Histoire militaire de la guerre en Ukraine 🇺🇦/🇷🇺 - Chapitre 4 : L’été des illusions (juin-sept. 2023). Part.2
Nous avons exposé la genèse de l’offensive dans un précédent fil. Penchons-nous désormais sur le déroulement de la bataille.
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Nous avons exposé la genèse de l’offensive dans un précédent fil. Penchons-nous désormais sur le déroulement de la bataille.
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Dans les premiers jours de juin 2023, l’armée ukrainienne se lança à l’assaut. ~12 brigades furent envoyées s’emparer de Berdyansk et Melitopol au sud, tandis que d'autres furent stationnées autour de Bakhmut, dans l’espoir d’y exploiter la fragilité de la position russe.
Par @kaczinskpilled
Par @kaczinskpilled
Depuis l’été 2022, les deux camps s’étaient lancés dans une véritable course aux drones.
Ces derniers permettaient à la fois une surveillance constante du champ de bataille, mais étaient également un moyen très utile d’envoyer des munitions avec une grande précision.
Ces derniers permettaient à la fois une surveillance constante du champ de bataille, mais étaient également un moyen très utile d’envoyer des munitions avec une grande précision.
Les fameux drones kamikazes FPVs sont notamment devenus célèbres pour leur capaciter à endommager aisément et à peu de frais des véhicules blindés ou de l’artillerie, sans qu’aucune contre-mesure bien nette n’ait encore émergé.
Désormais, il suffit théoriquement d’une poignée d’hommes pour stopper net l’avancée d’une colonne mécanisée. Toute concentration de troupes (et même de moyens d’artillerie) pouvait être débusquée et défaite avec des moyens assez réduits.
Seulement, en pratique, les dronistes ne sont ni omniscients, ni omnipotents.
Une troupe d’assaut suffisamment nombreuse ou suffisamment discrète peut dépasser cet « écran » de drones (d’une profondeur de 10 à 20 kilomètres) pour arriver jusqu’au contact.
Une troupe d’assaut suffisamment nombreuse ou suffisamment discrète peut dépasser cet « écran » de drones (d’une profondeur de 10 à 20 kilomètres) pour arriver jusqu’au contact.
Pour éviter de se faire tailler en pièces, les pilotes de drones doivent soit concéder le terrain, soit faire appel à des unités de mêlée ou disposant d’une puissance de feu suffisante pour arrêter les assaillants. Une seconde ligne en «dur» doit suppléer au «filet» de drones.
Or, à ce niveau, les Russes disposaient de moyens considérables. En plus des nombreux blindés et de l’infanterie, leur artillerie de précision et surtout leurs hélicoptères pouvaient aisément prendre en chasse les Ukrainiens sur ce terrain dégagé des plaines de Zaporizhia.
Tout ceci était suppléé par de nombreuses fortifications, tranchées et champs de mines. Face à ces obstacles, les Ukrainiens ne disposaient malheureusement d’aucune contre mesure efficace : peu de moyens anti-aériens, peu de munitions d’artillerie ou d’engins de déminage.
Kiev se retrouvait donc dans une position où elle n’avait ni la supériorité technologique, ni la supériorité numérique, ni même la surprise tactique, puisque tout le monde savait que la cible la plus logique serait d’attaquer le pont terrestre entre la Crimée et la Russie.
L’affaire était donc bien mal engagée pour les Ukrainiens, qui risquaient d’être ralentis par toutes ces difficultés, ce qui laisserait aux drones russes le loisir de frapper abondement leur ennemi, pris dans la nasse des champs de mine et des tranchées.
La stratégie défensive russe surprit d’ailleurs les observateurs : loin de battre en retraite vers leurs lignes fortifiées, les troupes russes maintinrent une forte présence en avant, quasiment dans les champs de mines eux-mêmes. Il y avait cependant là une vraie raison tactique.
Il s’agissait en fait de limiter au maximum la taille du champ de bataille pour forcer les Ukrainiens à emprunter toujours les mêmes routes pour attaquer, ce qui facilitait leur repérage et leur destruction. Concéder du terrain, c’était leur laisser la possibilité…
…d’établir des axes d’assaut alternatifs et donc de s’infiltrer dans des zones peu surveillées. Il s’agissait aussi de maintenir l’artillerie ukrainienne le plus loin possible : la présence de dronistes russes près de la ligne de contact la dissuaderait de se rapprocher.
Ce faisant, elle ne pourrait ni soutenir efficacement les avancées de l’infanterie, ni menacer les lignes logistiques russes.
Il y avait donc un réel avantage à maintenir de fortes positions avancées afin de faire piétiner le plus longtemps possible les assaillants.
Il y avait donc un réel avantage à maintenir de fortes positions avancées afin de faire piétiner le plus longtemps possible les assaillants.
Cette tactique épuisa largement le fer de lance de l’armée ukrainienne.
Dès juillet, les pertes en blindés furent si élevées que l’Ukraine fit démonter son infanterie pour qu’elle lance des tentatives d’infiltration à pied et en camionnettes civiles afin de progresser inaperçu.
Dès juillet, les pertes en blindés furent si élevées que l’Ukraine fit démonter son infanterie pour qu’elle lance des tentatives d’infiltration à pied et en camionnettes civiles afin de progresser inaperçu.
Cela fonctionna un temps, au prix de pertes humaines très lourdes. L’armée de Kiev parvint jusqu’aux premières tranchées en août autour de Robotyne, mais elle ne put guère élargir sa tête de pont au-delà de quelques kilomètres. L’offensive s’étiola les semaines suivantes.
Pour donner une idée des pertes, le site recense environ 6000 soldats ukrainiens tués entre juin et septembre 2023 (a priori, essentiellement du fait de la contre-offensive) ce qui, quand on compare aux 30 000 soldats de départ, constitue un chiffre très élevé.ualosses.org
En somme, au regard de ce que nous avons exposé, il semble bien que la contre-offensive ukrainienne ait toujours condamnée à échouer dans sa version maximaliste.
Les forces allouées ne furent jamais assez importantes, le plan était trop ambitieux, les Russes trop bien préparés.
Les forces allouées ne furent jamais assez importantes, le plan était trop ambitieux, les Russes trop bien préparés.
Kiev et les Occidentaux se rejetèrent la faute l’un à l’autre ; les premiers prétextant que le matériel occidental arriva trop tard, les autres que l’Ukraine n’avait pas réussi à adopter les fameuses « doctrines OTAN ». La vérité semble être plus prosaïque.
«La victoire a de nombreux pères, mais la défaite est orpheline». Malgré quelques doutes ici ou là , l’idée d’une offensive décisive à Zaporizhia faisait consensus, et tout le matériel possible avait été envoyé. Il aurait fallu que chacun se rende compte que cela ne suffirait pas.
La grande question désormais reste de savoir si l’Ukraine pourra se relever de cette tentative manquée, qui a coûté très cher en hommes, en matériel et en crédibilité stratégique. Elle donnera également fermement l’initiative à l’occupant pour les deux années à venir.
Merci d'avoir suivi la seconde partie de ce 4ème article de @kaczinskpilled sur l'histoire de la guerre en Ukraine.
Lien vers l'article : atummundi.fr/julien-lazzaro…
Lien vers l'article : atummundi.fr/julien-lazzaro…
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