Bonjour à tous, faisons le point, ce matin, sur la situation dans le nord-ouest de la Syrie après 24 heures de chaos, où des centaines d'anciens loyalistes ont lancé des attaques à travers trois gouvernorats.
La situation n'est pas sous contrôle, loin de là. Je vous expose tout cela dans le détail, pour ce premier défi sécuritaire et insurrectionnel d'ampleur pour le nouveau pouvoir syrien dominé par HTS. 1/
Tout d'abord, évoquons les zones où le calme est partiellement revenu. C'est le cas de la ville de Homs et d'une large partie de l'axe autoroutier entre Tal Kalakh et Homs. Des embuscades sanglantes ont eu lieu sur la route toute la nuit. Les guérillas d'anciens loyalistes ont regagné leurs maquis. Dans la ville de Homs, la situation est désormais apaisée. 2/
En signe de refus de porter caution aux groupes armés formés par d'anciens loyalistes et des syriens hostiles au nouveau pouvoir, des notables, chefs et représentants de la communauté alaouite de Homs ont collectivement condamné ces actions et ont renouvelé leur confiance dans la transition en cours politiquement. 3/
Les combats ont pourtant duré, et c'est une réelle surprise, toute la nuit, sur l'axe autoroutier depuis Homs vers Tartous. Une preuve de la capacité d'agir, au delà d'une simple action coup de poing, de ces groupes insurrectionnels locaux. Et de la difficile reprise en main par les forces de sécurité du nouveau pouvoir. 4/
Depuis hier soir, dans le même temps, et voulant agir vite, le nouveau pouvoir a mobilisé des milliers de combattants qui ont convergé depuis toute la Syrie occidentale vers la côte. Et ce ballet interminable se poursuivait encore ce matin.
La situation n'est pas prise à la légère. Des convois venus depuis Alep, Idlib, Hama et Homs. 5/
Les combats ont fait des dizaines de tués dans les deux camps. Un bilan est toujours compliqué à établir. Mais il pourrait franchir les 80 morts d'ici demain. Les prisonniers sont nombreux. Notamment du côté des anciens loyalistes. Le fils de l'ancien général insurgé Ghiyat Dala, a été arrêté (gauche), ainsi que d'autres anciens cadres loyalistes, comme Yusuf Harbeh, issu des FDN loyalistes. 6/
Mais loin de regagner une clandestinité immédiate, les insurgés issus des rangs des anciennes forces loyalistes ne se cachent pas et assurent, encore ce matin, dans de rares vidéos postées en ligne, qu'elles poursuivront le combat contre le nouveau pouvoir d'HTS. 7/
Le nouveau pouvoir tente aussi, ce matin, d'avancer dans le très complexe maquis montagneux de l'arrière pays de Lattaquié et Tartous, zone de guérilla des anciens loyalistes et surtout zone de replis et de caches. Des centaines de vallées et des escarpements, avec seulement quelques grands axes routiers. 8/
Démonstration de la violence des combats de cette nuit, les forces armées du nouveau pouvoir ont dû faire usage de drones de type Shaheen, qui ont fait des ravages contre les troupes loyalistes fin novembre / début décembre 2024, participant à l'effondrement du régime des Assad.
Ces drones n'avaient plus été utilisés en Syrie depuis janvier (utilisés alors, déjà, contre une poche d'anciens loyalistes près de Homs). 9/
Les pertes des forces de sécurité sont colossales. J'avançais hier un bilan personnel de 32 tués. Le dernier bilan, pas mis à jour, de l'OSDH était de 18 tués. Pour comprendre l'ampleur des pertes dans ces attaques de la Brigade Côtière et des anciens loyalistes, tous les hommes présents sur cette photo, prise récemment à Jableh, ont été tués. 10/
Quelle situation dans les pôles urbains ? A Jableh, des combats continuent en périphérie de la ville. Une autre surprise sur la capacité des groupes insurgés à tenir bon en termes de munitions pour des combats sur la durée.
L'autre nouvelle, à Jableh, d'où les combats sont partis hier 6 mars 2025 : l'arrestation d'Ibrahim Huwaija, responsable du renseignement sous l'ancien régime, suspecté d'être le principal organisateur, pour les Assad, de l'assassinat du politique druze libanais Kamal Jumblatt. 11/
A Lattaquié, en banlieue principalement, des combats sporadiques ont toujours lieu. Les forces de sécurité pourchassant les insurgés qui tentent de regagner leur maquis. Dans cette ville, les combats durent depuis 14 heures désormais. Une autre démonstration de la capacité insurrectionnelle des anciens loyalistes de Muqdad Fatiha. 12/
Combats sporadiques aussi dans la banlieue de Tartous et des villages proches. Les forces du nouveau pouvoir, ayant rétabli le contrôle sur Homs, arrivent massivement vers cette ville. 13/
La situation est beaucoup plus critique et compliquée pour le nouveau pouvoir dans la région du maquis alaouite. Une partie de la ville de Qaradaha, ville natale des Assad et de certains hauts cadres du pouvoir, est sous contrôle insurgé.
Ces mêmes insurgés ont même démontré, en plein jour, leur contrôle de plusieurs chars (comme ici près de Jableh). 14/
Plus important à souligner, les anciens loyalistes s'emparent, encore ce matin, de bases et QG des forces de sécurité du nouveau pouvoir. Comme ici dans les baraquements de la 107ème brigade près du village d'Ain ash-Sharqiya. Leur capacité va donc, ce matin, jusqu'à pouvoir poursuivre leurs combats et leurs opérations. 15/
Le chaos gagne aussi la population civile. Avec de la désinformation massive ou des messages haineux qui circulent sur les réseaux sociaux, des milliers de civils alaouites, notamment des familles, sont massées aux portes de la base aérienne russe d'Hmeimim, demandant la protection de l'armée russe. 16/
Dans le même temps, les forces insurgées continuent de mener des opérations, en plein jour, montrant leurs équipements et leurs hommes. Bien plus nombreux que les nouvelles autorités ne prévoyaient. Ici, dans le quartier général des forces navales de la ville de Jableh.
Elles en sont déjà reparties après avoir pillé les armes, munitions et matériels. 17/
IMPORTANT | Potentiellement un premier crime de guerre contre des civils de la part de combattants favorables au nouveau pouvoir (impossible de savoir s'il s'agit des forces de sécurité elles même ou de radicaux soutenant le pouvoir.
Dans le village d'al-Mukthariyya, près de Lattaquié, plus de 15 hommes alaouites du village, non armés, ont été amenés dans le centre du village et fusillés. Ce village était un des points de concentration des loyalistes ces dernières heures. Des vidéos circulent et attendent confirmation.
Mais les témoignages convergent vers un premier dérapage sanglant. 18/
Les forces du nouveau pouvoir entrent en ce moment dans la ville de Baniyas. Une des rares cités côtières où les combats ont été quasiment absents. L'objectif de ces forces est l'axe Jableh - Lattaquié, au nord de Baniyas, où les combats continuent et où les opérations des anciens loyalistes sont ouvertement engagées. 19/
A Qardaha, bastion des Assad, les forces insurgées sont menées par un sheikh alaouite du nom de Mahmoud al-Sheikh, aussi connu comme Abu al-Qasim. Il a mené l'opération, avec ses hommes, pour prendre le contrôle des postes de contrôle de la nouvelle armée syrienne, capturant les soldats présents hier soir. Ce matin du 7 mars 2025, ces hommes étaient toujours kidnappés et Abu al-Qasim est recherché. 20/
Le royaume d'Arabie Saoudite prend position en soutien de l'actuel gouvernement syrien, dénonçant des groupes "hors-la-loi" qui sèment le chaos et menacent la stabilité du pays. Rappelons que l'Arabie Saoudite, avec la Turquie et le Qatar, est un des pays les plus engagés, depuis décembre 2024, derrière les nouvelles autorités issues d'HTS. 21/
ATTENTION | CONTENU VIOLENT | Une première vidéo documenterait le massacre de plus d'une dizaine d'hommes du village d'al-Muktariayya, près de Lattaquié. Tous en tenue civile. Le village est un ancien bastion loyaliste, majoritairement habité par des alaouites. Il a été repris ce matin par des éléments favorables au nouveau pouvoir (mais aucune certitude s'ils étaient des membres officiels des forces de sécurité).
Ces hommes, qu'ils aient été d'anciens loyalistes retournés à la ville civile ou insurgés récents, ont été exécutés en masse après arrestation. Un potentiel premier crime de guerre, comme indiqué plus tôt. 21/
A Jableh, épicentre des combats, les affrontements se poursuivent en périphérie. Plusieurs bases y ont été pillées par les insurgés de l'ancien régime. Les forces de sécurité du nouveau pouvoir arrivent peu à peu sur zone. 22/
ATTENTION | CONTENU VIOLENT | Des vidéos émergent peu à peu de scènes d'exécutions, hors cadre judiciaire et après combats, menées par des forces en soutien au gouvernement actuel. Ici, un village près de Lattaquié, où près d'une quinzaine de corps gisent au sol, non armés et en civils.
Une autre vidéo, que je ne posterai pas ici, montre clairement une exécution de trois prisonniers au sol qui s'étaient rendus (impossible par ailleurs de déterminer s'il s'agissait de combattants insurgés de cette nuit et de ce matin). 23/
Le village d'al-Mukthariyya n'a pas seulement été la cible d'un crime de guerre, désormais confirmé et dénoncé par une partie de l'opposition. Il a aussi été livré aux flammes, notamment des parcelles agricoles car propriétés de partisans de l'ancien régime.
Ces dérives sanglantes et humiliantes ne vont faire qu'alimenter cette insurrection, et en rien y mettre fin... 24/
IMPORTANT | Le général de l'ancien régime, Ghiyat Suleiman Dala, qui a fondé hier le Conseil militaire de libération de la Syrie, considéré comme un des responsables des attaques ayant mené aux violents combats depuis 24 heures, publie, ce matin et en urgence, un communiqué appelant à cesser les combats,
Il assure que la colère n'était pas confessionnelle et que cette dérive est dangereuse. Il souhaite établir le contact avec les autorités. 25/
C'est le général Hassan Abdul Ghani, désormais chef d'État major de l'armée syrienne, qui est arrivé sur la ligne de front contre-insurrectionnelle près de Jableh. Il est l'artisan de la chute du régime syrien en ayant été le coordonateur des forces rebelles dès fin novembre 2024. 26/
Les combats font désormais rage autour de Jableh alors que les convois des forces du nouveau pouvoir sont arrivés sur zone et ont engagé les éléments insurgés issus des rangs de l'ancien régime. 27/
Les combats ont aussi lieu à Lattaquié. Notamment dans les quartiers nords de la ville, proche des zones de repli des insurgés issus des rangs de l'ancien régime. Ici, près de la mosquée du quartier d'al-Datour. Les combats sont les plus violents dans la ville depuis des années. 28/
Le Conseil Islamique Alaouite de Syrie et de l'étranger demande la mise en action du chapitre VII de la charte de l'ONU, considérant une menace. Il invoque la Russie dans son communiqué. Par une tentative de généraliser la situation, il évoque aussi les druzes et le sheikh Hikmat al-Hijri pour appuyer cette demande. 29/
A NOTER : Hasard de calendrier, les forces druzes ont justement obtenu, des ministères de l'intérieur et de l'armée, et j'y reviendrai en détail par la suite, un accord inédit de gouvernance sécuritaire autonome. Autant dire que, pour eux, la situation est totalement différente.
Après l'Arabie Saoudite, c'est la Turquie, dont la frontière est voisine des zones des combats, qui apporte son soutien aux autorités syriennes. Rappelons que la Turquie abrite une large communauté alévi, très proche de la communauté alaouite de Syrie. 30/
Amis journalistes, je ne pourrais répondre à vos questions jusqu'à 18 heures désormais.
Merci pour les entretiens de la matinée.
Des combattants des forces insurgées issues des rangs de l'ancien régime avaient obtenu, pour certains, un règlement de leur situation. Comme ici, un de ces hommes qui a participé aux combats contre les nouvelles autorités : il avait réglé sa situation administrative auprès du nouveau pouvoir dès janvier 2025... 31/.
Les combats s'engagent à l'entrée de la ville symbole de Qardaha, bastion d'origine des Assad, où des poches d'anciens loyalistes ont pris le contrôle d'une large partie de la cité depuis cette nuit. Ils sont menés par un chef local, Abu al-Qasim, dont je parlais plus tôt. L'opération sera plus risquée ici car les insurgés détiennent en otage plusieurs soldats et cadres des forces de sécurité du nouveau pouvoir. 32/
IMPORTANT | Des images ont confirmé des rumeurs de largage de bombes sans aucune précision, reprenant malheureusement les méthodes de l'ancien régime, depuis de vieux hélicoptères de combat (visiblement des MI-8 ?), sur l'axe Lattaquié-Jableh. Un acte incompréhensible car sans aucune utilité stratégique, sinon de terroriser bien au delà des insurgés... 33/
Les forces de sécurité du nouveau régime patrouillent et paradent dans le centre-ville de Jableh, épicentre des combats depuis désormais 36 heures. Des combats encore en cours à Qardaha, al-Haffa et en périphérie de Lattaquié, ainsi que dans la campagne de Jableh. 34/
A NOTER : ces images vont gravement abîmer l'image du nouveau pouvoir et du ministère de la défense... Alors que le travail de professionnalisation avait largement été salué.
Des images d'un des checkpoints des insurgés issus des rangs de l'ancien régime sur un pont autoroutier à Jableh. Sacs de sable préparés en avance clairement. Tout un travail commence pour nous chercheurs et pour le gouvernement syrien pour étudier le degré de planification de cette vaste bataille sur plusieurs jours. 35/
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Le thread que vous attendiez... Ils sont l'objet de critiques, peurs, ou de volonté de les interdire en Europe.
Mais quelle est la place des Frères Musulmans en Syrie, un de leurs bastions historiques, depuis la chute d'Assad et la prise de pouvoir d'al-Sharaa ?
On fait le point complet et détaillé sur une confrérie désormais très affaiblie et marginalisée... 1/
Je ne reviendrai pas ici sur l'histoire des Frères Musulmans syriens sur le temps long. Simplement de se souvenir que la confrérie y est historiquement implantée, avec un solide réseau politique comme religieux, depuis le milieu du XXème siècle et qu'elle a été interdite au tournant des années 1960 avec l'arrivée du parti Baath au pouvoir.
Mais surtout, alors qu'une partie du groupe se radicalisait, parfois en rompant les rangs avec les Frères Musulmans comme l'Avant Garde Islamique de Marwan Haddid, le régime d'Hafez al-Assad de le pourchasser. Et en 1980, la loi 49 punit de mort toute appartenance aux Frères Musulmans. Le régime va jusqu'à réduire une large partie de la ville de Hama en ruines en 1982. 2/
Par la suite, l'organisation n'a pas cessé d'exister, tout en abandonnant le principe d'une insurrection armée. Mais elle est entrée dans la clandestinité en Syrie tout en maintenant son organigramme à l'étranger, avec de nombreux leaders en exil, aussi bien en Europe que dans les pays du Golfe ou d'autres pays de la région. Son objectif était alors une transition politique. 3/
Les entreprises européennes sont en train de voir passer le train sans construire les gares, c'est-à-dire saisir les opportunités, pour qu'il s'arrête. Je ne cesse d'alerter.
Pendant ce temps, un consortium sous forme de holding, composé de groupes américains et turcs, signe des contrats majeurs... 1/
Les États-Unis, qui étaient les plus spectateurs, il y a encore quelques semaines, sont passés à triple vitesse sur le dossier syrien.
Les Européens, qui bavardent et perdent du temps en réunions et conseils, sur les sanctions et réouvertures, et qui étaient pourtant les premiers à vouloir engager avec Damas, se font totalement et royalement doubler. C'est pitoyable... 2/
Pire, alors que la Turquie est notre voisin direct, et même si nous ne partageons parfois pas tout de ses agendas politiques et de sa politique intérieure, et une interlocutrice de l'UE, les européens se font aussi doubler sur ce point, comme toujours, par les États-Unis (et cela va au delà de la relation entre Trump et Erdogan). 3/
Hier, l'on m'a demandé des sources sur les alertes lancées depuis des décennies sur le poids insoutenable financier à venir des baby boomers pour les budgets sociaux (pensions et santé) et sur l'activité économique du pays, ainsi que sur les salaires. Mais personne n'a agi...
Voici la liste chronologique de ces alertes successives que les électeurs baby boomers ont balayé, laissant aux générations après eux un fardeau financier inédit via de la dette qui restera pour au moins 6 générations après les baby boomers...
Les baby boomers savaient et leurs élus, pour lesquels ils ont voté (il faut arrêter de les déresponsabiliser, y compris récemment : Emmanuel Macron a obtenu 75 % des votes des plus de 65 ans au second tour en 2022) le savent depuis 1981. Mais ils n'ont rien fait. 1/
Tout d'abord, rappelons que ce système de pension par répartition a été établi en 1941 par le régime de Philippe Pétain. Ayant vidé les caisses des retraités capitalisées, le nouveau régime impose aux générations suivantes de payer pour les aînés. 2/
Ce système est établi avec la coopération de gens comme René Belin, ancien de la CGT, ou encore Pierre Laroque (nous reparlerons de ce dernier par la suite). Et bien, dès 1941, alors que cette loi passe sans aucun vote, imposant ce système, la presse vichyste ose tout de même rappeler que ce système sera intenable s'il n'y a pas plus d'enfants, de nouveaux cotisants. Le régime vichyste lance donc une politique nataliste... 3/
Leur bannière n'est plus levée sur une ville du pays. Mais les combattants de l'État Islamique sont là en Syrie.
Le groupe, loin de réapparaître, est toujours là et a toujours été là. Affaibli, brisé mais survivant, notamment dans le désert syrien. Il menace désormais ouvertement le nouveau régime syrien et reprend ses actions à un rythme plus soutenu.
Comme promis hier, faisons le point ce soir. 1/
Dès la chute de Bachar al-Assad, et chacun de trouver cela dans mon suivi, je rappelais qu'il ne fallait pas oublier le groupe jihadiste le plus radical de Syrie.
Et au fil des mois, je soulevais ses menaces, notamment via sa revue al-Naba comme ici en mars 2025. 2/
Depuis, les choses ont clairement empiré. Si certains ont cédé au sensationnalisme, n'ayant pas suivi sur le temps long les évènements, évoquant une sorte de retour du groupe ces derniers jours, beaucoup, comme @azelin, et votre serviteur, ont rappelé que le groupe n'avait jamais disparu. Et si ses attaques avaient diminué depuis longtemps, elles avaient subsisté. 3/
Son souvenir et ses idées planent sur le monde. Pas seulement sur le monde arabo-musulman, mais sur le monde.
Mustafa bin Abd al-Qadir Setmariam Nassar. Ce nom ne vous dit rien. Peut-être alors Abu Mussab al-Suri ? Syrien, issu d'une dynastie de soufis, il est devenu, au cours des années 1990 et 2000, une référence intellectuelle et idéologique des milieux jihadistes.
Emprisonné en Syrie, certains de ses partisans avaient l'espoir de le découvrir dans les geôles de Sednaya en décembre 2024. Il n'en fut rien.
Retour sur un homme dont les idées restent partagées par certains, en Syrie et ailleurs. 1/
Abu Mussab al-Suri est né en 1958 à Alep. Et plus précisément dans une grande famille religieuse du soufisme (Rifaiyyah). C'est dans cette ville qu'il poursuit son cursus scolaire, puis ses études d'ingénieur.
Et c'est à l'université d'Alep qu'il rencontre d'autres jeunes syriens. Auprès d'eux, il se rapproche de l'islam politique puis combattant. 2/
Comme eux, il partage une critique acerbe du courant des Frères Musulmans et ne voit d'avenir politique que par le combat. Il rejoint donc l'Avant-Garde Islamique, un groupe politique et armé, appelant au jihad contre le régime d'Hafez al-Assad, et fondé par Marwan Haddid (exécuté dans les années 1970), alors en rupture avec les Frères Musulmans. 3/
Vous savez que j'aime aborder des points thématiques, qui sortent un peu des sentiers habituels.
Ce soir, on parle des universités syriennes, et des étudiants, dans cette nouvelle Syrie qui émerge de 54 ans de baathisme et de tyrannie des Assad.
Quel rôle politique et social ? 1/
La Syrie comptait, fin 2024, probablement, car les données sont complexes à réunir, plus de 650 000 étudiants répartis entre les universités publiques et privées du régime, les universités privées de l'opposition à Idlib et Alep, et le système universitaire autonome kurde dans l'AANES. 2/
Certaines universités se sont retrouvées au coeur des évènements de la chute du régime. Notamment l'université d'Alep, située dans l'ouest de la ville, qui se retrouva sur le chemin des avancées de l'opposition dans la ville. Le 29 novembre 2024, les étudiants quittaient les lieux alors que les environs tombaient aux mains de l'opposition. 3/