Cédric Labrousse Profile picture
Créateur de https://t.co/cuFnaOQpbI. Fils de marin-pêcheur. Doctorant sur Nord-est syrien. Fondateur #SRO. Régionalisme, liberté toujours, a bossé dès 16 ans.
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Jul 8 23 tweets 8 min read
C'est désormais un cap franchi. Le président syrien Ahmad al-Sharaa a rencontré une délégation de hauts responsables israéliens lors de son déplacement aux Émirats Arabes Unis. Inédit depuis plusieurs décennies.

Pour vous, ce jour, je fais le point sur les enjeux de cette rencontre et les prochaines étapes... 1/Image Je vais faire mon fainéant mais je vous invite, pour avoir le contexte entier dans lequel a eu lieu cette rencontre, à lire ce thread complet. En gros : c'est un travail de longue haleine, avec de nombreux acteurs régionaux aux intérêts convergents. 2/ :
Jun 25 5 tweets 3 min read
J'ai reçu une volée de bois vert quand j'ai souligné la superficialité, in fine, de l'opération américaine.

Puis, les services israéliens eux même ont commencé à avoir des doutes sur les dégâts concrets occasionnés.

Et désormais les services US eux même font ce bilan... 1/ Image
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Beaucoup, un peu trop, se sont excités bien vite.

Il fallait garder de la distance. Quelques frappées sur tous sites, très fortifiés au demeurant par les tortionnaires et tyrans du régime des mollahs, ne pouvaient pas mettre fin au programme nucléaire iranien. Pas même les assassinats concomitants menés par le Mossad ou par des frappes de Tsahal.

Le nucléaire iranien ce sont près de... 100 (oui vous lisez bien) sites nucléaires. Du plus important point de centrifugeuses au centre de recherche en passant par une simple casemate protégeant du matériel... C'est aussi un vaste complexe d'ingénieurs par milliers. On peut supprimer ici et là une tête ou deux, ou même plus, ça n'empêche que le système universitaire iranien produit désormais assez de chercheurs en capacité de tenir le projet... 2/
Jun 23 39 tweets 15 min read
Bon, on va rentrer dans un sujet très sérieux. Beaucoup en Occident et en Israël imaginent une chute du régime iranien. Ce qui serait positif au demeurant.

Soit. Partons de ce principe, et dessinons le panorama d'un Iran où Khamenei ne tient plus le pouvoir. Le thread sera très long.

SPOIL : l'Iran ne sera pas une démocratie laïque libérale apaisée après. Et il ne faut donc en rien être naïf. 1/Image Tout d'abord, rappelons les fondamentaux. L'Iran compte 90 millions d'habitants. Ils sont repartis dans le pays avec de grandes disparités en termes de densité. 70 % de la population vit dans une zone urbanisée. Plusieurs villes dépassent le million d'habitants. Mais Téhéran écrase par son poids : plus de 15 millions d'habitants. 2/
Jun 22 5 tweets 2 min read
L'Etat Islamique serait responsable de l'atroce et sordide attaque qui a visé, via un kamikaze, l'église de Saint-Elie à Damas. Il s'agit de la plus grave attaque de l'EI, s'il se confirme que le groupe est bien responsable, en Syrie depuis des années. Au moins 30 fidèles tués. Un massacre alors que le nouveau pouvoir réprimé, depuis plusieurs semaines, l'EI via des arrestations nombreuses. L'EI révèle une posture de mauvais perdant revanchard et haineux. L'échec de son califat, détruit en 2019, et la mort de nombre de ses califes, notamment des mains d'HTS (un des califes du groupe a été traqué et abattu par les troupes d'Ahmad al-Sharaa il y a plusieurs années), se transforme en volonté de saccager toute possibilité de transition.

En visant une église, le groupe distille le venin de la dissension dans un pays déjà si fragile et en reconstruction...
Jun 22 6 tweets 3 min read
Il faudra encore attendre. Mais il se pourrait que les frappes américaines n'aient pas eu l'effet escompté, avec l'exemple du site de Fordo.

1) L'Iran avait évacué une large partie du matériel de Fordo vers un autre site (image satellite de gauche) ces derniers jours.

2) Les États-Unis ont visiblement prévenu le pouvoir iranien des frappes. C'est la méthode habituelle, comme ce fut le cas pour les frappes américaines en Syrie en 2017. Le régime des mollahs peut donc évacuer du personnel stratégique si nécessaire.

3) Les dégâts sur le site de Fordo sont doubles (image de droite) : sur les entrées du site d'enrichissement, afin de les combler (il faudra creuser pour y revenir) et sur ses hauteurs. Il faut savoir si les frappes sur leurs hauteurs ont réellement détruit les installations en dessous...

In fine, l'opération se dessine comme une demi-mesure. Les iraniens, et le renseignement US le savait, ont pu évacuer de larges parties des activités de Fordo. Et les frappes n'ont probablement pas détruit les installations globalement.

Dans les faits : le programme nucléaire iranien est ralenti pour 5 ans ? 10 ans ? Il faudra voir si le vrai objectif (qui était de forcer les iraniens à revenir sur la table des négociations) sera atteint...Image
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Rappelons que l'essentiel était aussi de détruire les centrifugeuses du site de Natanz. Là encore, les autorités iraniennes ont été prévenues avant les frappes américaines par ces mêmes autorités américaines. Il faudra attendre, pour ce site précis, une vision plus claire.

Mais si c'est comme à Fordo, on est vraiment dans une opération qui confine presque davantage à la communication diplomatique par les armes (on peut vous frapper donc négocier), qu'à une vraie opération méthodique de destructions des capacités nucléaires iraniennes.
Jun 21 20 tweets 7 min read
Israël frappe l'Ahwaz (ou Ahwaz selon l'orthographe) ce 21 juin 2025.

Un choix stratégique qui va par delà des frappes sur des infrastructures militaires, sécuritaires ou nucléaires. Car l'Ahwaz, au delà d'être le coeur de la production pétrolière iranienne, est le bastion d'une minorité souvent rebelle au pouvoir : les arabes ahwazis.

Je vous présente cette minorité peu connue d'Iran et qui s'embrase régulièrement contre Téhéran... 1/Image L'Ahvaz n'a pas d'existence institutionnelle en 2025 dans la République Islamique d'Iran. Aucune région ne porte ce nom. Mais elle est globalement centrée sur une région administrative qu'est le Khuzestan.

C'est une région stratégique. Elle accueille en effet une large partie de la production pétrolière iranienne... 2/Image
Jun 18 19 tweets 8 min read
Éliminer le père, soit. Mais vous aurez peut-être le fils...

Dans le tourbillon informationnel sur l'Iran, et les prises de positions d'une partie du spectre politique, qui s'imagine que la chute du régime iranien serait une partie de plaisir, on oublie les ressorts de ce régime tyrannique.

Et l'un de ses ressorts est d'avoir déjà une génération suivante : et elle est notamment personnalisée par Motjaba Khamenei...

Je vous le présente aujourd'hui... 1/Image Motjaba Khamenei, c'est l'histoire d'un homme préparé pour gouverner.

Son père, l'ayatollah Ali Khamenei, a régulièrement écarté toute décision de succession héréditaire du pouvoir. Mais les faits et le parcours de son fils ne peuvent donner à voir qu'une longue marche vers la capacité à gouverner. 2/Image
Jun 17 10 tweets 4 min read
Ceux qui pensent que la chute du régime iranien des mollahs se fera comme celle des Pahlavi...

On met le doigt dans un engrenage bien sombre si on pense faire du regime change à la cool (je dis cela ce soir avec la rumeur insistante d'une potentielle implication des États-Unis) face à un régime qui pourra nourrir, même vaincu, une insurrection permanente dans le pays à la manière des Talibans. 1/ Les Pahlavi n'avaient quasiment plus aucun soutien et l'armée ne s'est guère battue pour eux (bien mauvaise stratégie car l'armée fut ensuite marginalisée et purgée par Khomeini).

On ne peut que souhaiter la fin de la tyrannie des Ayatollahs sur l'Iran et leur influence nauséabonde sur la région. Mais croire qu'ils sont aussi isolés que les Pahlavi en leur temps est une bien malheureuse position.

Ce n'est pas qu'un clan, comme les Assad, avec quelques conscrits mal payés et des milices étrangères pour tenir le coup. Ils disposent de nombreux partisans, réellement investis et déterminés. Et qui se moquent de la politique mais combattront dans un objectif religieux. 2/
Jun 11 21 tweets 8 min read
Les 6 et 7 décembre 2024 : 48 heures où HTS et Ahmad al-Sharaa ont laissé des cadres et officiers du régime fuir vers la côte et, pour certains, vers la Russie.

C'est le sujet crispant en Syrie. Pendant deux jours, l'offensive d'HTS s'est arrêtée aux portes de la ville de Homs, noeud routier stratégique entre Damas et les bastions loyalistes de la côte.

On revient sur cette situation bien particulière et peu évoquée... 1/Image
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Le 5 décembre 2024, peu après la chute de Hama, les forces d'HTS, soutenues par l'ASL, l'ANS ou encore des groupes jihadistes, foncent vers Homs. Dans la périphérie nord de la ville, la rébellion locale est déjà active (à Rastan, à Talbisah...). Les convois venus du nord sont ralentis (destruction partielle du pont de Rastan).

Homs elle-même est prête à tomber... 2/Image
Jun 3 22 tweets 9 min read
Le thread que vous attendiez... Ils sont l'objet de critiques, peurs, ou de volonté de les interdire en Europe.

Mais quelle est la place des Frères Musulmans en Syrie, un de leurs bastions historiques, depuis la chute d'Assad et la prise de pouvoir d'al-Sharaa ?

On fait le point complet et détaillé sur une confrérie désormais très affaiblie et marginalisée... 1/Image Je ne reviendrai pas ici sur l'histoire des Frères Musulmans syriens sur le temps long. Simplement de se souvenir que la confrérie y est historiquement implantée, avec un solide réseau politique comme religieux, depuis le milieu du XXème siècle et qu'elle a été interdite au tournant des années 1960 avec l'arrivée du parti Baath au pouvoir.

Mais surtout, alors qu'une partie du groupe se radicalisait, parfois en rompant les rangs avec les Frères Musulmans comme l'Avant Garde Islamique de Marwan Haddid, le régime d'Hafez al-Assad de le pourchasser. Et en 1980, la loi 49 punit de mort toute appartenance aux Frères Musulmans. Le régime va jusqu'à réduire une large partie de la ville de Hama en ruines en 1982. 2/
May 29 6 tweets 2 min read
Les entreprises européennes sont en train de voir passer le train sans construire les gares, c'est-à-dire saisir les opportunités, pour qu'il s'arrête. Je ne cesse d'alerter.

Pendant ce temps, un consortium sous forme de holding, composé de groupes américains et turcs, signe des contrats majeurs... 1/Image Les États-Unis, qui étaient les plus spectateurs, il y a encore quelques semaines, sont passés à triple vitesse sur le dossier syrien.

Les Européens, qui bavardent et perdent du temps en réunions et conseils, sur les sanctions et réouvertures, et qui étaient pourtant les premiers à vouloir engager avec Damas, se font totalement et royalement doubler. C'est pitoyable... 2/Image
May 27 23 tweets 10 min read
Hier, l'on m'a demandé des sources sur les alertes lancées depuis des décennies sur le poids insoutenable financier à venir des baby boomers pour les budgets sociaux (pensions et santé) et sur l'activité économique du pays, ainsi que sur les salaires. Mais personne n'a agi...

Voici la liste chronologique de ces alertes successives que les électeurs baby boomers ont balayé, laissant aux générations après eux un fardeau financier inédit via de la dette qui restera pour au moins 6 générations après les baby boomers...

Les baby boomers savaient et leurs élus, pour lesquels ils ont voté (il faut arrêter de les déresponsabiliser, y compris récemment : Emmanuel Macron a obtenu 75 % des votes des plus de 65 ans au second tour en 2022) le savent depuis 1981. Mais ils n'ont rien fait. 1/Image Tout d'abord, rappelons que ce système de pension par répartition a été établi en 1941 par le régime de Philippe Pétain. Ayant vidé les caisses des retraités capitalisées, le nouveau régime impose aux générations suivantes de payer pour les aînés. 2/

.votreprofesseur.fr/histoire/retra…
May 26 19 tweets 7 min read
Leur bannière n'est plus levée sur une ville du pays. Mais les combattants de l'État Islamique sont là en Syrie.

Le groupe, loin de réapparaître, est toujours là et a toujours été là. Affaibli, brisé mais survivant, notamment dans le désert syrien. Il menace désormais ouvertement le nouveau régime syrien et reprend ses actions à un rythme plus soutenu.

Comme promis hier, faisons le point ce soir. 1/Image Dès la chute de Bachar al-Assad, et chacun de trouver cela dans mon suivi, je rappelais qu'il ne fallait pas oublier le groupe jihadiste le plus radical de Syrie.

Et au fil des mois, je soulevais ses menaces, notamment via sa revue al-Naba comme ici en mars 2025. 2/ Image
May 22 24 tweets 8 min read
Son souvenir et ses idées planent sur le monde. Pas seulement sur le monde arabo-musulman, mais sur le monde.

Mustafa bin Abd al-Qadir Setmariam Nassar. Ce nom ne vous dit rien. Peut-être alors Abu Mussab al-Suri ? Syrien, issu d'une dynastie de soufis, il est devenu, au cours des années 1990 et 2000, une référence intellectuelle et idéologique des milieux jihadistes.

Emprisonné en Syrie, certains de ses partisans avaient l'espoir de le découvrir dans les geôles de Sednaya en décembre 2024. Il n'en fut rien.

Retour sur un homme dont les idées restent partagées par certains, en Syrie et ailleurs. 1/Image Abu Mussab al-Suri est né en 1958 à Alep. Et plus précisément dans une grande famille religieuse du soufisme (Rifaiyyah). C'est dans cette ville qu'il poursuit son cursus scolaire, puis ses études d'ingénieur.

Et c'est à l'université d'Alep qu'il rencontre d'autres jeunes syriens. Auprès d'eux, il se rapproche de l'islam politique puis combattant. 2/
May 19 11 tweets 5 min read
Vous savez que j'aime aborder des points thématiques, qui sortent un peu des sentiers habituels.

Ce soir, on parle des universités syriennes, et des étudiants, dans cette nouvelle Syrie qui émerge de 54 ans de baathisme et de tyrannie des Assad.

Quel rôle politique et social ? 1/Image La Syrie comptait, fin 2024, probablement, car les données sont complexes à réunir, plus de 650 000 étudiants répartis entre les universités publiques et privées du régime, les universités privées de l'opposition à Idlib et Alep, et le système universitaire autonome kurde dans l'AANES. 2/
May 13 6 tweets 3 min read
La tournée de Donald Trump devient historique au Moyen-Orient. Posons les termes.

* Il isole Netanyahou politiquement en Israël en le rendant infréquentable et trop braqué, mais n'abandonne pas Israël. Il veut clairement un changement de tête dans ce pays.
* Il défend ainsi les accords d'Abraham et annoncent que les saoudiens reviendront dans la course.
* Il se prépare à lever des sanctions sur la Syrie.
* Il va oser rencontrer un ancien cadre d'un groupe lié à al-Qaïda, devenu chef d'un État, après deux décennies et demi de lutte acharnée contre ce groupe après les attentats du 11 septembre.
* Il veut échanger certains points d'accords avec Damas en échange d'une ouverture d'un dialogue plus ouvert avec Israël (dialogue déjà engagé par ailleurs).Image Ce bilan est inédit.

* Enfin, il compte bien, avec toutes les critiques qui viendront sur son plan, obtenir un État pour les palestiniens en revenant à son plan de 2020. Rejeté à l'époque par le Likoud de Netanyahou.
* Il a isolé l'Iran durant son premier mandat, briser une partie de son leadership en tuant Soleimani à l'époque, et compte le forcer à signer un accord sur le nucléaire (tout en lançant, en parallèle, un projet nucléaire avec l'Arabie Saoudite).
May 12 14 tweets 6 min read
C'est la grande interrogation. Et il semble qu'elle va trouver une réponse : Donald Trump devrait rencontrer Ahmad al-Sharaa lors de sa tournée qu'il entame ce lundi 12 mai 2025 au Moyen-Orient. Un bouleversement politique et diplomatique.

Mais comment en est-on arrivé là ? Pour vous, je fais le point d'un long chemin... 1/Image Je ne vais pas revenir sur le fait qu'al-Nusra et Julani (al-Sharaa) furent classés terroristes rapidement et le sont encore, en tout cas sur le papier, ce lundi 12 mai 2025. Mais que ce fait n'a pas empêché les américains de travailler, oui vous lisez bien, avec HTS depuis plusieurs années. L'administration US ayant reconnu qu'il était le plus à même de servir la stratégie US à Idlib à l'époque. 2/Image
May 12 4 tweets 1 min read
Vers une rencontre entre Trump et al-Sharaa d'ici quelques jours.

On ne mesure pas l'impact de cette rencontre physique.

Et on attendra la réaction des comptes pro-Trump qui ont exulté de rage devant les clichés d'al-Sharaa avec le président français (dont je ne partage rien de son agenda politique). Je ferai le point sur le travail de longue haleine de la Syrie pour obtenir l'écoute des États-Unis depuis des mois. Et cela par l'entremise de MBS et d'Erdogan.
May 7 7 tweets 7 min read
Coup de sang.

La gauche dit n'importe quoi.
La droite dit n'importe quoi.
Le panorama politique, globalement, dit n'importe quoi.

Cette visite est compliquée à accepter ? Oui. Qui dirait le contraire ? Je l'ai dit dès décembre en prévision.

Elle est nécessaire ? Oui. Aussi. Je le dis aussi depuis des mois.

Car qui actuellement se rapproche d'al-Sharaa ? La Russie de Poutine, la Chine de Xinping, etc... Tous les anciens alliés d'Assad, dont la Russie qui a même bombardé allègrement HTS et al-Sharaa, reviennent vers Damas.

Qui le soutient ? La Turquie, l'Arabie Saoudite et même, désormais, les Emirats Arabes Unis, qui s'en rapprochent (ils le qualifiaient de terroriste).

Qui se retrouve sur le bord de la route ? Les occidentaux.

Pourquoi ce dialogue doit avoir lieu ? Amos et amies de droite, de tous bords de cette droite, comment voulez-vous influencer la politique d'un pays, pour protéger les minorités par exemple, sans être l'interlocuteur de ce pays ? Il n'y aura pas de retour de l'ancien régime. Vous voulez donc abandonner les chrétiens de Syrie ? Dites le officiellement que vous les abandonnez. Vous dites évoquer les druzes ou les kurdes à gauche ? Mais ce sont ces mêmes druzes et kurdes si ont reconnu al-Sharaa président. Vous allez leur dire que vous savez mieux à leur place depuis vos beaux salons parisiens ?

Cet homme n'est pas celui que la diplomatie française aurait attendu ? C'est le cas, oui. Et bien il faudra faire avec. Et s'il n'est pas l'interlocuteur qu'il faut, on lui tournera le dos.

Mais en attendant, nous avons un intérêt en Syrie. La gauche y a un intérêt avec les kurdes qu'elle suit. La droite y a un intérêt avec les minorités chrétiennes qu'elle dit soutenir. Et, enfin, nos entreprises y ont des intérêts (l'un des plus grands groupes français mondiaux, la CMA, y a renouvelé un contrat d'ampleur).

On va donc laisser un pays à reconstruire aux mains des entreprises d'autres pays ? Aux patriotes qui se disent patriotes,vous préférez les entreprises russes et saoudiennes aux entreprises françaises ? Aux soutiens des chrétiens, vous préférez les abandonner car sans interlocuteurs d'importance dans ce pays ? Quand j'entends le traître Mariani dire qu'il se désole de cette visite, qu'il qualifie de trahison aux chrétiens : lui le larbin des russes ne dit rien du fait que la Russie fournit du gaz, du pétrole et des céréales, et même le papier monnaie à ce pays actuellement ? La Russie, selon Mariani, trahit donc aussi les chrétiens d'Orient ? Poutine s'est même déjà entretenu deux fois avec al-Sharaa.

Bon sang, la Syrie est un pays carrefour depuis des millénaires. Elle est un pivot non pas que régional mais mondial. Toutes les puissances de l'Histoire se sont battues pour y avoir un pied. Alors, oui, notre diplomatie doit y mettre un pied. Si l'on doit s'en dégager, on le fera. Mais il faut dialoguer.

Lisez les grands auteurs sur l'art de la diplomatie. Lisez Kissinger sur la Syrie. Et soyez à la hauteur. Bande d'amateurs enfantins.Image La France a un rôle en Syrie. Historique. Sans rentrer dans le paternalisme ou le colonialisme. Depuis près d'un millénaire, la France a une histoire avec la Syrie. De guerre, de conflits, de mandat quasi colonial, de tracé de frontière aujourd'hui questionne, d'attentats oui, osons le dire (je ne suis pas naïf), etc...

Mais il y a un lien. Vis à vis des chrétiens disent certains. Vis à vis des kurdes disent d'autres. Quant aux druzes, ils n'ont eu de cesse de gagner leurs titres de noblesse à la guerre qu'en affrontant avec vaillance les troupes françaises, qui reconnaissaient leur courage en retour. Nous sommes liés.

Alors oui, il faudra avoir un pied diplomatique dans la danse qui se déroule. Et ne pas laisser nos adversaires commerciaux et diplomatiques remporter la mise. Et si nous devons, de nouveau je le dis, nous dégager de Syrie volontairement car le pays dérive, nous le ferons.
May 5 21 tweets 7 min read
Une décision désastreuse.

Comment peut-on assurer une transition, une justice transitionnelle et la demande de levée des sanctions, tout en nommant Abu Hatem Shaqra comme commandant de division ?

Une décision incompréhensible, et je vous explique pourquoi. Accrochez vous. 1/ Image Abu Hatem Shaqra, de son vrai nom Ahmad Fayyed al-Hais, est un criminel de guerre et un homme particulièrement détesté (et détestable), sans aucune qualification et sans faits d'arme pour la révolte depuis 2011... 2/

Illustration : visite à al-Rai, au nord d'Alep, en 2023. Image
Apr 27 9 tweets 4 min read
Et si les États-Unis obtenaient la tête d'Abu Amsha et de Seif Abu Bakr ?

Les deux chefs de l'ANS, l'ancienne milice supplétive de la Turquie, dont les forces ont participé aux horreurs et massacres sur la côte dès le 8 mars 2025, sont en effet pointés du doigt mais ils n'ont, jusque-là, jamais été inquiétés. Ils paradent même à la tête de leurs propres forces armées...

Mais les choses pourraient-elles changer ? 1/Image L'envoyée des États-Unis à l'ONU, lors d'une réunion consacrée à la Syrie, a évoqué des points importants pour la diplomatie américaine avant de faire de nouveaux gestes vis-à-vis de Damas. Parmi ces gestes, Dorothy Shea a évoqué des poursuites réelles et transparentes sur les horreurs commises sur la côte en mars 2025. 2/Image
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