Plusieurs dirigeants européens (E. Macron, F. Merz, G. Meloni, K. Starmer, A. Stubb, M. Rutte) rejoignent aujourd'hui V. Zelensky à Washington - la contrepartie du sommet d'Anchorage.
Quels enjeux et qu'en attendre?
Les enjeux: ce qui semble avoir été validé par D. Trump et V. Poutine pour la négo de ce matin n'est pas un échange de territoire.
L'UKR se retirerait du Donbass; en échange les lignes seraient figées à Kherson et zaporijia... et l'UKR bénéficierait de "garanties de sécurité".
L'UKR apparaît d'autant plus perdante que le positionnement RU dans le Donbass serait idéal pour relancer une série d'offensives une fois les forces reconstituées...
La terminologie des "garanties de sécurité" laissera sceptique: il en était déjà question en 94 à Budapest...
Elles n'impliquent pas d'engagement automatique de la force de la part des garants dans un contexte où la proposition de Poutine vise également à interdire à l'UKR l'entrée dans l'OTAN.
Bref, les termes de l'accord sont clairement asymétriques. Au mieux, il permettent à l'UKR...
de reconstituer/réarticuler ses forces. Mais pour ensuite partir perdante face à une éventuelle 3eme phase de la guerre. Plus question, également, de revendiquer l'objectif - inatteignable, mais politiquement nécessaire - d'une reprise des oblasts pris, Crimée comprise.
Bref, Kyiv est acculée: d'un côté, il n'y a pas d'effondrement mais la situation n'est pas bonne et on observe une érosion du soutien de la population à la guerre dans un contexte de remise en cause du commandement au sein des forces.
D'un autre, poursuivre met aussi
la pression sur une RU dont les gains se sont certes accélérés depuis l'été dernier - un peu moins de 6 000 km² - mais au prix de pertes, et d'une économie qui accumule les problèmes.
Poursuivre, c'est aussi mettre la pression sur Washington pour des termes plus favorables, avec
une situation à l'instant "T" où l'UKR peut revendiquer être en train de mettre un terme a ce qui été abusivement présenté - y compris par moi - comme une percée. Mais où la RU pourrait jouer du signalement nucléaire, mettant la pression cette fois sur les alliés de l'UKR.
Le regroupement des pro-UKR à Washington ce matin, de ce point de vue, crée une masse: l'incident télévisé de février ne se reproduira pas; et il s'agit de montrer la cohésion des principaux leaders économiques européens à un Trump qui peut donner raison aux "derniers consultés".
Cela se fait également dans un contexte où les aides annoncées par les EUR depuis le début de l'année dépassent largement celle offerte par les US depuis 2022.
Mais aussi alors que plusieurs Etats se sont engagés dans le dispositif PURL (achats EUR aux US au profit de l'UKR).
Qu'en penser? V. Zelensky ne peut pas accepter les termes de la proposition russo-américaine. Par contre, il y a un stress-test des modalités de discussion avec Washington: économiquement, l'UE et le R-U pèsent.
Mais encore-faut-il convertir la puissance éco en puissance tout court. Serge Sur en avait définition intéressante: "faire, faire faire, refuser de faire, empêcher de faire" (j'y ajouterais "faire savoir").
Trouver les punchlines parlant à l'antithèse d'un intellectuel,
faire front commun, ne serait-ce que pour garantir que les armes promises - y compris par Biden! - seront bien livrées. Pour moi, donc, un vrai stress test avant d'être une négo sur le fond.
Bonne journée! JH
@threadreaderapp unroll to learn the Americans how to make proper food please.
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Le premier résultat est une mise de V. Poutine au pied du mur: d'ici 2 semaines, la possibilité d'un sommet UKR-RU, qui serait suivie d'un sommet UKR-RU-US. Moscou veut-elle vraiment la paix?
Tactiquement, cela permet de différer la ? des échanges de territoires et, surtout, de
la laisser aux mains de l'UKR, "neutralisant" une position US que se situait moins en termes d'honest broker que de suivisme à l'égard de Moscou. Trump y gagne un repositionnement dans le jeu diplomatique qu'il avait perdu à Anchorage.
Quelques commentaires à chaud sur un sommet Trump-Poutine présenté comme historique:
Fondamentalement, le 1er n'a obtenu que la promesses de futures discussions et le 2e ne s'est rien vu imposer, échappant aux sanctions promises en cas d'échec.
on allait voir ce qu'on allait voir, un accord ronflant devant conclure un accueil en grande pompe. L'accord n'est pas là, ni sur une trêve, encore moins sur un réel cessez-le-feu.
Reste cependant à voir ce qui s'est discuté: qu'est-ce qui a été conclu avant et pendant le sommet.
On peut gager que des points essentiels sont bloquant: la conf. de presse montre la disjonction des sujets abordés - sujets d'ailleurs non-UKR - par les 2 hommes... qui n'ont pas pris ensemble le repas prévu.
Ce sera bientôt l'heure de quelques jours de vacances pour l'équipe.
Quelques observations sur la situation tactique en UKR, ceci dit. D'abord, pour constater la poursuite des progressions RU, avec 2 points posant des questions opératives.
En août-septembre 2022, la ville apparaissait comme le centre de gravité de la région du fait des lignes de communication. La reprendre a désorganisé un dispositif RU toujours dans l'attente d'actions dans le sud.
On le notait au moment de boucler DSI n°178, mi-juin,
la situation de la ville était délicate. A voir ce qu'il en sera dans les prochaines semaines: c'est tout le nord-est qui pourrait s'activer.
2. Pokrovsk. L'UKR va devoir prendre des décisions plus que délicates. De facto, la combinaison des contre-offensive de 2023 et de
🧵Les micro-drones sont devenus centraux dans les ops. UKR, mais le combat positionnel RU favorise le déploiement des systèmes de Guerre Electronique (GE) ; la RU ayant l’avantage de drones à Fibre Optique (FO) pour contre la GE UKR.
L’avantage comparatif UKR s’érode d’autant plus que les capacités de production en FO sont asymétriques. Comment contrer
? Une 1ere voie consiste en une manœuvre d’élimination des systèmes de GE permettant ensuite d’engager les drones. Ça s’est vu, mais c’est complexe.
Les récents contrats passés au profit de l’UKR montrent la poursuite de 2 options intéressantes, mais qui posent de vraies questions tactiques, budgétaires et de ciblage.
1ere solution, des munitions rôdeuses comme la HX-2 de Helsing. 10k doivent être reçues.
🧵 Israël poursuit sa campagne anti-balistique; les US n'ont pas mené d'autres frappes cette nuit.
Leur entrée dans les opérations et l'évocation par D. Trump d'un changement de régime changent la donne des opérations et augurent d'une instabilité défavorable aux Européens.
La question fondamentale de toute opération est son état final recherché: c'est lui qui va déterminer la planification et les lignes d'opérations poursuivies; la génération de forces et son volume; l'établissement de conditions nécessaires.
Dans un changement de régime...
ces conditions sont multiples et d'abord de nature politique:
- La population peut-elle y adhérer? Surtout, peut-elle être le moteur du changement sachant que les révolutions se font de l'intérieur et jamais de l'extérieur et qu'une opération n'est qu'un catalyseur ?
Je ne suis pas persuadé que les 30 missiles de croisière aient fait grand chose de plus que ce que les Israéliens ont déjà fait. Quelque soit son block, le TLAM n'a pas spécifiquement de capacité bunker-buster - et certainement pas sur les profondeurs de Natanz.
Et les 12 MOP sur Fordow? Le site a été conçu pour faire face, et certains évoquent une évacuation du matériel avant une frappe... discutée ouvertement depuis plusieurs jours.
Il n'est donc pas certain que des dégâts majeurs soient observables; qu'il y ait 1 véritable effet.