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🚹 Le parquet a rendu ses rĂ©quisitions dans l'affaire des assistants parlementaires du FN. Elles sont particuliĂšrement lourdes et suscitent de l’incomprĂ©hension.

Voici donc un compte rendu objectif de l'audience durant laquelle les procureurs ont expliquĂ© leurs motivations âŹ‡ïž

Ce compte rendu est dénué de toute analyse politique afin de fournir une information brute.Image
L’audience des rĂ©quisitions du parquet s’est aujourd'hui dĂ©roulĂ©e en 3 parties : d'abord la prĂ©sentation et l’analyse gĂ©nĂ©rale du dossier par le parquet, puis l’étude des cas personnels, et enfin la motivation des peines prononcĂ©es.

Ce compte rendu sera donc structuré en trois grandes parties.
I - La présentation et l'analyse générale du dossier

Le parquet ouvre ses rĂ©quisitions en se dĂ©fendant avec vigueur de tout acharnement, rappelant que « les prĂ©venus ne sont pas ici en raison d’un acharnement, mais plutĂŽt d’une enquĂȘte Ă  charge et Ă  dĂ©charge menĂ©e par quatre juges d’instruction ». AprĂšs six semaines d’audience, il souligne la patience du tribunal qui a permis Ă  chacun de prĂ©senter et rĂ©itĂ©rer ses arguments en dĂ©fense. Le parquet affirme ensuite : « Les faits qui vous sont soumis prĂ©sentent un caractĂšre inĂ©dit par leur ampleur, leur durĂ©e et le caractĂšre organisĂ© et systĂ©mique ».

Le parquet poursuit en rappelant que la députation est un mandat accordé par les citoyens, ce qui impose des exigences strictes de probité.

Le procureur conclut que le tribunal devra statuer sur l’utilisation des fonds afin de dĂ©terminer s’il y a eu une atteinte grave et durable, et, surtout, de dĂ©cider de la rĂ©ponse pĂ©nale adĂ©quate face Ă  ces faits, ayant « pour effet et pour objet une atteinte grave et durable au dĂ©roulement de la vie dĂ©mocratique europĂ©enne et française ».

Il prĂ©cise que les actes des « complices » et des « receleurs » s'Ă©tendent jusqu'en 2017, et non 2016, en raison de la rĂ©gularisation des contrats d'assistants. Cette rĂ©gularisation marque la date jusqu'Ă  laquelle le Parlement europĂ©en a continuĂ© de verser des fonds. Il ajoute : « Il ne s’agit pas d’ajouter de nouveaux faits, ce n'est pas une extension de pĂ©rimĂštre de la saisine mais une juste qualification des faits Ă  leur date effective », ce qui dĂ©fend la position du parquet. Ce dĂ©tail revĂȘt une importance capitale, car il introduit un fondement Ă  la peine d'inĂ©ligibilitĂ© potentielle de Marine Le Pen.

Le parquet dĂ©crit ensuite le caractĂšre systĂ©mique du dĂ©tournement de fonds, dĂ©montrant que les dĂ©putĂ©s Ă©taient au fait de la rĂ©glementation, avec des moyens mis Ă  leur disposition par le Parlement europĂ©en pour s'informer. Plusieurs Ă©lĂ©ments du dossier montrent qu'ils distinguaient les tĂąches europĂ©ennes de celles relevant de la vie du parti. Cela rĂ©fute l'argument de Jean-Marie Le Pen, selon lequel la rĂ©glementation serait postĂ©rieure aux faits reprochĂ©s : « C’est faux », argue le procureur.

Le parquet passe ensuite aux questions de droit soulevées lors des débats. Le procureur rappelle que la majorité de ces questions ont déjà été tranchées de maniÚre unanime par les hautes juridictions compétentes.

Il aborde les points soulevés lors du premier jour, pour lesquels un résumé a déjà été fourni :

- La dĂ©fense contestait l’applicabilitĂ© de l’article 432-15 du Code pĂ©nal aux parlementaires europĂ©ens, affirmant que ceux-ci n’étaient pas investis d’une mission de service public et que les fonds en question n’étaient pas publics. La jurisprudence, notamment dans l’affaire du MoDem, a dĂ©jĂ  statuĂ© sur cette question, et le tribunal a donc rejetĂ© cet argument comme non sĂ©rieux. Le parquet se positionne en accord avec cette dĂ©cision.

- Concernant la prescription et la date de fin de la prĂ©vention, le tribunal doit prouver une dissimulation dans les dĂ©tournements de fonds pour Ă©tendre la pĂ©riode de prescription. Le parquet rejette les arguments des prĂ©venus, qui soutiennent qu’il n’y avait aucune dissimulation et que certains faits reprochĂ©s sont donc prescrits. Le parquet rĂ©pond que les assistants parlementaires ont menti sur leurs tĂąches dans les contrats transmis au Parlement europĂ©en, excluant ainsi toute absence de dissimulation. Il cite, par exemple, le cas de Julien Odoul, qui a omis de mentionner ses activitĂ©s pour le Front National dans son contrat, alors qu'il y consacrait 20 heures par semaine. Le procureur affirme alors : « Il ne reste guĂšre de place pour le travail pour le Parlement europĂ©en, qui se rĂ©duit comme peau de chagrin ». Julien Odoul travaillait par ailleurs au siĂšge du Front National.

- Sur l’utilisation libre des assistants parlementaires au titre de l’interdiction du mandat impĂ©ratif, avancĂ©e par la dĂ©fense, le parquet rappelle que, si le dĂ©putĂ© est libre de toute contrainte des Ă©lecteurs ou d’un parti, il doit nĂ©anmoins rendre des comptes sur l’utilisation des fonds publics. « Le dĂ©putĂ© europĂ©en ne peut pas faire un libre usage de son assistant parlementaire. Sinon, cela constitue un dĂ©tournement de fonds publics, car l’emploi n’est pas effectuĂ© conformĂ©ment Ă  sa destination. Les fonds publics requiĂšrent une utilisation maĂźtrisĂ©e, avec un contrĂŽle lĂ©gitime de la part du Parlement europĂ©en. » Cet argument est Ă©galement rejetĂ©.

Le parquet Ă©numĂšre toutes ces questions pour insister sur le comportement des prĂ©venus durant l'audience, affirmant qu’ils auraient agi de maniĂšre Ă  retarder la procĂ©dure.
Ensuite, le parquet répond aux arguments de fait soulevés par la défense.

D’abord, en ce qui concerne l'argument de l'absence de conservation des preuves de travail, le parquet rĂ©fute cet argument en affirmant : « L’argument 'je ne garde rien' est faux, car les prĂ©venus ont des capacitĂ©s de conservation. Monsieur Gollnisch garde bien sa documentation, par exemple. » Le procureur va jusqu’à dĂ©clarer que si la preuve de travail n’est pas retrouvĂ©e, ce n'est pas en raison d'un dĂ©faut de conservation, mais parce qu’elle n’a jamais existĂ©.

Le parquet dĂ©veloppe ensuite le caractĂšre systĂ©mique du dĂ©tournement de fonds, s’appuyant sur un courrier dans lequel est Ă©voquĂ©e une « gestion centralisĂ©e des enveloppes », d’abord sous la direction de Jean-Marie Le Pen, puis de Marine Le Pen, dans le but de « rĂ©aliser des Ă©conomies grĂące au Parlement europĂ©en ».

Il est important de noter qu'Ă  cette pĂ©riode, le Front National fait face Ă  de grandes difficultĂ©s financiĂšres, accumulant une dette de plusieurs millions d’euros et dĂ©pensant plus que ce qu'il ne gagne.

Le procureur affirme de maniĂšre incisive qu’il existait un systĂšme de dĂ©tournement de fonds organisĂ© par la direction du parti, ayant pour objectif de rĂ©aliser des Ă©conomies. Il cite les propos de Marine Le Pen : « Tout ce qui peut aider, lĂ©gal ou pas, sera utilisĂ©. » Lorsque les fonds europĂ©ens ne suffisaient pas, des fonds de campagne Ă©taient Ă©galement mobilisĂ©s.

Le procureur démontre, par un échange de mails entre un eurodéputé et le trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just, que les deux savaient qu'il fallait signer pour un emploi fictif et que Marine Le Pen « le savait bien ».

Il ajoute que les assistants n’ont pas Ă©tĂ© recrutĂ©s par les dĂ©putĂ©s eux-mĂȘmes, mais par les cadres dirigeants du FN, et n’ont pas travaillĂ© pour les dĂ©putĂ©s, mais pour les responsables du parti. Quant Ă  l’argument de la dĂ©fense tendant Ă  dĂ©montrer un rĂ©el travail par l’accomplissement de deux actes en six mois pour le dĂ©putĂ© auquel ils Ă©taient rattachĂ©s, il le qualifie de « parfaitement ridicule ».

Le procureur prĂ©cise que l’objectif Ă©tait de transfĂ©rer les charges salariales du Front National sur le Parlement europĂ©en. Les dĂ©putĂ©s de la huitiĂšme lĂ©gislature n’auraient qu’un seul assistant parlementaire ; le reste de l’enveloppe Ă©tait destinĂ© aux besoins du Front National.

Le parquet souligne qu’avant 2014-2015, il n’existait aucun contrĂŽle sur le travail des assistants parlementaires, une absence de vĂ©rification qu’il qualifie de « trop grande tentation ». En rĂ©ponse, Marine Le Pen rĂ©agit par un mouvement de dĂ©nĂ©gation de la tĂȘte.

Le procureur explique que, jusqu'Ă  l’arrivĂ©e de Marine Le Pen Ă  la tĂȘte du parti, c’était Jean-Marie Le Pen qui dĂ©cidait de l’affectation des assistants. Avec Marine Le Pen, le caractĂšre systĂ©mique du dĂ©tournement s’est accentuĂ©, en raison des ressources financiĂšres de plus en plus limitĂ©es, justifiant une « optimisation » accrue des fonds pour maximiser les Ă©conomies.

Le parquet dĂ©montre Ă©galement que les mouvements des assistants parlementaires Ă©taient totalement dĂ©connectĂ©s de leurs charges de travail rĂ©elles. Par exemple, Thierry LĂ©gier informe son dĂ©putĂ©, par mail, qu’il a obtenu des vacances de Jean-Marie Le Pen, bien que son employeur soit officiellement le dĂ©putĂ© pour lequel il travaille.

Le procureur insiste longuement sur le caractĂšre systĂ©matique et organisĂ© du dĂ©tournement de fonds, illustrant cette structure par un mail oĂč un prĂ©venu demande : « Je verrai avec Marine Ă  qui elle les affecte. » Il souligne que ce systĂšme Ă©tait dirigĂ© par la tĂȘte du parti, d’oĂč les poursuites pour complicitĂ© contre Marine Le Pen.

Durant la huitiĂšme lĂ©gislature, Bruno Gollnisch espĂ©rait Ă©conomiser 1,2 million d’euros. Il avait envoyĂ© un mail Ă  Marine Le Pen, indiquant : « Ma chĂšre Marine, nous ne nous en sortirons pas sans des Ă©conomies importantes sur le Parlement europĂ©en. » Les dĂ©putĂ©s nouvellement Ă©lus ont mĂȘme Ă©tĂ© informĂ©s qu'ils auraient un seul collaborateur parlementaire, les autres Ă©tant mis Ă  disposition du Front National.

Le procureur conclut son rĂ©quisitoire en affirmant : « La fiction dĂ©fendue ici n’est corroborĂ©e par aucun Ă©lĂ©ment. »

L’audience de la matinĂ©e est suspendue, et le parquet reprendra l’aprĂšs-midi avec l’étude des cas personnels.
II - Étude des cas personnels

II A - Détournement de fonds publics et recel

- Thierry LĂ©gier, garde du corps historique de Jean-Marie Le Pen et ancien assistant parlementaire de Fernand Le Rachinel puis de Marine Le Pen. Le parquet soutient qu’il s’agit d’un emploi fictif, prĂ©cisant toutefois : « Non pas que monsieur LĂ©gier n’ait pas travaillĂ©, il a beaucoup travaillĂ©, mais cette tĂąche n’était pas financĂ©e par la personne qui profitait de ce travail, mais par le Parlement europĂ©en. Il s’agit donc d’un dĂ©tournement de fonds publics. »

- Micheline Bruna, ancienne assistante parlementaire de Fernand Le Rachinel puis de Bruno Gollnisch et de Marine Le Pen, tout en Ă©tant secrĂ©taire particuliĂšre de Jean-Marie Le Pen. Elle figurait dans l’organigramme du FN en 2008 et encore en 2015, comme secrĂ©taire particuliĂšre de Jean-Marie Le Pen : emploi fictif similaire Ă  celui de Thierry LĂ©gier.

- Yann Le Pen, sƓur de Marine Le Pen, ancienne assistante de Bruno Gollnisch de 2009 Ă  2014, employĂ©e au sein de la cellule Ă©vĂ©nementielle puis de la dĂ©lĂ©gation gĂ©nĂ©rale aux grandes manifestations du parti. Elle a mĂȘme avouĂ© qu’on ne lui avait jamais demandĂ© de travailler pour Bruno Gollnisch : emploi fictif.

- Catherine Griset, assistante parlementaire de Marine Le Pen entre dĂ©cembre 2010 et fĂ©vrier 2016, qui Ă©tait en rĂ©alitĂ© son assistante personnelle puis cheffe de cabinet. En neuf mois, elle n’a Ă©tĂ© prĂ©sente que 12 heures au Parlement europĂ©en. Elle prĂ©tendait ĂȘtre bĂ©nĂ©vole pour Marine Le Pen en tant que cheffe de cabinet, mais le procureur rĂ©plique : « Son activitĂ© soi-disant bĂ©nĂ©vole de cheffe de cabinet n’est pas compatible avec le temps et l’intensitĂ© de ce travail. » Catherine Griset a donc « travaillĂ© au profit du FN et non en lien avec le mandat parlementaire » : emploi fictif.

- Guillaume L’Huillier, assistant parlementaire de Marine Le Pen puis de Bruno Gollnisch, tout en Ă©tant directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen. En cinq mois, il n’a aucun Ă©change avec Bruno Gollnisch et appelle Jean-Marie Le Pen « chef » : emploi fictif.

- GĂ©rald GĂ©rin, assistant parlementaire de Jean-Marie Le Pen et de Marie-Christine Arnautu, en mĂȘme temps qu’assistant personnel de Jean-Marie Le Pen. Aucun Ă©change professionnel n’a lieu en lien avec le mandat de Mme Arnautu ; pour justifier son activitĂ©, seule une compilation de revues de presse avec des post-it est produite, ce qui suscite l’ironie et l’agacement du procureur.

- Laurent Salles, assistant parlementaire de Louis Aliot entre le 1er juillet 2014 et le 28 fĂ©vrier 2015, et Ă©galement assistant au sein de la dĂ©lĂ©gation gĂ©nĂ©rale aux grandes manifestations du parti. Les Ă©changes de mails se limitent aux aspects administratifs du contrat et Ă  la galette des rois au FN. Il n’existe « aucune mention de rendez-vous pour l’assistance parlementaire, aucun justificatif produit d’un travail effectif. »

- TimothĂ©e Houssin, assistant parlementaire de Nicolas Bay entre le 1er juillet 2014 et le 31 mars 2015, en rĂ©alitĂ© employĂ© au secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral du parti, en charge notamment des Ă©lections dĂ©partementales. Aucun Ă©change d’embauche ni de conditions de recrutement n’a lieu entre Nicolas Bay et TimothĂ©e Houssin. Les justificatifs, sous forme de revues de presse, semblent reconstituĂ©s aprĂšs coup, amenant le procureur Ă  dire : « Soyons sĂ©rieux ! »

- Jeanne Pavard, assistante parlementaire de Jean-François Jalkh, est absente du procÚs pour des raisons de santé. Elle signe ses mails « Jeanne Pavard, service élections » et apparaßt comme une référente pour les candidats du parti.

- Charles Hourcade, assistant parlementaire de Marie-Christine Boutonnet entre septembre 2014 et fĂ©vrier 2015, en rĂ©alitĂ© graphiste au sein du pĂŽle communication du parti. Il explique que « c’est le trĂ©sorier du FN qui [lui a] demandĂ©, et [qu’il n’a] pas tellement eu le choix. Ça ne modifiait pas le salaire : un mois, [il Ă©tait] employĂ© par le FN, le mois suivant par Marie-Christine Boutonnet », illustrant une « gestion de vases communicants ».

- Loup Viallet, assistant parlementaire de Dominique Bilde entre octobre 2014 et le 31 juillet 2015, en rĂ©alitĂ© dĂ©lĂ©guĂ© national Ă  la prospective au sein du pĂŽle veille et prospective du parti, ce titre figurant dans sa signature de mails. Aucun Ă©change professionnel n’est relevĂ©, hormis pour la signature de son contrat.

Maintenant, passons au cas de Julien Odoul mais lui mérite une section entiÚre tant c'était drÎle.
Julien Odoul humilié par la procureure

Julien Odoul a occupĂ© un poste d’assistant parlementaire de MylĂšne Troszczynski entre octobre 2014 et juillet 2015, tout en Ă©tant, en rĂ©alitĂ©, conseiller spĂ©cial au sein du cabinet de Marine Le Pen.

La procureure commence en affirmant que Julien Odoul a menti au tribunal, citant un échange avec Philippe Martel :

Philippe Martel : « Ouf, c’est OK, montage financier dans une semaine. » Suivi de : « Tu seras peut-ĂȘtre pris en charge par le Parlement europĂ©en, ce qui est parfaitement neutre. »
Julien Odoul : « Alléluia »

La procureure dĂ©clare : « Il n’y a aucune ambiguĂŻtĂ© sur le fait qu’il s’agit d’un portage, d’un montage financier », citant ce message de Julien Odoul Ă  Marine Le Pen, « son vrai employeur » : « Serait-il possible que je vienne Ă  Strasbourg pour faire connaissance avec MylĂšne Ă  qui je suis rattachĂ© ? »

Julien Odoul affirme qu’il voulait travailler au cabinet et qu’il s’est finalement retrouvĂ© assistant parlementaire de MylĂšne Troszczynski, tout en consacrant son temps libre au parti Ă  titre bĂ©nĂ©vole. Cette affirmation est cependant contredite par un Ă©change avec Philippe Martel dans lequel il Ă©crit : « Peu importe le portage, je suis vraiment ravi de travailler au cabinet. Elle ne le regrettera pas. »

Lorsqu’on l’interroge sur sa prĂ©sence dans l’organigramme du FN en tant que conseiller spĂ©cial, il rĂ©pond qu’il n’a pas demandĂ© Ă  y figurer, que son nom a Ă©tĂ© ajoutĂ© sans son consentement et que le titre n’a aucune signification. Pourtant, la procureure rappelle qu’il a lui-mĂȘme demandĂ© dans un mail Ă  Charles Hourcade de l’inscrire en tant que conseiller spĂ©cial.

La procureure souligne qu’il n’y a « quasiment aucun Ă©change tĂ©lĂ©phonique ni SMS avec MylĂšne Troszczynski » et conclut : « Julien Odoul a bien travaillĂ© Ă  temps plein pour Marine Le Pen, l’infraction est trĂšs clairement caractĂ©risĂ©e ; vous devrez donc entrer en voie de condamnation. »

Face aux faits, Julien Odoul tente quelques dĂ©nĂ©gations fĂ©briles de la tĂȘte, arborant un dĂ©gradĂ© pour le moins surprenant.
La procureure a demandĂ© au tribunal de dĂ©clarer coupable un assistant parlementaire pour une pĂ©riode dĂ©terminĂ©e, en raison d’un dĂ©tournement de fonds publics, mais a prĂ©cisĂ© qu’elle ne disposait pas de suffisamment d’élĂ©ments pour incriminer l’assistant pour une pĂ©riode antĂ©rieure.

Elle a affirmĂ©, bien qu'ayant une intime conviction de la culpabilitĂ© de l’assistant, qu'elle n’avait pas assez de preuves pour Ă©carter le bĂ©nĂ©fice du doute. Elle a exprimĂ© un sentiment personnel en dĂ©clarant, d’une maniĂšre malheureuse : « Je ne demande pas la relaxe, car ça me fait trop mal. » Cette phrase a Ă©tĂ© largement comprise par l’ensemble de la salle, d’autant plus que l’assistant en question travaillait pour Jean-Marie Le Pen, qui est poursuivi pour avoir mis en place le systĂšme de dĂ©tournement de fonds. Toutefois, Jean-Marie Le Pen ne comparaĂźt pas en raison de son Ă©tat de santĂ©.
II B - Complicité de détournement de fonds publics

- Christophe Moreau, ancien comptable chargĂ© de rĂ©diger les contrats de travail des assistants parlementaires. La procureure pose la question de maniĂšre rhĂ©torique, se demandant si Christophe Moreau savait que ces salariĂ©s ne travaillaient pas pour leur employeur officiel. Elle affirme qu’il "sait que les dĂ©cisions concernant l’affectation des assistants sont centralisĂ©es, il ne se pose pas de question, il est conscient que ces affectations sont supervisĂ©es par Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen." Elle conclut en prĂ©cisant que cela ne lui pose aucun problĂšme de rĂ©diger des CDD purement fictifs.

- Nicolas Crochet, ancien expert-comptable Ă©galement chargĂ© de rĂ©diger les contrats de travail, "ne trouve pas cela problĂ©matique non plus", selon la procureure. "Il sait trĂšs bien qui travaille pour le FN. Est-ce qu’il sait qu’on dissimule les choses au Parlement europĂ©en ? Oui."

- Charles Van Houtte, ancien comptable du FN, qui avait une procuration de chaque dĂ©putĂ© pour gĂ©rer le tiers payant des contrats d'assistants parlementaires. La procureure affirme qu’il est la "cheville ouvriĂšre" de tous ces ajustements financiers. Il a Ă©tĂ© recrutĂ© pour cette tĂąche, et il n’y a aucune difficultĂ© Ă  prouver l'Ă©lĂ©ment matĂ©riel de sa culpabilitĂ©. "Sa donneuse d’ordre, c’est Marine Le Pen", prĂ©cise-t-elle.

- Wallerand de Saint-Just, ancien trĂ©sorier, est poursuivi pour avoir participĂ© Ă  ce "systĂšme" en raison de son rĂŽle dans "la projection, l’analyse et le suivi des transferts de charges nĂ©cessaires Ă  l’équilibrage des comptes du parti." La procureure le dĂ©crit comme un "acteur central de ce systĂšme Ă©laborĂ©, pĂ©rennisĂ© dans un souci d’économies", un "ancien avocat trĂšs au fait du droit et de cette situation frauduleuse", selon les propos du procureur.
II C – ComplicitĂ© par instigation : Marine Le Pen

Le procureur fait la transition entre les deux cas en soulignant : "On voit bien que tout passe par elle et que, bien que Wallerand de Saint-Just joue un rÎle primordial, la décision et l'arbitrage reviennent à Marine Le Pen, destinataire des notes de cadrage et d'orientation sur le budget."

Il développe ensuite l'idée d'un systÚme qu'il a déjà largement exposé plus tÎt, dans lequel Marine Le Pen, en tant que cheffe du Front National, a été la piÚce maßtresse, dirigeant et contrÎlant l'ensemble des affectations. Le procureur la tient directement responsable du systÚme massif ayant conduit au détournement de 4,5 millions d'euros du Parlement européen au profit du Front National.

Pour répondre à l'argument de Marine Le Pen, qui affirmait que ce systÚme reposait sur une dizaine de mails et qu'il n'y avait que 11 contrats frauduleux sur 80 pour la huitiÚme législature, le procureur rappelle que les investigations n'ont pas couvert l'ensemble des contrats des assistants parlementaires. Il juge cet argument "absolument fallacieux".

Il dĂ©montre ainsi le rĂŽle central de Marine Le Pen dans la direction de ce systĂšme, prouvant qu'elle Ă©tait la vĂ©ritable cheffe de cette opĂ©ration et que la complicitĂ© par instigation doit donc ĂȘtre retenue Ă  son encontre.
III – Les peines : pourquoi des peines aussi lourdes ?

Le procureur commence par rappeler que ces faits sont inédits en raison de leur caractÚre organisé, systématique, "systématique", répÚte-t-elle, décrivant une véritable "machine de guerre" mise en place pour ces détournements de fonds.

Elle prĂ©cise que ces dĂ©tournements ont Ă©tĂ© menĂ©s jusqu’à leur dernier sou, allant jusqu’à Ă©purer les contrats en les utilisant comme des primes donnĂ©es Ă  des proches. Par exemple, plusieurs contrats Ă  durĂ©e dĂ©terminĂ©e d'une journĂ©e Ă©taient attribuĂ©s Ă  certaines personnes. Le dĂ©tournement a atteint un tel niveau qu’il a mĂȘme nui Ă  l’activitĂ© parlementaire du dĂ©putĂ© concernĂ©. Le procureur souligne que, par ce dĂ©tournement, le Front National a violĂ© le principe d’équitĂ© entre les partis, viciant ainsi le fonctionnement dĂ©mocratique français. Elle affirme que ce dĂ©tournement a conduit Ă  "l'enrichissement d’un parti qui a financĂ© pendant plus de 10 ans sa propagande et son dĂ©veloppement Ă  hauteur de plus de 4 millions d’euros, au prĂ©judice de la vie dĂ©mocratique".

Elle rappelle que ce systĂšme Ă©tait conçu pour perdurer et n’a cessĂ© qu’à l'action positive de contrĂŽle du Parlement europĂ©en, et non par un acte positif du FN. Le procureur rĂ©affirme que ce dĂ©tournement est absolument inĂ©dit par sa durĂ©e (12 ans) et son ampleur (en millions d'euros).

Elle rappelle que les fonds sont 15 FOIS plus Ă©levĂ©s pour le RN que pour le modem. Qu'il Ă©tait prĂ©vu de continuer Ă  dĂ©tourner des fonds si le parlement n’avait pas rĂ©agit. Contrairement au modem qui a arrĂȘtĂ© seul. Et rappelle que les faits ont durĂ© 12 ans contre quelques mois pour le MODEM

Elle considÚre que cette atteinte profonde et durable à la vie démocratique appelle une réponse ferme.

Elle admet que la situation financiĂšre du Front National Ă©tait compliquĂ©e, mais souligne que ces contrats ont Ă©galement servi Ă  maintenir un cadre de vie trĂšs confortable pour la famille Le Pen et leurs proches, ainsi que pour de jeunes ambitieux. "Ces contrats fictifs ont permis de maintenir un train de vie confortable pour les proches et les amis fidĂšles de la famille Le Pen", explique-t-elle. Elle illustre cette situation avec des salaires allant de 5 000 Ă  6 000 euros, ainsi qu’une prime de fin de contrat de 25 000 euros attribuĂ©e Ă  Thierry LĂ©gier. Ce systĂšme d’enrichissement personnel a permis Ă  Marine Le Pen de constituer une garde rapprochĂ©e au service de ses ambitions politiques.

Le procureur met Ă©galement en lumiĂšre le mĂ©pris total et dĂ©libĂ©rĂ© pour la chose publique, dĂ» Ă  l’utilisation aberrante des fonds publics. Il souligne l’irrespect complet des prioritĂ©s, compte tenu de la pĂ©riode et du mandat confiĂ© par les citoyens.

Enfin, elle exprime son Ă©tonnement face Ă  l'absence totale de remise en question de la part des prĂ©venus durant l’audience. Elle constate qu'ils ne regrettent pas leurs actes, mais seulement le fait de s'ĂȘtre fait prendre.
Le procureur prend le relais en posant directement la question des peines complĂ©mentaires : "Vous aurez Ă  vous prononcer sur les peines complĂ©mentaires, y compris les peines d’inĂ©ligibilitĂ©, qui ne sont pas sans consĂ©quences pour les condamnĂ©s, ni pour la vie publique et dĂ©mocratique."

Il s'interroge sur la lĂ©gitimitĂ© de l'autoritĂ© judiciaire Ă  intervenir dans la vie dĂ©mocratique, mais affirme que l'autoritĂ© judiciaire ne doit en aucun cas ĂȘtre responsable des effets des peines sur la vie dĂ©mocratique, rappelant que les comportements frauduleux relĂšvent uniquement de la responsabilitĂ© des auteurs.

Il rappelle qu'avant le 8 dĂ©cembre 2013, l'inĂ©ligibilitĂ© avait une durĂ©e maximale de 5 ans, avant d’ĂȘtre portĂ©e Ă  10 ans si le mis en cause Ă©tait membre du gouvernement ou Ă©lu. Depuis le 11 dĂ©cembre 2016, la peine d’inĂ©ligibilitĂ© est devenue obligatoire en cas d’infraction de dĂ©tournement de fonds publics.

Le procureur conclut en affirmant qu'il n’y a donc pas d'immixion illĂ©gitime de l'autoritĂ© judiciaire dans la vie publique. Il s'agit, au contraire, de la simple application de la loi faite par le lĂ©gislateur, qui demande Ă  l’autoritĂ© judiciaire d’intervenir lorsqu’elle constate une atteinte Ă  la probitĂ©.

Il conclut en soulignant : "Vous prononcerez, pour tous les prĂ©venus, au regard de la gravitĂ© des faits, la peine d’inĂ©ligibilitĂ©, modulĂ©e dans sa durĂ©e, en considĂ©ration de leur responsabilitĂ© respective."
Sur l'exĂ©cution provisoire, le procureur aborde le long dĂ©bat concernant la lĂ©gitimitĂ© d’une inĂ©ligibilitĂ© pour des faits remontant Ă  8 Ă  20 ans, en soulignant qu’il serait illĂ©gitime de prononcer une telle peine pour des faits aussi anciens.

Il met ensuite en lumiĂšre la responsabilitĂ© des prĂ©venus, en affirmant qu’ils ont tout fait pour retarder le prononcĂ© de la peine tout au long de la procĂ©dure. Il rappelle que 46 recours ont Ă©tĂ© formĂ©s pour des motifs divers, et que si le tribunal ne se prononce que maintenant, c’est en partie parce que, par exemple, Julien Odoul a refusĂ© de rĂ©pondre Ă  la juge d’instruction Ă  deux reprises, et que Louis Aliot ne s’est pas prĂ©sentĂ© Ă  ses convocations.

Le procureur souligne que, mĂȘme lors de l'audience, les prĂ©venus ont multipliĂ© les manƓuvres dilatoires, cherchant Ă  s'attarder sur des points futiles. Il conclut que le prononcĂ© tardif de la peine rĂ©sulte uniquement des actions des prĂ©venus, et que cela renforce, au contraire, l’idĂ©e de prononcer une peine sans dĂ©lai.

Il affirme : "Quel que soit la qualitĂ© de votre dĂ©cision, il y aura des recours, appel et pourvoi, et c’est normal. Tout est fait pour repousser la dĂ©cision de justice et son exĂ©cution. Or, pour ĂȘtre efficace et avoir du sens, une peine doit intervenir dans un dĂ©lai raisonnable."

AprĂšs avoir tranchĂ© ce dĂ©bat, il se questionne sur l’utilitĂ© d’une telle peine, estimant que la prĂ©vention de la rĂ©cidive se justifie par le fait que les infractions se sont Ă©tendues sur plusieurs annĂ©es et ont Ă©tĂ© interrompues uniquement par la plainte du Parlement europĂ©en. Il rappelle Ă©galement que le FN/RN a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© condamnĂ© pour des faits similaires de dĂ©tournement de fonds.

En conclusion, il dĂ©montre qu'aucun Ă©lĂ©ment ne permet aux juges de faire confiance aux prĂ©venus, et que, de ce fait, le prononcĂ© d’une peine d’inĂ©ligibilitĂ© avec exĂ©cution provisoire est nĂ©cessaire.
Voilà, chacun se fera son avis, la décision interviendra en Janvier.
N'hésitez pas a me suivre @Ilangabet , le procÚs n'est pas terminé, les avocats de la défense vont encore s'exprimer deux semaines.

Ce compte rendu représente beaucoup de travail, partagez le ;)

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Nov 10
🚹LE PEN INÉLIGIBLE EN 2027 : COUP DE TONNERRE A SON PROCÈS 🚹

Une loi entrĂ©e en vigueur le 9 dĂ©cembre 2016 IMPOSE une INÉLIGIBILITÉ OBLIGATOIRE de 10 ans en cas de CULPABILITÉ

Les faits REPROCHÉS Ă  LE PEN vont jusqu’au 31 dĂ©cembre 2016.

CETTE LOI S’APPLIQUE

Les juges DEVRONT la priver de 2027 en cas de culpabilitĂ© âšĄïžImage
APEURÉE par ce TERRIBLE REBONDISSEMENT, la prĂ©sidente du parti FONDÉ PAR DES WAFFEN SS a REFUSÉ de rĂ©pondre aux questions sur l’aprĂšs 2016 😂😂😂

Elle avait pourtant PROMIS n’avoir RIEN à CACHER

Preuve d’incompĂ©tence totale : elle a dĂ©couvert cette inĂ©ligibilitĂ© obligatoire avec ses avocats le 7 novembre
 l’affaire a commencĂ© depuis des annĂ©es.

Elle est terriblement nulle.
Elle a dĂ©clarĂ©e « Cette automaticitĂ©, que je juge contestable, pourrait avoir des consĂ©quences extrĂȘmement lourdes. Pas seulement pour moi, mais pour treize millions d’électeurs. »

Fallait y rĂ©flĂ©chir avant et ne pas dĂ©tourner les fonds 🙃
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Sep 30
Thread procĂšs RN jour 1 :

PremiĂšre audience assez fastidieuse , marquĂ©e par l'Ă©numĂ©ration des charges Ă  l'encontre de chaque prĂ©venu.—

Les prévenus se succÚdent à la barre pour décliner leur état civil, incluant pour la plupart leur adresse.
La prĂ©sidente leur rappelle qu’ils ont le droit de garder le silence ils rĂ©pondent tour Ă  tour dans des formulations quasi similaires qu’ils rĂ©pondront au question du tribunal car ils n’ont rien Ă  cacher. Assez ridicule.
À la lecture des faits reprochĂ©s, le nom de Marion Le Pen, dite Marine Le Pen, ressort particuliĂšrement.

Elle est poursuivie, en plus du détournement de fonds publics, pour des faits de complicité par instigation, ce qui signifie qu'elle aurait ordonné à ses collaborateurs de détourner des fonds.

Il apparaßt, a lecture des charges pour chacun des prévenus, qu'elle aurait joué un rÎle central, aux cÎtés de son pÚre, dans l'organisation de ce potentiel détournement de fonds.
Petit incident amusant lors du passage de @JulienOdoul, qui, aprĂšs la lecture des charges, a formulĂ© d’une voix tremblante un « merci, madame la prĂ©sidente ». Écrit ainsi, cela ne rend pas justice Ă  l'intonation, mais son timbre trahissait clairement son manque d'assurance.

Il est poursuivi pour recel de détournement de fonds et risque cinq ans d'inéligibilité.
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Sep 30
Thread : Le procĂšs de Marine Le Pen et de 25 autres membres du Front National s'ouvre aujourd'hui devant la 11ᔉ chambre correctionnelle du Tribunal judiciaire de Paris.

Voici ce qu'on leur reproche, ce qu'ils risquent, et surtout ce que Marine Le Pen risque.
Qui sont les prévenus ?

Ce procÚs concerne principalement Marine Le Pen, jugée pour détournement de fonds publics et complicité. Ancienne présidente du parti (2011-2022), elle est décrite dans l'ordonnance de renvoi comme "l'une des principales responsables du systÚme mis en place", aprÚs avoir été alertée dÚs 2013 par le trésorier du parti sur la nécessité de soulager les finances du FN.

Parmi les autres prĂ©venus, on trouve Louis Aliot, maire de Perpignan, Bruno Gollnisch, ex-numĂ©ro 2 du parti, Wallerand de Saint-Just, ex-trĂ©sorier du FN, Julien Odoul, dĂ©putĂ© et porte-parole du RN, ainsi que Nicolas Bay, vice-prĂ©sident exĂ©cutif de ReconquĂȘte.

Au total, neuf anciens eurodéputés du Front national comparaßtront, accompagnés de douze assistants parlementaires et quatre collaborateurs du parti.

Jean-Marie Le Pen, pour raisons de santé, ne sera pas jugé. Ce sont donc 26 personnes qui se présenteront devant le tribunal.

Enfin, le Rassemblement national, en tant que personne morale, devra répondre de complicité et recel de détournement de fonds publics pour la période allant de 2004 à 2016.
Qu'est-ce qu'on leur reproche ?

L'affaire débute en juin 2014, peu aprÚs les élections européennes qui ont permis à 24 députés du Front national de siéger au Parlement européen. Un renseignement anonyme adressé à l'Office européen de lutte antifraude (OLAF) vise les conditions d'emploi des assistants parlementaires de Marine Le Pen, alors eurodéputée depuis dix ans. Les soupçons de détournement de fonds se confirment avec la publication de l'organigramme du FN au printemps 2015, révélant que 16 eurodéputés et 20 assistants parlementaires du parti occupaient des fonctions officielles, alors qu'ils étaient censés travailler à Bruxelles et Strasbourg.

Le Parlement europĂ©en a ensuite alertĂ© la justice française, qui a ouvert une enquĂȘte. Les investigations ont montrĂ© que plusieurs assistants parlementaires, censĂ©s travailler pour le Parlement, occupaient en rĂ©alitĂ© des postes au sein du parti. Par exemple, Catherine Griset, assistante parlementaire de Marine Le Pen depuis 2010, Ă©tait Ă©galement sa cheffe de cabinet, tandis que Thierry LĂ©gier, ancien assistant, Ă©tait garde du corps de Jean-Marie Le Pen. Charles Hourcade, assistant parlementaire de Marie-Christine Boutonnet entre 2014 et 2015, travaillait en rĂ©alitĂ© comme graphiste pour le parti.

Les magistrats, saisis en 2016, soupçonnent le FN d'avoir mis en place un "systÚme de détournement" des enveloppes allouées par l'UE, à hauteur de 21 000 euros par mois, pour rémunérer les assistants parlementaires. Le Parlement européen, qui s'est constitué partie civile, estime avoir subi un préjudice de 6,8 millions d'euros entre 2009 et 2017.

Selon l'accusation, ce systÚme visait à réduire les coûts salariaux du FN, alors en grande difficulté financiÚre. Les juges d'instruction soulignent le caractÚre "systématique" des détournements, qui sont devenus au fil du temps un moyen de financement du parti.
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Jun 7
La campagne est terminée. Voici, pour les derniÚres hésitations, un thread des mesures du programme de la France Insoumise sur les questions :

- Sociales
- Environnementales
- Institutionnelles
- Droits et libertés
- Diplomatiques et défense

Envoie-le à tes potes hésitants.

Social :
- La précarité étudiante : Manon Aubry propose la création d'une allocation d'autonomie pour les jeunes.
- Ils proposent la mise en place d'un SMIC européen d'au moins 75% du salaire médian de chaque pays et l'augmentation de la durée des congés annuels dans l'UE.
- La sortie du libre-échange sans condition (normes sociales, environnementales...).
- La mise en place d'une taxe contre le dumping écologique et social aux frontiÚres de l'Europe.
- Ils veulent sortir du marché européen de l'électricité pour créer un pÎle public de l'énergie et donc renforcer notre pays.
- Taxer les superprofits et mettre en place un impÎt sur la fortune européen.
- Imposer le partage de la richesse et les droits des travailleurs sur l’ensemble de la chaĂźne d’approvisionnement des matiĂšres premiĂšres critiques, nĂ©cessaires Ă  la dĂ©carbonation de notre industrie.
- Exiger le respect des conventions fondamentales de l’Organisation internationale du Travail (OIT) pour tout accord de coopĂ©ration Ă©conomique.
- Refuser les dérogations au droit social et environnemental accordées à des investisseurs privés et qui constituent du dumping déguisé.

—
Environnemental :
- Sortir du nucléaire et des énergies carbonées pour s'orienter vers un mix énergétique 100% renouvelable à horizon 2050.
- Négocier un traité international de non-prolifération des énergies fossiles et interdire le lobbying des entreprises du pétrole, du charbon et du gaz dans les institutions publiques.
- Développer le train pour qu'il soit une véritable alternative à l'avion et rétablir un monopole public du rail.
- Reconnaßtre au niveau international l'écocide pour protéger les écosystÚmes et la biodiversité.
- Faire du droit Ă  l'eau un droit fondamental.
- Réviser le processus d'autorisation des pesticides, en évaluant leur toxicité à long terme et leurs effets cocktails, et maintenir les nouvelles techniques génomiques dans le champ de la réglementation sur les OGM.
- Interdire l'Ă©levage en cage et revoir les aides agricoles pour rĂ©munĂ©rer l'engagement des Ă©leveurs en faveur du bien-ĂȘtre animal et de l'environnement.
Institutionnel européen :

- Mettre en place un RIC européen.
- Donner le droit d’initiative au Parlement europĂ©en afin qu’il puisse initier des projets lĂ©gislatifs et faire du Parlement un co-lĂ©gislateur sur l’ensemble des domaines de compĂ©tences de l’Union europĂ©enne.
- Renforcer les pouvoirs des dĂ©putĂ©s europĂ©ens en matiĂšre d’ouverture de commissions d’enquĂȘte et d’interpellation des Commissaires europĂ©ens.
- Interdire les rĂ©munĂ©rations annexes des dĂ©putĂ©s et responsables europĂ©ens susceptibles de crĂ©er des conflits d’intĂ©rĂȘts, tout comme les cadeaux et les voyages offerts.
- Allonger la période de carence d'aller-retour entre le privé et le public pour les élus et fonctionnaires européens à 24 mois pour limiter le pantouflage.
- Rendre public le vote d’investiture du prĂ©sident de la Commission europĂ©enne.
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May 31
Thread : Les propos scandaleux de Meyer Habib depuis le 7 octobre dernier.

Si nous avions prononcé un quart de ce qu'il a dit, nous serions déjà derriÚre les barreaux. Rendez-vous compte des dingueries.

Le 20 octobre 2023, il a qualifiĂ© la population gazaouie de cancer. —
31 octobre « La haine d'Israël et du Juif est l'aphrodisiaque de toutes les masses arabes. »

«Des actes de barbaries jamais rĂ©alisĂ©s peut ĂȘtre dans toute l'histoire, je suis pas sĂ»r que Da*sh et les naz*s aient fait les actes de barbarie que j'ai vu».
19 dĂ©cembre 2023 : La ministre Catherine Colonna Ă©tait invitĂ©e Ă  rĂ©agir Ă  la mort d’un agent du Quai d’Orsay suite (
) des bombardements israĂ©liens sur un bĂątiment d’habitation abritant des civils, le dĂ©putĂ© Meyer Habib a prononcĂ© deux fois, les mots : “Et ce n’est pas fini !” Image
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Apr 10
Je suis désolé, mais je ne me satisferai jamais, sauf en cas d'arme à feu, d'une intervention de police dans laquelle on tire sur un homme.

J'attends plus de notre police française, pour que les victimes aient justice. #Bordeaux
Je ne parle pas du contexte légal : évidemment il existe un principe de légitime défense, la justice viendra sûrement confirmer que le policier était dans ce cas.
Tout est dans ma bio, j'estime que quand on peut éviter de tirer pour tuer un homme il faut le faire pour permettre aux victimes d'avoir un procÚs.

Le rÎle de la police est de présenter les délinquants à la justice, pas à la morgue.
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