Thread by @DSI_Magazine

Quels sont les résultats du sommet de Washington et quelles perspectives offre-t'il?

Il faut d'abord constater que la tactique de la "meute de loups" a fonctionné: l'ambiance était radicalement différente comparativement à février.

https://x.com/WhiteHouse/status/1957507721936400646

Le premier résultat est une mise de V. Poutine au pied du mur: d'ici 2 semaines, la possibilité d'un sommet UKR-RU, qui serait suivie d'un sommet UKR-RU-US. Moscou veut-elle vraiment la paix?
Tactiquement, cela permet de différer la ? des échanges de territoires et, surtout, de

la laisser aux mains de l'UKR, "neutralisant" une position US que se situait moins en termes d'honest broker que de suivisme à l'égard de Moscou. Trump y gagne un repositionnement dans le jeu diplomatique qu'il avait perdu à Anchorage.

L'UKR y gagne surtout en souveraineté...

On verra donc si Moscou embraie. Trump promet des sanctions si ce n'est pas le cas: rien de gagné pour Kyiv, donc, au vu de l'instabilité chronique des positionnements US.
Trump se positionne également sur une option "tout ou rien": un accord de paix sans cessez-le-feu préalable.

L'option est risquée - peut-être le signe d'une surestimation du poids de Trump face à la RU. Les Européens étaient d'ailleurs sceptiques.
On note d'ailleurs, comme à Anchorage, bien peu d'uniformes et bien peu d'experts de la RU. Ce sont finalement les Européens qui ont joué

ce rôle. Critiqué pour ne pas suivre les briefings fournis par ses SR (qui recherchaient à mettre en place un format de type "Fox News") Trump devra donc se rendre compte par lui-même des intentions réelles de Moscou.
C'est en cela que l'idée d'un sommet UKR-RU est intéressante.

C'est aussi une mise au pied du mur de Washington.
Elle intervient également sur la question des garanties de sécurité. Avec là aussi des aspects intéressants:

- On n'y coupe pas: en plus de l'accord sur les matières 1eres, la promesse d'achat de 90 Mia $ d'armement US.

Ce sera intéressant de voir si, comme pour les minéraux, l'accord sera bien négocié - non pas un "tapis" endettant violemment l'UKR - et drainant des capacités d'appui EUR - et la risquant de ne pas recevoir le matériel commandé, mais un "goutte à goutte" offrant un meilleur

équilibre avec des commandes de matériels EUR.

- Les garanties de sécurité sont d'abord, de facto, européennes. Les US communiquent sur une posture de "coordination" avec les EUR... qui ne veut pas dire grand chose. Ils conservent donc une possibilité de se désengager.

- La "protection similaire à l'article 5" n'est évidemment pas un article 5 qui n'a d'ailleurs jamais garanti un engagement automatique et garanti de la force.

Pas d'entrée dans l'OTAN donc pour l'UKR mais des garanties qu'il reste à déterminer... La vision de Kyiv en la matière

est réaliste: il importe d'abord de savoir se défendre soi-même et cela passe par un renforcement conventionnel.

La fin de la perspective d'une adhésion à l'OTAN est-elle problématique? C'est certes répondre à une demande de Moscou mais il faut aussi raison garder:

l'OTAN n'est pas au mieux de sa forme. Ce n'est pas que la question d'1 engagement US incertain, c'est aussi 1 pratique qui voit des engagements différenciés de la par des Etats à l'égard de l'UKR.

Ces engagements sont avant tout bilatéraux, avec ce que cela comporte (asymétrie

entre le déclaratoire et l'action, risques liés aux prochaines élections et à la fin du soutien à Kyiv de la part de plusieurs Etats, risque de "fatigue de guerre" dans les opinions de ces Etats - et des incidences électorales contre-productives...).

Bref, Kyiv cède sur l'OTAN

mais sur une OTAN qui, de toute manière, ne doit pas être fétichisée et n'est plus celle de 1999.

Mieux vaut avoir avec soi la Pologne, les Baltes et les Scandinaves que d'autres pays - incidemment d'ailleurs, c'est aussi une mise au pied du mur de ceux qui prétendent soutenir.

On verra donc ce que sont ces fameuses garanties - après tout, "On naît seul, on vit seul, on meurt seul" - de même que la réponse de Poutine à l'invitation US à un sommet UKR-RU.

https://x.com/nexta_tv/status/1957726852182659281

Au bilan donc, Zelensky évite pour l'heure l'imposition d'un échange territorial défavorable - ce qui, en soi, est une bonne nouvelle.
Au-delà, la perspective d'un accord de paix ramène aux réalités: la diplomatie, comme la guerre, est une dialectique.

https://x.com/DSI_Magazine/status/1957431413654822943

Dans le cas UKR/RU, c'est même un ruban de Moebius.
UKR et EUR ont pour l'heure passé le "stress test" évoqué hier et on fait bloc. Mais il serait vain de considérer qu'un accord réglera tout définitivement. C'est déjà loin d'être le cas pour nombre de guerres...

Dernier point: "on naît seul, on vit seul et on meurt seul". L'UKR comprend que l'espoir n'est pas un plan (on verra pour les EUR) et met d'abord en avant la question de la puissance militaire. Ça tombe bien, il n'en existe pas de substitut.

Bonne journée! JH

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