Franchement, à ce stade, je ne suis pas certain qu'il faille continuer à être polis et courtois envers cette administration américaine. Ce niveau de mépris, de mensonges et de menaces n'est pas seulement indigne d'un allié, il est surtout dangereux pour nous. 1/
Bien entendu, on dira que certains, - beaucoup - des mots de JD Vance, placés dans la bouche d'un homme raisonnable, pourraient sembler justes. Oui, nos démocraties sont fragiles, indéniablement. Oui, la liberté d'expression a pu parfois être entravée par un "magister moral".2/
Oui, nous avons été faibles avec notre propre sécurité, complaisants. Nous avons été de mauvais alliés et avons ignoré jusqu'au plus basique des devoirs d'un État - assurer la sécurité de sa population par ses seules armes d'abord. Tout cela est vrai. 2,5/
Mais tout ce que dit Vance est à mettre en perspective avec les actes de son administration. La politique de Trump, c'est celle de tous ces partis extrêmes qui agitent la liberté d'expression en absolu pour arriver au pouvoir par le chaos informationnel. 3/
Une fois qu'ils y sont, ce sont les premiers à restreindre drastiquement les libertés publiques. Interdire le déplacement des femmes enceintes vers des États autorisant encore l'avortement est une atteinte à la liberté de circulation stalinienne. 4/
Agir au mépris des règles les plus élémentaires de la protection des données personnelles, brutaliser les employés fédéraux via une agence illégale, ignorer les injonctions des juges qui dérangent, traiter une partie de la population de "parasite"... 5/
...tenter de forcer l'Ukraine à signer un "deal" cédant 50% de ses terres rares en échange de vagues promesses non écrites, en faisant 1000% de bénéfice sur l'aide qui a été consentie par les Etats-Unis, et dont la plupart a bénéficié aux industriels américains... 6/
Le vrai visage de ces "défenseurs de la liberté" est là. Je comprends qu'ils attirent certains, épuisés à bon droit par une situation politique européenne. L'usage décomplexé de la force fascine, la fin des discours polis électrise... 7/
...la lassitude envers le magister moral de la gauche qui nous dit ce qu'on a le droit de penser et qui se perd dans des guerres pichrocolines, l'épuisement face à la bureaucratie européenne, la médiocrité d'une classe politique qui au quotidien nous désespère... 8/
La tentation est grande de céder aux sirènes de ces prophètes de la "rupture", de la "liberté absolue", de la "destruction de la bureaucratie". Ce sont des mensonges, des faux-nez qui cachent une caste qui instaure le contrôle social le plus rigide à leur profit... 9/
Qui instaure le gouvernement par les hommes - la fidélité absolue au chef contre le gouvernement par les lois. Qui privatisera au profit d'une poignée d'oligarques le bien commun sous prétexte de le reprendre aux bureaucrates. Et qui nous précipitera dans un abyme néo-fasciste10/
Les menaces de l'administration Trump sur l'Europe sont immenses. Ils nous menacent nous. Pas la Russie. Pas la Chine. Ils menacent leurs alliés parce qu'ils sont faibles, divisés, qu'ils feront de bons serviteurs, de bons vassaux. De bons esclaves. 11/
Ce que l'administration Trump souhaite est aligné avec ce que Poutine souhaite : la destruction du projet européen, le retour à une grappe d’États-nations faibles et divisés, qui feront un concours de soumission auprès du Chef. 12/
Parce que aujourd'hui ce qui fonctionne en Europe, comme la gestion commune du commerce extérieur, la régulation des GAFAM sur notre sol ou une monnaie forte, leur est inconfortable, gênant, entrave à leur domination absolue. Il faut nos détruire en tant que collectif. 13/
Le discours de Vance aurait du provoquer une réaction d'orgueil outré. Il n'en a rien été. La stratégie "apaisement et flatterie" promue par Mark Rutte et Olaf Scholz continue d'être la boussole européenne : ne pas exposer les divisions, ne pas se fâcher... 14/
Là où il aurait fallu répondre "Go fuck yourself, crypto fascist, we'll handle the ukrainian crisis alone, now" et le renvoyer dans son avion.
Ce qui serait responsable, demain, lundi, pour la France, serait d'annoncer une loi de programmation militaire rectificative. 15/
Sans attendre le cycle d'une revue stratégique, il faudrait des annonces forces. 5 milliards d'euros à minima, 10%, pour la défense. Et la proposition à tous les États européens de bonne volonté de négocier, ensemble, avec l'Ukraine, un pacte défensif sans les Etats-Unis. 16/
Mais nous ne le feront pas. La plitique française est ne île coupée du monde et la "voie" européenne semble être le déclin entre l'hésitation, la peur d'exposer des divisions, la volonté de garder envers et contre tout une protection américaine de plus en plus illusoire. 17/
Le sacrifice de l'Ukraine est en bonne voie, tout comme l'arrivée de troupes non européennes sur son sol. Chinois ? Indonésiens ? Pakistanais ? Tout semble possible, tant notre apathie, notre peur et notre pusillanimité sont immenses. 18/
Bref : je ne vois plus aucune raison d'être poli avec cette administration américaine. Elle est aussi dangereuse pour nous que Vladimir Poutine. Ce n'est pas un "wake up call", pitié : c'est une agression. Trump nous agresse pour nous détruire. Battons nous ou mourrons ! FIN
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Un des dangers en effet de la "méthode Trump" est qu'elle empêche l'Ukraine de retourner la situation militaire, surtout à la faveur d'un accroissement encore possible de l'aide militaire occidentale. C'est un peu le paradoxe de ce conflit. 1/
En tentant de saigner à blanc l'armée ukrainienne depuis 18 mois, la Russie a payé un prix très élevé, en termes humains et matériels, et mis son économie en surchauffe. Au bilan, l'Ukraine a encaissé des pertes lourdes, mais a tenu bon... 2/
Les deux armées se sont usées, et aujourd'hui l'armée russe est une armée très "appauvrie" sur le plan matériel. Une armée loin d'être maladroite, mais dont le potentiel mécanisé est très entamé. Elle attaque toujours, grâce à son infanterie, ses drones à fibre optique... 3/
On s'inquiète de l'état de l'armée française face aux défis sécuritaires européens. On ne peut qu'être encore plus inquiet vu l'état de l'armée britannique (voir ci-dessous). Paris et Londres, le concours des borgnes à jambe de bois, dans une situation périlleuse ... 1/ 🧶
Ce qui est terrible, c'est que des deux côtés du Channel, les mêmes réformes débiles - pardon le "management moderne inspiré du civil - ont produit les mêmes dégâts : externalisation des services, centralisation des entretiens, affaiblissement de l’entrainement, de la log... 2/
...bref gestion administrative de ce qui était perçu à la fois comme un "centre de coût sans intérêt" pour l’État et comme une "source de profits potentiel pour le privé" par les intérêts économiques en embuscade. Le tout habillé de modernité version "LinkedIn en treillis". 3/
En France c'est pareil : j'ai des castors sur une de mes parcelles, au milieu de laquelle passe une rivière de 1e catégorie (je suis donc propriétaire des berges). Les castors ont le droit de tout faire, y compris ce qui m'est interdit. 1/ (poke @marinetondelier @AgnesRunacher )
Par exemple, j'ai interdiction de construire un barrage qui pourrait perturber significativement le cours d'eau. Les castors en ont non seulement le droit, mais leur barrage ne peut être déconstruit qu'après avis de l’État. Même si mon pré est inondé et impraticable. 2/
Je n'ai pas le droit de détourner le cours d'eau, ni d’assécher l'aval. Les castors ont le droit. Et, de la même façon, toute intervention sur leurs ouvrages est interdite sans avis de l’État. Même si les prés de mes voisins sont à sec en plein été. 3/
S'agissant du "réveil européen" (encore un truc sur le bingo avec "ligne rouge", "escalade nucléaire", "fin de l'OTAN")... Je pense qu'il faut différencier deux tendances en Europe. Ou trois... Je m'explique... 1/
D'abord un propos liminaire : cela va de soit, mais cela va mieux en le disant, "l'Europe" ça ne dit pas la même chose selon qu'on parle de l'Union européenne, de l'Espace européen, des institutions communes ou de l’agrégat des nations souveraines... 2/
Je ne dis pas que l'Europe ça n'existe pas, mais que c'est une notion très, très compliquée à manier. Bien plus que "l'Inde" ou "les Etats-Unis" (ou même "la Chrétienté" en son temps - jusqu'à la Réforme)... C'est important pour la suite. 3/
La journée d'hier a été riche, entre les déclarations de Trump après sont appel avec Poutine, du secrétaire à la défense Pete Hegseth à l'OTAN et du secrétaire au trésor Scott Bessent en Ukraine. La "ligne" de l'administration Trump commence à se clarifier... 1/
Tout d'abord, on peut penser que beaucoup d'Européens ont en fait été très soulagés de la réunion à l'OTAN : Pete Hegseth a confirmé que les Etats-Unis allaient rester "très impliqués" dans l'OTAN et notamment il n'y a aucune mention du retrait des garanties de sécurité 2/
L'article 5 et les garanties nucléaires associées ne sont pas remises en cause "par principe". L'administration américaine poursuit une politique de long terme visant à ré-équilibrer l'effort de sécurité en Europe. C'est une constante, depuis très longtemps... 3/
La nouvelle des "500 milliards de terres rares" obtenues de l'Ukraine par Trump a de quoi choquer. Mais je ne serais pas trop inquiet tout de suite... Tout ça, c'est de la communication politique avant tout et plutôt bien joué de la part de Zelensky. 1/ kyivpost.com/post/46923
Depuis le début, Poutine pensait que Trump serait conciliant pour "arrêter les frais rapidement" - et c'était un risque. Il reposait notamment sur l'idée que Zelensky était délégitimé au yeux des Républicains. Mais ce qui obsède Trump, comme toujours, c'est "les deals". 2/
Le président américain joue sur sa "stature de négociateur" largement fantasmée (on a vu le résultat en Corée du Nord). Et bien entendu, tout est ramené à des questions d'argent.
Depuis le début de la séquence, face à une Russie qui maintient des demandes maximalistes... 3/