Événement passé inaperçu, Mushina al-Muheithawi a été proposée, d'un commun accord entre organisations civiles, politiques, religieuses et armées druzes, comme gouverneur pour le gouvernorat d'al-Suwaydah. Née en 1970, haute cadre d'administration, ayant travaillé aux finances, et célèbre pour son opposition au régime dans la capitale régionale. 1/
Les druzes avancent leurs propres dynamiques. Il est à noter que HTS n'a pas nommé de gouverneur dans cette région et n'a pas mené d'opérations dans la zone contre d'anciens loyalistes. Les druzes bénéficient actuellement, de facto, d'une autonomie complète de gouvernance. 2/
Dans le même temps, côté militaire, les forces druzes n'ont obtenu aucune reconnaissance de la part du nouveau ministère de la défense. Mais elles refusent aussi de rendre ou fournir leurs armes.
Ayant participé à l'effondrement du régime dans la région, les forces druzes, dont les Quwat Sheikh al-Karama, ont largement renforcé leurs matériels, contrôlant même désormais des blindés et véhicules lourds. Une véritable armée régionale autonome. 3/
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Les tribus pro-Assad au cœur des enjeux de la Syrie de demain.
Passant sous le radar des observateurs, les tribus pro-Assad, qui ont fourni des combattants pour ses troupes ou les FDN, sont des incontournables pour pacifier le pays. Et elles reçoivent une attention toute particulière, jusqu'à être reçues par al-Sharaa... 1/
Il y a peu de temps encore, lors de divers entretiens aux médias régionaux et internationaux, Ahmad al-Sharaa assurait que la société syrienne était urbanisée et non tribalisée, pour contre-carrer le discours comparant la Syrie à l'Afghanistan.
Cependant, al-Sharaa lui-même a besoin des puissantes confédérations tribales... 2/
C'est ainsi que dès les 27 et 28 décembre derniers, Ahmad al-Sharaa a reçu plusieurs dignitaires et notables de tribus et clans ayant soutenu... Bachar al-Assad. Comme, ici, des représentants et chefs de la tribu al-Busraya, présente dans la région de Deir Ezzor. Une tribu qui fut même approchée par l'Iran en 2024. 3/
FIL COMPLET | Les forces armées druzes, une autre épine dans le pied d'HTS.
Si HTS renforce son pouvoir politique, militaire et sécuritaire sur une large partie de la Syrie et que l'on évoque son absence dans le nord-est syrien, il est également absent de la région druze de Suwaydah | Sweida. Une région de facto autonome actuellement.
Mais qui sont les combattants druzes du Jabal Druze ? Je vous les présente dans le detail... 1/
Tout d'abord, évoquons la plus ancienne de ces forces. Les Rijal al-Karama, renommés plus tard Quwat Sheikh al-Karama. Fondés en 2012 par le clan respecté des al-Balaous. C'est la force armée la plus ancienne et une des mieux implantées. 2/
Ces forces sont dirigées, encore en 2024, par le clan al-Balaous. Elles étaient peu équipées militairement jusqu'à la fin novembre 2024 avec l'effondrement du régime. Elles disposent désormais d'armes lourdes et de véhicules équipés. 3/
Que devient la branche d'al-Qaïda en Syrie, Hurras ad-Din, dans tout ça ?
Bien silencieuse, l'organisation, qui est réprimée avec brutalité par HTS depuis 2019, et visée par de nombreuses opérations américaines (secret de Polichinelle qu'HTS ait fourni des données), existe toujours...
Que devient-elle dans cette Syrie de l'après Assad ? 1/
Fondée en 2018, l'organisation des gardiens de la foi (Tanzim Hurras ad-Din) est la branche, reconnue comme telle, d'al-Qaïda en Syrie.
Réprimée avec force par HTS, qui l'a considère comme traître (nombre de cadres d'Hurras ad-Din sont d'anciens du Jabhat al-Nusra ayant refusé les changements opérés par al-Sharaa | Julani), l'organisation vit dans la clandestinité encore en 2024. 2/
Tout d'abord, le groupe n'a pas communiqué officiellement, par ses canaux, sur la chute de Bachar al-Assad. Cependant, son principal référent religieux, Sami al-Uraydi, a tenu, dans un communiqué de 4 pages, à saluer la chute de Bachar al-Assad.
Non sans évoquer, comme pour dénier leur rôle à HTS et ses alliés, un potentiel complot international ayant mené à la destruction de régime...
A NOTER : Sami al-Uraydi, jordanien de naissance, est un des plus anciens cadres jihadistes d'al-Nusra. Il a rompu avec al-Julani quand celui-ci a fondé HTS. Depuis, une haine profonde demeure. 3/
THREAD (sera complété avec le temps) | La refondation d'une armée syrienne semble engagée par le gouvernement de Damas lié à HTS. Mais loin d'agir comme une simple structure intérimaire et éphémère, ce gouvernement agit comme s'il était déjà installé avec la légitimité populaire globale.
Cette restructuration militaire sera à suivre de près : HTS pourrait avoir à quitter le pouvoir s'il perdait les élections, chose possible, mais l'armée pourrait agir si celle-ci restait fidèle à al-Sharaa et ses proches...
Se dirige-t-on vers une armée d'HTS ou une armée nationale syrienne ? 1/
Ce 29 décembre 2024, Ahmad al-Sharaa a entamé une première phase en nommant plusieurs cadres de la nouvelle armée syrienne. Une décision problématique en cela que ces hommes sont choisis par un homme qui, lui-même, n'est censé être là que pour une période intermédiaire...
Regardons les noms des personnes investies de charges dans cette nouvelle armée... 2/
Tout d'abord, deux nouveaux généraux, tous deux issus... d'HTS :
* Murhaf Ahmad Abu Qasra
Il n'est autre que Abu Hassan al-Hamawi, natif de Halfaya. Mieux connu sous le nom de Abu al-Hassan 600. Déjà nommé il y a peu ministre de la défense le 21 décembre 2024. C'est un vétéran d'HTS.
Mais qui sont les hommes qui ont défilé ce jour sous les acclamations de la foule ?
Je vous présente les Kataeb (bataillons) Khalid Ibn al-Walid, la redoutable formation de combat de première ligne d'HTS. 1/
C'est en juillet 2022, alors que Hayat Tahrir ash-Sham se réorganise militairement que sont composées les brigades / bataillons Khalid Ibn al-Walid, du nom du célèbre commandant des armées de Muhammad au VIIème siècle, conquérant de la Syrie qu'il prit aux byzantins. 2/
Composés uniquement de combattants volontaires et les plus aguerris, notamment des vétérans jihadistes du Jabhat al-Nusra qui avaient survécu jusqu'à ces jours de 2022, et incluant des jeunes ayant reçu un entraînement parmi les plus durs. 3/
Depuis quelque temps, des commentateurs peu scrupuleux ne cessent de qualifier HTS de Daesh... Quand bien même dès 2013, et surtout 2014, le Jabhat al-Nusra avait déjà rompu puis combattu l'Etat Islamique en Irak et au Levant...
Retour, pour donner du contexte sur le temps long, loin du simple commentaire, sur la sanglante bataille de Markadah : le choc des jihadistes. 1/
La bataille de Markada ne fut pas la première confrontation entre les deux groupes jihadistes. Qui s'étaient déjà confrontés à Raqqa par exemple, en janvier 2014.
Mais la bataille de Markada, une bourgade située sur le Khabour, au nord de Deir Ezzor, dans l'est syrien, et qui s'est déroulée en mars 2014, fut des plus terribles et sanglantes. 2/
Pour contextualiser cet affrontement, il faut se souvenir de la crise politico-militaro-religieuse qui brisa le lien entre Abu Muhammad al-Julani et Abu Bakr al-Baghdadi, et sur laquelle je ne reviendrai pas en détail ici. Le fait est que dès l'été 2013, les deux groupes prenaient un chemin différent. Avec des tensions annexes. 3/