J'ai reçu une objection intelligente de la part d'un twiito quant à la décision de clôture de ce compte au 20 janvier. Il m'a soutenu que quand même le réseau du ciel est meilleur en tout que le cloaque qu'est devenu celui-ci, il était selon lui important de rester...
pour ne pas couper toute forme de dialogue et de communication avec les gens y sont, notamment ceux qui sont sans avis et qui ne se retrouveraient dès lors qu'exposé à un unique son de cloche.
L'idée est très fine, et il y a une part de vrai.
C'est pourquoi je vais y répondre assez longuement. Pour les fatigués du scroll, TL;DR : il a tort, j'ai raison.
Je poursuis donc pour les courageux.
Sur le principe, il a en effet entièrement raison : le principe d'être sur un réseau social de cette nature est de venir se confronter à des opinions contradictoires. Si le ppe était de se retrouver entre personnes dont les opinions sont complètement alignées, Facebook suffirait.
Et donc en effet, il y a un réel risque que cette scission fasse qu'on se retrouve juste "entre nous" de chacun des deux côtés et donc que l'essence même de la pluralité d'opinions s'en trouve affectée.
Mais.
Si on était pas entré peu à peu dans une dystopie politique depuis dix ans, cette information aurait fait le tour des médias.
Or, force est de constater qu'aujourd'hui ceci est tellement normalisé que presque personne ne s'y attarde.
Il est établi que le tenant des lieux a modifié l'algo pour faire en sorte que des messages d'un certain bord politique soit deux à trois plus vus que ceux d'un autre.
Je rappelle pourtant à tout le monde quel était son positionnement affiché et ce qu'il a vendu au monde :
(On passera sur le fait qu'il avait également annoncé que les décisions importantes devaient être prises par un comité d'utilisateurs, puis par des votes, puis d'ailleurs qu'il avait promis de se désengager de twitter s'il perdait un vote à ce sujet, vote qu'il a perdu.)
Bref.
Ce que tout ça dit donc, c'est que le patron a modifié la visibilité pour promouvoir une certaine vision au détriment d'une autre.
Point capital : le fait que ce soit pour M. Trump n'est pas franchement important.
Le problème aurait été le même si ça avait été pour favoriser Mme Harris, Tesla, la lithothérapie ou encore un chat mégalo.
Le point nodal est : le principe de libre circulation virale des messages en concurrence sur ce réseau n'est plus respecté.
Et donc, le jeu est faussé.
Alors oui, il est toujours possible de rester ici et d'y interagir avec un certain effet, toutefois cet effet sera juste moindre.
De la même manière que vous pouvez gagner des sommes d'argent au casino alors même que la structure mathématique des jeux est construite pour favoriser l'établissement, gagner au poker alors que le croupier a marqué les cartes, ou fumer toute votre vie sans problème de santé
Mais le raisonnement ne se situe pas sur le plan : "est-ce que ça peut marcher ?", mais "est-ce que c'est une bonne idée ?".
Et là, clairement, la réponse est non. Toutefois, l'ensemble de ces points n'épuisent pas le raisonnement (je rappelle TL ; DR : il a tort, j'ai raison).
Le deuxième volet qu'il faut prendre en compte est de se demander si la situation est pérenne.
On rappellera que le proprio a racheté les lieux pour 44 milliards de dollars, et que les frais de fonctionnement sont importants.
J'imagine que vous avez tous remarqué que non seulement l'algo de sélection des messages est devenu complètement foutraque (ce qui suffit à me gâcher mon plaisir mais c'est un autre débat) mais qu'en outre on voit maintenant une pub tous les dix tweets ?
Le second problème donc est que, en choisissant de rester, vous voyez plus de pubs, et donc que vous allégez le coût pour le tenancier de maintenir ce cirque.
Donc que vous participez malgré vous à la pérennité de son choix.
Que vous le vouliez ou non, vous n'avez aucun moyen de rester neutre concernant cette question : soit vous participez, au besoin à votre corps défendant, à cette nouvelle dynamique, soit vous n'y participez pas.
Le troisième volet de pourquoi j'ai raison et pourquoi mes contradicteurs ont tort est que le raisonnement comme celui que m'a tenu mon contradicteur initial, et ici repris, est un raisonnement statique.
En effet, vous êtes ici pour ne pas être entre vous, sinon vous seriez sur Facebook, et c'est très bien comme ça.
Vous pensez réellement que ce n'est pas le cas de vos contradicteurs ? Ils pourraient être sur Truth Social ou sur Reddit plutôt qu'ici.
Voyez cette réaction de larmes de sang de la part d'un twitto qui vient juste de voir quelqu'un qu'il considère comme un gauchiste annoncer son départ :
On en arrive donc au troisième point : vos contradicteurs ont besoin de vous comme vous avez besoin d'eux. Si le mouvement sur BS est massif, ils y viendront peu à peu, parce que s'ils voulaient rester entre eux ils n'auraient pour la majorité pas été sur twitter au premier chef.
Penser que BS restera un lieu confiné à des gens qui pensent pareil est donc illusoire (et c'est tant mieux).
D'ailleurs ces profils commencent déjà à arriver.
Dernière objection, celle avec laquelle j'ai le plus de mal, celle du "j'aime pas l'interface", ou traduit en termes plus prosaïques : ça me fait suer de sortir de ma zone de confort.
Il est vrai que l'an dernier BS avait clairement une interface moins léchée, pas de gif, pas de dm, j'en passe.
Toutefois clairement d'énormes progrès ont été fait et maintenant ces deux derniers points n'existent plus, ce qui certes ne résoud pas tout
Mais plus encore, au vu de l'ensemble de ce que je viens de vous expliquer, j'ai du mal à considérer que cette situation d'interface moins sympa, au surplus totalement transitoire, revête la moindre importance par rapport aux enjeux.
THE END
• • •
Missing some Tweet in this thread? You can try to
force a refresh
Dans les années 1890, M. Teffaine, conducteur du navire de remorquage "Marie", décéda dans l'explosion d'un navire qu'il conduisait pour le compte de son employeur.
Sa veuve intenta une action en responsabilité à l'encontre des propriétaires du remorqueur.
Problème : une expertise vint déterminer que la cause de l'accident provenait d'un défaut de conception interne au moteur, et avec cet élément s'envolait les espoirs d'indemnisation de Madame Teffaine.
En effet, la responsabilité civile était à l'époque fondée principalement sur la notion de faute.
Or le vice interne au moteur empêchait de la caracteriser dans le cas d'espèce.
Allez twitter, on va faire un peu de droit pénal. Oui parce qu'on l'oublie trop souvent mais parfois au pénal on peut faire du droit, si si je t'assure.
Mme Ayad fait parvenir un document qui relève des contraventions de même nature commises pendant un même trait de temps.
La période infractionnelle s'étale en effet sur une vingtaine de minute.
Le tapage nocturne est réprimé par les peines applicables aux contraventions de troisième classe :
Cinquième et sans doute dernier ou avant-dernier thread d'analyse de l'arrêt de la CJR.
Nous nous pencherons à présent sur l’élément matériel avec cette question : la CJR était-elle obligée de se rabattre sur l’élément moral avec une motivation disruptive pour relaxer ?
Dans un second thread, j'ai mis en évidence que la motivation de la CJR ne s'insérait pas dans l'ordonnancement juridique des arrêts rendus antérieurement.
Dans ce troisième thread, au risque de faire languir une doctorante, je vais devoir traiter d'une objection que j'ai pas mal lu ici : celle du revirement de jurisprudence.
Selon ses auteurs, il n'y aurait rien à commenter : la CJR, juridiction de fond, se serait juste contenté
On va donc continuer par un deuxième thread, indépendant mais très connecté : dans ce premier thread j'ai fait de manière sommaire un balayage de la notion d'intentionnalité en matière pénale. Je vous y renvoie si vous voulez tout comprendre. Ci-dessous sera donc la majeure,
à savoir l'énoncé de la règle de droit, tandis que là nous allons nous attaquer à ce que nous qualifions dans notre jargon de la "mineure", l'application aux faits de l'espèce.
La motivation juridique de l'arrêt de la CJR est ici (et nous n'aurons pas besoin du reste car on ne va s'attacher ici qu'au droit, appliqué aux faits tels que caractérisés par les juges) : leclubdesjuristes.com/wp-content/upl…