🔹#Syrie 🇸🇾🔹 : un accord (pas si) inédit entre jihadistes et kurdes à Alep
Retour sur les relations tumultueuses entre HTS (Nusra) et les YPG kurdes... Et la colère turque...🇹🇷
Par @CdricLabrousse, doctorant sur la question syrienne, pour @atummundi
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Ces dernières heures, ce 2 décembre 2024, HTS et ses alliés ont ouvert un corridor d'évacuation pour les civils souhaitant quitter le nord d'Alep, notamment le quartier de Sheikh Maqsoud, mais aussi les combattants des YPG et YPJ de la zone... 2/
Cet accord est l'aboutissement d'une relation bien étrange. Et il est même particulièrement incompréhensible pour beaucoup d'observateurs : il permet même aux YPG d'évacuer avec leurs armes, y compris lourdes, et leurs véhicules armés... Le tout en provoquant la colère des autorités turques... 3/
Et je me dois de rappeler un long passif de relations houleuses. Il faut remonter en 2012 pour comprendre les enjeux entre le Jabhat al-Nusra, organisation d'origine d'HTS, et les YPG kurdes. Leur première confrontation a lieu à l'automne dans l'est de la Syrie, à Serekanye | Ras al-Ayn. 4/
A la suite de cette bataille, qui vit la victoire de la rébellion, les tensions furent nombreuses. Et réglées par un accord entre YPG et rébellion, parrainé notamment par le militant chrétien Michel Kilo. Cet accord prévoyait l'évacuation des combattants étrangers de la ville... 5/
Mais la suite la plus étonnante de cet accord fut la création de checkpoints communs entre la rébellion et les YPG. Et même entre... les jihadistes du Jabhat al-Nusra et les YPG. Oui, vous lisez bien. Une situation inédite... 6/
Les tensions revinrent au cours de l'année 2013 et de nombreuses batailles eurent lieu entre YPG et al-Nusra au début de l'année 2014, notamment dans l'est de la Syrie. Mais ce fut encore une période étrange. En 2014, toujours, à Alep, le Jabhat al-Nusra et les YPG allaient discuter... 7/
En mai, puis novembre, 2014, deux accord furent signés par le Jabhat al-Nusra, par l'entremise de la chambre d'opérations militaires Ahl ash-Sham, avec les YPG. Ces dernières permettant, accrochez vous, de laisser passer du ravitaillement pour l'opposition, dont le Jabhat al-Nusra... 8/
Ces accords, ponctuant des périodes de tensions très dures (2015, 2016), forment une originalité des relations entre ces forces pourtant fondamentalement hostiles l'une pour l'autre. Tout cela au grand dam... des autorités turques. Pour Ankara, Nusra puis JFS et désormais HTS, ne les sert pas. 9/
Pour le MIT, qui n'a fait que vouloir la destruction de la branche locale du PKK en Syrie, dont les YPG sont une émanation, Nusra / HTS a toujours été contraire à l'intérêt d'Ankara. Le groupe privilégiant toujours sa politique régionale opportuniste aux exigences des turcs. 10/
Cet énième accord entre HTS et les YPG, laissant passer ces dernières avec des armes lourdes et du matériel de guerre vers l'Est de la Syrie, doit probablement mettre le MIT dans une position de colère et de rage contre le groupe jihadiste. 11/
Et cela se rappeler que les intérêts de HTS, loin de théories conspirationnistes circulant sur X, sont très loin de servir les intérêts turcs. La Turquie qui a déjà menacé, depuis 72 heures, qu'elle empêcherait la naissance d'un "État terroriste" à Alep... 12/
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Après l’annonce de loi martiale par le président, la Corée du Sud a subit une nuit sans précédent. Armée dans la rue, révolte du peuple, marchés qui s’effondrent, reprise en main du parlement. On vous explique tout.
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En début de soirée, le président sud-coréen Yoon Suk Yeol fait une déclaration et choque le monde :
«Pour protéger une Corée du Sud libérale des menaces posées par la Corée du Nord et pour éliminer les éléments anti-États... Je déclare par la présente la loi martiale d'urgence.»
C’est le général de l'armée sud-coréenne Park An-Soo qui a été nommé « commandant de la loi martiale ». Celui-ci a directement décidé que les médias et publications seraient désormais sous le contrôle de la loi martiale, et qu’aucun rassemblement public n’est autorisé.
Les rebelles syriens : modérés, islamistes ou djihadistes ?
Le récent regain d’intérêt pour la Syrie a poussé de nombreuses personnes à exprimer leur opinion sur l’appartenance idéologique de la rébellion syrienne. Quelques mots à ce sujet.
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Nous allons ici reprendre la classification d’universitaires tels que Thomas Pierret, selon laquelle il existe trois « nuances » politiques principales chez les rebelles syriens : les djihadistes, les islamistes, et les « modérés ».
Le terme « djihadiste » désigne tous ceux qui souhaitent l’abolition des frontières entre pays islamiques par le biais de la force armée. Pour eux, tous les musulmans ont vocation à être réunis dans un seul état d’envergure mondiale à plus ou moins long terme (le Califat).
Au 5ème jour de l'offensive d'Hayat Tahrir Ash Sham, l'Armée Arabe Syrienne ébranlée tente de se relever.
Dans le même temps, l'Armée Nationale Syrienne pro turque 🇹🇷 s'empare de Tal Rifaat et expulse les Kurdes.
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C'est un tremblement de terre comme la Syrie n'en avait pas connu depuis une décennie, les forces de Bachar Al Assad, l'AAS, Armée Arabe Syrienne ont été bousculées, défaites et humiliées par une offensive inattendue d'un groupe rebelles-djihadiste de la province d'Idlib.
Al Assad croyait sûrement avoir la situation sous contrôle.
13 ans après le début de la guerre civile, il s'était imposé en reprenant le contrôle des principales villes du pays, en grande partie grâce à l'aide de ses alliés, la Russie, l'Iran, et les milices chiites d'Irak et du Liban.
On l’a un peu oublié, mais entre 2014 et 2022, la Russie a mené une autre guerre que celle d’Ukraine. Retour sur son aventure militaire syrienne
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En septembre 2015, les premiers militaires russes arrivent en Syrie. Ils interviennent à la demande formelle du gouvernement de Bashar al-Assad, dont l’armée est exténuée et qui n’arrive pas à faire face aux rebelles de mieux en mieux organisés et équipés.
La Syrie constitue le seul pays véritablement allié de Moscou en dehors de l’espace soviétique. Poutine pense qu’intervenir est un moyen peu coûteux de le sauver tout en replaçant la Russie dans l’échiquier régional pour en faire un acteur incontournable des négociations.
🔹#Syrie 🇸🇾🔹 | Hayat Tahrir ash-Sham (HTS), quel est ce groupe dont on parle tant ?
Un retour sur la principale et plus puissante force insurgée de l'opposition par @CdricLabrousse pour @atummundi.
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Depuis 5 jours, au cours d'une opération militaire inédite et foudroyante, la rébellion syrienne s'est emparée de pans entiers du territoire, dont la deuxième ville du pays, Alep. Des territoires que bien souvent elle avait contrôlé, un temps, entre 2012 et 2020.
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Dans cette attaque éclair, un groupe fournit le gros des effectifs militaires, du matériel et de la stratégie : Hayat Tahrir ash-Sham (l'organisation pour la libération du Levant), HTS. Dirigé par Abu Muhammad al-Julani, depuis la région d'Idlib, son bastion depuis 2016.
Après avoir perdu Alep, l'Armée Syrienne s'est retirée de manière désorganisée jusqu'à Hama, perdant la ville et fin de journée avant de la reprendre ce soir.
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Ce thread est proposé par @clement_molin qui a suivi la situation toute la journée dans un thread distinct :
L'exercice sera répété dès demain matin sur son compte.
Ce matin, la situation avait beaucoup évolué. Les Forces Démocratiques Syriennes, principalement représentées par les milices Kurdes YPG ont lancé une offensive vers Alep.
L'Armée Nationale Syrienne (ANS), pro Turque a aussi progressé vers Al Bab.