Cédric Labrousse Profile picture
Fils de marin-pêcheur. Doctorant sur la Syrie. Régionalisme, libéralisme, a bossé dès 16 ans. Opinions personnelles. Fondateur : https://t.co/vqYRbbCj8z
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Jul 26 18 tweets 9 min read
Je l'avais promis. C'est un sujet déterminant, essentiel. Et le gouvernement syrien, en plus de tous les défis qui se posent au pays, et d'ailleurs tous les acteurs du pays devront agir, devra mettre le maximum d'efforts.

Aujourd'hui, on pose la question des enfants en Syrie : éducation, dégâts physiques et psychologiques, réfugiés, enfants soldats, prostitution infantile forcée...

Ouvrons un sujet colossal et central. 1/Image Tout d'abord, il faut rappeler une chose : il y a eu, durant le conflit civil de 2011 à 2024, un baby boom. Il est très complexe de le quantifier. Les nouvelles et actuelles autorités syriennes ne disposent pas elles même de l'ensemble des données.

Une chose est certaine : il y a eu au moins 5 millions de naissances à l'intérieur de la Syrie depuis 2011. 2/
Jul 24 7 tweets 3 min read
L'échec des discussions entre Israël et la Syrie, ce soir, est complet. @USAMBTurkiye - Tom Barrack, assure que le dialogue est bon, c'est faux. Il n'a jamais été aussi tendu alors que les deux pays avaient effectué un rapprochement inédit depuis des décennies.

Ce qui en ressort, des coulisses, c'est qu'Israël a exigé la démilitarisation du Sud de la Syrie sur les trois gouvernorats de Quneitra, Daraa et Suwaydah. Une demande de Tel Aviv depuis plusieurs mois par ailleurs. Et son refus de voir une seule force armée dans la région du Jabal Arab. 1/Image La délégation syrienne a dénoncé ces exigences et considéré que les négociations renouvelées avec Israël en vue d'une paix potentielle n'étaient que vaines sur ce principe des pré-requis israéliens.

Les intérêts américains et israéliens sont en train de diverger fortement sur la Syrie... 2/Image
Jul 22 7 tweets 5 min read
Les États-Unis de découvrir que l'on ne construit pas une armée et un pays en quelques mois. Sans identité nationale globalisante, les syriens ne seront pas des syriens, mais des syriens avec chacun leur vision de la Syrie. Actuellement, il n'y a pas de Syrie imprégnant tous les syriens avec un même esprit patriotique.

Bilan ? Ces hommes, du ministère de la défense, ont agi avec une pensée aussi sectaire que certains druzes ont eux même agi avec l'équivalent d'une pensée sectaire en chassant des familles bédouines. Et le pire dans tout ça ? Chacun pensait combattre pour sa vision de la Syrie, persuadé d'être du bon côté de la bonne Syrie. Une Syrie sunnite appliquant la juridiction islamique pour les uns et punissant des traîtres infidèles. Une Syrie fédérale où chaque région est autonome pour les autres, avec une vision ethno-sectaire des choses.

La France ne doit en aucun cas s'aligner sur la précipitation américaine à vouloir une Syrie édifiée en deux coups de truelle et un coup d'enduit. Tout cela finira par se fissurer de partout.

Il faut accepter que le processus de construction d'un État national Syrien prendra des années, peut-être même des décennies... Oui, vous lisez bien : des décennies. Il faut clairement regarder les choses :

* les druzes ont vécu en quasi autonomie depuis 2022. Et leurs factions agissent sur zone depuis 2013 pour les plus anciennes.

* l'AANES est l'aboutissement d'un processus sur près d'une décennie de construction institutionnelle.

* Idlib a été un micro-État islamique de 2017 à 2024. Fonctionnant avec une Shura islamique et un gouvernement très rigoriste.

* les anciens bastions du régime gardent une nostalgie de l'ancien régime en certains endroits.

* les nostalgiques ou partisans de l'Etat Islamique vivent encore en Syrie, et pas seulement dans les prisons comme al-Hol.

* des (pas les) syriens très occidentalisés, notamment dans les grandes villes, sont tournés vers un principe d'une Syrie démocratique avec des élections plurielles et libres.

Le fait est que je pourrais dresser une liste longue comme le bras des Syries qui cohabitent actuellement. Il n'y a pas de sentiment de syrianité acceptée par tous, sinon, et encore..., sur les frontières du pays. Pour le reste, chacun a sa vision de la Syrie.

Or, les américains, et je soupçonne malheureusement la France avec (pôle @JBaptisteFaivre) veulent faire rentrer tout ça dans une box forfait tout compris. On ne crée pas un pays ainsi. Encore moins sous pression extérieure...
Jul 21 7 tweets 4 min read
Ce à quoi nous assistons est un doublement grave : des familles bédouines étaient détenues (nous le savions) depuis les exactions commises par des combattants druzes il y a plusieurs jours. Mais, surtout, désormais libérées (et il était temps), elles sont de facto déplacées... avec l'aide du gouvernement syrien.

Il ne faut en aucun cas se leurrer sur ce qui se passe. Un changement démographique est en cours à Suwaydah avec un déplacement des populations bédouines sunnites qui ont fui, vont fuir ou sont en train de partir, et le tout avec... la coordination du pouvoir.

On a ainsi les forces de sécurité qui accueillent ces familles et des bus déployés pour les déplacer. Un sinistre souvenir des bus verts... 1/ Ce sont près de 300 personnes appartenant à la minorité locale bédouine sunnite qui ont été évacuées pour le moment. Il faut y ajouter des milliers d'autres qui avaient déjà fui depuis 5 jours.

Les estimations de la population bédouine à Suwaydah tournaient entre 10 000 et 25 000 personnes. Autant dire que quasiment toute cette population sera déplacée d'ici quelques jours encore. 2/
Jul 19 7 tweets 3 min read
Alors que le soleil se couche peu à peu, les factions druzes ont repris le centre ville de Suwaydah ainsi qu'une large portion de l'ouest et du nord de la ville. Les renforts arrivés dans la ville depuis les campagnes ont, encore une fois, renversé les rapports de force.

Les forces druzes ont de nouveau atteint le rond-point d'al-Omran (enjeu régulier des combats depuis plusieurs jours car c'est le verrou d'entrée nord-ouest). 1/ Il faut se rappeler que le gouvernement syrien, s'il a peu agi depuis 48 heures, a coupé les routes d'accès en matériel et renfort aux forces tribales sunnites. Elles vont donc commencer à manquer d'hommes.

Rappelons que les bédouins, sur zone, ne représentent que... 3 à 5 % de la population, soit 15 à 25 000 habitants (en incluant tout le monde). Leur capacité à fournir des hommes jeunes pour se battre va s'épuiser face aux... centaines de milliers de druzes de la région. Même avec les renforts tribaux désormais limités, les bédouins ne peuvent tenir. 2/
Jul 17 5 tweets 2 min read
Les forces armées syriennes ont totalement évacué la province de Suwaydah ce matin, se soumettant de facto aux exigences israéliennes et sous pression américaine.

Les factions druzes sont actuellement en train de se déployer à travers la région. Quelques forces de la sécurité militaire d'Etat sont encore en place dans la ville de Suwaydah. Hormis ce dernier point, nous revenons exactement à la situation qui était celle de Suwaydah avant l'opération de Damas. 1/ Notons que le Sheikh Hikmat al-Hijri est toujours vivant, et libre, et que le CMS, principal groupe autonomiste druzes, n'a pas été détruit (c'était l'un des objectifs de l'intervention).

L'échec de l'intervention à Suwaydah, qui était totalement prévisible, pose la question de la professionnalisation de l'armée mais aussi de la professionnalisation des gouvernants syriens : ils auraient dû mesurer, avant même de se lancer dans cette aventure, toutes les conséquences possibles.

Le ministère de la Défense de Murhaf Abu Qasra porte une lourde responsabilité dans cette situation... 2/
Jul 16 4 tweets 1 min read
Les frappes israéliennes se multiplient à travers tout le sud de la Syrie, notamment après une prise de parole de Benjamin Netanyahou.

Une frappe, après une première alerte, a visé le Ministère de la Défense et son État-major à Damas. Jamais Israël n'avait frappé ainsi un bâtiment gouvernemental syrien.

Israël rappelle son principe, en rupture avec le principe de souveraineté nationale des Etats, que le sud de la Syrie devrait être démilitarisé. L'intervention à Suwaydah étant vue comme contraire à ce principe. La question druzes est purement opportuniste pour Israël... Rappelons qu'Israël, en négociations avec al-Sharaa depuis des mois, ne s'était pas opposé, pendant une journée, à l'entrée des forces syriennes, alors faiblement armées, sans matériel lourd, dans la région de Suwaydah.

Car cela entrait dans "le contrat" et les exigences israéliennes.

Mais l'arrivée massive de l'armée syrienne, de son matériel lourd, de colonnes de blindés, a été vue par Israël comme une rupture des principes jusque-là établis.
Jul 16 5 tweets 3 min read
Les forces gouvernementales syriennes entrent de nouveau, mais cette fois-ci avec armes et fracas, dans Suwaydah.

Les images ne sont plus celles d'une armée ramenant l'ordre, mais d'une armée conquérante au milieu des ruines. Il n'y a plus aucun dialogue avec les autorités locales, religieuses comme civiles.

Comment gouverner, je repose cette question qui nous suit en filigrane depuis plusieurs jours, une région majoritairement d'une autre communauté (il s'agit de la seule région syrienne où une minorité à l'échelle du pays y est largement majoritaire [Afrin était dans ce cas, mais les changements démographiques après 2018 ont changé les choses] après l'avoir conquis par la force brute ? 1/Image Il est à noter que devant l'impossibilité de reprendre la ville dans la nuit sans blindés et artilleries, ces matériels sont revenus ce matin pour permettre l'entrée, de nouveau, des forces armées syriennes.

Ce qui a enclenché, immédiatement, comme hier, le retour des frappes aériennes israéliennes, aussi bien via l'aviation que par des drones. 2/
Jul 15 17 tweets 8 min read
Bonjour à tous, on continue le suivi de la situation à Suwaydah ce matin.

Et bien, tonton Cédric vous avait toutes les bonnes informations puisque tout s'est déroulé comme négocié cette nuit. Comme quoi, il vus raconte pas de bêtises...

On y va. 1/ Tout d'abord, comme je vous l'avais indiqué, les négociations ont été un succès. Je vous avais dévoilé, cette nuit, celui qui menait les négociations.

Ce matin, la chose est rendue publique avec... Ahmad Dalati au cœur des échanges (tenue kaki). Notons la présence logique de Mustafa Bakkour à sa droite sur la photo'. 2/Image
Jul 14 20 tweets 8 min read
SIGNE TRÈS POSITIF | Un accord se dessine à Suwaydah et pour la région alors que l'armée pourrait entrer dans la ville d'ici demain.

Il devrait établir une balance équilibrée entre les demandes plusieurs forces druzes (sauf le Conseil militaire de Suwaydah) et les exigences du gouvernement syrien.

C'est, grosso modo, l'accord de... mai 2025, qui n'avait jamais été mis en place. 1/Image Alors qu'il avait disparu des radars pendant toute la journée, Laith al-Balous, un des plus influents chefs des factions druzes, a négocié pendant des heures avec Damas. Il a réussi à amener à la table des négociations d'autres chefs de factions comme Abdul Baqi dont je parlais plus tôt. 2/Image
Jul 14 15 tweets 5 min read
Après des mois de tensions, Damas est sur le point de contrôler militairement une large partie de la région très majoritairement druze de Suwaydah | Sweida. Soulevant bien des questions pour la suite, et des inquiétudes chez une partie de la population locale.

Un acteur aura changé de position, permettant cette avancée massive : Israël.

Pourquoi ? Quelques enjeux ? Le rôle des négociations récentes est évident. Mais qu'est-ce qui est sur la table ? 1/Image Avant d'avancer, rappelons le contexte long des négociations en cours entre Damas et Tel Aviv. Avec l'étape récente à Abu Dhabi que j'avais couvert ici. Et, évoqué simplement ailleurs, d'autres négociations ayant eu lieu à Baku, en Azerbaïdjan. 2/ :
Jul 13 5 tweets 2 min read
IMPORTANT | Loin de se calmer, les combats gagnent en ampleur cette nuit à travers les campagnes du nord-est et de l'ouest de Suwaydah | Sweida.

Le chaos est général avec des batailles sanglantes en cours entre bédouins sédentarisés et milices druzes. On fait le point cette nuit sur la situation à hauts risques sectaires... 1/ Pour le contexte de cette explosion de violence, je vous renvoie vers mon point complet (désolé, c'est long à lire, car je donne du contexte récent, mais aussi ancien) sur ces combats de ce 13 juillet 2025. 2/ :
Jul 13 23 tweets 8 min read
A Suwaydah | Sweida, dans le sud de la Syrie, une nouvelle flambée de violences et de combats entre factions druzes et bédouins sédentarisés depuis ce matin du 13 juillet 2025.

Que se passe-t-il ? Quel contexte ? Quel rôle du gouvernement central ? Je vous donne des clés. 1/ Tout d'abord, je vous donne des points sur la situation telle quelle est en cette fin de journée. Puis je vous donne un contexte national. Et, enfin, un panorama historique des relations entre druzes et bédouins à Suwaydah.

Tout a commencé, pour l'événement actuel, par l'enlèvement d'un marchand druze de Suwaydah à un checkpoint établi par des bédouins sur la route entre Damas et Suwaydah. 2/
Jul 10 15 tweets 6 min read
Regardons qui s'oppose à la création de nouveaux logements pour des jeunes ?

Oh, bah dis donc...

ON EN A MARRE QUE VOUS TRANSFORMIEZ CE PAYS EN RESIDENCE SENIORIALE ! LAISSEZ CE PAYS VIVRE ET SA JEUNESSE, SUR LAQUELLE VOUS VIVEZ.

ledauphine.com/economie/2025/…Image Bon sang, mais c'est infernal. Il faudrait lister tous les projets bloqués, ralentis ou perturbés par des collectifs locaux d'inactifs qui veulent que leur environnement soit préservé dans la naphtaline et l'anti-mites en cristaux qu'ils mettent dans leurs draps...

Antenne relais, entreprise, restauration, lotissements, logements, entraînements militaires sur des bases qui étaient là avant eux (!)... Ils bloquent tout.
Jul 9 21 tweets 7 min read
Ce 9 juillet 2025 a été annoncée la mort du sheikh Rabi Ibn Hadi Umair al-Madkhali.

Sa mort n'aura pas un impact considérable en Europe. Mais dans une partie du monde arabo-islamique, c'est une nouvelle qui secoue le monde religieux et politique.

Qui était-il et qu'elle fut son influence dans l'islam et en politique de l'Arabie Saoudite à la Libye ? 1/

(Illustration : rare photographie, non confirmée je précise, de Madkhali. L'homme avait interdit à ses propres partisans de diffuser son visage. Je me permets pour ce travail).Image Tout d'abord, évoquons l'homme en lui même. Né en Arabie Saoudite en 1933, il a la particularité de ne pas être issu des clans les plus proches du pouvoir des Saoud. Cependant, il a eu une carrière plus qu'importante au sein du royaume. Vous comprendrez pourquoi par la suite.

Il a suivi un cursus religieux important entre Riyadh et Médine. Et c'est là qu'il a notamment pour enseignant l'un des principaux penseurs du salafisme moderne : al-Albani. 2/
Jul 8 23 tweets 8 min read
C'est désormais un cap franchi. Le président syrien Ahmad al-Sharaa a rencontré une délégation de hauts responsables israéliens lors de son déplacement aux Émirats Arabes Unis. Inédit depuis plusieurs décennies.

Pour vous, ce jour, je fais le point sur les enjeux de cette rencontre et les prochaines étapes... 1/Image Je vais faire mon fainéant mais je vous invite, pour avoir le contexte entier dans lequel a eu lieu cette rencontre, à lire ce thread complet. En gros : c'est un travail de longue haleine, avec de nombreux acteurs régionaux aux intérêts convergents. 2/ :
Jun 25 5 tweets 3 min read
J'ai reçu une volée de bois vert quand j'ai souligné la superficialité, in fine, de l'opération américaine.

Puis, les services israéliens eux même ont commencé à avoir des doutes sur les dégâts concrets occasionnés.

Et désormais les services US eux même font ce bilan... 1/ Image
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Beaucoup, un peu trop, se sont excités bien vite.

Il fallait garder de la distance. Quelques frappées sur tous sites, très fortifiés au demeurant par les tortionnaires et tyrans du régime des mollahs, ne pouvaient pas mettre fin au programme nucléaire iranien. Pas même les assassinats concomitants menés par le Mossad ou par des frappes de Tsahal.

Le nucléaire iranien ce sont près de... 100 (oui vous lisez bien) sites nucléaires. Du plus important point de centrifugeuses au centre de recherche en passant par une simple casemate protégeant du matériel... C'est aussi un vaste complexe d'ingénieurs par milliers. On peut supprimer ici et là une tête ou deux, ou même plus, ça n'empêche que le système universitaire iranien produit désormais assez de chercheurs en capacité de tenir le projet... 2/
Jun 23 39 tweets 15 min read
Bon, on va rentrer dans un sujet très sérieux. Beaucoup en Occident et en Israël imaginent une chute du régime iranien. Ce qui serait positif au demeurant.

Soit. Partons de ce principe, et dessinons le panorama d'un Iran où Khamenei ne tient plus le pouvoir. Le thread sera très long.

SPOIL : l'Iran ne sera pas une démocratie laïque libérale apaisée après. Et il ne faut donc en rien être naïf. 1/Image Tout d'abord, rappelons les fondamentaux. L'Iran compte 90 millions d'habitants. Ils sont repartis dans le pays avec de grandes disparités en termes de densité. 70 % de la population vit dans une zone urbanisée. Plusieurs villes dépassent le million d'habitants. Mais Téhéran écrase par son poids : plus de 15 millions d'habitants. 2/
Jun 22 5 tweets 2 min read
L'Etat Islamique serait responsable de l'atroce et sordide attaque qui a visé, via un kamikaze, l'église de Saint-Elie à Damas. Il s'agit de la plus grave attaque de l'EI, s'il se confirme que le groupe est bien responsable, en Syrie depuis des années. Au moins 30 fidèles tués. Un massacre alors que le nouveau pouvoir réprimé, depuis plusieurs semaines, l'EI via des arrestations nombreuses. L'EI révèle une posture de mauvais perdant revanchard et haineux. L'échec de son califat, détruit en 2019, et la mort de nombre de ses califes, notamment des mains d'HTS (un des califes du groupe a été traqué et abattu par les troupes d'Ahmad al-Sharaa il y a plusieurs années), se transforme en volonté de saccager toute possibilité de transition.

En visant une église, le groupe distille le venin de la dissension dans un pays déjà si fragile et en reconstruction...
Jun 22 6 tweets 3 min read
Il faudra encore attendre. Mais il se pourrait que les frappes américaines n'aient pas eu l'effet escompté, avec l'exemple du site de Fordo.

1) L'Iran avait évacué une large partie du matériel de Fordo vers un autre site (image satellite de gauche) ces derniers jours.

2) Les États-Unis ont visiblement prévenu le pouvoir iranien des frappes. C'est la méthode habituelle, comme ce fut le cas pour les frappes américaines en Syrie en 2017. Le régime des mollahs peut donc évacuer du personnel stratégique si nécessaire.

3) Les dégâts sur le site de Fordo sont doubles (image de droite) : sur les entrées du site d'enrichissement, afin de les combler (il faudra creuser pour y revenir) et sur ses hauteurs. Il faut savoir si les frappes sur leurs hauteurs ont réellement détruit les installations en dessous...

In fine, l'opération se dessine comme une demi-mesure. Les iraniens, et le renseignement US le savait, ont pu évacuer de larges parties des activités de Fordo. Et les frappes n'ont probablement pas détruit les installations globalement.

Dans les faits : le programme nucléaire iranien est ralenti pour 5 ans ? 10 ans ? Il faudra voir si le vrai objectif (qui était de forcer les iraniens à revenir sur la table des négociations) sera atteint...Image
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Rappelons que l'essentiel était aussi de détruire les centrifugeuses du site de Natanz. Là encore, les autorités iraniennes ont été prévenues avant les frappes américaines par ces mêmes autorités américaines. Il faudra attendre, pour ce site précis, une vision plus claire.

Mais si c'est comme à Fordo, on est vraiment dans une opération qui confine presque davantage à la communication diplomatique par les armes (on peut vous frapper donc négocier), qu'à une vraie opération méthodique de destructions des capacités nucléaires iraniennes.
Jun 21 20 tweets 7 min read
Israël frappe l'Ahwaz (ou Ahwaz selon l'orthographe) ce 21 juin 2025.

Un choix stratégique qui va par delà des frappes sur des infrastructures militaires, sécuritaires ou nucléaires. Car l'Ahwaz, au delà d'être le coeur de la production pétrolière iranienne, est le bastion d'une minorité souvent rebelle au pouvoir : les arabes ahwazis.

Je vous présente cette minorité peu connue d'Iran et qui s'embrase régulièrement contre Téhéran... 1/Image L'Ahvaz n'a pas d'existence institutionnelle en 2025 dans la République Islamique d'Iran. Aucune région ne porte ce nom. Mais elle est globalement centrée sur une région administrative qu'est le Khuzestan.

C'est une région stratégique. Elle accueille en effet une large partie de la production pétrolière iranienne... 2/Image