🧶 Le 10 septembre, Macron présidera un conseil de défense dédié aux "tentatives de déstabilisation venues de l’étranger".
La manoeuvre est grossière mais logique : accuser ses opposants d'être des "agents de l'étranger" est une méthode habituelle des dirigeants autoritaires.
En 2020, alors que des révoltes de grande ampleur secouent la Biélorussie, le dictateur du pays, Alexandre Loukachenko, a accusé les manifestants d'être des agents d'une ingérence polonaise dans les affaires internes de la Biélorussie.
En 2022, alors que l'Iran est secoué par le mouvement "Femme, vie, liberté" à la suite du meurtre de Mahsa Amini par des agents de la police des moeurs, l'ayatollah Khamenei a accusé les États-Unis et Israël d'être derrière les manifestations.
En 2024, le chef de la junte birmane, Min Aung Hlaing, arrivé au pouvoir par un coup d'État en 2021, a affirmé que ses opposants étaient soutenus depuis l'étranger, avec l'objectif de détruire le pays.
Depuis l'automne 2024, la Serbie est secouée par des manifestations de grande ampleur contre la corruption. Le président du pays, Aleksandar Vucic, accuse les manifestants de "suivre les ordres d'une puissance étrangère", sans jamais dire laquelle.
Il ne s'agit là que de quelques exemples, mais cette rhétorique est systématique dès lors qu'un dirigeant autoritaire se retrouve déstabilisé par un soulèvement au sein de sa population. L'accusation d'ingérence étrangère permet de discréditer ses opposants sans autre argument.
Plus besoin de répondre aux revendications, plus besoin d'écouter la colère populaire : si une puissance étrangère cherche à déstabiliser le pays, alors le peuple doit résister... Et donc s'opposer aux manifestants.
En France, le pouvoir d'Emmanuel Macron use de la même rhétorique, souvent reprise dans les médias. En 2018, au plus fort des gilets jaunes, le ministre des affaires étrangères annonçait une enquête sur des soupçon de manipulation de l'information en provenance de la Russie.
Cela faisait suite à une enquête de The Times, faisant état de nombreuses publications par des comptes pro-russe sur les réseaux sociaux. Sauf que, si ces comptes existaient réellement, ils n'ont eu qu'une influence marginale sur le mouvement.
Ce qui a motivé la révolte, c'est une colère immense contre le pouvoir, et non une manipulation de l'étranger. Autrement dit, si les tentatives d'ingérence existent bel et bien, leur influence réelle sur les mouvements est bien moins importante que ce qu'en disent les dirigeants.
Et c'est la même chose dans les autres pays cités précédemment : Biélorussie, Iran, Serbie, Birmanie. Il est tout à fait possible que des tentatives de déstabilisation venues de l'extérieur touchent ces pays. Mais réduire les révoltes qui s'y déroulent à cela est malhonnête.
La colère des peuples contre leurs dirigeants n'a pas besoin d'être pilotée par des mystérieuses officines étrangères. Elle émerge des conditions réelles et se structure au sein du peuple via des mobilisations sur le terrain.
Le conseil de défense convoqué par Macron pour le 10 septembre est donc une tentative grossière de faire croire à l'opinion publique que la colère à son encontre est le fruit d'une déstabilisation de l'étranger. Ça ne marchera pas, les gens ne sont pas dupes.
C'est simple : vous connaissez tous des gens autour de vous qui vont participer au 10 septembre, et qui en ont marre de Macron. Sont-ils des agents de la Russie ? Participent-ils au mouvement en portant des slogans pro-russes ? Bien-sûr que non.
Cette focalisation sur une pseudo ingérence russe est un délire complotiste de plus émanant du plus haut sommet de l'État, après celui sur le prétendu "entrisme des Frères musulmans".
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🇵🇸 Hier, alors que le groupe irlandais Mary Wallopers se produisait sur la scène du Victorious Festival, au Royaume-Uni, les organisateurs ont retiré leur drapeau palestinien de la scène, et coupé les micros pour les empêcher de chanter des slogans pro-Palestine.
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Pour justifier cette censure, les organisateurs du festival affirment que le groupe aurait entonné un chant pouvant être interprété comme discriminatoire. Pourtant, le chanteur du groupe a simplement dit "Free Palestine" et "Fuck Israël".
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Dans la vidéo, publiée sur Instagram par le groupe (disponible dans le premier tweet de ce fil), on voit qu'un des organisateurs du festival les prévient que leur concert ne reprendra pas tant qu'ils n'auront pas retiré le drapeau palestinien de la scène.
Vous voyez la polémique sur les "écrans plats" et l'allocation de rentrée scolaire ?
C'est ce qu'on appelle de la propagande : les faits ne comptent pas, l'important c'est de répéter suffisamment la chose pour convaincre les gens que ces salauds de pauvres abusent.
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Chaque année, on a la même polémique, et le fait qu'ils parlent encore "d'écrans plats" (alors que tous les écrans sont plats désormais) montre qu'ils s'emmerdent même pas. Ils reprennent les mêmes éléments de langage d'une année sur l'autre.
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Je me souviens, quand j'étais au collège, il y avait déjà exactement la même polémique. En la répétant chaque année, on construit une image mentale. Une simple affirmation infondée, répétée à outrance, devient une réalité dans la tête de certains.
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🇵🇸 L'évacuation des 8 000 colons israéliens de la bande de Gaza, il y a 20 ans, nous montre à quel point il sera compliqué - voire impossible - d'évacuer les 500 000 colons de Cisjordanie. La prétendue "solution à deux États" est morte et enterrée par la colonisation.
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Lors de l'évacuation des 8 000 colons de Gaza, d'importantes tensions ont eu lieu, avec des affrontements entre colons et armée israélienne. Depuis, le mouvement des colonies s'est renforcé et armé. Si Israël évacue les colonies de Cisjordanie, c'est la guerre civile.
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Dans le monde des bisounours que les partisans de la "solution à deux États" nous vendent, Israël démantèlera les dizaines de colonies et évacuera 500 000 personnes organisées, structurées et pour beaucoup armées ? Ça n'arrivera jamais.
🇵🇸 Alors que les pays occidentaux continuent de nous vendre leur prétendue "solution à deux États", Israël vient d'approuver la colonisation de la zone E1 de Cisjordanie, brisant la continuité territoriale palestinienne, rendant impossible la création d'un État palestinien.
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C'est un vieux projet israélien : relier la colonie de Ma'aleh Adumim à la ville de Jérusalem, en créant de nouvelles colonies dans la zone E1, une petite zone avec des villages palestiniens.
Plusieurs fois, Israël avait stoppé le projet, sous pression internationale.
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Hier, nouveau rebondissement dans ce dossier : le ministre des finances israélien a approuvé la construction de 3 401 logements dans cette zone, avec pour objectif d'empêcher la création d'un État palestinien, alors que de plus en plus de pays s'apprêtent à le reconnaître.
🇵🇸 SCANDALE : Israël retient en otage le corps de l'activiste palestinien Awdah Hathaleen, assassiné il y a 9 jours par un colon israélien en Cisjordanie.
Petit thread pour vous résumer cette affaire qui illustre parfaitement ce qu'est Israël.
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Le lundi 28 juillet en Cisjordanie occupée, Yinon Levi, un colon israélien (en photo), essaye de détruire des terres appartenant à des Palestiniens avec un engin de chantier. Plusieurs habitants palestiniens, dont Awdah Hathaleen, s'interposent pour l'en empêcher.
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Yinon Levi sort alors son arme à feu et vise Awdah Hathaleen, en haut du corps, dans des parties mortelles. Touché, l'homme de 31 ans, connu et apprécié dans la région pour son combat contre la colonisation, est transporté à l'hôpital, où il meurt quelques heures plus tard.
Certains militants de gauche veulent à la fois un mouvement massif capable d'ébranler le pouvoir, et en même temps que ce mouvement soit constitué de gens ultra formés politiquement, aux idées progressistes précises et réfléchies.
Désolé de vous dire que ça n'existe pas.
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Les 10 millions de gens de gauche qui comprennent bien les contradictions du capitalisme et les enjeux de la lutte anticoloniale, ils n'existent pas dans ce pays. Un mouvement ne peut pas être massif sans avoir, en son sein, des gens aux idées confuses, voire réactionnaires.
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Un mouvement de masse, comme celui qui se prépare pour le 10 septembre, est forcément traversé par des contradictions. Ce qui compte réellement c'est vers où il va, et est-ce qu'il ébranle ou non le pouvoir.
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