Thread by @AmourskyCyrille

🇺🇦🇪🇺 #ZELENSKY APPELLE L’EUROPE À CRÉER SA PROPRE ARMÉE COMMUNE

Armée européenne, danger russe pour l’OTAN, illusion de négociations, stratégie commune de paix, pas de décision de paix en Ukraine sans l’Ukraine.

Voici son long discours intégral à la conférence de #Munich 🧵1/21

À la veille de Munich, un drone de frappe russe a touché le sarcophage recouvrant le quatrième réacteur détruit de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Le drone Shahed, modifié par la Russie à l’aide de technologies iraniennes, transportait au moins 50 kg d’explosifs. Nous considérons cela comme une démarche symbolique de la part de la Russie.

Ce n’est que récemment que l’énergie nucléaire a été évoquée en Ukraine comme un facteur clé de la sécurité énergétique, malgré les attaques constantes de la Russie. Nous préparons l’extension de la centrale nucléaire de Khmelnitski – littéralement la veille de Munich, j’étais là, à la gare – avec la participation d’entreprises américaines, notamment de la société Westinghouse. Cela renforcera la sécurité énergétique non seulement de l’Ukraine, mais aussi de toute l’Europe.

Nous avons également discuté de la centrale nucléaire de Zaporijjia – la plus grande centrale nucléaire d’Europe, occupée par la Russie – avec le président Trump et son équipe. Et quelle est la réponse de la Russie ? Une frappe de drone sur le sarcophage de la centrale nucléaire de Tchernobyl, qui contient de la poussière et des débris radioactifs.

Et ce n’est pas de la folie. C’est la position de la Russie. Un pays qui agit ainsi ne veut pas la paix. Il ne se prépare pas au dialogue. Presque chaque jour, la Russie nous envoie jusqu’à une centaine de « Shahids », ainsi que des frappes de missiles balistiques et de bombes aériennes. Mais ce n’est pas tout. 2/21

Cette année, Moscou prévoit de créer 15 nouvelles divisions, soit une armée de 150 000 hommes. C’est plus que les armées nationales de la plupart des pays européens. La Russie ouvre de nouveaux centres de conscription chaque semaine. Et Poutine peut se le permettre : les prix du pétrole restent suffisamment élevés pour qu’il puisse ignorer le reste du monde.

Nous avons des informations claires : cet été, la Russie prévoit d’envoyer des troupes en Biélorussie sous prétexte de « formation ». C’est ainsi qu’elle avait déployé ses forces avant l’invasion à grande échelle de l’Ukraine.

Ces forces russes en Biélorussie ont-elles pour objectif d’attaquer l’Ukraine ? Peut-être. Ou peut-être sont-elles destinées à vous. N’oublions pas que la Biélorussie est limitrophe de trois pays de l’OTAN. Elle est devenue un tremplin pour les opérations militaires russes.

Poutine et Loukachenko déclarent ouvertement que la Biélorussie a interdit les armes – les missiles de moyenne portée et même les armes nucléaires. En réalité, Poutine considère la Biélorussie comme une simple province russe. 3/21

Si quelqu’un crée une base militaire, que devrions-nous faire à ce sujet ? Et surtout, que pouvons-nous faire avant la prochaine attaque ?

La Russie a déjà organisé des provocations aux frontières de la Pologne et de la Lituanie, utilisant la crise migratoire orchestrée par ses services de renseignement pour déstabiliser la situation. Et si, la prochaine fois, ce n’étaient pas des migrants ? Et s’il s’agissait de troupes russes ou nord-coréennes ?

Ne tirez pas de mauvaises conclusions : les Nord-Coréens ne sont pas faibles. Ils apprennent à mener une guerre moderne. Et vos armées ? Sont-elles prêtes ?

Si la Russie lance une opération sous un faux drapeau ou envahit un pays depuis la Biélorussie, comme elle l’a fait en Crimée en 2014, à quelle vitesse les alliés réagiront-ils ? Et vont-ils réagir ? 4/21

Hier, ici à Munich, le vice-président américain l’a clairement indiqué : la vieille relation entre l’Europe et l’Amérique est en train de prendre fin. Désormais, tout sera différent, et l’Europe devra s’adapter.

Je crois en l’Europe. Et vous devez y croire aussi. Je vous appelle à agir – pour vous-mêmes, pour l’Europe, pour vos peuples, vos foyers, vos enfants et notre avenir commun.

Pour cela, l’Europe doit devenir une force commune, autonome et unie, à la fois ukrainienne et européenne. Aujourd’hui, l’armée ukrainienne, grâce au soutien international, retient la Russie. Mais si ce n’est pas nous, qui les arrêtera ?

Soyons honnêtes : nous ne pouvons pas exclure la possibilité que l’Amérique dise non à l’Europe face aux défis qui l’attendent. 5/21

De nombreux dirigeants ont évoqué la nécessité pour l’Europe de disposer de ses propres forces armées – une armée de l’Europe. Je crois que ce moment est arrivé. Il est nécessaire de créer une armée européenne.

Ce n’est pas plus difficile que de résister résolument aux attaques russes, comme nous le faisons déjà. Mais il ne s’agit pas seulement d’augmenter les dépenses de défense en pourcentage du PIB. L’argent est nécessaire, mais il ne suffira pas à lui seul pour stopper l’offensive ennemie.

Les armes et les troupes entraînées ne sont pas données gratuitement, mais ce n’est pas seulement une question de budget. Il s’agit avant tout de prendre conscience de la nécessité de protéger ses propres foyers.

Sans l’armée ukrainienne, les armées européennes seules ne suffiront pas à arrêter la Russie. Seule notre armée, en Europe, possède une véritable expérience du combat moderne. Mais notre armée seule ne suffit pas.

Nous avons besoin de ce que vous pouvez nous fournir : des armes, de la formation, des sanctions, du financement, de la pression politique et de l’unité. 6/21

Trois années de guerre à grande échelle ont prouvé que nous disposons déjà des bases nécessaires à la constitution de forces armées européennes unies.

Maintenant que nous menons cette guerre et posons les bases de la paix et de la sécurité, nous devons construire une force armée européenne afin que l’avenir de l’Europe dépende uniquement des Européens et que les décisions concernant l’Europe soient prises en Europe.

C’est pourquoi nous discutons avec les dirigeants européens et les États-Unis de contingents militaires capables d’assurer la paix non seulement en Ukraine, mais dans toute l’Europe.

C’est aussi pourquoi nous développons une production conjointe d’armes, principalement de drones. 7/21

Le modèle danois d’investissement conjoint dans la production d’armes en Ukraine fonctionne déjà avec succès. Rien que l’année dernière, grâce aux efforts des Ukrainiens et de nos partenaires, nous avons produit plus de 1,5 million de drones de différents types.

L’Ukraine est aujourd’hui un leader mondial dans l’utilisation des drones au combat. C’est notre succès, mais c’est aussi le vôtre. Tout ce que nous construisons pour notre propre défense renforce également votre sécurité.

La même logique devrait s’appliquer à l’artillerie, à la défense aérienne et aux véhicules blindés. Tout ce qui est nécessaire pour protéger la vie dans la guerre moderne doit être entièrement produit en Europe.

L’Europe a tout ce dont elle a besoin. Elle doit simplement s’unir et agir de manière à ce que personne ne puisse lui dire non, la commander ou la traiter comme une force faible.

Il ne s’agit pas seulement de stocker des armes. Il s’agit aussi d’emplois, de leadership technologique et de force économique pour l’Europe. 8/21

L’automne dernier, dans mon Plan Victoire, j’ai proposé de remplacer une partie du contingent américain en Europe par des troupes ukrainiennes si l’Ukraine rejoignait l’OTAN. Si les États-Unis réduisent leur présence, ce sera dangereux, mais l’Europe doit être prête.

J’ai soulevé cette question avant les élections américaines parce que j’ai vu dans quelle direction la politique américaine se dirigeait. Mais l’Amérique doit aussi voir où l’Europe se dirige. Cette orientation de la politique européenne ne doit pas seulement être encourageante : elle doit donner envie à l’Amérique de se joindre à une Europe forte.

L’Europe doit déterminer son propre avenir. Nous devons avoir confiance en notre propre force pour que les autres n’aient d’autre choix que de respecter la puissance européenne. Cela est impossible sans une armée européenne.

Il ne s’agit pas de remplacer l’OTAN, mais d’assurer une contribution équilibrée de l’Europe à notre partenariat avec l’Amérique.

La même approche est nécessaire en diplomatie : travailler ensemble pour la paix. L’Ukraine n’acceptera jamais d’accords conclus dans notre dos, sans notre participation. Il en va de même pour toute l’Europe. 9/21

Aucune décision concernant l’Ukraine ne peut être prise sans l’Ukraine. Pas de décisions sur l’Europe sans l’Europe. L’Europe doit avoir sa place à la table des décisions concernant son avenir. Tout le reste ne vaut rien.

Si nous sommes exclus des négociations sur notre propre avenir, ce sera une défaite pour tout le monde. Regardez ce que Poutine essaie de faire. C’est son jeu : il veut négocier avec l’Amérique en face à face, comme avant la guerre, lorsqu’ils s’étaient rencontrés en Suisse et semblaient sur le point de diviser le monde. Ensuite, il tentera de faire en sorte que le président américain se tienne sur la place Rouge le 9 mai – non pas en tant que dirigeant respecté, mais comme un figurant dans sa pièce.

Nous n’en avons pas besoin. Nous avons besoin d’un véritable succès, d’une véritable paix.

Certains en Europe ne comprennent peut-être pas pleinement ce qui se passe à Washington. Mais concentrons-nous d’abord sur la compréhension de nous-mêmes – ici même, en Europe. Il faut d’abord donner de la force à l’Europe. 10/21

L’Amérique a-t-elle besoin de l’Europe ? En tant que marché, oui. Et en tant qu’allié ?

Pour que la réponse soit oui, l’Europe doit parler d’une seule voix, et non d’une douzaine de voix distinctes. Même ceux qui se rendent régulièrement à Mar-a-Lago devraient faire partie d’une Europe forte, car le président Trump n’aime pas les amis faibles – il respecte la force.

Certains en Europe peuvent être mécontents de Bruxelles. Mais soyons honnêtes : si ce n’est pas Bruxelles, alors ce sera Moscou.

C’est de la géopolitique. C’est de l’histoire ancienne. Moscou déchirera l’Europe si nous, Européens, ne nous faisons pas confiance. 11/21

Il y a quelques jours, le président Trump m’a parlé de sa conversation avec Poutine. Pas une seule fois il n’a mentionné que l’Amérique avait besoin de l’Europe à cette table. Cela en dit long.

L’époque où l’Amérique soutenait l’Europe simplement parce qu’elle l’avait toujours fait est révolue. Le président Trump a dit un jour : « Ce n’est pas la famille dans laquelle vous êtes né qui compte, mais la famille que vous construisez. »

Nous devons construire la relation la plus étroite possible avec l’Amérique – une nouvelle relation – mais en tant qu’Européens, et non en tant que nations séparées.

C’est pourquoi nous avons besoin d’une politique étrangère unifiée, d’une diplomatie coordonnée, d’une politique étrangère d’une Europe commune.

Et la fin de cette guerre devrait être notre premier succès commun dans cette nouvelle réalité. 12/21

Nous travaillons déjà pour que, le 24 février, troisième anniversaire de l’invasion à grande échelle de la Russie, nous puissions nous réunir à Kiev et en ligne.

Tous les dirigeants européens, tous les partenaires clés qui protègent notre sécurité, de l’Espagne à la Finlande, de la Grande-Bretagne à la Pologne, de Washington à Tokyo, seront présents.

Cette réunion doit nous donner une vision claire de nos prochaines étapes en matière de paix, de garanties de sécurité et d’avenir de notre politique commune.

Et je ne crois pas aux garanties de sécurité sans l’Amérique : elles seraient faibles. Mais l’Amérique ne fournira pas de garanties si l’Europe elle-même ne dispose pas de garanties solides. 13/21

Depuis plus de six mois, les Ukrainiens occupent des positions sur le territoire russe, alors que c’est la Russie qui voulait créer une zone tampon sur notre sol. Je suis fier de l’Ukraine et de notre peuple.

Mais maintenant, je vous demande à tous de répondre honnêtement : si la Russie venait vous chercher, votre armée serait-elle capable de se battre de la même manière ?

Je ne veux pas que quiconque ait à comprendre cela par l’épreuve. C’est pourquoi nous parlons de garanties de sécurité. C’est pourquoi nous pensons que la base de toute garantie de sécurité pour l’Ukraine doit être l’adhésion à l’OTAN.

Ou alors, si ce n’est pas cela, les conditions qui nous permettront de construire une autre OTAN ici même, en Ukraine. 14/21

Je n’écarterai pas de l’ordre du jour la question de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. Mais aujourd’hui, le membre le plus influent de l’OTAN semble être Poutine, car ses caprices suffisent à bloquer les décisions de l’Alliance.

Et ce, malgré le fait que c’est l’armée ukrainienne qui a arrêté la Russie – pas un pays de l’OTAN, pas des troupes de l’OTAN, mais uniquement notre peuple et notre armée. Aucune armée étrangère ne combat aux côtés de l’Ukraine dans cette guerre.

Mais Poutine a perdu près de 250 000 soldats. Plus de 610 000 ont été blessés.

Au cours de la seule bataille de Koursk, nos troupes ont éliminé près de 20 000 soldats russes.

Nous avons entièrement détruit les unités nord-coréennes que Poutine a dû envoyer, faute de forces suffisantes pour contenir notre contre-offensive. 15/21

Depuis plus de six mois, les Ukrainiens occupent des positions sur le territoire russe, alors que c’est la Russie qui voulait créer une zone tampon sur notre sol. Je suis fier de l’Ukraine et de notre peuple.

Mais maintenant, je vous demande à tous de répondre honnêtement : si la Russie venait vous chercher, votre armée serait-elle capable de se battre de la même manière ?

Je ne veux pas que quiconque ait à en faire l’expérience. C’est pourquoi nous parlons de garanties de sécurité. C’est pourquoi nous estimons que la base de toute garantie de sécurité pour l’Ukraine doit être l’adhésion à l’OTAN.

Ou alors, si ce n’est pas cela, les conditions qui nous permettront de construire une autre OTAN ici même, en Ukraine. 16/21

À un moment donné, la ligne entre la guerre et la paix sera tracée. L’endroit où elle le sera et sa solidité dépendent de nous.

Frontière orientale de l’Ukraine, frontière orientale de la Biélorussie, frontières orientales des pays baltes, frontière orientale de la Finlande : c’est la ligne de sécurité la plus solide pour nous tous en Europe, car c’est la ligne du droit international.

Avons-nous encore conscience de ce qu’est le droit international ? Soyons honnêtes : ces mots semblent déjà un peu dépassés.

Mais je crois que la mission de l’Europe est de veiller à ce que le droit international continue d’avoir de l’importance. 17/21

Quelles garanties de sécurité Poutine peut-il offrir ?

Avant la guerre, beaucoup doutaient que les institutions ukrainiennes puissent résister à la pression russe. Mais au final, c’est Poutine qui a dû faire face à un soulèvement armé interne. C’est lui qui a dû défendre sa capitale contre ses propres seigneurs de guerre.

Cela seul démontre sa faiblesse.

Qu’adviendra-t-il du million de soldats russes qui combattent en Ukraine ? Où combattront-ils, si ce n’est en Ukraine ?

Nous ne pouvons pas simplement accepter un cessez-le-feu sans réelles garanties de sécurité, sans pression sur la Russie, sans un véritable système de dissuasion. 18/21

Pour nous combattre, Poutine a retiré ses troupes de Syrie, d’Afrique, du Caucase et même d’une partie de la Moldavie. Et maintenant, il est confronté à une pénurie de forces combattantes.

Si cette guerre ne se termine pas bien, il se retrouvera avec un surplus de soldats aguerris qui ne savent que tuer et piller.

C’est pourquoi le sort de cette guerre ne peut pas être déterminé par quelques dirigeants seulement : ni Trump et Poutine, ni moi et Poutine, ni personne ici à Munich, seul avec Poutine.

Nous devons unir nos efforts pour parvenir à une véritable paix. 19/21

Poutine ne peut pas offrir de réelles garanties de sécurité. Non seulement parce qu’il est un menteur, mais aussi parce que la Russie, dans son état actuel, a besoin de la guerre pour maintenir son pouvoir.

Et le monde doit être protégé de cela.

Que faut-il pour y parvenir ?

Des forces armées européennes comme renouveau de l’OTAN. Une politique étrangère européenne commune. Un niveau de coopération européenne que Washington devra prendre au sérieux.

Le droit international.

Et une pression continue sur la Russie, car c’est cette pression qui garantit la paix – pas les paroles de Poutine, pas seulement quelques documents. 20/21

Poutine ment. Il est prévisible et faible. Nous devons en profiter, maintenant, pas plus tard.

Nous devons agir en tant qu’Europe, et non en tant qu’individus.

Certains disent que la nouvelle année ne commence pas le 1er janvier, mais avec la Conférence de Munich sur la sécurité.

Cette nouvelle année commence maintenant.

Que cette année soit celle d’une Europe unie, forte, sûre et en paix.

Paix pour l’Ukraine, pour l’Europe et pour le monde entier. 21/21