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Nov 10, 2024 20 tweets 8 min read Read on X
La Russie engage des agents secrets “jetables” pour déstabiliser l’Europe

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Les services russes font appel à des espions amateurs, qu’ils envoient sur le Vieux Continent pour des opérations de déstabilisation.
Le journal allemand “Die Zeit” a enquêté sur ce phénomène qui déroute les renseignements occidentaux.
Il est encore tôt en ce samedi 1er juin. La capitale française vient de se réveiller, mais il y a déjà de l’animation près de la tour Eiffel. Ce ne sont pas des touristes, cependant.

Une fourgonnette blanche fait des allers et retours le long du quai Jacques-Chirac. À l’intérieur, Mahmud H. (le nom a été modifié) et deux autres hommes. Le stationnement est interdit dans cette rue à plusieurs voies qui passe juste devant la tour Eiffel.

Or les trois hommes veulent absolument rester dans le coin avec leur véhicule, ils ont une mission à accomplir.
La fourgonnette finit par s’arrêter juste devant la tour Eiffel, malgré l’interdiction de stationner. Mahmud H. et les autres descendent et déposent leur cargaison sur le trottoir : cinq cercueils, chacun recouvert d’un drapeau français, comme pour des obsèques nationales, et portant l’inscription “Soldats français de l’Ukraine”.
Comme s’il s’agissait de Français tombés au champ d’honneur en Ukraine. Les images de l’opération feront par la suite le tour de la messagerie russe Telegram.
Des policiers observent la scène – leur compte rendu se trouve dans un rapport de police que nous avons pu consulter –, mais les hommes et le véhicule disparaissent avant qu’ils ne puissent intervenir. Cette étrange opération sème l’effervescence dans la police parisienne. Les Jeux olympiques sont pour bientôt, le pays craint des attentats. La police recherche le véhicule et les hommes. Elle trouve rapidement le véhicule et son conducteur, un Bulgare de 39 ans. Mahmud H., un Berlinois de 25 ans qui a des origines palestiniennes, et un Ukrainien de 16 ans sont interpellés dans l’après-midi alors qu’ils s’apprêtent à prendre un FlixBus pour Berlin.
Tous les trois sont placés en garde à vue, leurs téléphones portables examinés. La police est rapidement convaincue d’être tombée sur trois représentants d’un nouveau type d’espion à la solde des services secrets russes. Un type d’espion auquel sont depuis quelque temps confrontés tous les organes de sécurité d’Europe de l’Ouest. Ces agents n’ont en effet rien d’orthodoxe : ce sont des amateurs non formés au renseignement, mal payés et rassemblés plus ou moins arbitrairement.
Des espions à usage unique

Dans la nuit précédant l’opération des cercueils, le chauffeur était venu de Sofia dans le véhicule loué en Bulgarie. Les deux autres hommes venaient de Berlin. Aucun des trois n’était connu des services de sécurité allemands ou français. Mahmud H. nous a affirmé par la suite avoir participé à l’opération pour protester contre la guerre en Ukraine, mais c’est peu probable. Les trois hommes sont au chômage. D’après l’enquête, ils ne savaient pas qui était leur commanditaire ni ce qu’il visait par cette opération. Pour eux, seul comptait l’argent.

Les hommes comme eux sont un cauchemar pour les services de sécurité : ils ne sont jamais apparus sur leurs radars, ne sont pas actifs politiquement et certainement pas connus comme espions. Auparavant, les services de sécurité connaissaient les diplomates russes qui n’étaient attachés culturels ou collaboratrices d’ambassade qu’en apparence et travaillaient en fait pour les services secrets. Nombre d’entre eux ont été expulsés de la plupart des pays de l’Union européenne [UE], et le Kremlin s’est manifestement trouvé de nouveaux moyens de recruter des agents.
Les conversations confidentielles que nous avons eues avec des membres des services secrets de plusieurs pays donnent une image de ce nouveau mode de recrutement. La Russie trouve désormais ses saboteurs sur Telegram, Instagram ou TikTok. Ses services secrets recherchent sur le Net des personnes jeunes, enthousiastes, et qui ne sont pas encore “sur la bonne voie”, pour reprendre les termes d’un membre des services de sécurité allemands.

Les cas connus permettent de définir un modèle. Les choses commencent toujours en petit : tu as envie de gagner 5 dollars [4,60 euros] en cryptomonnaie ? Et si tu faisais un tag ? Tu pourrais faire une photo de tel lieu pour 100 euros ? La première mission accomplie, d’autres suivent, mieux payées et plus risquées. Et si quelqu’un comme Mahmud H. se fait prendre, les commanditaires n’en pâtissent quasiment pas. Les services du renseignement allemands parlent donc de low level agents [“agents de bas niveau”] ou de single use agents [“agents à usage unique”].
Désinformation et incendies

Voilà des mois que ces agents jetables pilotés par la Russie opèrent en Europe de l’Ouest. Ils constituent un des éléments de la guerre hybride que mène Vladimir Poutine contre l’Occident. Ils taguent des mains rouges sur le mémorial de la Shoah à Paris, ils brandissent des pancartes contre l’Otan ou la lutte de l’Ukraine dans des manifestations qui n’ont rien à voir ou ils déposent de faux cercueils.
Comme l’armée de trolls de Poutine sur les réseaux sociaux, ces auxiliaires sont recrutés pour laisser leurs messages dans les rues de l’Occident. Ces opérations semblent insignifiantes, mais leur accumulation a un effet. Elles répandent la désinformation, sèment le doute, le sentiment que quelque chose ne va pas. Et ce ne sont pas les seules missions pour lesquelles on fait appel à ces auxiliaires.

Andrés Alfonso de la Hoz de la Cruz a 26 ans et vient de Ciénaga, une ville du nord de la Colombie. Après l’école et le service militaire, il a commencé à travailler dans l’agriculture et dans une carrière, mais rêve manifestement d’un avenir meilleur. Un jour, alors qu’il se trouve sur un groupe Telegram consacré aux emplois potentiels à l’étranger, un Russe lui demande s’il veut travailler en Europe. L’homme est prêt à financer son voyage. De la Hoz est d’accord, il se rend en Espagne, puis en Pologne.
Le Russe se manifeste à nouveau. Il lui demande de photographier une usine d’armement polonaise moyennant 5 000 zlotys, environ 1 100 euros. Le jeune Colombien s’exécute. Son officier traitant lui déclare qu’il a réussi le test et lui donne immédiatement sa prochaine mission : il doit aller à Prague et mettre le feu à des bus garés sur un site. L’intermédiaire russe lui raconte que le propriétaire des véhicules veut escroquer son assurance. La rémunération est de 3 000 dollars [environ 2 800 euros]. Ce que De la Hoz ne sait pas, c’est que le site est en fait un dépôt de bus du DPP, le réseau de transport public de proximité de Prague.

Dans la nuit du 7 au 8 juillet, le Colombien s’introduit sur les lieux et met le feu à deux bus avant d’être découvert par une employée des services de sécurité. Celle-ci parvient à éteindre l’incendie, il réussit à s’enfuir. La police lance un avis de recherche et le trouve rapidement. De la Hoz est depuis en prison en République tchèque, il risque une condamnation pour terrorisme et jusqu’à vingt ans de réclusion. L’enquête a montré qu’un autre homme avait auparavant été recruté par des Russes pour photographier le dépôt – probablement pour préparer l’attentat.
Un mode opératoire bien huilé

Sergejs Hodonovic s’est lui retrouvé devant la justice à Riga, en Lettonie. D’après les actes du procès, ce jeune Letton avait lui aussi été appâté par de petits boulots sur Telegram. Le premier le conduit à Tallinn, en Estonie. Avec un autre jeune homme, il doit taguer l’inscription “Killnet hacked you” [“Killnet vous a hackés”] sur un mur. Killnet est le nom d’un groupe de hackeurs russes, mais la phrase ne dit rien aux jeunes gens. Ils ne savent pas que le mur fait partie du centre de cyberdéfense de l’Otan à Tallinn. Ni que le centre est au même moment la cible d’une attaque des cybertroupes russes. La mission suivante, c’est d’espionner l’aérodrome de l’armée de l’air lettonne à Lielvarde. Mais cette fois, Hodonovic se fait prendre.
Les autorités lettonnes parviennent à identifier son commanditaire. C’est un jeune Letton, qui déclare lors de son interrogatoire avoir, à la demande d’un certain “Alexander”, recherché et recruté des personnes comme Sergejs Hodonovic sur le Net, puis leur avoir confié des missions. Pour chaque mission réussie, il touchait une commission, 200 euros pour les photos de l’aérodrome militaire, par exemple. Seule condition : les agents jetables ne devaient pas être des ressortissants russes. Il avait compris qu’il travaillait pour les services russes. Les missions qu’il attribuait comportaient des déclenchements d’incendies. Et il y en a eu quelques-uns en Europe.

À la fin de l’année dernière par exemple, une usine de peinture a brûlé à Wroclaw, en Pologne. Les autorités polonaises ont arrêté en janvier un jeune Ukrainien qu’elles accusent d’avoir été payé par les services secrets russes pour l’attentat. En mars, l’entrepôt d’une société ukrainienne a brûlé dans le nord-est de Londres. Cinq Britanniques font l’objet d’une enquête pour incendie volontaire. Ils auraient agi pour les services secrets russes.
En mai, un incendie a éclaté dans une usine du fabricant d’armes [allemand] Diehl. L’affaire n’est pas encore élucidée, mais le service du renseignement américain possède des indices allant dans le sens d’un attentat commandité par la Russie. Les services de sécurité allemands ne confirment ni ne démentent. Cependant, “c’est désormais presque sans importance”, selon eux, car l’effet est déjà excellent du point de vue de la propagande russe : enquêteurs, services du renseignement, média et population spéculent sur l’éventualité d’une origine russe, et c’est exactement ce que recherche la Russie – semer le doute dans la société occidentale.
“Diviser la société”

D’après un membre des services de sécurité allemand, les Russes sont en train de tester jusqu’où ils peuvent aller avec leurs agents jetables.

“C’est une stratégie qui pourrait encore aller bien plus loin.”

Plusieurs signes vont en ce sens. Dernier cas en date : l’envoi de bombes incendiaires par avion. Jusqu’à présent les conséquences n’ont pas été trop graves, mais ces gentils paquets étaient manifestement réglés pour exploser en vol. Plusieurs de ces bombes ont été découvertes, dont deux en Allemagne. L’une a mis le feu à un conteneur dans le centre logistique de DHL à l’aéroport de Leipzig.

Un suspect a été appréhendé en Lituanie, il est soupçonné d’avoir agi pour les Russes.
Dès 2015, le coordinateur des services secrets du gouvernement allemand a mis sur pied un groupe de travail réunissant les services de la sécurité du territoire et les services du renseignement pour s’occuper de la guerre hybride menée par la Russie. Le groupe a présenté en 2016 un “tableau de situation commun” confidentiel qui faisait la lumière sur la propagande, la désinformation et les opérations psychologiques de Moscou. Les services jugeaient déjà à l’époque que la Russie se considérait comme “en conflit ouvert avec le monde occidental”. Elle s’efforçait de “renforcer les divergences au sein de l’UE” et de “diviser la société allemande”.

Les choses sont plus claires aujourd’hui, et les services de sécurité occidentaux coopèrent de plus en plus étroitement pour lutter contre ce défi. En Allemagne, un groupe de travail baptisé “Hybrid” et composé de membres de divers organes de sécurité se réunit une fois par semaine au sous-sol des services du renseignement pour passer en revue les éventuels nouveaux cas.
Et ils sont très nombreux, d’après les participants. La masse des opérations soupçonnées d’avoir été commanditées par la Russie pose déjà un problème, car elle consomme des ressources considérables au sein de la police comme des services du renseignement. Et les autorités sont loin de tout voir malgré leurs efforts.

Par exemple, elles n’ont eu connaissance de l’existence de Mahmud H. que quand nous les avons interrogées. Son commanditaire, que la police française a pu identifier, n’était pas connu non plus en Allemagne. Expulsé par la France, Mahmud H. est de retour à Berlin. Il n’est pas facile à trouver. Sa famille déclare ne pas savoir où il est. Nous essayons à plusieurs reprises de lui envoyer des messages et de l’appeler. Il répond parfois au téléphone, mais il ne veut plus parler de son affaire. Il n’ajoute qu’une chose : après l’opération parisienne, il avait déjà une autre mission, il devait se rendre à Prague.

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Nov 4
Des « clandestins » aux « opérations psychopathes » : comment évolue l’activité du GRU en Europe
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Suite à l'invasion à grande échelle, le GRU a considérablement intensifié ses activités en Europe, allant des assassinats et du sabotage aux cyberattaques et aux opérations de manipulation psychologique dans les médias. Image
Mais « Konovalov » n’était pas un étudiant, et ce n’était pas son vrai nom. À 32 ans, il n’était plus stagiaire, mais officier de carrière au sein de l’unité 29155 du GRU. Image
Read 9 tweets
Oct 20
Vu qu'ils m'insultent tous les jours, petit fil sur les bots russes, ces parasites :

Le mot « désinformation » a été choisi par Staline pour sonner français , conférant ainsi à cette pratique une origine occidentale, plutôt que d'être liée à l'Union soviétique. Les agents du KGB avaient tout intérêt à déployer des efforts considérables pour planifier ces mesures actives. Vous avez peut-être entendu parler de certaines de ces campagnes, comme celle du KGB qui a inventé une rumeur selon laquelle le virus du VIH avait été développé par le gouvernement américain, puis a publié l'article dans des pays neutres pendant la Guerre froide, notamment l'Inde, le Koweït, l'Iran, la Suède et la Finlande, afin de semer la méfiance envers les États-Unis et leurs alliés.

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Désormais, grâce à Internet, la Russie promeut ses campagnes grâce à des « brigades » de bots, initialement employées par l'Agence de recherche Internet, dirigée par Evgueni Prigojine. Ces équipes font également appel à des sympathisants occidentaux vivant en Russie, ainsi qu'à des Russes maîtrisant parfaitement l'anglais et d'autres langues, afin de séduire le public occidental. Pour repérer un bot russe , ou tout compte automatisé se livrant à la désinformation, à la propagande ou à d'autres tentatives de manipulation, recherchez ces signes révélateurs :
1. Examinez le profil
Photo de profil : Examinez la photo de profil pour déterminer s'il s'agit d'une photo d'archive ou d'une image provenant d'autres sources. Utilisez des outils de recherche d'images inversée comme Google Images ou TinEye pour vérifier si la photo apparaît sur plusieurs sites web. Les robots utilisent souvent des images volées ou génériques pour créer un semblant d'authenticité.

Nom d'utilisateur : Analysez le nom d'utilisateur pour identifier les schémas typiques des robots, comme une chaîne de chiffres ou de lettres aléatoires ne formant pas de mots cohérents. Par exemple, des noms d'utilisateur comme « Fred123456 » ou « John_xyz_987 » sont souvent utilisés par les robots.

Âge du compte : Vérifiez la date de création du compte. Les bots utilisent souvent des comptes créés récemment ou juste après février 2022. Si un compte a été créé il y a quelques mois, mais qu'il est très actif, cela peut être un signal d'alarme.

Biographie et détails du profil : Consultez la biographie et les autres informations du profil. Les bots ont souvent des biographies courtes, incomplètes ou génériques. Un manque d'informations personnelles ou des déclarations trop générales peuvent être suspectes.
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Sep 25
L’Europe est en guerre contre la Russie, qu’elle le veuille ou non

Les combats en Ukraine ne sont qu'une partie de la guerre plus vaste que mène la Russie contre l'ensemble du continent. Il est grand temps de reconnaître cette réalité et d'agir en conséquence.

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La Russie est en guerre contre l'Europe. Elle mène une guerre ouverte en Ukraine depuis plus de dix ans, avec une férocité croissante depuis son invasion à grande échelle en 2022. Mais les combats en Ukraine ne constituent qu'une partie de la guerre plus vaste que mène la Russie contre l'Europe dans son ensemble.

Les incursions de drones de ce mois-ci en Pologne et en Roumanie et leur survol de l'espace aérien estonien soulignent l'intention plus large de Moscou : diviser l'Europe et les États-Unis, affaiblir le soutien public à une action militaire forte et mettre fin au soutien du continent à l'Ukraine.
Mais jusqu'à présent, l'Europe n'avait pas pris cette menace au sérieux. Elle préférait considérer l'escalade des opérations russes – assassinats, cyberattaques, sabotages d'infrastructures critiques, campagnes de désinformation, etc. – comme une zone grise, en deçà du niveau d'un conflit armé. Sa réponse a consisté à renforcer sa résilience tout en condamnant publiquement, parfois, la Russie pour ses actions.

Essentiellement, l’Europe n’a rien imposé à Moscou pour son agitation secrète contre le continent — et c’est une erreur.

Cet échec est à l'origine de l'escalade significative des attaques du Kremlin contre l'Europe ces trois dernières années. Comme le souligne un nouveau rapport de l'Institut international d'études stratégiques (IISS) , le nombre de ces attaques s'est accru avec le déclenchement de la guerre ouverte, et la raison est évidente : la Russie a été contrariée par la défense acharnée de l'Ukraine sur le champ de bataille et par le soutien qu'elle a reçu de l'Europe et des États-Unis.
Read 9 tweets
Jul 27
Grok, peux tu faire un rapport détaillé sur les relais du Kremlin en france, russe et francais ?

1. Contexte historique des réseaux d'influence russes en France

L'utilisation de relais d'influence en France par la Russie n'est pas un phénomène nouveau. Dès l'époque soviétique, le KGB finançait des agents d'influence pour promouvoir des narratifs pro-soviétiques. Un exemple notable est celui de Pierre Charles Pathé, journaliste condamné en 1980 à cinq ans de prison pour avoir publié des articles pro-soviétiques financés par le KGB, motivé à la fois par des convictions communistes et des intérêts financiers.

Depuis les années 2000, sous l'ère de Vladimir Poutine, le Kremlin a modernisé ses stratégies en combinant le soft power (culture, médias, coopération) avec des méthodes d'influence plus subtiles, telles que les réseaux sociaux, les think tanks, et les partenariats financiers. Ces efforts visent à façonner l'opinion publique française et à polariser le débat politique, en particulier dans le contexte de la guerre en Ukraine depuis 2014 et de l'invasion à grande échelle de 2022.

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Médias pro-russes et francophones

RT France : Bien que la chaîne RT (Russia Today) soit interdite en Europe depuis 2022, elle continue de produire des contenus en français depuis Moscou, disponibles sur le web. Par exemple, l'émission Ici Moscou !, animée par Xavier Moreau, un ancien officier français installé à Moscou depuis plus de 20 ans, adopte un format de talk-show calqué sur les propagandistes russes. Cette émission relaie des narratifs du Kremlin, comme l'appellation "opération spéciale" pour la guerre en Ukraine ou "Otano-Kiévienne" pour l'armée ukrainienne, tout en critiquant les médias occidentaux.

Pravda-fr. et réseaux comme Portal Kombat : Ces plateformes font partie d'un réseau de 193 sites identifiés par Viginum, l'organisme français de lutte contre les ingérences numériques étrangères. Ces sites reprennent des contenus pro-russes, souvent sans produire de contenu original, en s'appuyant sur des comptes de réseaux sociaux, des agences de presse russes comme TASS, ou des institutions locales. Pravda-fr, par exemple, a diffusé des fausses informations sur la présence de "mercenaires français" en Ukraine pour discréditer le soutien français à Kiev.

CopyCop et Doppelgänger : Ces réseaux utilisent l'intelligence artificielle pour créer des faux sites imitant des médias français légitimes (par exemple, un clone du site de la coalition Ensemble) et diffuser des infox, comme une fausse promesse de prime de 100 euros pour les électeurs d'Emmanuel Macron. Ces opérations visent à semer la confusion et à polariser le débat.
Influenceurs et personnalités publiques

Xavier Moreau : Cet ancien officier français, basé à Moscou, est une figure clé de la propagande russe en langue française. Il relaie les narratifs du Kremlin sur les réseaux sociaux et via RT France, en critiquant systématiquement l'Occident et en soutenant l'"opération spéciale" en Ukraine.

Adrien Bocquet : Cet ancien militaire français, exilé en Russie, collabore avec des médias comme Afrique Média, un relais majeur de la propagande russe en Afrique. Sur Telegram, il diffuse des vidéos tournées dans le Donbass et des "enquêtes" fallacieuses, comme une fausse affirmation selon laquelle Volodymyr Zelensky aurait étudié à Moscou. Ces contenus servent à discréditer l'Ukraine et ses alliés.

Laurent Brayard : Présenté comme un "reporter de guerre et historien", Brayard a collaboré avec l'administration séparatiste du Donbass. Il accuse les médias français de propager une "propagande ukrainienne" et évoque une "banderisation de la France", en référence au nationaliste ukrainien Stepan Bandera, une figure utilisée par le Kremlin pour dénoncer une prétendue "nazification" de l'Ukraine.

Pierre Malinowski : Cet ancien parachutiste, proche du porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, mène des fouilles archéologiques financées par un oligarque russe. Ses activités, comme le rapatriement des restes du général napoléonien Gudin, servent à promouvoir une image positive de la Russie tout en entretenant des liens culturels franco-russes. Bien qu'il nie être un agent du Kremlin, il admet son admiration pour la Russie.

Fabrice Sorlin : Catholique traditionaliste exilé à Moscou, Sorlin est vice-président du Mouvement international russophile. Il intervient sur des thèmes comme la "russophobie" en Occident, renforçant les narratifs anti-occidentaux du Kremlin.
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Jul 19
Dis Grok, peux tu me faire un rapport détaillé sur les liens entre Trump et la Russie stp ?

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1. Contexte historique : Les origines des liens (années 1970-1990)

Les relations entre Donald Trump et des entités russes remonteraient à plusieurs décennies, bien avant son entrée en politique.

Voici les principaux éléments :

Premiers contacts dans les années 1970-1980 :

Dès les années 1970, Trump, alors jeune promoteur immobilier à New York, attire l’attention du KGB en raison de son profil d’homme d’affaires ambitieux et de son style de vie ostentatoire. Selon des témoignages d’anciens agents du KGB, comme Yuri Shvets, Trump était considéré comme une cible potentielle pour établir des relations en tant que « contact confidentiel » en raison de son influence croissante dans les cercles économiques américains.

En 1986, une rencontre avec l’ambassadeur soviétique Yuri Dubinin à New York, suivie d’un voyage de Trump à Moscou en 1987 à l’invitation de l’agence Intourist (liée au KGB), marque un jalon clé. Ce voyage, organisé officiellement pour discuter d’un projet immobilier (une tour Trump à Moscou), est perçu par certains comme une opportunité pour les services soviétiques de cultiver des relations avec Trump.
Liens financiers avec des oligarques et mafieux russes :

Dans les années 1990, après la faillite de plusieurs de ses entreprises, notamment le casino Taj Mahal, Trump se trouve dans une situation financière précaire avec des dettes atteignant près de 5 milliards de dollars. À cette époque, des oligarques russes et des figures liées au crime organisé commencent à investir dans ses projets immobiliers.

Par exemple, environ un tiers des appartements de la Trump Tower à New York auraient été achetés en liquide par des individus liés à la mafia russe, selon Kenneth McCallion, ancien procureur anti-mafia à New York. Ces transactions, souvent en espèces, auraient permis à Trump de stabiliser ses finances. Des figures comme Felix Sater, un homme d’affaires russo-américain ayant des liens avec la criminalité organisée, ont joué un rôle dans ces transactions.
Read 15 tweets
Jul 6
Renseignements français : la Chine a utilisé ses ambassades pour saper les ventes du Rafale, l'avion de combat phare de la France Image
La Chine a déployé ses ambassades pour semer le doute sur les performances des avions Rafale de fabrication française après qu'ils aient participé aux combats en Inde et au Pakistan en mai , ont conclu des responsables militaires et des services de renseignement français, impliquant Pékin dans un effort pour nuire à la réputation et aux ventes du chasseur phare de la France.

Des conclusions d'un service de renseignement français, consultées par l'Associated Press, indiquent que des attachés de défense des ambassades chinoises à l'étranger ont mené une offensive visant à saper les ventes de Rafale, cherchant à persuader les pays ayant déjà commandé cet avion de fabrication française – notamment l'Indonésie – de ne pas en acheter davantage et à encourager d'autres acheteurs potentiels à choisir des avions de fabrication chinoise. Ces conclusions ont été communiquées à l'Associated Press par un responsable militaire français, sous couvert d'anonymat.

Les quatre jours d'affrontements indo-pakistanais en mai ont constitué la confrontation la plus grave depuis des années entre les deux voisins dotés de l'arme nucléaire , et ont donné lieu à des combats aériens impliquant des dizaines d'avions des deux côtés. Depuis, des responsables militaires et des chercheurs ont cherché à savoir comment le matériel militaire pakistanais de fabrication chinoise – en particulier les avions de combat et les missiles de combat aérien – s'est comporté face aux armes utilisées par l'Inde lors de frappes aériennes contre des cibles pakistanaises , notamment les chasseurs Rafale de fabrication française.

Les ventes de Rafale et d'autres armements représentent une activité importante pour l'industrie de défense française et contribuent aux efforts du gouvernement parisien pour renforcer ses liens avec d'autres nations, notamment en Asie où la Chine devient la puissance régionale dominante.
La France lutte contre ce qu'elle appelle une campagne de désinformation contre le Rafale

Le Pakistan a affirmé que son armée de l'air avait abattu cinq avions indiens lors des combats, dont trois Rafale. Des responsables français affirment que cela a suscité des interrogations sur leurs performances de la part des pays qui ont acheté ces chasseurs au constructeur français Dassault Aviation.

L'Inde a reconnu des pertes d'avions, mais n'a pas précisé leur nombre. Le général Jérôme Bellanger, chef d'état-major de l'armée de l'air française, a déclaré avoir vu des preuves indiquant seulement trois pertes indiennes : un Rafale, un Sukhoi de fabrication russe et un Mirage 2000, un avion de chasse français de première génération. Il s'agit de la première perte au combat connue d'un Rafale, que la France a vendu à huit pays.

« Bien sûr, tous ceux qui ont acheté des Rafale se sont posé des questions », a déclaré M. Bellanger.
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