Pourquoi les Français sont-ils si nuls en économie ?
Un fil pédagogique pour comprendre ce qui cloche dans ce foutu pays.👇
Je parle ici des Français parce que je fréquente des Français et que je m’appuie sur mon expérience. Évidemment, généraliser en disant "les Français" est déjà quelque peu grossier. Il me semble que la compréhension économique est faible partout dans le monde. Cela dépasse largement la France, sachant que tous les Français ne sont pas concernés.
Par ailleurs, il ne faut pas confondre certains réflexes pro-business ou un goût pour l’indépendance avec la culture économique en soi. Ici, je parle bien de connaissances élémentaires mais indispensables servant à déjouer les pièges étatistes. Voici donc un top 10 de fausses croyances économiques qui gangrènent toujours les esprits Français.
1️⃣ Les Français oublient le rôle de la production
Ils demandent souvent de "mieux répartir les richesses" (déjà un abus de langage, puisque la richesse se démultiplie à l'échange) sans se poser ces questions fondamentales : d'où vient la richesse ? Qui produit ? Avec quelles incitations ? Sans production préalable, aucune richesse ne peut émerger.
2️⃣ Les Français croient que l’État peut tout financer sans limites
Dans la même idée, ils imaginent que "l’État paiera" pour tout. Or, l’État ne finance ses dépenses qu’en prélevant de l'argent via les impôts, les emprunts ou la création monétaire. En clair, ce sont les Français eux-mêmes qui paient pour tout.
3️⃣ Les Français sont incapables de voir les coûts cachés de l’économie
Ils se réjouissent des aides, des subventions et des plans de relance sans percevoir ce qu’ils condamnent, à savoir des projets et des investissements non réalisés. Leur attention est toujours portée sur ce qui se voit, jamais sur ce qui ne se voit pas.
4️⃣ Les Français confondent emploi et valeur générée
Ils supposent qu’un emploi créé est toujours bénéfique. Mais un emploi qui ne génère pas de valeur pour autrui ou qui en détruit pour exister (comme un emploi subventionné) n’est pas un progrès économique : c’est un transfert de ressources qui appauvrit d’autres secteurs.
5️⃣ Les Français méconnaissent le rôle des prix
Ils ne comprennent pas ce qu’ils reflètent. Les prix transmettent des informations sur la rareté, la demande et les coûts dans une économie. C'est pourquoi lorsque l'État manipule les prix, il brouille les signaux qui coordonnent l’activité des agents économiques.
6️⃣ Les Français raisonnent de façon collectiviste au lieu de raisonner à partir de l'individu
Ils parlent de "sauver des secteurs", de "sauver l’hôpital" ou de "sauver l’école", comme si l’économie était faite de blocs abstraits sur lesquels agir d'en haut. Pourtant, l'économie repose sur des millions de décisions individuelles, d’échanges et d’ajustements quotidiens. On ne peut pas décréter la prospérité : il est seulement possible d'en créer les conditions par le libre marché.
7️⃣ Les Français se méfient de l’enrichissement
Ils perçoivent le succès économique comme suspect, comme s’il était associé à l’exploitation ou à la tricherie. Ils oublient qu’en régime de marché, l’enrichissement honnête découle de l’échange volontaire et de la capacité à répondre aux besoins comme aux désirs humains. Ils oublient donc que c'est le consommateur qui permet l'enrichissement de certains et pas d'autres.
8️⃣ Les Français privilégient le court terme
En lien avec le point 3️⃣, ils valorisent des avantages immédiats sans réfléchir aux conséquences à long terme pour eux. Dette publique, désincitations à la production, inflation chronique, blocages sur le marché, effets d’aubaine etc. Ils se condamnent eux-mêmes à payer davantage plus tard en disant amen au moindre privilège reposant sur l’extorsion aujourd'hui.
9️⃣ Les Français ont reçu une éducation économique idéologique et morale, pas scientifique
Ils ont appris que l’économie devait être contrôlée par l'État, seul acteur en mesure de corriger des "injustices" et des "déséquilibres" générés par le marché. Pourtant, l'économie est une science de l’action humaine centrée sur la production, l’allocation des ressources et l’échange dans un monde touché par la rareté. Elle consiste à observer les phénomènes sociaux, comprendre la mécanique de la création de richesses, déduire des lois, anticiper des effets etc. Quel rapport avec la "justice sociale" (= spoliations arbitraires) ?
🔟 Les Français opposent faussement économie et humanité
Ils voient l’économie comme une discipline peu fiable et surtout, opposée à "l’humain". Cela est notamment vrai du capitalisme comme système économique. Pourtant, ce dernier repose sur le principe de non-agression. Commercer suppose de renoncer à la violence. Plus encore, le capitalisme de libre marché est la condition même de l’amélioration de nos conditions de vie (hausse du pouvoir d’achat, accès élargi aux biens et services etc).
Toutes ces confusions sont largement entretenues par :
- une tradition jacobine très ancrée au sein de laquelle l’État est perçu comme l'organisateur naturel et légitime de la société
- une histoire intellectuelle marquée par différents socialismes d'État
- des facultés où l’économie n’est pas enseignée comme une science axiomatique et logique découlant de l'action humaine, mais empirique et morale
- des médias dominés par des narratifs étatistes, égalitaristes et méfiants de l’entreprise
- un tabou vis-à-vis du succès du succès économique
Fort heureusement, de même qu’il est possible de se laisser illusionner sur la nature de l’économie, il est possible de la réapprendre afin de corriger ses erreurs passées. L’inculture économique n’est pas une fatalité ! Chaque prise de conscience individuelle est donc un progrès à accueillir ! Et vous, où en êtes-vous de votre culture économique ?
Si ce petit fil vous a plu, faites-le moi savoir en commentaires ! Et pensez à vous abonner à mon compte : @arthurhomines
Par ailleurs, je profite de l'occasion pour remettre en avant mon cours d'économie "Six Leçons", inspiré par le livre du grand économiste autrichien Ludwig von Mises. Le cours a été conçu aux côtés de @StephaneGeyres et vous apporte toutes les bases nécessaires en économie. Au programme :
✦ Leçon 1 : le capitalisme
✦ Leçon 2 : le socialisme
✦ Leçon 3 : l'interventionnisme
✦ Leçon 4 : l'inflation
✦ Leçon 5 : l'investissement étranger
✦ Leçon 6 : la politique et les idées
J’y ai récemment ajouté quelques compléments pour approfondir les leçons déjà fournies, toujours dans cet esprit d’explications sans fioritures.
✦ Leçon BONUS #1 : l'action humaine, l'échange et la valeur
✦ Leçon BONUS #2 : la monnaie et les prix
✦ Leçon BONUS #3 : la production, le capital et l'entrepreneur
👨🏻🏫 Pour accéder au cours, vous avez deux options :
Abonnez-vous au niveau "Culture Liberté" pour accéder au cours (paiement récurrent annuel, résiliable à tout instant). Vous aurez accès à tous les cours suivants (dès septembre) mais aussi à l'ensemble de mes contenus déjà partagés, et surtout à venir.
Le tarif restera à 37€ (paiement une seule fois) jusqu'au 31 août, puis passera à 57€ en raison de la mise à jour apportée. Cela vous laisse largement le temps de souscrire au cours à moindre prix.
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L’Espagne ne cartonne pas. L’auteur prend simplement des flux d'argent, des illusions comptables et des dépenses publiques pour de la création de richesses.
Préambule : mesures de la richesse, pour quoi faire ?
Déjà, faites très attention avec les données qu’on vous donne. Les indicateurs comme le PIB sont des mirages comptables alimentés par la dette, la dépense et des distorsions économiques. Ce sont des datas construites et partagées à des fins politiques, des outils de communication pour les gouvernements. Ce n’est pas qu’il n’y ait rien d’intéressant à dire sur l'Espagne (au contraire, on en parle à la fin), mais ce genre de donnée publique brouille les pistes.
Le PIB mesure des flux, c'est tout. Il additionne toutes les dépenses d'une zone donnée, qu’elles soient volontaires ou coercitives, privées ou publiques. Une explosion des dépenses publiques fera donc grimper le PIB alors que l'État détruit par principe le capital des gens par ses extorsions répétées. À quoi bon "croître en PIB" si à côté vous constatez par exemple des fuites de capitaux, des désinvestissements privés, des allocations forcées de ressources, une consommation non soutenable etc.
Rappelons par ailleurs que la valeur/richesse est subjective. Il n’y a donc aucun sens à vouloir "mesurer la richesse d’un pays" comme si elle était objective, agrégée, homogène. C'est une tentative de rendre objectif un concept abstrait, mental, subjectif. Les "mesures nationales" passent complètement à côté de la richesse, qui est toujours perçue et échangée volontairement entre individus. Bref, il fallait commencer par là.
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1. Sur le SMIC
Le fil commence par une confusion entre hausse des salaires et pouvoir d’achat. Mais ce dernier n’augmente pas via la magie des décrets ou parce qu'on le décide, il augmente par la productivité accrue des entreprises. En réalité, forcer la hausse du coût du travail (c'est que ce que fait le SMIC !) exclut toujours les moins productifs du marché, crée du chômage et fausse les signaux de prix.
L’augmentation du SMIC gonflera artificiellement la consommation à court terme bien sûr (d'où l'illusion, et ça fonctionne...), mais il détruira la coordination économique et la structure du capital à plus long terme. Surtout que la consommation découle de la production. C'est dans ce sens : production, puis consommation. Pas l’inverse !
Connaissez-vous ces expressions parasites ? Vous savez, celles qui polluent la pensée, sont inlassablement répétées et font marcher la propagande d’État à grands pas.
Voici une liste de 15 expressions parasites, avec mes réponses intégrées. 👇
1. « Si tu ne t’occupes pas de politique, c'est la politique qui s’occupera de toi ! »
Manière de vous engager, de vous enjoindre à militer. Les gens qui se disent apolitiques ou qui gardent leurs opinions pour eux sont visés par cette phrase. Mais c'est faux : la politique s'occupera toujours de vous.
Que vous soyez engagés ou pas, la nature prédatrice de l'État ne changera pas. C'est une tournure qui permet de se convaincre que son propre engagement est rationnel, tout en ignorant tout de l'État comme structure de prédation.
2. « Il faut un État pour éviter l’anarchie ! »
Le mot anarchie est sans cesse confondu avec anomie. L’anarchie n’est pas le chaos, c’est l’absence de monopole de la violence.
Passé la clarification sémantique, je sais me relier au fond du propos. C'est une manière de dire que l'État est nécessaire à l'ordre. J'y vois donc une confusion entre la notion de lois (émanant de l'État) et celle de Droit tout court (règles, contrats, responsabilité).
Cela n'a rien à voir. Ici, celui qui prononce cette phrase imagine encore qu’on aurait besoin de l'État pour s'entendre et organiser la vie sociale.
La rupture entre Trump et Musk est désormais officielle.
Pour la première fois, Trump a pris la parole après que Musk ait violemment critiqué le Big Beautiful Bill (projet de loi budgétaire).
Mais voici le rebondissement : Musk suivait l’intervention en direct… et répliquait en temps réel sur X.
Ce qui s’est passé ensuite a été pénible à regarder.
Trump a déclaré : « Vous savez, Elon et moi, on avait une très bonne relation. Je ne sais pas si ce sera encore le cas. »
Puis Trump a publié sur Truth Social — et c’est là que les hostilités ont vraiment commencé.
🧵 FIL
Avant de débuter, je signale que ce fil est la production du compte anglophone @VigilantFox. Allez le suivre pour davantage de détails. Je ne fais que traduire le fil pour un public francophone afin de comprendre d'où vient cette situation si tendue entre les deux hommes.
Qui aurait pu le prédire ? Comment est-il possible que deux egos surdimensionnés et obsédés par la domination aient pu se disputer à ce point ? Je tombe des nues !
Découvrons cela ensemble.
Cela a surgi de nulle part, mais l’effet a été celui d’un ouragan de catégorie 5.
Le président Trump recevait le chancelier allemand Friedrich Merz lorsqu’un journaliste a posé une question qui a instantanément changé l’ambiance dans la salle :
« Quelle est votre réaction face aux critiques d’Elon Musk sur le Big Beautiful Bill ? »
L’atmosphère a basculé.
Trump n’a pas hésité une seconde.
C’était le début de ce qui ressemblait fort à un divorce politique très public.
« J’ai toujours bien aimé Elon, » a déclaré Trump.
« Donc j’ai été très surpris… Il n’a rien dit de méchant à mon sujet. »
Jusqu’ici, Trump était resté discret. Mais cette fois acculé, les caméras braquées sur lui, il était prêt à parler.
« Je préfère encore qu’il me critique, moi, plutôt que le projet de loi, » a-t-il poursuivi, vantant le texte comme « incroyable » et « la plus grande réduction budgétaire de l’histoire de notre pays… environ 1,6 trillion de dollars. »
Puis est venu le moment clé — celui où Trump a expliqué la véritable origine de la brouille, selon lui.
« Elon est contrarié parce qu’on a supprimé le mandat VE, » a-t-il expliqué.
« C’était beaucoup d’argent pour les voitures électriques. »
D’après Trump, le problème de Musk n’était pas idéologique — il était financier.
« Ils voulaient qu’on verse des milliards de dollars de subventions. Et Elon le savait depuis le début. Il le sait depuis longtemps. Ça n’a pas changé. »
Les marxistes pensent être pertinents en économie, alors qu’ils n’en saisissent pas la logique sous-jacente.
Ils fondent toute leur vision du monde sur une approche pré-rationnelle des rapports sociaux, qui n'a jamais su compter que sur la force pour imposer ses chimères.
Un (énième) fil de debunk du marxisme.
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Il existe de nombreux angles d’attaque pour démystifier le marxisme. Plusieurs auteurs s’y sont brillamment attelés, et je recommande tout particulièrement l’ouvrage de Eugen von Böhm-Bawerk, "Karl Marx and the close of his system", qui démonte le cœur théorique de Marx avec une rigueur implacable.
Aujourd’hui, j’ai choisi trois angles complémentaires :
- le marxisme comme fétichisme de la production
- l’anticipation des ventes comme fondement de l’entreprise
- le marxisme comme eschatologie pseudo-scientifique
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1. Le marxisme comme fétichisme de la production
Reposons les bases du marxisme pour commencer. Le propos marxiste réduit l’économie à une seule dimension qu'est la production. Le marxisme nous parle d’usines, de machines, de travailleurs, de matières premières et réclame la mise en commun de tous ces moyens de production. C'est une vision industrielle et mécaniste figée dans le XIXe siècle, qui prend l’économie comme une chaîne de montage sans fin. À la base de cette théorie repose une erreur fondatrice : l’idée que le travail crée la valeur.
Karl Marx affirmait que la valeur d’un bien résidait dans la quantité de travail incorporé dans sa fabrication. Cette théorie de la valeur-travail joue un rôle central chez les marxistes, car si elle était vraie alors tout revenu issu d'un non travailleur est nécessairement volé. Or, le capitaliste achète le travail à un prix inférieur à la valeur qu’il génère. Il volerait donc cette plus-value par la vente des produits finis. L’échange volontaire devient alors un rapport d’exploitation dissimulé sous des contrats.
⚠️ Attention à ce genre de nouvelles : ce qu'on ne voit pas compte davantage que ce qu'on nous montre.
On nous annonce que le PIB par habitant des Italiens rejoint celui des Français comme si cela constituait une preuve de rattrapage économique. Debunk.👇
Commençons par questionner la mesure employée : le PIB. Il s'agit d'une mesure agrégée de la valeur produite dans un pays, qui additionne indistinctement des pommes, des tanks, des consultations médicales, des spectacles subventionnés et autres réalisations publiques, en supposant en plus que les prix de marché reflètent une valeur objective. Nous avons au moins deux soucis.
Le premier, c'est que le PIB oublie que la valeur est subjective. Les prix ne sont que des rapports d’échange à un instant donné, jamais des mesures absolues de la richesse. Ils sont les résultats contingents d’échanges dans un contexte spécifique. Ce sont les montants sur lesquels se sont mis d'accord deux acteurs à un instant donné.
Par ailleurs, le calcul du PIB repose sur l’approche dite par la production, commune à tous les pays membres de l’Union européenne. On additionne la somme des valeurs ajoutées brutes (VAB), c’est-à-dire la production totale des branches d’activité, diminuée de leurs consommations intermédiaires. À cela s’ajoutent les impôts sur les produits (comme la TVA), et l’on retranche les subventions sur les produits. Le résultat donne le PIB aux prix de marché, tel qu’il est publié chaque année par l’INSEE ou l’ISTAT.
Pour les administrations publiques, la "valeur ajoutée" est estimée en additionnant leurs coûts internes, composés des salaires, des consommations intermédiaires et des amortissements. Autrement dit, un ministère, un tribunal ou une agence publique font mécaniquement monter le PIB simplement parce qu’ils existent, dépensent et mobilisent des ressources.
Vous voyez venir le deuxième problème ? Le PIB amalgame les dépenses issues d’échanges libres et celles issues de décisions politiques. Il ne fait aucune différence entre l’activité volontaire et la dépense publique imposée. Il ne dit donc rien de la légitimité économique de la production, ni de son origine, et encore moins de sa longévité.
La Roumanie a fait parler d’elle ces jours-ci avec l’élection présidentielle. Mais pour mieux comprendre son présent, il faut se souvenir de son passé.
De 1965 à 1989, le pays vécut dans l’enfer d’un régime de surveillance totale. Voici l’histoire du tyran le plus paranoïaque du XXe siècle : Nicolae Ceaușescu.
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1. Les origines
Nicolae Ceaușescu naquit en 1918, dans une famille paysanne du sud de la Roumanie. Très jeune, il rejoignit le Parti communiste clandestin, interdit à l’époque. Il fut arrêté à plusieurs reprises sous la monarchie carliste et le régime d’Antonescu (allié de l’Allemagne nazie). Peu instruit, rigide et obsédé par le contrôle, il adhéra très vite aux dogmes staliniens.
En prison, il fit une rencontre décisive avec celui qui allait devenir son mentor et le futur chef du régime communiste, Gheorghe Gheorghiu-Dej. Ceaușescu se montra docile, loyal et discipliné envers lui, des qualités précieuses dans un Parti où la soumission valait davantage que le talent. Il gravit alors les échelons :
- Secrétaire général de la jeunesse communiste (1944)
- Ministre de l’Agriculture (1954)
- Secrétaire d’État à la Défense (1955)
En 1947, il épousa Elena Petrescu, militante communiste elle aussi. Autoritaire, peu instruite, jalouse et paranoïaque, elle partageait largement son ambition. Ensemble, ils formèrent un couple fusionnel et redouté, jusqu'à leur dernière heure (restez jusqu'à la fin héhé).
Le duo totalitaire créa un régime à son image : personnifié, clanique, ultra contrôlé, nationaliste et socialiste. Lorsque Gheorghiu-Dej mourut en 1965, Ceaușescu hérita d’un appareil déjà verrouillé, qu’il allait encore radicaliser et façonner selon ses désirs. Le régime Ceaușescu-Petrescu allait bientôt entrer en scène.
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2. Prise de pouvoir, image internationale, culte de la personnalité et entourage
Ceaușescu accéda au pouvoir en 1965, après la mort de Gheorghiu-Dej, puis devint chef de l’État en 1967. Il prit la tête d’un régime stalinien qu’il resserra davantage, en concentrant entre ses mains le Parti, l’armée, le gouvernement et la présidence du Conseil d’État. En 1968, il condamna publiquement l’invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques du Pacte de Varsovie, un geste qui fit sensation en Occident. Les dirigeants du "monde libre" croyaient voir en lui un "communiste modéré". Il fut ainsi reçu avec faste à Paris, Londres et Washington.
Mais Ceaușescu ne fit que centraliser l'appareil d’État autour de sa personne, notamment après le tournant décisif qui survint en 1971. Cette année-là, il visita la Chine de Mao et la Corée du Nord de Kim Il-sung. Subjugué par le culte du chef, avec ses foules obéissantes et ses slogans fabriqués, il revint plus exalté que jamais à Bucarest. Il lança alors ses Thèses de juillet, imposant dès lors un endoctrinement total au sein de toutes les strates de la société.
L’école, les arts, la presse et la recherche scientifique devinrent des instruments de sa propagande. Il se fit appeler "Génie des Carpates", "Danube de la pensée", "Premier ouvrier de la nation" et "Conducător". Son épouse gravit elle aussi les sommets. Sans formation, elle se vit attribuer des titres honorifiques (chimiste de renommée mondiale, vice-Première ministre, académicienne) et prit une place importante dans l'appareil d'État.
Le pouvoir devint clanique. Plus de 40 membres de la famille Ceaușescu occupèrent des postes-clés dans l’État, les ambassades et les académies. La Roumanie tout entière se transforma en scène de théâtre totalitaire, bâtie pour glorifier un seul nom et surtout, une seule vérité. Le culte de l’État était devenu celui du foyer présidentiel et de ses pulsions de domination les plus folles.