
"J'ai même pu faire la connaissance du chien, un petit basset. Il m'a fait voir quelques photos de madame. Il m'a dit : demain, c'est la Saint-Valentin, on fera le repas, y'aura un peu d'alcool, et y'aura un tranquillisant", raconte Dominique D.
"Très bien, pas de soucis", répond-il alors à Dominique Pelicot.
"J'ai vu l'environnement, pour moi, tout collait. J'ai rassemblé les garanties. Hormis une des garanties : c'est le consentement", reconnaît-il.
"Je tenais à présenter mes excuses", dit-il en se tournant vers Gisèle Pelicot, "et je voudrais remercier votre famille de vous avoir soutenue physiquement et moralement, pour savoir à qui on avait vraiment affaire", ajoute-t-il.
L'intéressée ne semble pas l'écouter : elle lit quelque chose.
"Je n'ai pas l'habitude du candaulisme, je cherchais un couple. L'environnement était bien, la maison, pas de sonnette d'alarme… Un décontractant, bon ok…", ajoute-t-il.
"Le terme 'à son insu' peut être évocateur", souligne le président, à propos du salon sur Coco. "Je le conçois monsieur le président", répond l'accusé. "Les premiers faits, c'était le 14 février 2015", ajoute le magistrat. "Je confirme", dit l'homme.
"Moi je voulais mettre des préservatifs mais il m'a dit 'non, t'en n'auras pas besoin'. Je dis : 'elle est où ?'. Il me dit : 'elle est dans sa chambre'. Monsieur Pelicot a eu des rapports avec madame Pelicot. Il m'a fait attendre et m'a fait venir pour prendre sa place", dit-il.
Dominique D. reconnaît ne pas avoir eu l'accord de la victime. "Mais monsieur Pelicot m'a donné une garantie optimum pour dire que c'était un couple libertin. Mais au fur et à mesure, c'était son délire à lui, ce n'était pas du tout un couple libertin", admet l'accusé.
Le président lit le contenu de chaque vidéo, pour chaque date. C'est très long, insoutenable. Il décrit de multiples pénétrations, des scènes avilissantes, des sous-vêtements vulgaires. Gisèle Pelicot écoute, la tête appuyée contre le mur derrière elle, auquel elle est adossée.
Au cours des faits datant de mai 2017, les enquêteurs notent que la victime se réveille. Elle demande à son mari ce qu'il fait. Il répond : "rien, dors", et lui dit qu'il regarde la télé. Elle n'y croyait pas, lui parlait d'un "truc dans ses fesses", puis se rendormait.
L'accusé affirme qu'il n'était pas là à ce moment-là, que le mari était seul avec sa femme.
Le président poursuit les descriptions. Gisèle Pelicot ferme les yeux quelques instants.
"Ainsi s'achève l'analyse de ces supports", conclut le président, après cette interminable litanie de viols de Dominique D. et Dominique Pelicot, ce dernier ayant parfois copieusement insulté son épouse inconsciente.
"Vous concernant, la particularité, ce sont des faits qui vont se dérouler sur cinq années, voire plus de cinq années…", observe Roger Arata. "Oui monsieur le président", rétorque l'accusé.
"Vous avez entretenu des contacts avec Monsieur Pelicot pendant plusieurs années : qui était à l'initiative ?", poursuit le président.
"Il m'a vendu ce qu'il m'avait dit. On est passés de tranquillisants à somnifère. Et j'y suis retourné une quatrième fois. Les deux dernières fois, c'était plus par insistance de monsieur Pelicot : c'est lui qui me harcelait de messages", assure-t-il.
"Vous avez mis du temps quand même : 5 ans. Sérieusement, peut-on imaginer, à la lumière des éléments dont je viens de donner lecture, que madame Pelicot puisse être dans la combine dès la première fois ? Honnêtement ?", lui demande le président.
"Honnêtement, non. Vu maintenant, après mûre réflexion…", répond Dominique D.
Une assesseuse lui demande de quoi il parlait avec Dominique Pelicot par sms (les enquêteurs ont estimé que les deux hommes ont échangé à de nombreuses reprises).
"Il me parlait de ce qu'il faisait avec sa femme, moi je répondais par oui, par non. Et il y avait des relances, moi j'ai dit non. C'était presque du harcèlement", assure-t-il.
Elle revient sur ses déclarations spontanées devant les enquêteurs, relevant : "dès le départ vous saviez qu'il y avait une prise de Temesta. Vous le dites très clairement dans le PV d'audition". "Je l'ai su à la fin le nom du médicament", affirme Dominique D.
"A la base, monsieur Pelicot dit : 'je veux faire un cadeau à ma femme'. Et quand vous voyez qu'elle est inconsciente, il est où le cadeau ?", lui demande-t-elle. "C'était plutôt un cadeau pour monsieur Pelicot en fait", reconnaît-il.
"Vous avez eu quelques mots de regrets : vous comprenez qu'ils sont presque une insulte pour ma cliente, alors que vous avez spontanément reconnu les faits et qu'aujourd'hui, vous plaidez l'accident réitéré six fois ?", lui demande Antoine Camus, l'avocat de Gisèle Pelicot.
"Certes, c'est impardonnable ce que je lui ai fait subir à madame Pelicot. Mais c'est vrai que lors de son audition, ça m'a fait prendre conscience. Parce qu'elle voulait en finir en découvrant tout ce que Monsieur Pelicot lui avait fait faire", explique l'accusé.
"Donc je la remercie d'être là avec nous pour voir le véritable personnage de monsieur Pelicot", ajoute-t-il.
"Vous, quel personnage êtes-vous ? Vous dites devant les enquêteurs : 'je savais le programme', vous êtes très très précis. Et maintenant vous dites : les choses ont changé. Quel monsieur D. faut-il croire ?", lui demande Antoine Camus.
"La cour devra statuer entre le premier et le deuxième", répond-il.
L'avocat général cite les vidéos qu'il souhaite voir diffusées. Le conseil de Dominique D. s'agace et estime que certaines demandes ne sont pas justifiées. "C'est pour que la cour voit bien...", tente de justifier l'avocat général.
"Vous avez un homme qui s'est incriminé alors qu'il n'y avait pas de vidéos", rappelle Emile-Henri Biscarrat, l'avocat de l'accusé.
"Ces diffusions sont superfétatoires", estime-t-il.
"Ce n'est pas pour le faire regretter mais pour le faire prendre conscience…", tente d'expliquer l'avocat général. "On n'a jamais évoqué la prise de conscience comme justification !", s'agace Emile-Henri Biscarrat. Ses confrères et consœurs de la défense s'agacent.
Le président justifie : "sur l'une, on voit madame Pelicot dormir, avoir du mal à respirer, et sur la seconde, une manifestation en décalage avec le contexte d'une situation où il y aurait le consentement".
Antoine Camus intervient : "il reconnaît l'intention votre client ?", interroge-t-il. "Ah parce qu'on pourra apprécier l'intention ?", lui demande l'avocat. Antoine Camus estime que oui.
L'avocate générale intervient à son tour et revient à l'interrogatoire de Dominique D., tentant de comprendre pourquoi, après avoir reconnu les faits en garde à vue, il semble effectuer un revirement.
"J'ai du mal à comprendre vos changements de versions. Je voudrais que vous m'expliquiez pourquoi, dès la première audition, vous indiquez que vous savez que madame Pelicot a été droguée à son insu. Pourquoi vous dites ça si ce n'est pas ce que vous pensez ?", demande-t-elle.
"Il m'a dit qu'au départ il donnait un tranquillisant. C'était pas madame qui prenait le cachet", répond Dominique D. "Est-qu'elle était d'accord pour que ce soit lui qui donne le cachet ?", demande l'avocate générale. "J'ai pas posé la question", reconnaît-il.
L'avocate générale, tenace, continue à pointer ses contradictions.
Dominique Pelicot est invité à livrer sa version. "Je suis assez surpris par votre système de défense", déclare-t-il, "soulignant que Dominique D. "était le plus complice" de tous ceux qui sont venus chez lui.
"C'est lui qui demandait ce qu'elle faisait, comment elle était habillée, on a beaucoup beaucoup échangé à ce sujet, donc j'avoue que je ne comprends pas très bien, pour le reste, la cour jugera…", ajoute Dominique Pelicot.
"Les images, ça me fait mal, parce que moi-même, j'ai pas envie de les revoir, je ne pense pas que mon épouse ait envie, maintenant, c'est pas moi qui décide", ajoute-t-il.
On passe justement au visionnage de deux vidéos. Sur la première, l'accusé impose une fellation à la victime. Sur la deuxième, il lui embrasse les seins, et fait signe à la caméra, en souriant.
Pendant la projection, les avocats de la défense présents dans la salle d'audience sortent, hormis l'avocat de Dominique D. Manifestement, en protestation de cette diffusion.
Gisèle Pelicot baisse la tête.
"Je rappelle qu'il reconnaît la matérialité des faits mais pas l'intention : il impose volontairement des actes de nature sexuelle, alors même que la victime n'est pas en état de manifester son opposition", déclare l'avocat général, pour justifier sa demande de diffusion.
Béatrice Zavarro demande à Dominique Pelicot pourquoi il ne souhaitait pas que les hommes qui venaient à son domicile mettent un préservatif. "Qu'on soit clair : ça participait de votre plaisir qu'il n'en ait pas ?", lui demande-t-elle. Son client reconnaît.
"Pourquoi n'y a-t-il pas eu de septième fois ?", demande-t-elle à Dominique D. "Monsieur Pelicot a décidé de mettre fin à tout : moi j'ai respecté", répond-il.
"Donc quand vous dites qu'il relançait sans cesse, qu'il vous harcelait etc… C'est bien lui qui décidait d'arrêter avec vous ?", poursuit-elle. "C'est ça", répond l'homme.
"Vous avez dit : 'c'est bien que je sois là, parce qu'on verra le véritable personnage qu'est monsieur Pelicot'. Mais vous, qu'est-ce que vous êtes ?", lui demande Béatrice Zavarro.
"Moi ? Je suis un coaccusé", répond Dominique D. "Vous êtes juste un coaccusé ? En venant six fois ?", questionne l'avocate, et de poursuivre : "vous vous estimez différent de monsieur Pelicot ?". "Evidemment", répond-il.
"Vous avez dit : 'je ne me suis pas levé un matin en disant que je serai un violeur'. Pourquoi vous êtes suffisamment en confiance dès le 14 février (2015) ?", lui demande son avocat, Emile-Henri Biscarrat.
"La prestance de monsieur Pelicot, le timbre de sa voix, sa mise en confiance : il m'a mis en confiance totale", assure Dominique Pelicot.
"Mon confrère de la partie civile a parlé d'un 'accident réitéré six fois'. Comment vous voyez ça, avec le recul ?", lui demande l'avocat. "Je travaille avec la psychiatre, j'arrive à me livrer. Ça me permet d'avancer dans ma réflexion", répond l'accusé.
L'audience est levée pour aujourd'hui. Elle reprendra demain, à 9h, avec les expertises psychiatriques des accusés de la semaine, et la suite des interrogatoires sur les faits. Merci pour votre suivi de ce LT, pour @franceinfo

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