Juliette Campion Profile picture
Nov 12 192 tweets 24 min read Read on X
Mardi 12 novembre, c’est la 10e semaine du procès des viols de #Mazan On entend cette semaine le dernier groupe d’accusés. Gisèle #Pelicot vient d’arriver. LT à suivre pour @franceinfo
On commence avec les enquêtes de personnalité. On entend celle de Christian L., 56 ans. Il comparaît détenu.
Ses parents se sont rencontrés dans le cadre de l'armée : sa mère était secrétaire, son père mobilisé. Ils se sont installés à Aubagne, où est né Christian L. Le couple n'aura qu'un seul enfant. Cinq ans plus tard, ils déménagent à Carry-le-Rouet, suite à une mutation du père.
Le quinquagénaire décrit une enfance idyllique, magique. Ses parents sont très présents : sa mère a arrêté de travailler. Son père prenait beaucoup de temps personnel pour s'occuper de son fils.
Il effectue une scolarité dans la moyenne et entreprend à 16 ans le concours de marins-pompiers, inspiré par son grand-père, qui était dans marine nationale. A 18 ans, il intègre les marins-pompiers et obtient la médaille d'honneur dès la première intervention.
Trois ans après, il voit se profiler la guerre du Golfe et ne souhaitant pas aller à l'étranger, il décide d'intégrer une caserne dans l'Ain, comme pompier professionnel. Eloigné de sa famille, il a des difficultés pour s'acclimater.
A 24 ans, en 1993, il est muté à Divonne-les-Bains, puis il ira à Ferney-Voltaire, toujours dans l'Ain. Son supérieur le décrit comme un pompier aguerri, accompli.
Suite à une nouvelle mutation dans l'Ain, il rapporte que sa hiérarchie ne le soutenait pas, le remettait en question. Il tient trois ans, jusqu'en avril 2018 où il est placé en arrêt pour burn-out. On lui prescrit un traitement qu'il ne suivra que très peu.
"Il n'a jamais accompli de suivi psychologique", relève l'enquêteur de personnalité. Il est muté fin 2018 à la caserne de Bollène (Vaucluse). Ca se passe plutôt bien mais il a rapidement trop de tâches et est victime d'un second burn-out, qui ne sera pas diagnostiqué.
Sa dernière mutation se fait à Valréas, dans le Vaucluse toujours, au sein d'une caserne plus familiale, où il s'accomplira à nouveau professionnellement.
Du côté de sa vie sentimentale, il rencontre Madame S. à 24 ans. Elle avait 16 ans. Ils s'installent ensemble dans la caserne où il travaillait et auront deux petites filles, nées en 2000 et 2004. Le couple construit sa maison à la frontière suisse.
Madame S. rapporte que Christian L. a multiplié les relations extraconjugales. Il ne s'est jamais excusé, "à cause d'un égo surdimensionné", d'après cette compagne. Après une énième tromperie et une épisode de violences en 2018, elle décide de quitter le domicile.
Il rencontre une autre femme par la suite et s'installent ensemble dans la Drôme. Ils sont hébergés pendant un temps par un ami. "Il ne se sentait pas chez lui, vivait dans les cartons", souligne l'enquêteur de personnalité.
En avril 2019, le couple parvient à obtenir un crédit pour acheter une maison. Christian L. est décrit par sa fille comme un père très présent, quelqu'un qui les a toujours poussés. Madame S. dit qu'il a toujours réussi à concilier sa vie personnelle et professionnelle.
En résumé, il est décrit comme un homme cultivé, intelligent, engagé sur ce qu'il aime, avec toutefois "des difficultés à accepter l'échec". Il est également dépeint comme introverti, de nature dépressive, avec parfois une tendance à s'emporter.
On passe à l'enquête de personnalité du deuxième accusé de la semaine : Joseph C., 69 ans. Il est issu d'une famille italienne. Ses parents ont émigré en 1952 et se sont installés à Saint-Priest, à proximité de Lyon.
Il est le cinquième d'une fratrie de huit enfants et le premier à avoir grandi en France. Son père, maçon, travaillait beaucoup et était fatigué le soir. Il pouvait se montrer rude sur l'éducation. Sa mère était mère au foyer.
L'enfance de Joseph C. a pu être difficile sur le plan financier. Lui et son frère, interrogés dans le cadre de l'enquête de personnalité, vouent une certaine admiration à leurs parents.
Sur le plan personnel, il rencontre Madame M. au début années 1980. Le couple est décrit comme l'eau et le feu : lui très sociable, elle plutôt casanière. Mais ils fondent une famille : ils ont une fille en 1984.
Il entreprend ensuite une relation extraconjugale avec une voisine de la famille. Une dizaine d'année plus tard, au milieu des années 1990, le couple se sépare d'un commun accord, sans réelles difficultés. Joseph C. dit d'elle que c'est "une belle personne".
Il officialise sa relation avec la voisine au début des années 2000. Tous deux s'installent dans le Vaucluse, et achètent une maison, qu'ils transformeront en gîte.
Elle veut un enfant, lui s'y est toujours opposé. Le sujet n'est jamais réellement revenu sur la table et ils gardent tous deux de grands regrets par rapport à cela. Ils ont entreprise une vie de libertinage à la demande de Monsieur C.
Début 2019, elle le quitte, à cause de son "caractère impétueux". Elle avait également le sentiment qu'elle gérait seule la maison. Ce départ a été très dur pour lui : il a fait une dépression.
L'enquêteur de personnalité parle d'une scolarité "dans la moyenne". Joseph C. a passé un CAP de tourneur fraiseur. Il a travaillé dans ce domaine a fini par le quitter car il avait peu de perspectives financières.
Il a enchaîné les petits boulots et est devenu prof de karaté bénévole. Il a d'ailleurs été vice-champion de France. Il décroche ensuite des emplois comme commercial, où il s'est réellement épanoui.
On entend maintenant Sylvie, la compagne de Christian L., âgée de 51 ans. Une petite femme blonde s'avance à la barre, vêtue d'une veste à capuche grise.
"On s'est rencontrés fin janvier 2018. C'est un homme très gentil, respectueux de la situation que j'avais subie avant", déclare celle qui a perdu son mari, qu'elle avait rencontré à l'âge de 18 ans.
"Il a toujours été… Comment dire ? Jamais forcer. Une relation très stable. On faisait énormément de sport ensemble, il m'a fait découvrir la randonnée, le vélo. Nous avons pris des chiens pour faire un élevage", poursuit-elle.
"J'ai rien à lui reprocher envers moi. Il a toujours été très patient. C'est un homme formidable", insiste-t-elle.
"Aujourd'hui c'est comment ?", lui demande le président. "Aujourd'hui, c'est compliqué. Mais je ne le crois pas capable de commettre un viol", lâche-t-elle.
"Ma question est toute autre madame", souligne le président. "Je l'attends, je le soutiens. Et je le soutiens depuis le début", rétorque Sylvie.
"Les parloirs, je n'y suis pas beaucoup allée. Je travaille beaucoup. J'ai les chiens à m'occuper. J'ai seulement un jour de repos par semaine. Mais je l'appelais tous les jours", précise la quinquagénaire.
"Et sur les faits ?", l'interroge le président. "Je ne le crois pas capable de commettre un viol", réitère Sylvie.
"Ca, c'est un avis. Il vous a parlé des faits ?", reprend le président. "Oui, un petit peu", déclare-t-elle évasive.
"Vous étiez présente lors de l'interpellation ?", demande Roger Arata. "Oui, ça a été un très gros choc. Je l'ai très très mal vécu. C'est encore gravé dans ma tête. Je ne dors pas la nuit, je suis débout tous les matins à 5h. J'ai subi un très gros traumatisme", déclare-t-elle.
"Deux infractions lui sont reprochées. Viol. Et détention d'images pédopornographiques sur des supports saisis à son domicile. Vous étiez au courant ?", poursuit le président. "Non, pas du tout. Je l'ai appris par la presse", assure Sylvie.
"Vous avez été appelée ou commanditée pour récupérer des choses sur son lieu de travail ?", lui demande le magistrat. "La seule chose qu'il m'avait demandé, c'était de récupérer des dossiers papier : tout ce qui était professionnel", précise-t-elle.
"Sachant qu'il était en instance de divorce. Il m'a demandé de pouvoir tout gérer. J'ai appelé le monsieur de la caserne et j'ai demandé si c'était possible de fournir tous les documents papiers qu'il m'avait demandé", ajoute Sylvie.
"Il vous a mentionné des risques particuliers ?", interroge le président. "Non.. J'ai pris contact avec son ex-femme pour décider de comment on allait faire. Il a fallu tout que je gère", relate-t-elle.
Dans le dossier, les enquêteurs ont précisé que sa compagne s'était présentée à trois reprises au centre de secours de Valréas afin de récupérer des affaires appartenant à Christian L., et notamment un dossier noir.
Au cours d'une conversation téléphonique, il insistait en lui disant qu'elle devait absolument le récupérer, "si non, il allait y rester longtemps".
Dans le même temps, le centre pénitentiaire a informé le
magistrat instructeur de conversations entre Christian L. et Sylvie dans lesquelles ce dernier insistait pour qu'elle récupère son ordinateur portable. Faute de quoi, "on est parti pour des années".
Le président l'interroge sur la découverte d'images pédopornographiques dans ses effets personnels. "Comment vous expliquez qu'on ait pu retrouver des images de cette nature ?", lui demande-t-il. "Je ne sais pas", répond-elle.
"C'était un fantasme particulier ?", insiste Roger Arata. "Non", estime Sylvie. "C'est quand même particulier la détention d'images de ce type", souligne le magistrat. "Pour moi, c'est pas un fantasme… Je ne sais pas…", répond la quinquagénaire.
L'assesseuse insiste sur ce point. "On est sur des échanges très concrets avec des hommes, sur des mineurs", relève-t-elle. "Si j'avais su qu'il était allé voir ailleurs, je serais partie. J'ai du mal à accepter le fait qu'il m'ait trompée", répond-elle.
"Mais vous êtes à ses côtés", observe la magistrate. "Oui, je le soutiens. Je suis déçue. Je pensais que c'était une relation stable", déclare Sylvie.
L'avocat général prend le relais sur les accusations de viol concernant Gisèle Pelicot, et toujours sur la détention de fichiers pédopornographiques. "Vous donnez l'impression de ne pas avoir trop creusé la question avec lui", note le magistrat.
"Non, parce qu'en fait, on n'a pas trop parlé de l'affaire…Je pense qu'il y a une part de honte du fait qu'il m'a trompé, et que malheureusement, il se trouve dans une affaire pareille", analyse-t-elle.
"Est-ce que vous vous ne souhaitez pas en savoir plus que ça ? Ou monsieur L. n'a pas cherché à se justifier ?", demande l'avocat général. "Je ne sais pas", répond Sylvie.
"Concernant la détention d'images pédopornographiques, vous êtes retournée à la caserne récupérer des affaires", pointe le magistrat. "Les ordinateurs avaient été saisis, y compris le miens. Donc je ne pouvais plus imprimer quoi que ce soit", rapporte-t-elle.
"L'ancienne avocate m'avait envoyé des documents qu'il fallait que j'imprime. J'y étais allée pour qu'ils m'impriment des documents", assure-t-elle.
"Vous n'avez pas du tout eu le souvenir d'une demande pressante de Monsieur L. ?", poursuit-il. "Pas du tout", affirme l'intéressée.
"Il m'a demandé de récupérer tous les dossiers papiers", précise-t-elle de nouveau. "Monsieur L. a reconnu qu'il vous avait demandé de récupérer l'ordinateur", insiste l'avocat général.
"Le gros dossier noir a été considéré comme un ordinateur. Il n'a jamais été question que vous restituiez ni le gros dossier noir, ni un quelconque ordinateur ?", lui demande Guillaume De Palma, l'avocat de Christian L. "Non", assure-t-elle.
"Vous n'avez jamais été entendue à ce propos ?", poursuit l'avocat. "Non, jamais, alors que j'avais fait des demandes. Surtout que j'ai appris tout ça dans la presse. Je suis accusée d'être complice alors que ce n'est pas le cas", se défend Sylvie.
Elle assure avoir recommandé aux filles de l'accusé de se couper des réseaux sociaux, où circulent le nom de leur père, qui est aussi leur nom. "Leur papa, c'est tout pour elles", souligne-t-elle.
"On s'attaque à moi et à mes enfants", poursuit-elle. "Comme ils disent : 'on ne mérite pas ça'. Ca a été très violent les attaques", affirme Sylvie, émue.
On passe à la troisième enquête de personnalité : celle de Charly A., 30 ans. L'enquêtrice s'exprime en visioconférence, depuis la Réunion.
Son père est électricien, sa mère auxiliaire de vie. Il a une soeur plus jeune et une demi-frère plus jeune. Les parents se sont séparés dans un contexte très conflictuel quand Charly A. avait 6 ans.
Sa mère s'est installée avec un autre conjoint par la suite. De cette union est né le demi frère de Charly A. quand celui-ci avait 13 ans. Le père est très évasif sur les raisons de la séparation avec la mère.
De manière générale, "il y a très peu de communication dans la famille", souligne l'enquêtrice de personnalité. Charly A. dit qu'il a vécu très difficilement la séparation de ses parents. Mais se dit très proche de sa fratrie, tant de sa soeur, que de son demi-frère.
Sa soeur estime qu'il a dû jouer le rôle d'homme à la maison après la séparation, pour soutenir sa mère. Il a dû s'occuper de l'éducation de son demi-frère et était comme son père, estime-t-elle.
Un ami de Charly A. dit qu'il n'y avait pas de cadre éducatif chez la mère. La petite soeur rapporte que des mesures éducatives ont été mises en place dès la séparation du couple parental la concernant.
Elle rapporte que l'accusé a dû s'interposer face au beau-père, pour protéger sa mère et sa soeur.
Le beau-père estime que c'est de la faute des enfants s'il y avait des conflits entre le père et la mère et entre le père et lui. Il affirme que le père montait les enfants contre lui. "Charly et sa soeur ont été instrumentalisés entre les deux camps", note l'enquêtrice.
Le trentenaire vit en garde alternée chez sa mère jusqu'à l'adolescence. En quatrième, il choisit de partir vivre chez son père, mais ne donne pas de motifs précis à ce désir. Il apparaît que c'était en fait une décision de justice : le père a obtenu la garde exclusive.
Quand il a 18 ans, le père, alcoolisé, se montre violent contre sa sœur et Charly A. s'interpose. Il quitte le domicile pendant une semaine et retourne vivre chez sa mère, de 21 à 25 ans. A 25 ans, il prend son premier appartement en autonomie.
L'enquêtrice a pu consulter les documents du tribunal pour enfants. Ils montrent que la mère n'a pas du tout coopéré avec l'aide sociale, refusant de reconnaître un mal-être chez ses enfants. "Elle ne les protège pas", note-t-elle.
Le beau-père est décrit comme autoritaire et vindicatif. En revanche, ils parlent d'un père qui propose "un cadre éducatif sécurisant". Les éducateurs s'inquiétaient pour Charly A. qui a manqué d'épanouissement et présentait "une construction psychique inquiétante".
Il aurait été expulsé en sixième sur conseil de discipline mais on ne sait pas pour quel motif. Il reconnaît s'être assez peu investi à l'école, se décrivant comme manuel. Il obtient tout de même le brevet mais échoue lors de son bac pro en électricité.
Charly A. a passé son permis poids lourd par la suite et a travaillé dans la viticulture. Son portrait professionnel est assez flou.
Il ne développe pas davantage sur ses relations amoureuses. D'après sa soeur, "il se faisait marcher dessus". Son meilleur ami rapporte également qu'"il n'a jamais eu le dessus, se fait mener par le bout du nez".
Il est aussi "très pudique" sur sa sexualité. Concernant son premier rapport, il dit qu'il a eu lieu "entre ses 12 et ses 16 ans" et affirme ne pas se souvenir de sa première partenaire.
Interrogés, les parents montrent le même malaise : le sujet du sexe semble être tabou dans sa famille. La soeur dit qu'elle a vu des relations sexuelles de la mère avec des hommes car elle ne fermait pas la porte.
Globalement, le discours de Charly A. est axé "sur sa normalité, dans son enfance, sa scolarité, sa vie sexuelle", note l'enquêtrice. "Mais personne n'évoque franchement les raisons de la séparation parentale. Chacun expose un point de vue différent", souligne-t-elle.
"A l'image de Charly, son entourage est très peu loquace", insiste l'enquêtrice.
"Monsieur A. est accusé d'être allé à six reprises au domicile des époux Pelicot, de 2016 à 2020", relève le président. Il comparaît détenu. "Est-ce qu'il va aborder sa maman et est-ce vous allez relever de la gêne ou quelque chose de particulier ?", lui demande le président.
Précision : des échanges entre Dominique Pelicot et Charly A. ont montré que celui-ci a voulu livrer sa propre mère au septuagénaire.
Réponse de l'enquêtrice : "il a été assez discret... Tout est passé sous silence, ses propos sont assez vagues".
"Pensez-vous qu'il y a des secrets de famille ?", poursuit le président. "Je me suis posé la question, car tout était tellement passé sous silence… Tout le monde botte en touche. Tout ce qui est sujet d'intime et de relations est balayé", répond-elle.
"A-t-il pu être violenté sur le plan sexuel ?", interroge Roger Arata. "C'est une question que je lui ai posé : s'il y a eu des traumatismes. Mais il n'a pas donné d'éléments", relate l'enquêtrice de personnalité.
"Afficher une certaine normalité, est-ce que ce ne serait pas pour protéger sa mère?", lui demande son avocat, Christophe Huguenin-Virchaux. L'enquêtrice répond que "c'est possible" mais il n'en parle pas, donc elle ne peut rien conclure avec certitude.
On passe à la quatrième enquête de personnalité, concernant Nizar H., 40 ans, réalisée par une autre enquêtrice, qui s'exprime également depuis la Réunion.
Au moment où elle le rencontre, il dit qu'il ne possède aucune coordonnées de ses proches. Elle est parvenue à contacter les frères mais ils n'ont pas voulu donner les coordonnées des soeurs, ni d'aucun membre de la famille, sous prétexte qu'ils ne parlaient pas français.
L'enquêtrice a quand même réussi à joindre une soeur.
Le père de Nizar H., Tunisien, s'est installé en France à 15 ans. Avec son épouse, ils ont eu sept enfants. L'homme travaillait dans l'agriculture et est décédé en 2020 d'un cancer.
Nizar H. s'est installé en France à 17 ans, à Carpentras mais rentre en Tunisie tous les étés. Il décrit ses parents comme un couple heureux.
La famille est décrite comme financièrement à l'aise. Nizar H. déclare être musulman mais pas pratiquant. Ses parents l'auraient initié à la religion dans l'enfance mais l'auraient laissé libre à l'âge adulte.
Il passe la majeure partie de sa scolarité en Tunisie, où il redouble la cinquième et la troisième. Il arrive en France au milieu du lycée, mais interrompt son cursus, car il estime que le niveau est plus difficile.
Il devient manoeuvre pendant huit ans avant d'être licencié pour motifs économiques. Son employeur parle de problèmes de respect de l'autorité. "Mais il pouvait aussi se montrer travailleur et courageux", souligne-t-il.
Il travaille ensuite comme chauffeur livreur, jusqu'au retrait de son permis pour défaut de points. En 2018, il obtient un CDI comme préparateur de commandes. Il sollicite ensuite une rupture conventionnelle pour s'occuper de son père malade.
Il a sa première relation sexuelle à 15 ans. Et une première compagne sérieuse de 2007-2011. Ils se séparent d'un commun accord car elle vit en Tunisie, et lui en France.
Il enchaîne plusieurs relations sans lendemain. L'une d'elles tombe enceinte et garde l'enfant. Elle le présente fils deux ans après sa naissance à Nizar H. comme son fils. Celui-ci demande un test de paternité puis le reconnaît. Le petit garçon est né en janvier 2013.
Il fait état de rapports compliqués avec la mère et dit n'avoir que très peu vu son fils. Avant son placement en détention, il a fait des démarches pour obtenir la garde exclusive.
Il a emménagé avec une de ses compagne à Mazan : leur relation a duré six ans et s'est arrêtée, à cause de tromperies mutuelles. Il a également été condamné pour violences conjugales.
Nizar H. a rencontré son épouse en 2018, lors de vacances en Tunisie. En 2019, alors qu'il est assigné à résidence dans le cadre de délits qui ne sont pas liés à cette affaire, il fait une demande de sortie du territoire pour assister à son accouchement.
Aucun acte de naissance n'a toutefois été remis.
Nizar H. a eu trois suspensions de permis. Il a ensuite été assigné six mois à résidence car il avait conduit malgré ces multiples retraits.
Il a également été condamné pour des faits de kidnapping : il a voulu récupérer son fils alors qu'il n'en n'avait pas la garde. Il explique s'être senti trahi d'apprendre sa naissance deux ans après, et dit avoir découvert que la mère de l'enfant était toxicomane.
Son rapport de suivi sociojudiciaire est très négatif. Il ne s'est pas présenté à l'intégralité de ses convocations, est décrit comme "laxiste et négligent".
Sur ce, l'audience est suspendue : elle reprendra à 14h avec les trois dernières enquêtes de personnalité du groupe d'accusés la semaine. Ils sont sept au total. On entendra également plusieurs proches.
Reprise d'audience. Le médecin de l'ex-compagne de Boris M., un des accusés entendus cette semaine, a fait savoir qu'elle n'était pas en état de comparaître. Son avocat Guillaume De Palma le regrette.
On passe à la cinquième enquête de personnalité : celle de Nicolas F., 42 ans. "Il apparaît serein au début de l'entretien mais explique au fur et à mesure que sa détention est difficile", rapporte l'enquêtrice.
"La totalité de ses proches se sont montrés disponibles pour l'entretien", poursuit-elle. Nicolas F. est célibataire et sans enfant. Il est fils unique. Le quarantenaire dépeint une enfance chaleureuse où il n'a manqué de rien.
Il commence le tennis à 5 ans, puis le piano. Sa mère assure n'avoir jamais eu aucune difficulté dans l'éducation de son fils. "Il rechignait à faire ses devoirs mais c'est vraiment les seules difficultés qu'elle met en avant", est-il rapporté.
En 2010, il intègre l'Association du Jeune Chambre Economique du Grand Avignon, dont il remporte la présidence en 2014. "Un de ses amis lui porte une certaine admiration, estimant qu'il a eu le cran d'y aller, de porter le projet", pointe l'enquêtrice.
Nicolas F. a également été responsable de la communication d'une Amap d'Avignon.
A partir de janvier 2013, il commence à écrire des articles économiques pour le Dauphiné Libéré. Puis il se lance à plein temps dans le journalisme. Il crée son entreprise mêlant communication et presse.
Il pige pour différents médias. Un de ses collègues le qualifie de "discret, très jovial". "Je n'ai jamais vu ou entendu quoi que ce soit le concernant", témoigne un rédacteur en chef.
Il connaît sa première relation amoureuse à 19 ans, avec une femme. Tous deux se séparent après un an. Il connaît ensuite des relations amoureuses fluctuantes.
"Il se décrit comme timide et dit : 'j'attendais qu'on vienne vers moi'", relate l'enquêtrice de personnalité.
A partir de 2008, il commence à avoir recours à des relations tarifées. Et va sur des sites de rencontres. "Je ne cherchais plus que des relations éphémères : je travaillais beaucoup, je me suis plongé dans le boulot", a-t-il déclaré.
Il rencontre tout de même une femme en 2012 mais précise qu'elle a fini par le tromper. La rupture aurait eu lieu en 2014. Il ne s'est jamais remis en couple.
Une amie à lui a dit constater du désir pour elle de sa part mais assure qu'il n'a jamais eu le moindre geste déplacé. Elle est toujours en contact avec lui. "C'est un fils unique : couvé, protégé et très choyé", décrit-elle.
Elle ajoute : "on n'a jamais connu sa vie privée : il a une forme d'autocensure, il ne se met jamais dans une position de séduction". "Il s'en plaignait un peu mais disait aussi qu'il était contente d'être seul", relève-t-elle.
Précision : des images à caractère pédopornographiques ont été retrouvées sur deux clefs USB lui appartenant. Des conversations ont aussi montré des penchants zoophiles de sa part.
On passe à la sixième enquête de personnalité, concernant Philippe L., 62 ans. "Il présente un cadre social relativement restreint, ce qui explique pourquoi il y a peu de témoignages dans cette enquête", précise d'emblée l'enquêtrice.
"Quasiment la moitié des personnes contactées n'ont pas donné suite", poursuit-elle. Quand elle le rencontre en détention, Philippe L. évoque "un choc carcéral qui aurait entraîné chez lui une sorte de surdité".
"Sa mère aurait eu une relation sexuelle non consentie avec un homme à 15 ans, de dix ans de plus qu'elle. De ce viol est né Philippe L. Ce père biologique est décrit comme un sportif professionnel, joueur de rugby, décédé cinq ans après, sur le terrain", relate-t-elle.
Sa mère rencontera rapidement un autre homme qui adoptera l'intéressé. "Tout est fait pour qu'il pense que son père est son géniteur. Et en même temps, tout le monde autour de lui semble connaître la vérité", observe-t-elle.
Son père adoptif aurait exercé en tant qu'artisan. Et sa mère comme secrétaire dans son entreprise, puis comme auxiliaire de vie. Il parle d'eux comme "des âmes soeurs, des inséparables".
"Sa mère mentionnera des conflits au sein du couple et plusieurs ruptures douloureuses. Elle parlera également de l'alcoolisme du père, qui aurait fait plusieurs cures de désintoxication", souligne l'enquêtrice de personnalité.
Philippe L. apprend officiellement qu'il est adopté à 38 ans par quelqu'un de la ville, qui pensait qu'il savait. A 40 ans, sa mère a une problématique de santé assez grave et se décide à lui parler.
Elle lui révèle le nom de son père biologique. Et Philippe L. tisse des liens avec la famille de celui-ci.
Son père adoptif décède en 2014. Cette année-là, sa mère a un AVC dont elle aurait gardé quelques séquelles.
Philippe L. grandit à Bédarrides, dans le Vaucluse. Ses parents sont relativement absents dans son enfance, à cause de leur activité professionnelle. Ses parents auraient engagé une nourrice pour l'élever ainsi que sa soeur.
Le père adoptif aurait été ami avec le père biologique : ils fréquentaient le mec club de rugby. Et Philippe L. a évolué dans ce club jusqu'à 17 ans.
Philipppe L. est décrit comme un enfant plutôt calme. Il part à 30 ans de chez ses parents, après avoir racheté une partie de la maison de son enfance. La découverte de son adoption n'aurait pas mis de distance avec sa mère.
Le sexagénaire aurait passé un CAP électricien, tout en se formant à la maçonnerie et à la plomberie dans l'entreprise des parents. Puis il a travaillé comme électricien dans la société parentale pendant plus de dix ans.
Il a ensuite essayé de monter sa société mais elle s'est arrêtée au bout de deux ans. Il a ensuite cumulé différents emplois : ouvrier de production, salarié pour le restaurant d'un Ehpad, entretien de jardins.
Au moment de sa rencontre avec l'enquêtrice de personnalité, il projetait de prendre sa retraite.
Il a fréquenté des prostituées à 17 ans, embarqué par des collègues de travail. Il a eu une histoire importante à 44 ans, lorsqu'il a renoué contact avec une vieille connaissance.
Celle-ci était alors est en procédure de divorce. "Et les intentions de chacun n'étaient pas très claires", observe l'enquêtrice. "Il dit qu'elle a fini par le quitter pour un autre homme après deux ans et demi", note-t-elle.
Il se met de nouveau à recourir au sexe tarifé autour de 2010, teste plusieurs sites de rencontres, dont Coco, "qu'il délaisse à plusieurs reprises à cause des arnaques et des faux profils". Il dit s'être fait piéger par celui qu'il traite de "salopard" (Dominique Pelicot).
Il passerait ses soirées et ses nuits chez sa mère depuis le décès du père, pour combler la solitude de sa mère. "Mais, on le constate aussi, pour combler sa solitude à lui", relève l'enquêtrice de personnalité.
L'haltérophilie est au coeur de sa vie : il a été troisième champion de France. Son hygiène de vie est calibrée, il pèse tous ses repas.
Philippe L. "cite un unique ami, avec qui il partage sa passion pour le sport", poursuit-elle. L'ami le décrit comme ayant peu d'amis mais comme étant très apprécié, car avenant, poli, mais aussi très naïf, trop gentil, comme ayant peur de tout.
"Il y a deux notions : apprendre que votre père n'est pas votre père. Et apprendre, ce qu'il a appris au détour de l'enquête de personnalité, qu'il était fortement probable que ce père biologique avait abusé de sa maman", relève son avocat, Stéphane Simonin.
"Est-ce que, dans la discussion que vous avez eu tous les deux, il vous en parlé ?", demande l'avocat à l'enquêtrice. "Non : c'est pour cette raison que j'ai supposé qu'il n'était pas au courant", répond-elle.
"La relation mère/fils, vous la qualifiriez comment ?", lui demande Stéphane Simonin. "Très complices, si ce n'est fusionnels", analyse l'enquêtrice.
"Vous avez étonnée que, tous les soirs, alors qu'il a 59 ans, il aille dîner chez sa mère, dormir chez sa mère ?Vous avez ressenti quelqu'un qui vit encore comme un enfant au domicile maternel ?", questionne l'avocat.
"Je ne vois pas trop comment répondre : effectivement, il passe beaucoup de temps avec sa mère. Le soir, la nuit, il s'occupe d'elle. Est-ce que c'est pour combler sa propre solitude, en même temps qu'il comble celle de sa mère ?", s'interroge-t-elle.
L'enquête de personnalité se termine. On entend à présent Constance, la compagne de Nizar H. Elle le décrit comme quelqu'un "d'agréable, qui est très apprécié par son entourage. Quelqu'un de généreux, trop généreux des fois", détaille-t-elle.
"Il fait passer les autres avant lui-même. Il a toujours été bienveillant, doux. Il n'a jamais été violent envers moi, toujours aux petits soins", poursuit cette jeune femme brune, aux cheveux mi-longs.
Ils sont tous deux en couple depuis 2019 , mais leur histoire a été émaillée de plusieurs ruptures. Ils ont décidé de s'engager pour de bon au moment où Nizar H. a été incarcéré, en 2021.
L'intéressé était alors marié avec une autre. Il a divorcé au cours de sa détention.
"Votre décision commune de reprendre une vie de couple, c'est quelque chose qui est plus ou moins virtuel", observe le président. "Tout à fait", reconnaît Constance.
"On a pu s'écrire grâce à sa famille, mais notre relation est assez compliquée à distance", ajoute-t-elle.
Une assesseuse note qu'il n'a pas parlé d'elle à l'enquêtrice de personnalité. "C'est quand même étonnant", estime-t-elle, notant qu'ils ont débuté leur relation sentimentale alors que Nizar H. venait tout juste de se marier.
"Moi j'étais pas prête à avoir une relation stable avec quelqu'un : c'était plutôt de mon côté que ça bloquait", explique Constance.
"Je sais que c'est délicat de poser cette question devant une cour d'assises mais pourquoi êtes-vous toujours là pour le soutenir ?", lui demande Guillaume De Palma, l'avocat de Nizar H.
"Je suis persuadée de l'innocence de Nizar H. : il n'a jamais eu l'intention de violer cette dame. C'est quelque chose auquel je crois dur, vraiment, vraiment. J'ai été là, je serai là, j'abandonnerai pas", promet-elle.
"C'est un avis que vous avez pu vous forger en raison de l'amour de Nizar H. pour vous ? Ou en raison d'un combat que vous aimeriez avoir ? Pour la justice ou autre", lui demande l'avocat.
"Déjà, je crois en la justice. Je laisse la justice faire son travail. Ca fait quatre ans que Monsieur H. tient le même discours. Il n'a jamais avoué quelque chose en particulier qui pourrait changer le cours de l'affaire", souligne-t-elle.
"Et si vous doutiez de sa culpabilité ? Seriez-vous dans la même posture ?", interroge Guillaume De Palma.
"Non, je suis quelqu'un de perspicace, qui a la tête sur les épaules. Je sais faire la part des choses. C'est une histoire hors du commun. On n'entend pas ça tous les jours", répond la jeune femme.
"S'il avait pu laisser sous-entendre qu'il était coupable, je ne pense pas que je serais actuellement là et que j'aurais tenu trois ans et demi pour défendre un violeur", tranche-t-elle sans hésiter.
C'est maintenant la petite soeur de Nizar H. qui s'avance à la barre. Elle vient d'Angleterre pour témoigner.
Elle le décrit comme "un enfant très gentil, serviable, agréable, sans aucun soucis particulier".
Et de poursuivre : "j'ai pu échanger avec lui. Il n'a jamais changé sa version. Il a toujours dit qu'il était innocent dans cette affaire. Il n'avait pas l'intention de violer cette dame : il avait l'intention de participer à un jeu".
"Il avait du succès avec les femmes : en aucun cas il n'est parti pour violer cette dame. Il s'est fait piéger facilement car c'est quelqu'un de naïf. Il ne se pose pas les questions. Il n'est pas vicieux", insiste la soeur de Nizar H.
"On est tous convaincus (dans la famille) : il est innocent. Il n'avait jamais l'intention de commettre un viol sur cette femme, si non, je ne serais pas venue de l'étranger pour témoigner", ajoute-t-elle.
"Cette histoire a détruit notre famille. Maman est très malade à cause de cette affaire. Elle va nous coûter ma mère", estime-t-elle, émue.
On passe à présent à la dernière enquête de personnalité du groupe de la semaine, la septième. Elle concerne Boris M., 37 ans.
L'enquêtrice de personnalité, qui s'exprime en visio depuis Toulouse, parle d'un homme qui a "toujours été très proche de ses grands-parents maternels". En 2022, quand elle le rencontre, il avaient 87 et 81 ans et n'avaient pas été informés de son incarcération.
Boris M. dit qu'il a toujours été un enfant heureux. Avec ses parents, ils partaient en vacances l'été et l'hiver. Sa mère gérait les dysfonctionnement quotidiens et leur père, "les trucs les plus graves". Cette dernière se dépeint comme "une maman aimante".
Sur le plan scolaire, il dit qu'il a été un élève moyen, sans sanctions, ni exclusions. Il redouble la troisième "parce qu'il n'y avait pas assez de place au lycée de Carpentras".
Il entre dans la vie active à 20 ans. Toutes ses expériences sont dans le domaine du transport : il gérait les plannings pour plusieurs sociétés. Il parle de longues journées de travail et assure qu'il n'a jamais été licencié.
Ses employeurs ont, au contraire, fait savoir qu'il avait été licencié à deux reprises, notamment pour avoir rédigé des faux.
Sa mère dit qu'il a connu une période un peu dépressive, pendant son chômage. Il a été employé d'exploitation dans une entreprise de camions frigorifiques, mais ne s'entendait pas avec le patron. L'entreprise a mis fin à sa période d'essai après beaucoup d'absentéisme.
Il signe un CDI en mars 2014 dans une autre entreprise mais est victime, ce jour-là, d'une grave accident de la route.
Ce jour-là, il pense avoir perdu le contrôle de son véhicule. Il a passé près d'une semaine dans le coma et est resté un an hospitalisé. Il a eu "la clavicule cassée, le pied arraché et les intestins explosés".
"Ses fonctions digestives restaient très détériorées", ajoute l'enquêtrice, précisant qu'"il est passé de 105 à 60 kilos".
Sa compagne d'alors raconte l'avoir aidé "dans des soins très intimes, comme changer la poche des selles". Elle s'épuise, se retrouve à tout assumer à la maison. Lui est d'humeur changeante. "Notre relation s'est dégradée", rapporte l'intéressée. Ils se sont séparés.
Dernièrement, il avait eu une courte relation amoureuse avec celle qu'il présente comme sa meilleure amie, rencontrée fin août 2017. Elle avait 35 ans à l'époque. C'est elle qui a mis fin à cette rencontre. Ils sont restés amis.
On entend à présent la mère de Philippe L. "J'ai eu mon fils très jeune, je l'ai toujours entouré. On a travaillé ensemble dans l'entreprise. C'était un enfant jovial, lumineux", relate cette femme aux cheveux grisonnants à la barre.
"C'est vrai que j'étais un peu jeune pour l'éduquer mais j'avais l'habitude par mes soeurs, qui ont douze ans d'écart avec moi", précise-t-elle.
Elle parle de l'haltérophilie comme d'une "passion, d'une addiction" chez lui. "Parfois, je lui disais : 'Philippe, pense un peu à sortir'. Ca ne l'intéressait pas du tout : il voulait voir des matchs de foot'", se souvient-elle.
"Il ne me disait jamais quelque chose qui pouvait me faire de la peine : il gardait tout pour lui", ajoute-t-elle.
"Pour en revenir à l'affaire, je ne pensais jamais venir pour lui devant un tribunal", poursuit la mère de Philippe L.
"Lorsqu'on est venu le chercher le 23 mars 2021, c'est moi qui ai ouvert quand la police a sonné. Je suis allée dans sa chambre, j'ai dit : 'Philippe, la police te demande'. Je lui dis : 'mais qu'est-ce que tu as fait ?' Il me dit : 'je ne sais pas'", rapporte-t-elle.
"Moi, mon amour n'a pas changé pour lui, ça c'est sûr", assure-t-elle.
"On constate qu'il est resté célibataire toute sa vie. Comment selon vous, à l'âge où les jeunes gens recherchent la construction d'un foyer, votre fils n'a pas réussi ou n'a pas voulu s'engager dans une relation durable ? Et réaliser une famille ?", lui demande le président.
"C'est aussi la question que je lui ai posée. Il me disait : 'j'ai pas trouvé la bonne personne'", répond-elle.
"Vous diriez que vous avez eu avec Philippe une relation fusionnelle ?", lui demande l'avocat de son fils, Stéphane Simonin.
"Je veillais beaucoup sur lui, parce que c'était mon ouvrier, notre ouvrier dans l'entreprise. Il faisait quand même son petit chemin, dans le travail, dans le sport, et à la maison", répond-elle.
"On en voit peu des fils de 59 ans qui vont dormir chez leur mère tous les soirs", insiste l'avocat. "Je lui dis des fois : 'mais je peux rester seule'. Bon, l'autre soir, j'étais pas bien, il a été là. Mais je ne veux pas nuire à ce qu'il a envie de faire", rétorque la femme.
L'avocat relève qu'elle a confié à l'enquêtrice de personnalité : "ce petit, je l'aurai, et il me protègera".
On entend maintenant un ami de Philippe L., qui dit le voir "tous les jours depuis 25 ans". "C'est quelqu'un de fiable, dévoué, très naïf, qui peut se laisser rouler", affirme-t-il.
"Sur les faits, vous en savez quelque chose ?", lui demande le président. "J'en sais pas plus que ce que vous savez vous. Je suis surpris", déclare l'homme.
"Vous apprenez les faits reprochés de sa bouche à lui ?", lui demande une assesseuse. "Je suis allé au sport, je ne l'ai pas vu. Je me suis inquiété : j'ai contacté sa maman. C'est par la suite que j'ai su ce qui lui était reproché", répond-il.
"Il m'a dit qu'il ne s'était pas rendu compte, qu'il n'avait rien fait de mal. C'est quelqu'un de bon, jamais il n'aurait fait ça", insiste l'ami de Philippe L.
L'audience est suspendue et reprendra demain, à 9h, avec les expertises psychiatriques. Merci d'avoir suivi ce fil pour @franceinfo

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Nov 13
Mercredi 13 novembre, 44e jour au procès des viols de #Mazan à Avignon. On entend ce matin les expertises psychiatriques du dernier groupe d’accusés (sept au total). Le public (des femmes essentiellement) est toujours très présent. LT à suivre pour @franceinfo Image
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Oct 25
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Bonjour à tous ! La cour criminelle du Vaucluse entame, ce lundi 21 octobre, la huitième semaine du procès des viols de #Mazan 👉🏼 Pas de LT aujourd'hui, ni demain : je serai de retour mercredi à Avignon pour @franceinfo Image
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