Aujourd’hui mes chers, je vais vous parler de l’anesthésie locorégionale, dont le premier volet est:
L’ANESTHÉSIE RACHIDIENNE ET PÉRIDURALE!
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Pour des raisons de longueur du thread je vous parlerai des blocs nerveux dans un second volet.
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Je vais commencer par m’excuser auprès des collègues qui trouveront mes raccourcis abusifs, je vais simplifier par soucis de lisibilité.
Pour les mutus non scientifiques, je vais tenter d’aborder des sujets un peu épineux tout en restant aussi simple que possible.
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Pour commencer on va faire de la théorie, histoire que vous compreniez la base de la rachi et de la péri, nos contraintes pour les réaliser.
Ça servira aussi au prochain thread sur les blocs nerveux.
On va détailler les nerfs et le rachis, puis la rachi et la péri.
3/n
Définition:
L’anesthésie locorégionale, ça consiste à endormir une partie spécifique du corps pour bloquer la douleur, sans affecter l’état de conscience.
Ça comprend la rachi, la péri et les blocs nerveux.
4/n
Les NERFS - Topo anatomique et physiologique
Les nerfs conduisent les informations motrices du cerveau aux muscles et sensitives de organes et membres au cerveau.
Ils sont composants du système nerveux périphérique.
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Un nerf est constitué d’axones dans du tissu conjonctif, ce sont les fibres nerveuses. Elles sont regroupés en fascicules entourés de vaisseaux sanguins.
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Il existe 4 sortes de fibres nerveuses classées en fonction de leur taille.
Les plus grosses sont entourés d’un isolant, la myéline (produite par des cellules spécialisées, les cellules de Schwann). Elles conduisent vite, servent à la motricité et à la proprioception.
7/n
Les fibres nerveuses plus fines conduisent moins rapidement. Elles servent à la sensibilité de la peau (toucher, température, douleur) et des organes internes.
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Mais comment ça marche un nerf?
La membrane cellulaire nerveuse est négative à l’intérieur, de part sa répartition des ions sodium Na+ dehors et des ions potassium K+ dedans.
L’influx nerveux est la dépolarisation (inversion des charges) de proche en proche de l’axone.
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Les canaux Na et K qui maintiennent cette polarisation (plus de ions+ à l’extérieur qu’à l’intérieur).
NB: Pour fonctionner cellule a toujours une concentration plus élevée de K et moins élevée de Na que le milieu extérieur.
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Le courant électrochimique, c’est l’ouverture du canal Na qui fait rentrer des Na+ dans la cellule et qui inverse la polarisation. C’est la dépolarisation, l’intérieur de l’axone devient localement positif.
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L’axone se retrouve avec un excès de Na intracellulaire local et ça ouvre le canal K qui laisse localement et passivement sortir des ions potassium.
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On a vu que le milieu interne de la cellule fonctionne toujours avec plus de K et moins de Na. Pour rétablir cet équilibre vital, les canaux Na et K vont activement faire sortir le Na et rentrer le K.
La membrane est repolarisée et a utilisé de l’énergie sous forme d’ATP.
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Les anesthésiques locaux que nous utilisons en ALR (lidocaïne, ropivacaïne, bupivacaïne) bloquent le canal sodique en position ouverte. La repolarisation ne peut pas se faire, donc le courant ne passe plus.
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Le rachis - rappel anatomique et des structure
Le rachis c’est 7 vertèbres cervicales, 12 dorsales, 5 lombaires et 5 sacrées.
La moelle épinière grandit moins que les os et à l’âge adulte mesure 50cm de long, s’étend du haut des vertèbres cervicales aux vertèbres L1-L2.
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En dessous de L1-L2 la moelle épinière laisse place à la queue de cheval, constituée des nerfs de chaque étage qui sortent du rachis au niveau de leur trous respectifs (foramens vertébraux).
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Chaque racine nerveuse sert à conduire les ordres moteurs aux muscles et les infos sensorielles des membres et du tronc au cerveau. Sur le plan sensitif, on a donc une répartition de territoires nerveux : les dermatomes.
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La moelle épinière et la queue de cheval (comme le cerveau) sont baignées dans le liquide céphalo-rachidien (LCR) qui est limpide (« eau de roche ») dont la composition est différente du plasma sanguin et qui ne contient normalement que des traces de protéines.
18/n
Les méninges:
Membrane qui entoure, imperméabilise protège le cerveau dans la boîte crânienne et la moelle épinière/queue de cheval dans le canal rachidien.
Elle est constituée de 3 couche de l’extérieur à l’intérieur :
⁃la dure-mère
⁃le pie-mère
⁃L’arachnoïde.
19/n
La RACHIANESTHÉSIE
Ponction et I njection d’un anesthésique local au niveau lombaire en traversant les méninges, dans le LCR afin de bloquer les nerfs de la queue de cheval. On endort ainsi le bas du corps.
(C’est une ponction lombaire où l’on injecte un médicament).
20/n
L’aiguille de rachi est très fine et son extrémité est biseautée afin de le pas laisser de trou dans les méninges qui causerait une fuite de LCR (caractérisée par des céphalées en position debout et qui peuvent être invalidantes, de résolution spontanée ou par blood patch).
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On utilise typiquement de la bupivacaïne hyperbare. Elle est plus lourde que le LCR, ce qui permet de juguler la hauteur de l’anesthésie ou sa latéralité.
On peut rajouter des opiacés et d’autres adjuvants pour prolonger le bloc et agir sur le post-opératoire.
22/n
Indications: chirurgie des membres inférieurs et du bas abdomen.
No1 pour la césarienne: le faible taux d’anesthésiant avec très peu d’effets sur le fœtus (contrairement à l’a. générale), on évite les problèmes liés aux voies aériennes maternelles, la mère est consciente.
23/n
Effets secondaires:
- Hypotension, bradycardie (on bloque le système adrénergique)
- Fuite de LCR (lorsque ponction traumatique)
- Hématome (contre-indication: anticoagulation)
Ponction et mise en place d’un cathéter dans l’espace qui se situe autour de la dure-mère (ou péri-dural). On ne traverse donc pas les méninges. Le cathéter permet d’injecter des doses contrôlées d’anesthésique local de manière prolongée.
25/n
Différences avec la rachidienne:
- peut être réalisée à tous les niveaux du rachis dorsal et lombaire (présence de la moelle épinière au-dessus donc rachi seulement sous L2!)
- modulation de la profondeur du bloc
- bloc « suspendu » en regard de la hauteur du cathéter.
26/n
Technique de choix pour l’antalgie de l’accouchement car elle permet de bloquer la douleur sans pour autant bloquer les muscles (les fibres nerveuses sensitives sont plus fines, en fonction de la concentration d’anesthésique local on peut bloquer sélectivement ces dernier).
27/n
On utilise aussi la péridurale en complément de l’anesthésie générale pour la prise en charge des douleurs post-opératoires. C’est l’anesthésie combinée, qui permet accessoirement de diminuer les doses de morphiniques durant la chirurgie.
28/n
Technique de la péridurale:
Elle se réalise avec une aiguille dite de Tuohy, recourbée à son extrémité, permettant d’atteindre l’espace péridural sans faire de trou dans la dure-mère (et d’éviter une fuite de LCR) et d’y monter le cathéter.
Les effets secondaires:
Globalement les mêmes que la rachidienne, l’attention à l’asepsie doit être prégnante au vu de la mise en place dans le rachis d’un cathéter, donc d’un corps étranger.
29/n
Les mythes liés aux anesthésie rachidienne et péridurale:
Est-ce douloureux?
Quasiment pas: on endort la peau avant. Souvent on ne ressent rien, parfois on ressent une pression à l’endroit de la ponction.
30/n
Est-ce dangereux?
Tout geste peut avoir des effets secondaires. Autant pour la rachi que la péri ils sont très faibles. Il est important néanmoins de juguler les risques par rapport aux bénéfices. N’hésitez pas à poser toutes vos questions aux chirurgien et anesth.
31/
La rachianesthésie et la péridurale c’est de la super-médecine: ça permet d’opérer un patient, de traiter des douleurs pendant que le patient est réveillé ou s’il le désire légèrement sédatés, ce avec une sécurité maximale, très peu de risques et d’effets secondaires.
32/n
Mon prochain thread sera sur l’autre partie de la locorégionale: les blocs nerveux, une autre super-médecine!
En attendant, portez-vous bien, aimez-vous, soyez heureux!
Des bisous. 😘
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Il y a encore 15-20 ans, alors qu’on connaissait très bien les effets des anesthésiques - comment les utiliser et assurer la sécurité des patients - leur mécanisme profond était encore mystérieux.
Thread👇
2/ Aujourd’hui, on comprend bien mieux, et c’est passionnant !
Outre agir sur des récepteurs particuliers (GABA, NMDA, etc), l’anesthésie fait changer le cerveau d’état, comme l’eau qui peut être glace, liquide ou vapeur.
Même matière - organisation différente.
3/ Pour comprendre le concept, un rappel :
Chaque neurone - comme toute cellule - a une membrane faite de molécules constituées d’une longue queue lipidique surmontée d’une partie hydrosoluble.
Les graisses détestent l’eau, donc s’assemblent, donnant la fameuse double couche lipidique.
2/ Le diabète est une maladie chronique liée à un défaut d’insuline, l’hormone qui contrôle notre glycémie (taux de sucre dans le sang).
Deux grands types existent :
📌 Type 1 : maladie auto-immune (enfants, jeunes adultes)
📌 Type 2 : lié au mode de vie (adultes plus âgés).
3/ Ici on va parler uniquement du diabète de type 1, dit « juvénile » :
🔸 rappel sur l’insuline
🔸 court rappel sur le métabolisme énergétique de la cellule
🔸 la clinique du diabète
🔸 le décompensation diabétique (acidocétose)
🔸 Diagnostic, traitement.
Les antibiotiques ont changé le monde. Littéralement.
1/ L’espérance de vie humaine a fortement augmenté au XXe siècle.
Pourquoi ?
On pense à l’hygiène, à la nutrition, aux vaccins. À juste titre.
Mais un acteur est souvent sous-estimé : les antibiotiques.
2/ Avant leur apparition, une infection courante pouvait être fatale.
Une pneumonie, une scarlatine (une infection à streptocoque du groupe A), une plaie infectée ou une fièvre puerpérale suffisaient à tuer.
L’arrivée de la pénicilline change tout : la mortalité recule.
3/ 📈 Selon un article de synthèse (2019) :
« En un peu plus de 100 ans, les antibiotiques ont profondément transformé la médecine moderne et allongé l’espérance de vie moyenne de 23 ans. »
🔬 Épisode spécial — Études rétrospectives observationnelles
Comment les lire ?
Pourquoi ≠ preuve ?
Quels biais fréquents ?
Savoir lire une étude c’est un métier. Mais quelques petits trucs peuvent déjà aider à comprendre.
Je vous propose un petit thread tuto simple. ⏬️
1/ Ces études sont fréquentes, surtout en santé publique.
Elles consistent à analyser des données déjà existantes, en comparant deux groupes (par exemple : personnes buvant du café vs non-buveurs), et à observer la fréquence d’un événement dans chaque groupe.
2/ Elles peuvent révéler une association (ex. : les buveurs de café ont plus ou moins de maladies cardiaques),
mais ne permettent pas de dire que le café protège ou provoque quoi que ce soit.
2/ Des études observationnelles effectivement rapportent une association entre usage fréquent/prolongé de paracétamol pendant la grossesse et des troubles neurodéveloppementaux (autisme, TDAH).
3/ Mais attention !
☝️Association ≠ causalité.
Énormément de facteurs entrent en compte dans l’origine de l’autisme : familiaux, génétiques, infectieux, environnementaux, etc.