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Mar 7 39 tweets 16 min read Read on X
Bonjour à tous, faisons le point, ce matin, sur la situation dans le nord-ouest de la Syrie après 24 heures de chaos, où des centaines d'anciens loyalistes ont lancé des attaques à travers trois gouvernorats.

La situation n'est pas sous contrôle, loin de là. Je vous expose tout cela dans le détail, pour ce premier défi sécuritaire et insurrectionnel d'ampleur pour le nouveau pouvoir syrien dominé par HTS. 1/Image
Tout d'abord, évoquons les zones où le calme est partiellement revenu. C'est le cas de la ville de Homs et d'une large partie de l'axe autoroutier entre Tal Kalakh et Homs. Des embuscades sanglantes ont eu lieu sur la route toute la nuit. Les guérillas d'anciens loyalistes ont regagné leurs maquis. Dans la ville de Homs, la situation est désormais apaisée. 2/
En signe de refus de porter caution aux groupes armés formés par d'anciens loyalistes et des syriens hostiles au nouveau pouvoir, des notables, chefs et représentants de la communauté alaouite de Homs ont collectivement condamné ces actions et ont renouvelé leur confiance dans la transition en cours politiquement. 3/Image
Les combats ont pourtant duré, et c'est une réelle surprise, toute la nuit, sur l'axe autoroutier depuis Homs vers Tartous. Une preuve de la capacité d'agir, au delà d'une simple action coup de poing, de ces groupes insurrectionnels locaux. Et de la difficile reprise en main par les forces de sécurité du nouveau pouvoir. 4/
Depuis hier soir, dans le même temps, et voulant agir vite, le nouveau pouvoir a mobilisé des milliers de combattants qui ont convergé depuis toute la Syrie occidentale vers la côte. Et ce ballet interminable se poursuivait encore ce matin.

La situation n'est pas prise à la légère. Des convois venus depuis Alep, Idlib, Hama et Homs. 5/
Les combats ont fait des dizaines de tués dans les deux camps. Un bilan est toujours compliqué à établir. Mais il pourrait franchir les 80 morts d'ici demain. Les prisonniers sont nombreux. Notamment du côté des anciens loyalistes. Le fils de l'ancien général insurgé Ghiyat Dala, a été arrêté (gauche), ainsi que d'autres anciens cadres loyalistes, comme Yusuf Harbeh, issu des FDN loyalistes. 6/Image
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Mais loin de regagner une clandestinité immédiate, les insurgés issus des rangs des anciennes forces loyalistes ne se cachent pas et assurent, encore ce matin, dans de rares vidéos postées en ligne, qu'elles poursuivront le combat contre le nouveau pouvoir d'HTS. 7/
Le nouveau pouvoir tente aussi, ce matin, d'avancer dans le très complexe maquis montagneux de l'arrière pays de Lattaquié et Tartous, zone de guérilla des anciens loyalistes et surtout zone de replis et de caches. Des centaines de vallées et des escarpements, avec seulement quelques grands axes routiers. 8/
Démonstration de la violence des combats de cette nuit, les forces armées du nouveau pouvoir ont dû faire usage de drones de type Shaheen, qui ont fait des ravages contre les troupes loyalistes fin novembre / début décembre 2024, participant à l'effondrement du régime des Assad.

Ces drones n'avaient plus été utilisés en Syrie depuis janvier (utilisés alors, déjà, contre une poche d'anciens loyalistes près de Homs). 9/
Les pertes des forces de sécurité sont colossales. J'avançais hier un bilan personnel de 32 tués. Le dernier bilan, pas mis à jour, de l'OSDH était de 18 tués. Pour comprendre l'ampleur des pertes dans ces attaques de la Brigade Côtière et des anciens loyalistes, tous les hommes présents sur cette photo, prise récemment à Jableh, ont été tués. 10/Image
Quelle situation dans les pôles urbains ? A Jableh, des combats continuent en périphérie de la ville. Une autre surprise sur la capacité des groupes insurgés à tenir bon en termes de munitions pour des combats sur la durée.

L'autre nouvelle, à Jableh, d'où les combats sont partis hier 6 mars 2025 : l'arrestation d'Ibrahim Huwaija, responsable du renseignement sous l'ancien régime, suspecté d'être le principal organisateur, pour les Assad, de l'assassinat du politique druze libanais Kamal Jumblatt. 11/Image
A Lattaquié, en banlieue principalement, des combats sporadiques ont toujours lieu. Les forces de sécurité pourchassant les insurgés qui tentent de regagner leur maquis. Dans cette ville, les combats durent depuis 14 heures désormais. Une autre démonstration de la capacité insurrectionnelle des anciens loyalistes de Muqdad Fatiha. 12/
Combats sporadiques aussi dans la banlieue de Tartous et des villages proches. Les forces du nouveau pouvoir, ayant rétabli le contrôle sur Homs, arrivent massivement vers cette ville. 13/ Image
La situation est beaucoup plus critique et compliquée pour le nouveau pouvoir dans la région du maquis alaouite. Une partie de la ville de Qaradaha, ville natale des Assad et de certains hauts cadres du pouvoir, est sous contrôle insurgé.

Ces mêmes insurgés ont même démontré, en plein jour, leur contrôle de plusieurs chars (comme ici près de Jableh). 14/
Plus important à souligner, les anciens loyalistes s'emparent, encore ce matin, de bases et QG des forces de sécurité du nouveau pouvoir. Comme ici dans les baraquements de la 107ème brigade près du village d'Ain ash-Sharqiya. Leur capacité va donc, ce matin, jusqu'à pouvoir poursuivre leurs combats et leurs opérations. 15/
Le chaos gagne aussi la population civile. Avec de la désinformation massive ou des messages haineux qui circulent sur les réseaux sociaux, des milliers de civils alaouites, notamment des familles, sont massées aux portes de la base aérienne russe d'Hmeimim, demandant la protection de l'armée russe. 16/
Dans le même temps, les forces insurgées continuent de mener des opérations, en plein jour, montrant leurs équipements et leurs hommes. Bien plus nombreux que les nouvelles autorités ne prévoyaient. Ici, dans le quartier général des forces navales de la ville de Jableh.

Elles en sont déjà reparties après avoir pillé les armes, munitions et matériels. 17/
IMPORTANT | Potentiellement un premier crime de guerre contre des civils de la part de combattants favorables au nouveau pouvoir (impossible de savoir s'il s'agit des forces de sécurité elles même ou de radicaux soutenant le pouvoir.

Dans le village d'al-Mukthariyya, près de Lattaquié, plus de 15 hommes alaouites du village, non armés, ont été amenés dans le centre du village et fusillés. Ce village était un des points de concentration des loyalistes ces dernières heures. Des vidéos circulent et attendent confirmation.

Mais les témoignages convergent vers un premier dérapage sanglant. 18/
Les forces du nouveau pouvoir entrent en ce moment dans la ville de Baniyas. Une des rares cités côtières où les combats ont été quasiment absents. L'objectif de ces forces est l'axe Jableh - Lattaquié, au nord de Baniyas, où les combats continuent et où les opérations des anciens loyalistes sont ouvertement engagées. 19/
A Qardaha, bastion des Assad, les forces insurgées sont menées par un sheikh alaouite du nom de Mahmoud al-Sheikh, aussi connu comme Abu al-Qasim. Il a mené l'opération, avec ses hommes, pour prendre le contrôle des postes de contrôle de la nouvelle armée syrienne, capturant les soldats présents hier soir. Ce matin du 7 mars 2025, ces hommes étaient toujours kidnappés et Abu al-Qasim est recherché. 20/Image
Le royaume d'Arabie Saoudite prend position en soutien de l'actuel gouvernement syrien, dénonçant des groupes "hors-la-loi" qui sèment le chaos et menacent la stabilité du pays. Rappelons que l'Arabie Saoudite, avec la Turquie et le Qatar, est un des pays les plus engagés, depuis décembre 2024, derrière les nouvelles autorités issues d'HTS. 21/Image
ATTENTION | CONTENU VIOLENT | Une première vidéo documenterait le massacre de plus d'une dizaine d'hommes du village d'al-Muktariayya, près de Lattaquié. Tous en tenue civile. Le village est un ancien bastion loyaliste, majoritairement habité par des alaouites. Il a été repris ce matin par des éléments favorables au nouveau pouvoir (mais aucune certitude s'ils étaient des membres officiels des forces de sécurité).

Ces hommes, qu'ils aient été d'anciens loyalistes retournés à la ville civile ou insurgés récents, ont été exécutés en masse après arrestation. Un potentiel premier crime de guerre, comme indiqué plus tôt. 21/
A Jableh, épicentre des combats, les affrontements se poursuivent en périphérie. Plusieurs bases y ont été pillées par les insurgés de l'ancien régime. Les forces de sécurité du nouveau pouvoir arrivent peu à peu sur zone. 22/
ATTENTION | CONTENU VIOLENT | Des vidéos émergent peu à peu de scènes d'exécutions, hors cadre judiciaire et après combats, menées par des forces en soutien au gouvernement actuel. Ici, un village près de Lattaquié, où près d'une quinzaine de corps gisent au sol, non armés et en civils.

Une autre vidéo, que je ne posterai pas ici, montre clairement une exécution de trois prisonniers au sol qui s'étaient rendus (impossible par ailleurs de déterminer s'il s'agissait de combattants insurgés de cette nuit et de ce matin). 23/
Le village d'al-Mukthariyya n'a pas seulement été la cible d'un crime de guerre, désormais confirmé et dénoncé par une partie de l'opposition. Il a aussi été livré aux flammes, notamment des parcelles agricoles car propriétés de partisans de l'ancien régime.

Ces dérives sanglantes et humiliantes ne vont faire qu'alimenter cette insurrection, et en rien y mettre fin... 24/
IMPORTANT | Le général de l'ancien régime, Ghiyat Suleiman Dala, qui a fondé hier le Conseil militaire de libération de la Syrie, considéré comme un des responsables des attaques ayant mené aux violents combats depuis 24 heures, publie, ce matin et en urgence, un communiqué appelant à cesser les combats,

Il assure que la colère n'était pas confessionnelle et que cette dérive est dangereuse. Il souhaite établir le contact avec les autorités. 25/Image
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C'est le général Hassan Abdul Ghani, désormais chef d'État major de l'armée syrienne, qui est arrivé sur la ligne de front contre-insurrectionnelle près de Jableh. Il est l'artisan de la chute du régime syrien en ayant été le coordonateur des forces rebelles dès fin novembre 2024. 26/Image
Les combats font désormais rage autour de Jableh alors que les convois des forces du nouveau pouvoir sont arrivés sur zone et ont engagé les éléments insurgés issus des rangs de l'ancien régime. 27/
Les combats ont aussi lieu à Lattaquié. Notamment dans les quartiers nords de la ville, proche des zones de repli des insurgés issus des rangs de l'ancien régime. Ici, près de la mosquée du quartier d'al-Datour. Les combats sont les plus violents dans la ville depuis des années. 28/
Le Conseil Islamique Alaouite de Syrie et de l'étranger demande la mise en action du chapitre VII de la charte de l'ONU, considérant une menace. Il invoque la Russie dans son communiqué. Par une tentative de généraliser la situation, il évoque aussi les druzes et le sheikh Hikmat al-Hijri pour appuyer cette demande. 29/Image
A NOTER : Hasard de calendrier, les forces druzes ont justement obtenu, des ministères de l'intérieur et de l'armée, et j'y reviendrai en détail par la suite, un accord inédit de gouvernance sécuritaire autonome. Autant dire que, pour eux, la situation est totalement différente.
Après l'Arabie Saoudite, c'est la Turquie, dont la frontière est voisine des zones des combats, qui apporte son soutien aux autorités syriennes. Rappelons que la Turquie abrite une large communauté alévi, très proche de la communauté alaouite de Syrie. 30/ Image
Amis journalistes, je ne pourrais répondre à vos questions jusqu'à 18 heures désormais.

Merci pour les entretiens de la matinée.
Des combattants des forces insurgées issues des rangs de l'ancien régime avaient obtenu, pour certains, un règlement de leur situation. Comme ici, un de ces hommes qui a participé aux combats contre les nouvelles autorités : il avait réglé sa situation administrative auprès du nouveau pouvoir dès janvier 2025... 31/.Image
Les combats s'engagent à l'entrée de la ville symbole de Qardaha, bastion d'origine des Assad, où des poches d'anciens loyalistes ont pris le contrôle d'une large partie de la cité depuis cette nuit. Ils sont menés par un chef local, Abu al-Qasim, dont je parlais plus tôt. L'opération sera plus risquée ici car les insurgés détiennent en otage plusieurs soldats et cadres des forces de sécurité du nouveau pouvoir. 32/
IMPORTANT | Des images ont confirmé des rumeurs de largage de bombes sans aucune précision, reprenant malheureusement les méthodes de l'ancien régime, depuis de vieux hélicoptères de combat (visiblement des MI-8 ?), sur l'axe Lattaquié-Jableh. Un acte incompréhensible car sans aucune utilité stratégique, sinon de terroriser bien au delà des insurgés... 33/
Les forces de sécurité du nouveau régime patrouillent et paradent dans le centre-ville de Jableh, épicentre des combats depuis désormais 36 heures. Des combats encore en cours à Qardaha, al-Haffa et en périphérie de Lattaquié, ainsi que dans la campagne de Jableh. 34/
A NOTER : ces images vont gravement abîmer l'image du nouveau pouvoir et du ministère de la défense... Alors que le travail de professionnalisation avait largement été salué.
Des images d'un des checkpoints des insurgés issus des rangs de l'ancien régime sur un pont autoroutier à Jableh. Sacs de sable préparés en avance clairement. Tout un travail commence pour nous chercheurs et pour le gouvernement syrien pour étudier le degré de planification de cette vaste bataille sur plusieurs jours. 35/

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Oct 6
Bonjour à tous, pour ceux qui me suivent pour la question syrienne.

Après une nuit, on a enfin eu les résultats pour les élus de la ville d'Alep. Et cela après une nuit de chaos...

Qui sont les élus ? Et pourquoi un tel retard ? Pourquoi un tel enjeu ? 1/ Image
Tout d'abord, je rappelle que la circonscription électorale d'Alep et sa campagne est la plus puissante de Syrie à elle seule : 20 sièges y étaient en jeu pour la part des sièges attribués pour les 70 % à élire par les collèges électoraux nommés par la présidence.

Tous les courants politiques se sont donc battus pour obtenir cette citadelle politique... 2/Image
Depuis hier après-midi, alors que les résultats étaient attendus, les rumeurs ont commencé à monter à Alep.

Un groupe aurait mis le chaos dans le vote puis dans le dépouillement, posant de potentiels problèmes de fraudes : les Frères Musulmans. L'organisation, très affaiblie, et désormais plutôt mal vue en Syrie, est marginalisée depuis la prise du pouvoir par Ahmad al-Sharaa. 3/
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Oct 5
JOURNEE SPECIALE | Élections législatives indirectes en Syrie.

Bonjour à tous. J'entame ici le suivi des résultats de ces premières élections en Syrie depuis celles de juillet 2024 sous l'ancien régime. Les résultats tombent peu à peu depuis deux heures.

J'avais prévu une victoire des plus modérés, avec l'objectif d'Ahmad al-Sharaa de s'éloigner de ses anciens alliés les plus durs et conservateurs.

C'est parti pour une journée d'analyse. 1/Image
Tout d'abord, concentrons nous sur les résultats du seul bastion kurde qui était consulté ce 5 octobre 2025 : Afrin. Région qui fut longtemps tenue par le PYD puis occupée par la Turquie, qui y mena partiellement un nettoyage ethnique. Avant que le nouveau pouvoir n'autorise les kurdes à revenir.

La victoire est totale pour les kurdes qui remportent les trois sièges de la région. Les trois sont membres (ou associés) du Conseil National Kurde, qui milite pour une autonomie locale (mais c'est une coalition hostile au PYD et ses projets). 2/Image
Les célébrations à Afrin sont nombreuses depuis l'annonce de ces résultats.

Rappelons qu'Afrin doit servir de vitrine kurde, pour le nouveau pouvoir à Damas, face au modèle de l'AANES dans le nord-est de la Syrie. Ahmad al-Sharaa n'a pas hésité à ordonner de nombreuses expulsions de familles arabes et turkmènes ayant pris bien des logements dans la région après l'invasion turque et l'exode de nombreux kurdes. 3/
Read 73 tweets
Sep 21
Ahmad al-Sharaa sera le premier chef de l'État syrien à venir s'exprimer devant l'Assemblée des Nations Unies à New York depuis 58 ans. Tout le monde en parle.

Je préfère donc m'attarder sur la dernière prise de parole d'un dirigeant syrien, en 1967 : le président Nurredin al-Atassi. 1/Image
Historiquement, et peu de le savoir, la Syrie a été très tôt impliquée dans le soutien à l'ONU et ses principes. En 1945, alors que le projet est sur la table, la Syrie y apporte son soutien sous le président Quwatli.

En 1947, pour le dévoilement du drapeau officiel de l'ONU, c'est notamment le premier ministre syrien Fares al-Khoury qui le tient (ici au centre). 2/Image
En 1947, la même année, ce fut un tremblement de terre dans le monde arabe. L'ONU soumettait le principe d'une partition de l'ancien mandat de Palestine pour y fonder un État juif, Israël, et un État arabe, la Palestine. Un vote à l'assemblée de l'ONU qui fut contesté et boycotté par les délégations arabes, y compris celle d'al-Khoury. 3/
Read 16 tweets
Sep 20
En Syrie, les plus conservateurs et religieux de plus en plus déçus d'Ahmad al-Sharaa.

Campagne de levée de bannières du Tawhid (abandonné dès décembre par le nouveau pouvoir), contestation des programmes scolaires, dénonciations de l'accord sécuritaire avec Israël, rejet du principe électoral et de ses listes de candidats, etc...

Les mouvances salafistes et jihadistes qui ont combattu, et versé beaucoup de sang, pour la montée au pouvoir d'al-Sharaa, commencent à perdre patience.

On fait le point sur le divorce en cours entre le nouveau chef de l'Etat et une partie de ses anciens partisans. Mais comment aura lieu ce divorce ? 1/Image
Je ne commencerai que par une image symbolique : hier soir, pour célébrer une remise de diplômes, une grande fête a eu lieu à Damas. Musique de dancefloor et techno' à fond, femmes et hommes mélangés et dansant. Etc...

Beaucoup d'observateurs extérieurs à la Syrie de se dire que c'est bien. Mais d'oublier que les plus durs des soutiens à al-Sharaa y voit là tout le contraire de ce pourquoi ils se sont battus. Et c'est le sujet de ce matin. A Idlib, ancien bastion d'al-Sharaa, cette image eut été inimaginable. 2/
Depuis le 8 décembre 2024, c'est un peu la gueule de bois. Je l'avais prévenu avant même la chute d'Assad : il y aurait des déçus chez les plus conservateurs. Et nous y sommes.

Car une partie des hommes qui ont combattu pour la chute du régime depuis des années aux côtés d'Ahmad al-Sharaa avaient un agenda politique, et religieux annexe, très clair. 3/
Read 16 tweets
Sep 16
Beaucoup semblent être tombés de leur chaise suite à l'interview d'Ahmad al-Sharaa ayant révélé avoir négocié avec les russes pour obtenir le départ d'Assad.

J'ai évoqué cela dès avant la chute du régime : les russes ne menaient plus aucune frappe dans la zone de Homs, puis, pendant près de 36 heures, l'autoroute entre Damas et la côte a été laissée ouverte et sécurisée, permettant à des centaines d'officiels et leurs proches de partir en ordre vers la Russie.

Ahmad al-Sharaa a simplement dit officiellement ce qui s'était passé. Ce n'est pas une révélation. Et c'est pour cela que je qualifie sa prise de pouvoir, tout en la cadrant dans un contexte révolutionnaire, de coup d'État. Cela en a bien plus la forme.Image
Une fois que l'on a établi ce constat, on peut alors installer Ahmad al-Sharaa dans une longue chronologie de coups d'Etat en Syrie. Y compris dans les méthodes : c'est une insurrection menée par plusieurs officiers venus du nord qui finit par effrayer Shishakli en 1954, le poussant à la démission.

On a un contexte, sur le temps très long, qui nous permet de voir que cet épisode de 2024 s'inscrit, toujours avec le contexte révolutionnaire que l'on ne niera pas, dans cette manière de prendre le pouvoir dans le pays. Shishakli au début des années 1950. Hafez al-Assad en 1970. Etc.

Et je ne parle même pas des tentatives très régulières : y compris au sein des clans familiaux. On se souviendra du coup d'État raté de Rifaat al-Assad contre son propre frère en 1984.
Cela ne vise pas à définir al-Sharaa par rapport à ces hommes précédents. Mais à rappeler que les persistances historiques.

Ce recul donné à voir que la chute du clan Assad n'est plus seulement un épisode, mais un énième événement politique dans un contexte d'instabilité profonde de l'Etat depuis l'indépendance de la Syrie.

Et dans la peau de celui qui veut mettre fin à ce chaos : Ahmad al-Sharaa. Prenant une posture très bonapartiste, oui, j'ose le dire, il indique en quelque sorte que le temps des régimes instables depuis les années 1940 doit prendre fin (avec lui au pouvoir). La révolution, selon ce qui se dessine, est terminée à ses yeux.Image
Read 4 tweets
Aug 28
Sur Facebook, la branche gériatrie du web, la génération du baby boom se monte le bourrichon.

Et on a des moments formidables comme cette mise aux enchères de la semaine de travail. Michel dit 45 heures ! Corinne dit 48 heures ! Eric tente les 48 heures également. Qui dit plus ?

Comment voulez vous discuter avec ces inactifs ?

Les 39 heures, c'est 1982. Et c'est 'a génération qui était active quand elle a voté, pour elle même, les 35 heures via les législatives de 1997.

Les 40 heures, c'était même en... 1936.

Bref.

Merci Bayrou, car tu les fais sortir du bois aux yeux de tous les adolescents et actifs du pays qui voient comment se comportent ceux qui, avec le totem de l'âge désormais, se pensent intouchables et peuvent donc dire n'importe quoi.Image
Martine est en colère. Ça fait 27 ans qu'elle est en retraite après n'avoir travaillé que 33 ans dans sa vie. Dans la journée, sommet exceptionnel avec Louisette et François, ça va barder.

Rappel : on surendette le pays sur 5 générations, y compris celles qui ne sont pas encore nées, pour payer ces gens...Image
Parfois, ils ne se rendent même pas compte qu'ils disent publiquement qu'ils n'ont rien foutu. Philippe qui se souvient tout de même qu'il a travaillé 6 ans en temps plein dans sa vie.

Philippe vit sur le dos des actifs actuels qui travailleront temps plein pendant... 44 annuités à cotiser. Pour le payer lui et ses souvenirs indécents.Image
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