Thread by @ClemBarre

Salut X! Et si aujourd'hui on parlait chiffon?
Le monde entier a regardé la réouverture de Notre Dame et les habits portés pour l'occasion par l'archevêque de Paris ont suscité pas mal de réactions. Du coup je me disais que ce serait intéressant d'en parler.

Déjà ce qu'il faut comprendre c'est que une célébration liturgique ce n'est pas comme la cérémonie d'ouverture des JO. Ce n'est pas un spectacle choregraphié par un artiste pour exprimer une vision esthétique ou politique.

La liturgie c'est d'abord le service du culte rendu à Dieu, dans le cadre de ce qu'on appel la vertu de religion c'est à dire le culte que l'homme doit à Dieu en justice, parce que c'est de Dieu qu'il reçoit la vie, le salut, la grâce etc...

Et cet acte de culte n'est pas laissé à la fantasie de chacun mais est codifié par l'Eglise à partir de la révélation parce que la manière dont on prie exprime la vérité que l'on croit (Lex orandi, lex credendi).

C'est pour cela, par exemple que le prêtre ne vous laissera pas diffuser n'importe quelle musique le jour de votre mariage ou du baptême de vos enfants. Parce que la célébration liturgique n'est pas le lieu de l'expression de mes particularisme, de mes valeurs ou de mes idées.

Elle est le lieu où le culte est rendu à Dieu par l'Eglise en conformité avec la foi qu'elle proclame. Donc, dans le cadre liturgique, on est pas vraiment libre de ce que l'on fait. Et ça personne ne peut le changer. Ni le curé de votre paroisse, ni Macron, ni Mgr Ulrich.

Parce que la liturgie c'est aussi du sens. C'est un langage qui exprime des idées. Bien sûr, comme tout langage c'est un peu abscons. Il faut l'apprendre, il y a une grammaire, des verbes irréguliers etc... Mais à force de pratique on finit par la parler couramment.

Par exemple les vêtements de la liturgie ont une signification.
Vous avez d'abord l'aube. C'est une grande robe blanche qui signifie la vie nouvelle reçue au baptême.

Cette aube peut être revétue au dessus d'un amict, un carré blanc accroché au desus de la tête puis fixé autour du coup qui cache le col et évoque le "casque de la foi" dont parle S. Paul. Elle est ajusté à la ceinture par un cordon qui évoque le tablier de service et la chasteté.

Au dessus de l'aube le prêtre revêt l'étole sur ses épaules. Elle symbolise le joug "aisé" du Christ et donc la charge pastoral du prêtre, comme si celui ci tirait sa paroisse comme on tire un attelage. C'est un symbole d'autorité et de service.

Pour la messe, le prêtre revêt la chasuble : large vêtement ample évoquant la charité du Christ qui englobe tout. Pour les autres office, il revêt la chape qui est une sorte de cape noué aux épaules par une broche, ce que portait Mgr Ulrich hier.

Il y a d'autre vêtements particuliers, mais je m'arrête là. Ce qu'il faut savoir c'est que les couleurs de ces vêtements sont aussi codifiés pour la liturgie et dépendent du temps ou de la nature de la célébration.

Ainsi il y a quatres couleurs principales :
Pour les fêtes comme Noël ou pâques mais aussi pour les baptêmes ou les mariages. on porte des ornement couleurs blancs ou or, le blanc est associé à la lumière et à la joie

Pour le fêtes de martyrs (ceux qui sont morts à cause de leur foi) ou de l'Esprit Saint, on porte le rouge couleur du sang et de l'amour.

Quand les chrétiens se préparent à une grande fête par temps de pénitence, mais aussi pour prier pour les défunts et pour célébrer le sacrement du pardon on porte du violet. Il évoque l'attente, le deuil et la pénitence.

Deux fois par ans, au milieu de l'avent et du carême ce violet s'adoucit d'une pointe de blanc comme pour laisser poindre l'espérance de la fête qui arrive, ce qui donne des ornements roses pour les dimanche de Laetare et de Gaudete

Pour le reste du temps, on porte des ornements verts couleurs de l'espérance et de la croissance, c'est la couleur de la nature qui s'enracine et pousse comme la grâce de Dieu croît paisiblement dans le coeur du fidèle dans ce temps dit "ordinaire"

Selon certaine circonstance on peut aussi revêtir du bleu pour les fêtes de la Vierge Marie ou du noir pour les défunts.

Bien sûr, ces couleurs sont des conventions. Dieu ne nous a pas envoyé un code de paramentique nous disant dans quelle couleur telle célébration doit être célébrée. Mais c'est une convention transmise par une histoire, une tradition et qui a un sens commun.

Tout les prêtres, du Vatican jusqu'au fin fond de la forêt amazonienne porte la même couleur le même jour aprce qu'ils célèbrent le même mystère etuyn fidèle chrétien, ainsi n'est jamais perdu.

Alors revenons aux ornements portés pour cette réouverture de Notre Dame. Quel est le problème? je pense qu'il faut distinguer la question de la chape d'hier qui n'est d'aucune couleur liurgique (ou de toutes) et les chasuble de la messe de dimanche qui, elles, sont blanches.

Au fond le problème de ce vêtement au delà de toutes appréciation estéthétique c'est qu'il échappe à la langue commune de la liturgie catholique. Il ne dit pas, pour un chrétiens, ce que l'on célèbre.

A la place, il convoque un autre langage, avec d'autres références, d'autre significations... celui de l'artiste qui du coup fait taire l'Eglise pour s'exprimer à sa place. Et nous sommes sommés d'entrer dans ce langage nouveau qui ne nous appartient pas.

Seul l'artiste parle et il parle un langage que lui seul comprend au lieu de parler la langue commune des chrétiens. Au niveau artistique c'est l'équivalent de commencer à déclamer la tirade du nez en javanais ou en esparanto au milieu d'une représentation de Cyrano.

Si bien que tout le monde a put projeter ce qu'il voulait sur ces ornements puisque seul l'artiste parle cette langue. Chacun a investit ce vide de ses propres signifiant : l'Ukraine, la palestine, la franc maçonnerie, google ou le satanisme...

Avec en plus le snobisme propre à l'art moderne de ceux qui, sachant mieux que tout le monde, viennent t'expliquer les références cachés qui n'appartiennent qu'a une petite élite initié. (Coucou les boomers venus se pâmer sur Mondrian dans mes mentions).

Je précise juste que j'ai pas tout dit sur ce point, et qu'on pourrait en rajouter beaucoup (exercice de la fonction sacerdotale du Christ, action commune du Christ et de l'Eglise, source et sommet de la vie de l'Eglise etc...)

Pour les chasubles du dimanche, le problème est un peu différent, c'est un problème de clarté liturgique dans les choix qui sont fait : on veut célébrer la fête en blanc mais en gardant la messe du dimanche de l'avent qu'on aurait du célébrer en violet... don't acte