Histoire militaire de la guerre en Ukraine 🇺🇦 - Chapitre 4 : L’été des illusions (juin-sept. 2023). Part.1
La contre-offensive ukrainienne de 2023 suscita beaucoup d’espoirs et fit couler beaucoup d’encre. Mais elle échoua. Comment l'expliquer ?
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La contre-offensive ukrainienne de 2023 suscita beaucoup d’espoirs et fit couler beaucoup d’encre. Mais elle échoua. Comment l'expliquer ?
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Avant toute offensive militaire, une question essentielle s’impose : le risque en vaut-il la peine ?
En effet, une opération offensive de grande ampleur engage des ressources humaines et matérielles telles qu’une défaite cinglante peut mettre fin à l’existence d’un Etat.
En effet, une opération offensive de grande ampleur engage des ressources humaines et matérielles telles qu’une défaite cinglante peut mettre fin à l’existence d’un Etat.
Le problème est que la reconquête des frontières de 1991 reste l’objectif officiel de Kiev.
Cette ambition ne pouvait être atteinte que par une victoire militaire décisive, car Moscou considère l’occupation du Donbass et du Sud ukrainien comme vitale pour sa sécurité.
Cette ambition ne pouvait être atteinte que par une victoire militaire décisive, car Moscou considère l’occupation du Donbass et du Sud ukrainien comme vitale pour sa sécurité.
Or, deux raisons majeures poussaient à chercher une percée rapide : la pression démographique défavorable et la dépendance à l’aide occidentale.
Avec une population amputée par l’exil et l’occupation, l’Ukraine reste 4 à 5 fois moins peuplée que la Russie.
Avec une population amputée par l’exil et l’occupation, l’Ukraine reste 4 à 5 fois moins peuplée que la Russie.
Le problème est que si l’on en croit les données fiables et disponibles en source ouverte (ualosses.org pour l’Ukraine et 200.zona.media ), les pertes des deux camps sont relativement équivalentes, ou en tout cas certainement pas de 4 pour 1 en faveur des Ukrainiens.
Or, les pertes humaines des deux camps semblent relativement équivalentes depuis le début du conflit, d’après des sources ouvertes jugées fiables.
En cas de guerre d’attrition prolongée, ce déséquilibre démographique favoriserait inévitablement la Russie. Un tel scénario menaçait directement la survie politique et militaire de l’Ukraine.
Par ailleurs, l’effort de guerre de Kiev repose presque entièrement sur le soutien occidental.
Sans financements américains et européens, la paie des soldats et la continuité de ses services publics ne pourraient être garantis, sans parler des munitions et de l’équipement.
Sans financements américains et européens, la paie des soldats et la continuité de ses services publics ne pourraient être garantis, sans parler des munitions et de l’équipement.
Plus la guerre dure, plus l’Ukraine risque de voir ses ressources humaines s’épuiser, mais également la patience et l’endurance de ses sponsors occidentaux.
Une crainte loin d’être chimérique, comme on l’a vu récemment. Il y avait donc une incitation à en finir au plus vite.
Une crainte loin d’être chimérique, comme on l’a vu récemment. Il y avait donc une incitation à en finir au plus vite.
Or, il n’existait pas beaucoup de cibles opérationnelles capables de déboucher sur une grande bataille décisive.
Les fortifications du Donbass rendaient tout simplement impossible la prise de Donestk et Lugansk par un assaut frontal ; cela n’en valait donc pas la peine.
Les fortifications du Donbass rendaient tout simplement impossible la prise de Donestk et Lugansk par un assaut frontal ; cela n’en valait donc pas la peine.
Au fond, la seule victoire capable d’engendrer des effets stratégiques aussi spectaculaires aurait été de couper le « pont terrestre » reliant la Crimée à la Russie : prendre Melitopol ou Berdyansk afin de disloquer la position russe dans le sud et à Zaporizhia.
La fuite de documents confidentiels américains en avril 2023 par Jack Texeira a apporté une transparence inhabituelle sur les moyens dont disposaient les Ukrainiens pour cette tâche. Or, ces révélations ont montré que l’armée ukrainienne était très sous- dimensionnée.
Les 9 brigades équipées et entraînées par les Occidentaux (sur les 12 de l’offensive), disposaient de 250 chars, 400 véhicules de combat, 500 transports de troupes blindés et 600 HMMWVs. Peut-être l’équivalent de 30 000 hommes, si on compare avec la dotation d’unités US.
Il s’agissait en réalité d’un assemblage hétéroclite issu des surplus occidentaux, réparti entre des unités finalement nombreuses mais peu étoffées.
Leur formation s’était effectuée dans une relative précipitation : en mars, seule la moitié d’entre elles…
Leur formation s’était effectuée dans une relative précipitation : en mars, seule la moitié d’entre elles…
…avaient entamé leur entraînement, et moins d’un tiers du matériel était opérationnel, alors que l’offensive devait débuter en mai. Et pourtant, les Occidentaux avaient ici tenu parole : Kiev leur avait demandé 1000 blindés, qui furent bien livrés dans les temps.
Seulement, les brigades ukrainiennes opéraient une diversité de matériels sans homogénéité, rendant la logistique très compliquée.
L’on n’insiste généralement pas assez sur le fait que le matériel militaire demande un entretien constant et délicat, coûteux en pièces détachées.
L’on n’insiste généralement pas assez sur le fait que le matériel militaire demande un entretien constant et délicat, coûteux en pièces détachées.
Par exemple, les chars M1 Abrams demandent un nettoyage quotidien de leur moteur pour pouvoir fonctionner. Une armée qui n’a pas de chaînes logistiques robustes doit rapidement cannibaliser ses unités actives pour avancer. En d’autres termes, les Ukrainiens…
… ne pouvaient pas se permettre de rester trop longuement à l’offensive avec ce matériel occidental, sans quoi la simple usure mécanique (sans parler des pertes) détruirait les unités de manière exponentielle. Cela renforçait le côté « quitte ou double » de cette opération.
En plus des limites matérielles, les brigades étaient largement composées de recrues, y compris chez les officiers : le commandant de la 47e n’avait que 28 ans, son adjoint 25. Cela reflétait sans doute une volonté politique de rompre avec les traditions héritées des soviétiques…
… mais cela n’aida probablement pas cette situation déjà difficile. Le plan, enfin, était bien peu réaliste : 3 brigades créeraient une diversion, 3 perceraient la ligne de front, 3 avanceraient vers Tokmak, et 3 fonceraient vers la mer d’Azov pour couper la logistique russe.
La seule explication semble être que l’on espérait que les Russes s’enfuiraient rapidement en cas de choc trop rude, sur le modèle de Kherson et Kharkov ; ce qui constituerait d’ailleurs une mauvaise analyse des facteurs ayant amené à ces deux victoires.
Voici donc, dans les grandes lignes, l’état de l’outil militaire ukrainien à la veille de la grande confrontation estivale. Nous aborderons le déroulé de la bataille proprement dite au cours d’un prochain fil, car elle mérite bien quelques observations militaires.
4ème thread issu du 4ème article sur l'histoire de la guerre en Ukraine par @kaczinskpilled
Retrouvez nos articles sur notre site internet : atummundi.fr/julien-lazzaro…
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Chapitre 2 :
https://x.com/atummundi/status/1933471919480643764
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